L’Essonne est un affluent de la Seine en rive gauche et son bassin versant amont (partie loirétaine) de 609 km² s’étend du Sud vers le Nord-Est pour un linéaire 267 km de cours d’eau (Figure 1). Il se décompose en 3 zones naturelles : à l’amont la forêt domaniale d’Orléans, puis la partie médiane avec les rivières qui s’écoulent sur le calcaire de Beauce, dans cette zone les rivières Œuf et Rimarde ont été recalibrées et leurs cours rectifiés, enfin à hauteur d’Escrennes pour l’Œuf et de Yèvre-la-Ville pour la Rimarde, les vallées deviennent de plus en plus prononcées jusqu’à Boulancourt avec la présence de marais et de moulins.
La partie loirétaine du bassin versant est gérée par le Syndicat Mixte de l’Œuf, de la Rimarde et de l’Essonne (SMORE), c’est un établissement public de coopération intercommunale (dans notre cas, appelé communément syndicat de rivière). Il est issu de la fusion au 1er janvier 2017 du Syndicat Mixte de l’Œuf et de l’Essonne et du Syndicat Intercommunal d’aménagement du Bassin de la Rimarde, tous deux créés à l’origine dans l’objectifs d’assainir le bassin versant pour une meilleure exploitation des terres agricoles. Avec l’instauration de la Directive Cadre Européenne sur l’Eau (DCE), traduite en droit français par la Loi sur l’Eau et les Milieux Aquatiques en 2006, les statuts des syndicats se sont progressivement réorientés vers une gestion de l’eau durable et d’avenir. Suite à la loi Modernisation de l’Action Publique Territoriale et d’Affirmation des Métropoles (MAPTAM) de 2014 qui créa la Compétence Gestion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations pour les collectivités territoriales avec une prise obligatoire de la compétence au 1er janvier 2018, le SMORE devient pleinement compétent sur son nouveau périmètre (entièreté du bassin versant : vallées et plateaux) sur la problématique de la gestion des cours d’eau et de ses zones humides. Le SMORE se compose d’un corps électoral composé par un conseil syndical de 59 délégués au sein duquel est élu un président M. Anne-Jacques de Bouville et de 5 vice-présidents ainsi qu’un corps administratif et technique composé : d’une secrétaire administrative et comptable, d’un technicien de rivières et d’un chargé de mission rivières. Le technicien est en charge du suivi des travaux, des travaux effectués en régie (ripisylve et gestion des embâcles), du suivi des pollutions alors que le chargé de mission est en charge de la partie administrative et rédactionnelle des dossiers (Dossier d’Intérêt Général, Dossier d’Autorisation Environnementale Unique, subventions, rédaction des marchés publics). Le bassin versant a subi au cours de son histoire récente différentes crues comme celles de 1910, 1983, 2001-2002 et 2016 qui ont des récurrences différentes. Les précipitations de mai et juin 2016, particulièrement importantes, ont engendré une crue puis des inondations sur le bassin versant de l’Essonne et ont conduit le SMORE vers une nécessaire prise en compte de cette problématique. Le premier constat montre que différents enjeux sont à prendre en compte tels que l’hydrologie du bassin versant, les maisons et bâtiments inondés, les routes coupées, la mise en eau des vallées sèches, la culture du risque faible. Le syndicat a décidé de mener une étude afin de comprendre l’ensemble des phénomènes ayant eu lieu sur le bassin versant. Cette étude a pour objectifs de préparer les futurs programmes d’actions du Syndicat concernant la gestion des crues. Elle consistera en l’analyse de l’hydrologie du bassin versant à partir des données existantes pour comprendre les crues passées, l’étude de la zone inondée en 2016 avec la vérification des Plus Hautes Eaux Connues (PHEC), la modélisation du fonctionnement hydraulique du lit majeur, et proposera un regard critique sur la culture du risque dans le territoire. Cette seconde phase passe par le recensement des repères de crue existants et des laisses toujours présentes en 2018 pour aboutir à l’implantation de repères où ils sont absents au regard de la crue de mai-juin 2016 dans l’objectif premier d’augmenter la culture du risque ainsi que la résilience de la population. En effet, la crue de 2016 a marqué les mémoires des populations locales et il est nécessaire de cultiver cette mémoire pour ne pas oublier ces inondations qui ont une périodicité de retour centennale. L’ensemble de cette étude s’intègre pleinement dans la préparation futur Programme d’Actions et de Prévention des Inondations (PAPI) qui sera mis en place sur la période 2019-2024 pour le bassin versant de l’Essonne.
Collecte et Analyses des données
Données piézométriques
Plusieurs piézomètres ont été implantés ou sont toujours en fonctionnement sur le bassin versant :
– Ceux de Ascoux et Attray ont été respectivement en fonctionnement de 1974 jusqu’à 1997 et 2003.
– Ceux de Batilly-en-Gâtinais et de Pithiviers-le-Vieil sont toujours en fonctionnement.
Données pluviométriques
Nous disposons de mesures pluviométriques sur 2 sites :
– le 1er site à Pithiviers-le-Vieil sur le bassin de l’Œuf avec les données mensuelles depuis 2012 chez Mr Éric Menard
– le 2ème site à Chambon-la-Forêt sur le bassin versant de la Petite Rimarde entre le 22 mai 2016 et le 8 octobre 2016 dans le cadre d’une étude sur l’aménagement de l’étang des Pâtureaux par un bureau d’étude. Ces données sont pertinentes car les pluies qui ont abouti à la crue de mai-juin 2016 ont été mesurées sans dysfonctionnement des appareils de mesure pour Chambon-la-Forêt. Nous disposons également de 2 cartes éditées par le service Pluies Extrêmes de Météo France avec 3 stations sur le bassin, situées à Chambon-la-Forêt, Chilleurs aux Bois et Pithiviers-le-Vieil. De plus, nous possédons les données du SATESE Loiret avec une précision mensuelle pour les années 2016 et 2017 sur les communes de Nibelle, Chemault, Nancray-sur-Rimarde, Neuville-aux-Bois, Mareau-aux-Bois et Puiseaux.
Analyse des données pluviométriques
Une comparaison sera faite pour vérifier la cohérence entre les stations officielles de Météo France et les données pluviométriques recueillies par le syndicat. Cependant, aucun hyétogramme ne pourra être fait parce que nous disposons uniquement de données journalières à Chambon-la-Forêt et de l’hydrogramme à Boulancourt. Il serait complètement incohérent de réaliser un hyétogramme avec des données mensuelles alors que la crue a eu lieu sur 2 semaines. Il manque pour établir un hyétogramme à minima des données journalières sur le bassin de l’Œuf (les mesures de pluviométrie à la STEP de Pithiviers commencent lors de la décrue) ou une station de mesure sur la Rimarde .
Le SMORE a réalisé des calculs de volumes d’eau pour la crue en appliquant la formule :
?????? = ??é?????????? ∗ ??????????
Données débitmétriques
Il existe 2 stations hydrologiques sur le bassin versant : la première sur l’Œuf à Bondaroy pour un bassin versant de 235 km² et la seconde sur l’Essonne à Boulancourt pour un bassin versant de 609 km². Les données sont disponibles pour les périodes de 1971 à 2010 pour Bondaroy et de 1986 à 2017 pour Boulancourt. L’arrêt des mesures à Bondaroy par l’Etat via la DREAL Centre-Val de Loire est dû au fait que la station se situait à l’aval immédiat de la ville de Pithiviers et mesurait par conséquent les rejets industriels (station d’épuration, sucrerie, malterie et autres industries). Le syndicat proposait le déplacement de la station à l’amont de l’agglomération de Pithiviers dans le double objectif d’avoir des mesures qualitatives sans rejets et des données quantitatives pouvant être utiles à la prévention des inondations. La station de mesure a finalement été relocalisée plus loin à l’aval, sur la commune d’Estouy avec des données ponctuelles (1 mesure/mois). Les données manquantes ont été extrapolées selon différentes hypothèses pour obtenir une cohérente sur l’ensemble du bassin versant.
Analyse statistiques des débits
Le QMNA (débit mensuel minimal annuel) est le débit d’étiage pour une année donnée et le QMNA5 (débit mensuel quinquennal sec) est le débit mensuel minimal ayant une probabilité de 20% par an de ne pas être dépassé. Ce sont deux données utilisées par les services de l’Etat et les collectivités territoriales dans le cadre de travaux sur les milieux aquatiques pour effectuer un calage des lignes d’eau tant sur les cours d’eau que dans les zones humides. En effet, l’ensemble du cycle hydrologique de la rivière doit être pris en compte dans les aménagements hydrauliques.
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Table des matières
1 Introduction
2 Matériels et méthodes
2.1 Collecte et Analyses des données
2.1.1 Données piézométriques
2.1.2 Données pluviométriques
2.1.3 Analyse des données pluviométriques
2.1.4 Données débitmétriques
2.1.5 Analyse statistiques des débits
2.1.6 Reconnaissance et relevés de terrain
2.2 Aléa, enjeux, vulnérabilité et risque
2.3 Modélisation
2.4 Documents en vigueur et préconisations
3 Résultats et discussion
3.1 Niveau de nappe, pluviométrie et débits
3.1.1 Analyse des données piézométriques
3.1.2 Analyse des données pluviométriques
3.1.3 Analyse des données hydrologiques
3.1.4 Temps de propagation de l’onde de crue
3.2 Géologie et topographie
3.3 Modélisation hydraulique
3.4 Enjeux et vulnérabilités
3.4.1 Sous-bassin de l’Œuf
3.4.2 Sous-bassin de la Rimarde
3.5 Repères de crues et échelles limnimétriques
3.6 Préconisations
3.6.1 Priorité 1
3.6.2 Priorité 2
3.6.3 Priorité 3
4 Conclusion
5 Bibliographie
6 Annexes
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