DIAGNOSTIC GEOBOTANIQUE ET IMPACTS ANTHROPIQUES SUR LE PAYSAGE

Structure et composition floristiques

La micro-station se caractérise par :
– l’abondance de Ceriops tagal (Tangambavy) dont la hauteur n’excède pas 2 m et le diamètre reste inférieur ou égal à 3 cm avec un tronc droit. La densité est estimée à 70 individus/m2.
– la dominance d’Avicennia marina (Afiafy) qui dépasse rarement 3 m de hauteur et 5 cm de diamètre. Par endroit, son port à morphologie diverse se partage et se dresse verticalement ou obliquement.
– la très faible fréquence de Rhizophora mucronata (Tangandahy).
En excluant les espèces ne disposant pas de DHP (diamètre pris à 1,3 m de hauteur), la parcelle R1 ne couvre qu’une seule classe de diamètre ] 5 ; 10] (figure 1) dont la densité des individus reste faible ; soit 4 pieds sur 200 m2.

Explications ou discussions

                L’abondance de Ceriops tagal est liée aux conditions stationnelles : la période de submersion n’est pas longue, l’eau est faiblement agitée et le sol est vaseux. Sa prolifération est de ce fait rendue possible. Les fruits de Ceriops suspendus sur la branche, sous l’effet de la pesanteur, tombent à pic et se fixent sur le substrat vaseux. Par la suite, des racines se développent et des feuilles apparaissent. La physionomie ligneuse de la plante se dessine au fur et à mesure qu’elle croît (photo 12). Les faibles dimensions du Ceriops relevées ne sont pas uniquement de nature spécifique. Le nombre considérable des troncs débités témoigne que l’espèce est très recherchée par les riverains. L’on peut affirmer qu’on est en présence d’un peuplement d’arbrisseaux de Ceriops confirmé par sa fructification et de sa forte densité en régénération. Sa croissance, en état de dominance d’Avicennia, prouve que cette espèce n’est pas trop exigeant en lumière. Dans ce site, sa prolifération est rapide par rapport à celle d’Avicennia dont les cimes interceptent directement les radiations solaires. La quasi-absence de Rhizophora mucronata indique que la station ne lui est pas homogène. L’existence d’une seule classe de DHP résulte non seulement d’une forte exploitation mais aussi des caractéristiques du site dues à sa position géographique : le plus proche vers les salines, les tannes à salicornes et la terre ferme.

Mangrove “adulte” à Avicennia du site R7

– Localisation et caractéristiques
Le point de relevé R7 se trouve à une altitude variant entre 9 et 10 m, au 23°23’40.4’’ de latitude Sud – 043°42’46.4’’ de longitude Est et à 380 m de la mer. Le niveau de la nappe se trouvait à 28 cm de profondeur (octobre à 11 h 25). La station est humide. La submersion est périodique. La sédimentation est moyenne. Des débris de branches de palétuviers, de tiges de roseaux morts et des feuilles jonchent le sol. Des radicelles développées sur la partie souterraine des pneumatophores consolident le sol et rendent difficile le creusement des fosses pédologiques.
– Distribution et composition floristique
Vu le degré d’ouverture de la formation, les rayons solaires parviennent facilement au sol. La composition floristique est monospécifique. En considérant que la station est homogène, on aura 600 pieds d’Avicennia par ha pour une superficie terrière de 7, 7 m2 . Ces valeurs concernent uniquement les individus à DHP supérieur à 5 cm. Suivant la structure verticale, ils se répartissent ainsi :
– 57 % pour le DHP>10 cm,
– 43 % pour le DHP compris entre 5 et 10 cm,
– 0% pour le DHP compris entre 3 et 5 cm,
– 26 cm de DHP maximal et 11,2 cm pour la moyenne,
– 6,5 m de hauteur maximale et 4,5 m pour la moyenne.
L’exploitation est moyenne. L’état de santé de peuplement est normal bien que les individus portent les cicatrices de la hache.
– Etat phénologique
Les relevés écologiques sont effectués à la fin de la saison sèche, mois d’octobre. Cette période correspond à une phase de fructification d’Avicennia marina et de Rhizophora mucronata. Un certain nombre de feuilles d’Avicennia tendent à jaunir. A notre état de connaissance, c’est un moyen pour la plante de limiter l’évapotranspiration afin de garantir sa fructification.
– Distribution des pneumatophores ou des « bronches »255 pneuma/m2 ont été recensés à l’ombre du pied d’Avicennia. Par contre, à ciel dégagé, on a compté 29 pneuma/m2. La hauteur maximale est de 32 cm. Les pneumatophores se concentrent aussi sur les berges des chenaux et peuvent se raréfier au pied de la mangrove. La concentration des racines aériennes sur un point de la station indique que le sol est très pauvre en oxygène. Il est un indicateur d’espace d’adjonction racinaire ou du présence d’un chenal. Par contre, sa soustraction donne lieu à trois explications possibles :
– sol pourvu plus ou moins d’oxygène,
– divagation et piétinement,
– sédimentation rapide couvrant les pneumatophores.
Le nombre et la taille de ces appendices sont des facteurs biologiques conditionnant la vitalité d’Avicennia. La diminution quantitative des pneumatophores dans un milieu anaérobie compromet la survie de la plante. Il en est de même si la sédimentation est plus rapide par rapport à la croissance des racines aériennes.

Composition et caractéristiques de la flore

Dans les deux sites d’étude, on distingue deux fronts pionniers :
– zone de contact direct entre la mer et les palétuviers où un peuplement de Sonneratia alba s’installe.
– vers la terre, un dépôt d’algues maritimes retrace une ligne de démarcation entre les zones intertidale et supratidale (supralittoral). Des individus d’Avicennia marina dispersés occupent le front.
Excepté les espaces fortement dégradés, la voûte foliacée est dense (plus de 60 %). Le sol est à l’abri de l’ensoleillement. La circulation est facile bien que les racines “stalagmites” de Sonneratia soient abondantes. Vers la mer, le sol est sableux. Parmi les espèces identifiées, Sonneratia alba dispose d’une très forte abondancedominance, vient ensuite Avicennia marina. Rhizophora mucronata et Ceriops tagal ont une faible fréquence (figures 7 et 8). Par rapport à la mangrove dégradée du site Nord-Ouest, la communauté végétale du point R11 forme un simple rideau de palétuviers d’environ 50 m de large. La période d’observation (10 novembre 2009) correspond à des phases fructificatrices – 40 et 31 % – et végétative – 60 et 69 %. Le pourcentage des palétuviers en état végétatif est important dans la station du S-E. En tenant compte de la notion d’homogénéité, la modélisation mathématique montre que le nombre de pieds des palétuviers à l’hectare s’élève à 1300 dans la station Témoin (T). La station Dégradée (D) ne détient que le quart de cette valeur car le taux de dégât y atteint un record de 78 %. Les individus normaux (stigmates de la hache visibles) et vigoureux ne présentent respectivement que 13 et 9 %. Dans la parcelle témoin, l’état de santé est par contre bon. Le taux de dégât est de 3 % bien que les individus ayant la cicatrice de la hache soient abondants. Quant à la fréquence des espèces vigoureuses, elle est de 14 % (figures 9 et 10).

Discussions sur la géométrie des palétuviers

                 La différence structurale constatée entre les stations T et D est le résultat d’un anthroposystème outrancier. La faible hauteur est due non seulement à la pression anthropique mais aussi à la position géographique de la station d’étude. SAENGER et SNEDAKER (1993) cités par DIDIER. A (2008) évoquent l’existence d’un gradient latitudinal. La hauteur des mangroves passe de 40 m dans la zone équatoriale à moins de 15 m dans le tropique du Capricorne où se trouve Ankilibe. Le diamètre de 120 cm atteste que la formation à Sonneratia date de très longtemps et que seules ses branches ont fait l’objet d’une exploitation. Etant donné que cette marge de diamètre soit enregistrée sur les côtes vaseuses au Brésil ou en Guyane Française – entre 0 et 5°Nord (FROMARD. et al., 1998 ; cités par DIDIER. A, 2008) l’on peut hypothéquer que la position latitudinale influence uniquement la structure verticale et non celle diamétrale.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I. PRESENTATION DU SUJET ET DE LA ZONE DU PROJET
I.1- Présentation du sujet
I.1.1- Contexte
I.1.2- Problématique : la mangrove, un paysage biogéographique en état d’annexion
I.1.3- Pertinence du sujet
I.2- Zone du projet
I.2.1- Localisation
I.2.2- Milieu abiotique
I.2.3- Milieu biotique
CHAPITRE II. MISE AU POINT D’UNE METHODE PILOTE
II.1- Documentation
II.2- Vers une prise de contact avec le milieu
II.3- …aux observations de la faune
II.4- …à la coordination des techniques diagnostiques
II.4.1- Localisation et repérage préliminaires des points de relevés
II.4.2- Critères de sélection des parcelles
II.4.3- Dispositifs des relevés écologiques
II.4.4- Techniques d’inventaires
II.4.5. Traitement des données
II.5- Procédure d’analyse d’impacts
CHAPITRE III. RESULTATS DE LA DOCUMENTATION
III.1- Commentaire bibliographique
III.1.1- Des mangroves et des hommes
III.1.2- Etat de la situation actuelle de la mangrove aux environs de Tuléar
III.1.3- Introduction à l’étude géographique de la dégradation des écosystèmes côtiers et marins de la baie de Toliara
III.2- Bibliographie et webographie
III.3- Bibliographie complémentaire
CHAPITRE IV. RESULTATS PARTIELS ET DISCUSSIONS SUR LE DIAGNOSTIC GEOBOTANIQUE DU SITE D’AMBOHITSABO
IV.1- Résultats et discussion pour la parcelle du R1
IV.1.1- Localisation et caractéristiques
IV.1.2- Structure et composition floristiques
IV.1.3- Explications ou discussions
IV.2- Résultats et discussion pour la parcelle du R2
IV.2.1- Localisation et caractéristiques
IV.2.2- Structure et composition floristiques
IV.2.3- Explications ou discussions
IV.3- Résultats et discussions pour la parcelle du R3
IV.3.1- Localisation et caractéristiques
IV.3.2- Structure et composition floristiques
IV.3.3- Explications ou discussions
IV.4- Résultats pour la parcelle du R4
IV.4.1- Localisation et caractéristiques
IV.4.2- Structure et composition floristiques
IV.4.3-Explications et discussions
IV.5-Tentative de couplage des résultats
CHAPITRE V. RESULTATS PARTIELS ET DISCUSSIONS SUR LE DIAGNOSTIC GEOBOTANIQUE DES SITES D’ANKIEMBE ET D’ANKILIBE
V.1- Site d’Ankiembe
V.1.1- Tanne ou prairie partiellement inondé(e)
V.1.2- Prairie inondée et mangrove
V.1.3- Mangrove “adulte” à Avicennia du site R7
V.1.4- Mangrove à Avicennia en régénération du site R8
V.1.5- Mangrove à Avicennia et Rhizophora du site R9
IV.2- Site du NW et du SE d’Ankilibe
IV.2.1- Comparaison des relevés sur la mangrove à Sonneratia
V.2.2- Discussions sur la mangrove à Sonneratia du Nord-Ouest et du Sud-Est
CHAPITRE VI. ANALYSE DES IMPACTS ET MESURES DE MITIGATION
VI.1- Généralités : valeur potentielle de la mangrove
VI.2- Analyse des impacts anthropiques sur le paysage de la mangrove
VI.2.1- Coupe
VI.2.2- Aménagements
VI.2.3- Sédimentation
VI.2.4- Ensablement et avancée dunaire
VI.2.5- Pâturage
VI.3- Mesures de mitigation
VI.3.1- Gestion de la coupe
VI.3.3- Lutte contre les aménagements hors norme
VI.3.4- Lutte contre la sédimentation
VI.3.5- Lutte contre l’ensablement et l’avancée dunaire
CONCLUSION

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