DIAGNOSTIC GLOBAL DE L’ESPACE STEPPIQUE

DIAGNOSTIC GLOBAL DE L’ESPACE STEPPIQUE

La vocation historique de l’espace steppique est la pratique d’élevage de petits ruminants d’une manière extensive. L’état actuel des connaissances dans ce domaine exprime un constat de la réduction en superficie des parcours steppique et la dégradation alarmante des ressources pastorales et du sol. D’après, AIDOUD et al (2006), des changements particulièrement rapides et intenses se sont opérés dans les milieux steppiques nord africains sous la pression des besoins croissants des populations humaines, besoins qui sont à l’origine de l’extension des cultures, des changements de politique de gestion et donc des usages et pratiques d’élevage en plus des sécheresses périodiques. L’espace steppique est stratégique car il y va de l’avenir du Tell et constitue une barrière naturelle bravant la désertification. L’action de l’homme (éleveur) et de son activité principale qu’est l’élevage et la pratique d’une céréaliculture pluviale sont à l’origine de la dégradation des parcours steppique.

L’évolution de la population steppique depuis 1977 a connu une augmentation remarquable, allant de 2,5 millions d’habitants pour atteindre actuellement 12 millions d’habitants. Les effectifs des ruminants ont connu également une évolution notable allant de 6 millions en 1966 pour atteindre actuellement les 16 millions de têtes. Selon CLAUDIN, (1975) ; BENABDELI, (1996 et 2007) ; YEROU et BENABDELI (2010), l’action anthropozoïque reste directrice du processus de désertisation. L’état des parcours steppique algérien, comme d’autres régions arides du bassin Méditerranéen, se caractérise par un déséquilibre écologique profond, qui conduit inexorablement, à une fragilisation de plus en plus accentuée des écosystèmes pastoraux et à une réduction irréversible, de leur capacité de production, et de protection du milieu physique. En effet, la résurrection et la restauration de cet espace nécessitent en premier lieu l’identification de son état et des différents changements survenus en termes d’organisation spatiale et socioéconomiques.

SITUATION ACTUELLE DES ESPACES

Selon COTE (1980), « L’espace physique est le support sur lequel s’inscrivent toutes les actions de la société ». Quand cet espace vient à ne pas être connu convenablement alors toutes les dérives et les erreurs souvent irréparables peuvent être commises. Le territoire par définition est une globalité qui offre des contraintes et des potentialités, l’intelligence de l’homme se mesure à la qualité de ses interventions et des choix de l’occupation de l’espace qu’il retient et de la manière dont il les exécute. De sa part, BENABDELI (2008) signale que l’organisation spatiale de l’Algérie a tout le temps été imposée par des considérations politiques et surtout historiques où les aménagements réalisés se sont imposés aux divers espaces. Selon le même auteur, il est difficile de protéger les espaces naturels s’ils ne sont pas identifiés, classés et une parfaite typologie arrêté tel est le cas des terrains de parcours en Algérie qui sont très limités tant en qualité qu’en quantité; c’est l’espace steppique qui devient le principal espace de parcours par sa superficie et l’offre en ressource pastorale.

La facilité d’investissement et d’utilisation de l’espace pour une valorisation économique a toujours été l’unique socle de la politique en la matière d’aménagement du territoire. Le résultat de cette approche se caractérise par « …la non concordance entre certains traits de l’espace actuel et la société qu’il porte ». (COTE, 1983). L’occupation du sol est en permanence en inadéquation avec les caractéristiques biophysiques du milieu engendrant une lutte permanente entre biotope et biocénose. Une analyse des paysage met en relief et rappelle comment l’activité humaine a façonné l’espace et le milieu ; des sociétés spécialisées se sont installées et ont imposé une certaine forme d’utilisation de l’espace et l’empreinte est souvent définitive et arrive à définir des entités qui finissent par s’imposer. L’espace agraire et les terres utilisées comme terrain de parcours reposent sur des inégalités foncières qui engendrent une déstructuration d’un espace déterminant. La révolution agraire par la nationalisation de 28.000 propriétaires concernant plus de 1,1 millions d’hectares et distribués à 95.000 attributaires a imposé une nouvelle forme d’utilisation et de découpage de l’espace agricole. (MARA, 1978). La désarticulation de l’espace rural et agricole qui en découla est inacceptable et ses conséquences sont difficiles à corriger même dans le très long terme.

LA PRODUCTIVITE DES PARCOURS

Le parcours steppique n’est pas en mesure, pour toutes les raisons invoquées, de répondre aux besoins. Il n’est pas en mesure dans l’état actuel de sa gestion et de sa composition floristique d’assurer un affouragement régulier estimé par les responsables chargé de sa gestion à 450 unités fourragères par hectare. Le parcours agricole est souvent assimilé au parcours steppique dans son utilisation et même sa classification socio-économique par les agriculteurs-pasteurs. La garantie de production de biomasse verte et sèche qu’il offre quelque soit les conditions climatiques et les possibilités de transformation qu’il permet (terrain de parcours, grains, paille) fait que cet espace est surtout considéré comme solution de rechange en cas d’empêchement d’utilisation de la steppe comme terrain de parcours permanent.

La steppe a été tellement dégradée et parcourue qu’elle n’est qu’un espace livrée au défrichement, à une céréaliculture pluviale de support aux éleveurs. Une synthèse sur les travaux effectués dans ce volet ( DjEBAILI, 1978 ; CRBT, 1978; EL HAMROUNI, 1978 ; NEDJARAOUI, 1981 ; AIDOUD, 1983 ; BENREBIHA et BOUABDELLAH, 1992 ; BERCHICHE et al 1993; BENABDELLI, 1996 et 2007) permet d’avancer les chiffres suivants : Steppe à alfa : 80 UF/ha, Steppe à armoise : 150 UF/ha, Steppe à alfa et armoise : 100 UF/ha, Terrain nu : 120 UF/ha et Céréaliculture : 200 UF/ha. Exception faite des terrains steppiques transformés en champs de céréaliculture temporaire qui produisent plus de 200 UF/ha, chaque fois que les précipitations moyennes annuelles sont inférieures à 250 mm, la productivité moyenne ne dépasse point les 100 UF/ha. Pour donner un aperçu sur la productivité des écosystèmes arides marginaux comme la steppe global EL HAMROUNI (1978) dans la région de Kasserine (Tunisie) et BENABDELLI (1983) dans la région méridionale de Dhaya (Algérie) ont établi une relation entre la pluviométrie (étages climatiques) et la production moyenne en unités fourragères par hectare ainsi que la charge pastorale possible. Les résultats sont consignés dans le tableau 2.

La production moyenne des différents espaces de parcours à prendre en considération oscille entre 120 et 230 unités fourragères par hectare, rendement dérisoire ne pouvant supporter qu’une charge de l’ordre de 0.6 équivalent ovin par hectare pendant seulement 6 mois. La productivité moyenne en matière sèche par hectare reste très dépendant des précipitations qui restent un facteur limitant pour la production d’unités fourragères. Selon la tranche pluviométrique annuelle la production de biomasse sèche reste très hétérogène et oscille entre 520 et 1220 kg par hectare. Les écarts sont très importants et rendent difficile tout calcul de charge pastorale, d’où le recours à la productivité minimale pour éviter tout surpâturage. En plus de la faiblesse de productivité, les espaces steppiques ne permet un parcours que périodiquement. Ces périodes sont difficiles à déterminer puisque le parcours est permanent et en étroite dépendance de la pluviométrie. La charge pastorale est élevée dans tous les espaces productifs de biomasse végétale et trouve sa source dans une mauvaise utilisation des espaces ne tenant pas compte des potentialités et se traduisant par une dégradation des espèces. Cette situation découle d’un déséquilibre entre l’offre et la demande. Dans la région la situation peut être récapitulée comme suit selon Benabdeli, 2008:

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
CHAPITRE 1- DIAGNOSTIC GLOBAL DE L’ESPACE STEPPIQUE
1-L’ESPACE STEPPIQUE ALGERIEN « UNE REALITE PHYSIQUE EN CRISE »
1.1-SITUATION ACTUELLE DES ESPACES
1.2- LES ESPACES DE PARCOURS
1.2.1-PRINCIPAUX TYPES DE PARCOURS
1.2.2- IMPORTANCE DE LA ZONE STEPPIQUE
1.2.3- LA PRODUCTIVITE DES PARCOURS
1.3- LES PRINCIPALES CONTRAINTES
1.3.1- ECOLOGIQUES
1.3.2- HUMAINES
1.3.3 POLITIQUES
1.4- PERTURBATION DES ESPACES
1.5-LES DIFFERENTES STRATEGIES ET ACTIONS DE DEVELOPPEMENT DE L’ESPACE STEPPIQUE ALGERIEN
1.5.1- LES STRATEGIES
1.5.2- LES ACTIONS ENTREPRISES
1.5.2.1- DURANT LA COLONISATION
1.5.2.2- APRES L’INDEPENDANCE
– Phase 1962- 1970
– Phase de 1970 à 1985
– Phase 1985-1992
– Phase 1992- 2000
1.5.3- L’IMPACT DES STRATEGIES MENEES EN STEPPE 25
2- CONTEXTES ET OBJECTIFS
2.1- CIBLAGE DE LA RECHERCHE
2.1.1- CONSTAT SUR L’ELEVAGE EN MILIEU STEPPIQUE
2.2- NECESSITE D’UNE APPROCHE GLOBALE
3- METHODOLOGIE
3.1- L’APPROCHE SYSTEMIQUE POUR L’ANALYSE D’UNE SITUATION COMPLEXE
3.1.1- LES CONCEPTS DE BASE
3.1.1.1. Concept du système d’élevage
3.1.1.2. Les pôles du système d’élevage
Le pôle Humain
Le pôle animal
Le pôle ressources
3.1.1.3- DEMARCHE D’ANALYSE D’UN SYSTEME D’ELEVAGE
3.1.1.4. LES MOYENS MÉTHODOLOGIQUES ET METHODES D’ANALYSE
3.1.2. PROTOCOLES DE RECHERCHE SUR LES SYSTEMES D’ELEVAGE
3.1.2.1. DEMARCHE, CHOIX DE L’ECHANTILLON ET TRAITEMENT
3.1.2.2. EVALUATION DES BESOINS NUTRITIONNELS DES TROUPEAUX
3.1.2.2. EVALUATION DES PARAMETRES DE REPRODUCTION DES TROUPEAUX
3.2. METHODE D’EVALUATION DE L’IMPACT DE L’ELEVAGE SUR LES FORMATIONS STEPPIQUES
3.3. METHODE D’EVALUATION DE L’IMPACT DES PRATIQUES DE PATURAGE
3.3.1 POSITIONNEMENT DU CONTEXTE ET OBJECTIFS
3.3.2 METHODOLOGIE
3.3. PRÉSENTATION DE LA RÉGION D’ETUDE
3.3.1 CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DE LA REGION
3.3.2 CADRE GEOLOGIQUE, LITHOLOGIQUE ET SOL
3.3.3 LE CLIMAT
3.3.3.1 LA PLUVIOMETRIE
3.3.3.2-LES TEMPERATURES
3.3.4 LES RESSOURCES PASTORALES
3.3.5. CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUE
3.3.5.1 EVOLUTION ET REPARTITION DE LA POPULATION
3.3.5.2- AGRICULTURE ET SYSTEMES DE PRODUCTION
3.3.5.3. L’ELEVAGE
DEUXIEME PARTIE FONCTIONNEMENT DU SYSTEME D’ELEVAGE EN MILIEU STEPPIQUE
CHAPITRE II – LES SYSTEMES D’ELEVAGE
1- DYNAMIQUE DU FONCTIONNEMENT DES SYSTEMES D’ELEVAGE EN MILIEU STEPPIQUE
1.1 LA DYNAMIQUE SOCIO-ECONOMIQUE TRADITIONNELLE
1.2- LA DYNAMIQUE TRADITIONNELLE D’UTILISATION DE L’ESPACE
I.1.2- LA DYNAMIQUE DES SYSTEMES D’ELEVAGE DURANT LA COLONISATION
1.1.3- LA DYNAMIQUE DE FONCTIONNEMENT APRES L’INDEPENDANCE
2 – LE REPERAGE TYPOLOGIQUE DES SYSTEMES D’ELEVAGE DANS LA REGION D’ETUDE
2-1 RESULTATS DE LA TYPOLOGIE ET DESCRIPTION DES ELEVAGES
2.2 LE FONCTIONNEMENT DES SYSTEMES D’ELEVAGE DANS LA REGION DE NAAMA
2.2.1- LE POLE « ELEVEUR »
2.2.2-LE POLE ANIMALE
– Taille des troupeaux
– La composition des troupeaux
– La composition des troupeaux
– La composition raciale
2.2.3- LE POLE RESSOURCES
2.2.3.1- Le foncier et la céréaliculture
2.2.4 TECHNIQUES ET PRATIQUES D’ELEVAGES
2.2.4.1 Pratiques d’utilisation des parcours, déplacement des animaux
– La transhumance au sein de la région d’étude
2.2.4.2- Pratiques d’alimentation des troupeaux
2.2.4.3 – Calendrier et bilan alimentaire
2.2.4.4. Pratiques de la reproduction
– La conduite des reproducteurs
– Etalement des agnelages et allaitement
– pratique de renouvellement
2.2.4.5- Performances techniques des systèmes d’élevage étudiés
2.2.4.6- Pratiques d’exploitation et de valorisation
2.3- ANALYSE DES STRATEGIES DES ELEVEURS ENQUETES
2.3.1 LES STRATEGIES A COURT TERME
– L’approvisionnement en aliments de bétail et réalisations des stocks
-la liquidation d’animaux
2.3.2- STRATEGIE A LONG TERME
TROISIEME PARTIE ETUDE DE L’IMPACT DES SYSTEMES D’ELEVAGE ET DE LA PRATIQUE DE PATURAGE SUR L’ECOSYSTEME STEPPIQUE
CHAPITRE 3- IMPACT DE L’ELEVAGE SUR L’ECOSYSTEME STEPPIQUE
1 CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
2- IMPACT DES SYSTEMES D’ELEVAGE SUR LA VEGETATION STEPPIQUE
3- IMPACT DES PRATIQUES DE PATURAGE
3.1- EFFET DU BERGER SUR LA COMPORTEMENT DES TROUPEAU
4- DISCUSSION
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXE

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