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Facteurs de risque de carcinome hรฉpatocellulaire
Lโhรฉpatite virale B
Lโinfection chronique au virus de lโhรฉpatite B (VHB) est de loin le plus important facteur de risque de CHC puisquโil est mis en cause dans la survenue de plus de la moitiรฉ des CHC [18]. Les patients porteurs chroniques de lโantigรจne HBs ont environ 100 fois plus de risque de dรฉvelopper un CHC que les patients non porteurs chroniques de lโAg HBs [19].
La particularitรฉ du CHC liรฉ au virus de lโhรฉpatite B rรฉside dans le fait que le CHC peut survenir mรชme en lโabsence de cirrhose hรฉpatique, ceci รฉtant expliquรฉ par le mรฉcanisme dโintรฉgration du gรฉnome viral dans le gรฉnome des hรฉpatocytes infectรฉes. Le risque de dรฉveloppement du CHC augmente avec la charge virale B et la durรฉe de lโinfection [20].
Lโaflatoxine B1
Lโexposition ร un carcinogรจne alimentaire, dรฉrivรฉ des champignons Aspergilus parasitisus et Aspergillus flavus, lโaflatoxine B1, pouvant contaminer principalement les pousses de soja, de maรฏs et les cacahuรจtes, est un important facteur de risque de survenue de CHC en Afrique et en Asie [21].
Lโhรฉpatite virale C
Lโincidence du CHC parmi les individus prรฉsentant une cirrhose post-virale C est de 3 ร 5% par an [22]. Si lโincidence du CHC liรฉ ร lโhรฉpatite B est en diminution grรขce aux programmes de vaccination celle du CHC liรฉ ร lโhรฉpatite C serai en nette progression puisque aucun vaccin nโest encore disponible [21]. Ceci explique en partie lโaugmentation de lโincidence du CHC dans les pays dรฉveloppรฉs. A lโรฉchelle mondiale, lโinfection ร HVC est mise en cause dans 31% des cas de CHC [23].
Lโalcoolisme
La consommation excessive dโalcool est largement reconnue comme รฉtant un facteur de risque de survenue de cirrhose et dโailleurs le dรฉveloppement du CHC. Lโalcool pourrait รชtre impliquรฉ dans le dรฉveloppement du CHC par des mรฉcanismes directs de toxicitรฉ sur le gรฉnome des hรฉpatocytes, mais surtout et bien plus largement par un mรฉcanisme indirect qui conduit ร la constitution dโune cirrhose hรฉpatique. La relation dose-effet est mal connue, tout comme lโimpact de la durรฉe de consommation. Lโรฉtude a suggรฉrรฉ quโune consommation dโalcool quotidienne supรฉrieure ร 60 g pourrait รชtre considรฉrรฉe comme facteur de risque de survenue de CHC [24]. Lโรขge de dรฉbut et la durรฉe de consommation ne semblait pas avoir dโimpact sur le risque de survenue dโun CHC. Par ailleurs, il est intรฉressant de remarquer que les infections virales B et C sont des comorbiditรฉs frรฉquemment associรฉes chez les patients souffrant dโรฉthylisme chronique [25].
La stรฉatose hรฉpatique non alcoolique
Les patients prรฉsentant une stรฉatohรฉpatite non alcoolique (NASH) ont 3 ร 15% de risque de dรฉvelopper une cirrhose hรฉpatique, et par la mรชme circonstance, ils sont plus ร risque de dรฉvelopper un CHC [26]. Il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ que lโincidence cumulรฉe annuelle de CHC รฉtait de 2,6% parmi les patients prรฉsentant une cirrhose liรฉe ร une NASH [27]. Il est important de noter que le stade de cirrhose associรฉe ร une NASH est un facteur favorisant mais non nรฉcessaire au dรฉveloppement dโun CHC. En effet, plusieurs cas de CHC survenant chez des patients prรฉsentant une NASH sans cirrhose ont รฉtรฉ dรฉcrits [28].
Les autres facteurs
Les autres facteurs de risque de survenue dโun CHC regroupent toutes les autres facteurs acquis ou hรฉrรฉditaires favorisant le dรฉveloppement dโune cirrhose hรฉpatique, incluant lโhรฉmochromatose, les hรฉpatites auto-immunes, les cirrhoses biliaires primitives, les cholangites sclรฉrosantes primitives, le dรฉficit en alpha-1-antitrypsine et la maladie de Wilson.
Le tabac est actuellement considรฉrรฉ comme un cofacteur dans le dรฉveloppement du CHC, et non pas un facteur de risque indรฉpendant [29].
Prรฉsentation clinique
Le CHC se prรฉsente classiquement par une apparition dโune altรฉration de lโรฉtat gรฉnรฉral, ou par la prรฉsence des signes hรฉpatiques comme une douleur de lโhypochondre droit, une hรฉpatomรฉgalie, un ictรจre, un ou des signes dโune hypertension portale. Chez un patient cirrhotique, le diagnostic de CHC se pose souvent devant une dรฉcompensation de la cirrhose : ictรจre, ascite, hรฉmorragie digestive.
Dรฉmarche diagnostique
La dรฉmarche diagnostique du CHC est diffรฉrente selon lโexistence ou non dโune cirrhose hรฉpatique sous-jacente. Dans la trรจs grande majoritรฉ des cas de CHC survenant sur foie cirrhotique, des critรจres diagnostiques non-invasifs basรฉs sur des techniques dโimagerie (Scanner ou IRM) peuvent รชtre appliquรฉs. Pour les lรฉsions sur foie cirrhotique ne prรฉsentant pas tous les critรจres spรฉcifiques de CHC ร lโimagerie et pour tous les cas de CHC survenant sur foie sain, la rรฉalisation dโune biopsie hรฉpatique pour analyse anatomopathologique est indispensable.
Diagnostic non-invasif du CHC survenant sur foie cirrhotique
Voici dรฉtaillรฉes dans la figure 1 la dรฉmarche diagnostique ร adopter face ร une ou plusieurs lรฉsions focales hรฉpatiques sur foie cirrhotique, telle quโelle est actuellement recommandรฉe par lโEASL-EORTC depuis 2012 [23] et le Thesaurus National de Cancรฉrologie Digestive [7].
Les examens dโimagerie doivent comporter quatre phases, soit une phase sans injection, un temps artรฉriel, un temps portal et un temps tardif.
Les critรจres de Barcelone sus-dรฉcrits ne sont applicables que si la cirrhose est confirmรฉe ou si le patient prรฉsente une hรฉpatite B chronique. En outre, dans le cas particulier des lรฉsions mesurant entre 1 et 2 cm de grand axe, le diagnostic de CHC dโaprรจs une seule technique dโimagerie est validรฉ uniquement lorsque ces examens dโimagerie sont rรฉalisรฉs dans des centres dit ยซ experts ยป. Si la rรฉalisation des examens dโimagerie est non-optimale, les auteurs de ces recommandations EASL-EORTC 2012 recommandent la rรฉalisation des deux techniques dโimagerie (scanner et IRM) pour la caractรฉrisation des lรฉsions mesurant de 1 ร 2 cm pour une bonne pratique clinique.
Il est important de souligner lโimportance de la prรฉsence du wash-out dans le diagnostic de CHC. En effet, il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ quโenviron 25% des lรฉsions hypervasculaires de moins de 2 cm et ne prรฉsentant pas de wash-out ne sont pas des CHC [31]. Dโaprรจs ces critรจres diagnostiques, lโAlpha foeto-protรฉine (AFP) nโa plus sa place dans le diagnostic de CHC en raison dโune spรฉcificitรฉ et dโune sensibilitรฉ trop faibles (20% et 60% respectivement environ) [32]. Cependant, un taux dโAFP supรฉrieur ร 400 ng/mL a une bonne valeur prรฉdictive positive et รฉtait dโailleurs considรฉrรฉ comme รฉtant un des critรจres diagnostiques de CHC en 2001. Dans les cas de biopsie hรฉpatique non-contributive ou dans des cas difficiles, un taux dโAFP supรฉrieur ร 400 ng/mL pourrait รชtre pris en compte pour poser le diagnostic de CHC. Lโรฉchographie avec injection de produit de contraste nโa pas sa place dans le diagnostic de CHC en raison dโune spรฉcificitรฉ insuffisante (risque de faux diagnostics de CHC chez des patients prรฉsentant un cholangiocarcinome). La spรฉcificitรฉ et la sensibilitรฉ รฉtaient estimรฉes ร environ 89% dans lโรฉtude publiรฉe en 2006 รฉvaluant les performances diagnostiques de lโรฉchographie de contraste avec produit de contraste de deuxiรจme gรฉnรฉration [33].
Diagnostic histologique du CHC
Une biopsie hรฉpatique afin dโobtenir un diagnostic histologique du CHC est nรฉcessaire dans tous les cas de nodule survenant sur foie sain ainsi que pour tous les cas de nodule sur foie cirrhotique pour lesquels les examens dโimagerie ne sont pas concluants. Cโest un examen clรฉ pour le diagnostic des hรฉpatopathies et surtout pour le diagnostic dโun CHC, elle consiste ร prรฉlever ร l’aide d’une aiguille un fragment de foie afin de l’analyser au microscope. Cependant cโest un examen invasif avec un risque de complications notamment hรฉmorragiques [34].
En cas de lรฉsion localisรฉe, comme par exemple un nodule hรฉpatique dont la nature est ร dรฉterminer, la biopsie se fait par voie transcutanรฉe. Elle est guidรฉe par une รฉchographie ou un scanner abdominal [34].
Deux principaux types de prรฉlรจvement sont possibles : la ponction guidรฉe ร l’aiguille fine, en vue d’un examen cytologique, ou la ponction-biopsie radioguidรฉe, en vue d’un examen histologique [35]. Dans les deux cas, le geste diagnostique ne peut รฉvidemment รชtre pratiquรฉ que si la tumeur est accessible ร la ponction [35].
Les risques de la biopsie doivent รชtre mis en balance avec les informations fournies : risque de faux nรฉgatif en cas de petite tumeur difficile ร ponctionner ou en cas de tumeur nรฉcrotique, risque de saignement, principalement pour les tumeurs de gros volume, et risque dโessaimage estimรฉ ร 2,29 %, notamment pour les tumeurs ร proximitรฉ de la capsule [36]. En cas de nรฉgativitรฉ de la biopsie hรฉpatique, il est recommandรฉ de refaire lโรฉchographie abdominale aprรจs 4 mois [37].
En cas de doute sur une hรฉpatopathie sous-jacente, il est recommandรฉ de rรฉaliser un prรฉlรจvement du foie non tumoral dans le mรชme temps que la biopsie de la lรฉsion. La sensibilitรฉ de la biopsie hรฉpatique dans le diagnostic de CHC est comprise entre 70 et 90%, toute taille confondue. Lโรฉtude de lโexpression de trois gรจnes (Glypican 3, Survivin, Lymphatic Vessel Endothelial Hyaluronan Receptor 1[LYVE1]) a รฉtรฉ proposรฉe pour permettre la distinction entre un nodule dysplasique et un petit carcinome hรฉpatocellulaire de moins de 2 cm avec exactitude dans prรจs de 90% des cas [38].
I.9 Classifications pronostiques
La classification Barcelona Clinic Liver Cancer (BCLC) est actuellement la classification pronostique recommandรฉe par lโEASL et lโAASLD (cf. Figure 2) [39]. Cette classification prend en compte les principaux facteurs pronostiques cliniques et biologiques dans le CHC, que sont le statut tumoral (nombre et taille des nodules, prรฉsence dโune invasion vasculaire et des lรฉsions extra-hรฉpatiques), la fonction hรฉpatique รฉvaluรฉe par le score de Child-Pugh, et lโรฉtat gรฉnรฉral de lโindividu dรฉfini selon lโรฉchelle OMS. En dehors de tout traitement, le taux de survie a 3 ans chez les patients prรฉsentant un CHC stade A selon la classification BCLC est estimรฉe ร 50% alors quโil est de 8% lorsque le CHC est de stade C [39].
Dโautres classifications pronostiques existent mais sont utilisรฉes ร moindre รฉchelle. Par exemple, le score de CLIP (Cancer of the Liver Italian Program) est un score qui a รฉtรฉ validรฉ chez 435 patients en 1998. Il prend en compte le statut tumoral y compris lโinvasion vasculaire, la fonction hรฉpatique, mais aussi le taux dโAFP. En revanche, lโรฉtat gรฉnรฉral de lโindividu nโest pas pris en compte [40]. Les classifications I-CLIP et V-CLIP sont des dรฉrivรฉes du score de CLIP auquel ont รฉtรฉ intรฉgrรฉes respectivement les mesures du taux dโinsuline like growth factor 1 (I-CLIP) et du vascular endothelial growth factor (VEGF) (V-CLIP) [41,42].
Bilans dโextension et prรฉthรฉrapeutique
Pour le bilan dโextension , ร part lโexamen clinique, il est nรฉcessaire de rรฉaliser le dosage de lโAFP, IRM abdominal avec scanner thoracique injectรฉ ou scanner thoraco-abdominal, pour pouvoir prรฉciser la morphologie de la tumeur (localisation, nombre et taille des lรฉsions, prรฉsence dโune capsule et/ou de tumeurs ยซ filles ยป), la vascularisation portale et sus-hรฉpatique, lโexistence dโadรฉnopathies ou dโatteinte viscรฉrales (poumons, os, surrรฉnales), ainsi que le retentissement sur les voies biliaires[7]. Le scanner permet de prรฉciser le volume hรฉpatique. Lโรฉcho-Doppler prรฉcise lโรฉtat du flux portal ou sus-hรฉpatique [7]. LโIRM peut รชtre indispensable si le scanner ne caractรฉrise pas bien lโextension tumorale [7]. Un scanner cรฉrรฉbral et scintigraphie osseuse sont indiquรฉs lorsquโil y a prรฉsence de signe clinique [7].
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Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: RAPPELS
I. CARCINOME HEPATOCELLULAIRE
I.1 Dรฉfinition
I.2 Epidรฉmiologie
I.3 Physiopathologie
I.4 Facteurs de risque de carcinome hรฉpatocellulaire
I.5 Prรฉsentation clinique
I.6 Dรฉmarche diagnostique
I.7 Diagnostic non-invasif du CHC survenant sur foie cirrhotique
I.8 Diagnostic histologique du CHC
I.9 Classifications pronostiques
I.10 Bilans dโextension et prรฉthรฉrapeutique
I.11 Traitement dโun carcinome hรฉpatocellulaire
DEUXIEME PARTIE: METHODES ET RESULTATS
I. OBJECTIF
I.1 Objectif gรฉnรฉral
II.METHODES
II.1 Cadre de lโรฉtude
II.2 Type dโรฉtude.
II.3 Pรฉriode dโรฉtude
II.4 Population dโรฉtude
II.5 Variables รฉtudiรฉes
II.6 Mode de recueil des donnรฉes
II.7 Mode de saisie des donnรฉes
II.8 Considรฉration รฉthique
II.9 Limites de lโรฉtude
III. RESULTATS
III.1 Aspects sociodรฉmographiques
III.2 Habitude toxique
III.3 Paramรจtres cliniques
III.4 Donnรฉes cliniques.
III.5 Paramรจtres paracliniques
III.6 Etat du foie sous-jacent
III.7 Stade de la maladie au moment du diagnostic.
III.8 Traitement reรงu
III.9 Evolution pendant lโhospitalisation
III.10 Causes de dรฉcรจs
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I. Donnรฉes sociodรฉmographiques
I.1 Lโรขge
I.2 Le genre
I.3 La profession
II. Habitude toxique
II.1 Le tabac
II.2 Lโalcool
III. Paramรจtres cliniques
III.1 Motif dโhospitalisation.
III.2 Facteurs รฉtiologiques
IV. Donnรฉes cliniques
IV.1 Lโรฉtat gรฉnรฉral (IPS selon OMS)
IV.2 Le score de Child-Pugh
V. Paramรจtres paracliniques
V.1 Donnรฉes biologiques
V.2 Donnรฉes de lโimagerie
VI. Etat du foie sous-jacent
VII. Stade de la maladie au moment du diagnostic
VIII. Traitement reรงu
IX. Evolution pendant lโhospitalisation
X. Causes de dรฉcรจs
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES
ANNEXES
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