La convention du Patrimoine Mondial adoptée en 1972 au cours de la Conférence générale de l’UNESCO à Paris, concerne la protection du Patrimoine Mondial culturel et naturel qui repose sur le postulat que certains lieux sur la terre ont une valeur universelle exceptionnelle et méritent de faire partie du patrimoine commun de l’humanité. L’originalité de cette convention tient à ce qu’elle associe au sein d’un même document de concept la conservation de la nature et la protection de ces sites culturels. Ce concept est basé sur le constat que l’homme et la nature sont indissociables. La convention, tout en respectant la souveraineté de chaque Etat Partie dans la protection des biens du Patrimoine Mondial sur les différents territoires, encourage la participation des biens et inscrit des sites exceptionnels sur la liste du Patrimoine Mondial afin de les léguer aux générations futures. (WWF, 2008).
Madagascar possède un patrimoine biologique et écologique unique au monde dû à sa richesse en faune et en flore, et aussi une grande diversité d’écosystèmes. Ainsi, Madagascar fait partie des 10 mégabiodiversités mondiales. Par définition, la biodiversité, selon la convention sur la diversité biologique, lors de la Conférence de Rio de Janeiro en 1992, est « la variabilité des organismes vivants de toute origine y compris les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et des complexes écologiques dont ils font partie » (LEVEQUE, 1997).
En plus, la végétation de Madagascar attire depuis longtemps l’intérêt des botanistes et captive encore l’imagination des naturalistes à travers le monde entier. Faisant partie de ces attraits, la végétation du Sud-Ouest de Madagascar est la plus visitée pour son endémicité floristique très élevée. 90% des espèces endémiques sont propres à la région susdite (SALOMON, 1987 in FIENENA, 2003). Et comme le village des tortues de Mangily – Ifaty se trouve dans cette région, il possède aussi ce patrimoine végétal.
A cause de cette endémicité, beaucoup de spécialistes s’intéressent toujours à la découverte de cette richesse botanique. La végétation du village des tortues constitue donc un terrain de recherche pour de nombreux étudiants de la région et de chercheurs de toutes nationalités. Ce patrimoine revêt un intérêt particulier pour la communauté scientifique et peut être mis en valeur en relation avec le tourisme. A long terme, cette richesse peut aussi produire des biens et des services de grande valeur : la pharmacopée nationale est incomplète et des plantes et leurs principes thérapeutiques sont peut-être cachées dans les plantes ou non encore valorisées (MINENV/ONE, 2003).
En outre, le développement écotouristique est un phénomène récent dans cette zone d’étude. A Mangily – Ifaty, cette activité a débuté dans les années soixante-dix, et a connu une accélération à partir de 1990. Début 2002, la capacité hôtelière de ce village était estimée à près de 700 nuitées (ANDRIANAMBININA, 2001). Dans cette zone, les activités des touristes reposent à la fois sur un tourisme balnéaire et sur la visite et l’observation des écosystèmes locaux. Donc, l’écotourisme est l’un des domaines d’application les plus exemplaires de cette stratégie de valorisation environnementale, (Gossling, 1999; Ross et wall, 1999).
Le village des tortues, qui a été inauguré le 16 avril 2003, a pour objectif d’accueillir les tortues saisies par le Service des Eaux et Forêts, de sensibiliser le public à la protection des Chéloniens dont le Pyxis arachnoïdes et le Astrochelys radiata, tortues endémiques du Sud malagasy. A cette protection de la biodiversité s’ajoute le volet développement durable par la mise en valeur de l’écotourisme. A part la gestion et la sauvegarde des tortues, qui est unique dans la région et qui attire beaucoup de touristes, le Village des tortues possède aussi un patrimoine végétal. La combinaison de ces deux éléments favorise la potentialité de développement du secteur touristique au sein du village. Cette évolution est expliquée par l’augmentation de la visite des touristes et l’amélioration des infrastructures utilisées dans ce village. Cependant, l’évolution du secteur touristique dans le village des tortues permet aussi de développer le village de Mangily tout entier.
L’historique du milieu
Premièrement, dans la partie Sud de la forêt de Ranobe, faisant partie du groupement I (REJO-FIENENA, 1995), série à Didiereaceae et à Adansonia fony se trouve la Réserve « RENIALA » qui est située à la sortie du village de Mangily Ifaty à 27 km de Toliara, en direction de Morombe. La réserve s’étend sur une superficie de 50 hectares et assure une activité d’écotourisme dans la zone par la présence de ses sentiers botaniques et ornithologiques situés à l’intérieur de la réserve. Des programmes de partenariat existent entre la réserve et la Formation de Biodiversité-environnement de l’Université de Toliara (REJO, 2008).
Dans le groupement I de la forêt de Ranobe (REJO-FIENENA, 1995), non loin de la Réserve « Reniala », se trouve un autre centre dénommé « Village des tortues», créé par la Direction des Eaux et Forêts en collaboration avec une association française dénommée SOPTOM mandatée officiellement pour assurer la gestion et la garde des tortues saisies (REJO, 2008). Le village a été mis à la disposition et géré par l’Association pour la Sauvegarde de l’Environnement (ASE).
PROBLEMATIQUE
La région de Toliara n’échappe pas aux problèmes de la dégradation de l’environnement alors que c’est une zone à grande potentialité en terme de biodiversité. L’action anthropique reste la plus connue comme cause de la perte de biodiversité qui nécessite des mesures de conservation de la ressource naturelle de façon permanente. Cette zone a été classée comme région importante en matière de conservation de la biodiversité. Il apparaît que les écosystèmes sont en train de perdre certains de leurs composants. Et par conséquent, certaines espèces risquent de disparaître au fur et à mesure que leurs habitats se trouvent dégradés ou si leurs effectifs sont en diminution. Tout cela entraîne une régression de la capacité d’adaptation et de reproduction des espèces pouvant aboutir à leur extinction, due à la perturbation des écosystèmes.
Les principales pressions identifiées, entraînant une menace dangereuse pour la biodiversité sont principalement le défrichement pour la culture sur brûlis, les feux de brousse et l’exploitation forestière avec toutes ses formes destructives et sans mesure de préservation des ressources naturelles. C’est pourquoi, la création de ces aires protégées privées et surtout volontaires sont à inciter pour non seulement conserver et valoriser le patrimoine végétal mais aussi pour développer le secteur écotouristique de la région.
L’identification des plantes (Relevés botaniques)
Les relevés ont été réalisés sur les surfaces du milieu étudié dont l’emplacement est choisi au hasard dans le village des tortues. Pour cela, la méthode de transect de Gentry a été utilisée. Cette méthode consiste à faire une série minimale de 10 transects de dimension 50m×2m ou 100m2 chacun. La surface totale de chaque transect est de 0,1ha au minimum. Pendant l’inventaire, nous avons fait 12 transects dont 10 ont suivi la dimension préconisée par Gentry, en utilisant une corde de 50m de long. Les 2 transects restants ont été réalisés à l’intérieur des enclos de tortues.
Après avoir effectué la délimitation de surface pour chaque transect, nous avons noté les caractères édaphiques, la physionomie des arbres, la date à laquelle se sont réalisés les relevés. Puis, on a compté le nombre des espèces et des individus dans chaque transect. Nous avons utilisé des grilles figurant les listes des plantes préétablies dans le milieu et en cochant directement le nombre des pieds recensés. Un guide connaisseur en plantes nous a accompagné durant les relevés et nous a indiqué les utilisations des plantes et leurs valeurs.
Les enquêtes
Dans le village de Mangily – Ifaty, l’enquête a été faite auprès de :
– le Chef quartier qui connaît en général les activités principales de la population locale.
– les Doyens du village qui peuvent raconter l’histoire du milieu et la situation de la forêt de Mangily auparavant.
– les hôteliers et restaurateurs (FREDDY Hôtel et MORA MORA Hôtel) qui ont été enquêtés sur le développement du tourisme de cette région et sur les intérêts des visiteurs en général.
– le Responsable du centre pour l’utilisation de ces essences forestières par la population locale.
– chaque ménage pour expliquer leurs activités quotidiennes.
Les matériels de terrain
Durant la descente sur terrain, le matériel suivant est utilisé:
– un GPS pour relever les coordonnées de la zone étudiée.
– un appareil photo.
– lors de traitement des données, nous avons utilisé le Microsoft Word et Excel.
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Table des matières
I- INTRODUCTION
1.1- Le choix du thème et historique du milieu
1.2- Le problématique
1.3- Les objectifs de l’étude
1.4- La méthodologie
1.4.1- L’étude bibliographique
1.4.2- L’identification des plantes
1.4.3- Les enquêtes
1.4.4- les matériels
II- DESCRIPTION DE LA ZONE D’ETUDE
2.1- La présentation du milieu
2.2- La situation géographique
2.3- La population
2.4- La végétation
2.5- Le climat
2.6- La pédologie
2.7- Les ressources humaines
2.8- Les ressources énergétiques
III- RESULTATS ET INTERPRETATIONS
3.1- Diagnostic de patrimoine végétal
3.1.1- La composition floristique du milieu
3.1.2- La physionomie de la végétation
3.2- Diagnostic de la potentialité du développement écotouristique
3.2.1- Les différentes valeurs
3.2.1.1- Les valeurs d’usage directes
3.2.1.2- Les valeurs d’usage indirectes
3.2.1.3- Les valeurs écologiques
3.2.1.4- Les valeurs culturelles
IV- CONCLUSIONS
V- RECOMMANDATIONS