Les ganglions sont des organes lymphoïdes dans lesquels se développe la réponse immunitaire. Une adénopathie (ADP) est une hypertrophie pathologique d’un ganglion lymphatique [1]. Ces ganglions seront anormaux en termes de taille, de nombre, de consistance, de mobilité et doivent être différenciées des intumescences ganglionnaires banales, infra centimétriques [2]. Cette hypertrophie peut être unique ou multiple, aiguë, subaiguë ou chronique avec diverses localisations. Toutefois, le siège cervical est la plus fréquente des localisations. Elles peuvent s’observer à tout âge mais ont une place grandissante en pédiatrie car les enfants sont en général exposés à plusieurs pathologies, du fait de la faiblesse de leur système immunitaire [3]. Par définition une adénopathie cervicale chronique est une tuméfaction cervicale perceptible cliniquement ou significative à l’imagerie avec une persistance dans le temps de plus de 6 semaines [4]. Il s’agit d’une situation clinique fréquente, dont l’angle d’attaque est multiple. Il dépend en grande partie de la spécialité du praticien qui est consulté [5]. Ainsi, en Oto-Rhino-Laryngologie (ORL) pédiatrique, lesadénopathies cervicales chroniques constituent un motif fréquent de consultation, d’hospitalisations et d’investigations (6–10). Elles sont d’origines infectieuses, auto immunes, tumorales ou idiopathiques(8,10). Les adénopathies (ADPs) sont caractérisées par une diversité étiologique justifiant une démarche diagnostique rigoureuse avec une approche multidisciplinaire [10,11]. Par conséquent, après un interrogatoire complet seront obligatoires un examen clinique minutieux avec un examen ORL parfait et des examens para-cliniques hiérarchisés selon les caractéristiques de l’adénopathie allant des analyses biologiques aux examens morphologiques. La ponction cytologique à l’aiguille fine peut aider dans l’orientation diagnostique.Le diagnostic de certitude est apporté par l’étude anatomopathologique du ganglion accessible à la biopsie. Néanmoins, dans la perspective de trouver la bonne étiologie, la cervicotomie exploratrice avec analyse extemporanée reste l’examen final à réaliser dans les meilleurs délais si l’ADP n’a pu faire la preuve de son origine ou en cas d’ADP maligne. Elle sera suivie d’une analyse histologique et immuno-histochimique pour confirmer les données de l’examen extemporané [1,5,12]. Plusieurs études [2,3,6–10,13] dans le monde montrent que les causes infectieuses dominent suivies des causes tumorales et auto immunes. En Afrique notamment au Sénégal les étiologies des ADPs cervicales sont dominées par la tuberculose et les lymphomes [1,6,12–21]. Cependant, il faut noter aussi qu’en milieu tropical, les étiologies de l’ADP chronique ne se limitent pas à la tuberculose et aux hémopathies malignes [17,22,23]. La réalisation de l’histologie ganglionnaire est une nécessité absolue [17]. Il faut toujours avoir la hantise de rencontrer les carcinomes différenciés ou indifférenciés comme le carcinome indifférencié de type nasopharyngé du cavum et de passer à côté de certaines histiocytoses telles que la maladie polymorphe de Destombes -Rosai- Dorfman.
DIAGNOSTIC DES ADENOPATHIES CERVICALES CHRONIQUES
GENERALITES
Définition
Une adénopathie cervicale est définie comme une altération des ganglions lymphatiques du cou en taille, nombre et consistance [4]. Chez les enfants, un ganglion lymphatique est considéré anormal s’il a un diamètre supérieur à moins de 1 cm au site cervical, 2 mm dans le site supra-claviculaire et à 5 mm dans le site pré-auriculaire [24,25]. La lymphadénopathie peut être aigue (présente depuis 1 à 2 semaines), subaigüe (présente pendant 2 à 6 semaines) ou chronique (persistante pendant plus de 6 semaines). Ainsi, une adénopathie cervicale chronique est une tuméfaction cervicale perceptible cliniquement ou significative à l’imagerie avec une persistance dans le temps de plus de 6 semaines [4].
Intérêt
L’intérêt est triple :
❖ Epidémiologique : motif fréquent de consultation, d’investigations et d’hospitalisation en ORL surtout chez l’enfant [6–9,18,26] .
❖ Diagnostique : Les étiologies sont multiples, nécessitant une démarche diagnostique rigoureuse. La biopsie ganglionnaire et l’étude immuno histochimique occupent une place importante dans la recherche étiologique [1,16,19,20].
❖ Pronostique : peut engager le pronostic vital dans certaines localisations [1].
Rappels anatomo-histo-physiologique d’un ganglion cervical
C’est un organe lymphoïde secondaire qui draine et filtre la lymphe. A tous les niveaux du système lymphatique, il existe des anastomoses. Ceci explique l’atteinte de plusieurs groupes ganglionnaires à la fois. Pour mieux comprendre la physiopathologie du ganglion lymphatique, la connaissance de sa structure histologique et de sa physiologie est nécessaire après un rappel anatomique.
Rappel anatomique
Le cou
Le cou est la région comprise entre :
❖ en haut la base du crâne
❖ en bas l’extrémité supérieure du thorax
De forme grossièrement cylindrique, le cou est centré du point de vue squelettique sur une tige ostéo-articulaire souple et mobile ; le rachis cervical. La moitié postérieure musculaire forme la nuque. La moitié antérieure constitue la gorge, région de passage de nombreux éléments vasculo-nerveux et viscéraux.
➤ Ses limites supérieures sont représentées par :
● le bord horizontal de l’arc mandibulaire
● le bord postérieur de la branche montante de la mandibule.
● en arrière, une ligne horizontale tendue de l’articulation temporomandibulaire à la protubérance occipitale externe.
➤ Ses limites inférieures sont représentées :
o en avant par le bord supérieur du manubrium sternal et la face supérieure des 2 clavicules
o en arrière par une ligne conventionnelle horizontale unissant les 2 articulations acromio-claviculaire et passant par l’apophyse épineuse de la 7ème vertèbre cervicale.
Sur le plan chirurgical, les ORL divisent le cou en deux triangles d’intérêt chirurgical et clinique (figure 1) :
➤ Triangle antérolatéral limité par :
o En haut et en avant la branche horizontale de la mandibule
o En arrière la ligne sterno-mastoïdienne
o En avant et en bas la ligne blanche entre les muscles sous hyoïdiens.
➤ Triangle postéro-latéral limité par :
o En avant la ligne sterno-mastoïdienne
o En arrière le bord antérieur du muscle trapèze
o En bas la clavicule
Le triangle antéro-latéral est subdivisé en deux régions : sous maxillaire et sous digastrique.
➤ La région sous maxillaire : comprise entre la concavité du muscle digastrique et le bord inférieur de la mandibule ; elle contient la glande sous-maxillaire, le canal de WHARTON, des éléments vasculo-nerveux et le filet mentonnier du nerf facial.
➤ La région sous digastrique : est la plus importante car elle renferme les éléments vasculo-nerveux fondamentaux : la veine jugulaire interne, la bifurcation carotidienne, le nerf pneumogastrique, le nerf spinal et l’hypoglosse.
Le triangle postéro latéral est subdivisé en un triangle supérieur ou omotrapézien et un triangle inférieur ou omo-claviculaire. Dans l’aire de ce triangle on trouve : l’hypoglosse, le vague, la veine jugulaire interne, la carotide primitive ; le nerf phrénique ; le sympathique cervical, le plexus brachial, le canal thoracique et la grande veine lymphatique.
Entre les deux triangles et sur la ligne médiane on trouve :
➤ La région sus-hyoïdienne (triangle inter-digastrique) comprend : muscles, tissu adipeux, ganglions, glandes salivaires, vaisseaux et nerfs
➤ La région sous hyoïdienne (losange de trachéotomie) renferme : muscles, ganglions, tissu adipeux, thyroïde, trachée, œsophage, vaisseaux et nerfs.
|
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : DIAGNOSTIC DES ADENOPATHIES CERVICALES CHRONIQUES
1. GENERALITES
1.1. Définition
1.2. Intérêt
1.3. Rappels anatomo-histo-physiologique d’un ganglion cervical
1.4. Physiopathologie
1.5. Classifications
2. DIAGNOSTIC POSITIF
2.1. Circonstances de découverte
2.2. Examen physique
2.3. Examens paracliniques
3. DIAGNOSTIC DIFFERENTIEL
4. DIAGNOSTIC DE GRAVITE
5. DIAGNOSTIC ETIOLOGIQUE
5.1. Enquête étiologique
5.2. Etiologies
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE
1. OBJECTIFS
1.1. Objectif Général
1.2. Objectifs spécifiques
2. METHODOLOGIE
2.1. Cadre d’étude
2.2. Population
2.3. Critères d’inclusion
2.4. Critères de non inclusion
2.5. Procédure
3. OBSERVATIONS
3.1. Observation 1
3.2. Observation 2
3.3. Observation 3
3.4. Observation 4
3.5. Observation 5
4. DISCUSSION
4.1. L’adénite tuberculeuse
4.2. La maladie de hodgkin
4.3. Lymphome malin non hodgkinien
4.4. Carcinome indifférencie de type nasopharynge
4.5. La maladie de destombes-rosai-dorfman
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES