Présentation générale
Caractéristiques générales du territoire
Situé dans la Région Urbaine Grenobloise (RUG) à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Grenoble, le territoire de la CAPV compte environ 95 000 habitants répartis sur 31 communes désormais, après trois fusions de communes : celle de Paladru et Le Pin, devenues Les Villages du Lac de Paladru, de Saint-Julien de Ratz avec Pommiers-laPlacette (La Sure en Chartreuse) et dLa Bâtie-Divisin au nord, qui a rejoint en 2016 la commune nouvelle des Abrets en Dauphiné et fait donc maintenant partie de la Communauté de communes des Vals du Dauphiné. Après Voiron, ville-centre d’un peu plus de 20 000 habitants, les communes de Voreppe (9 500 habitants), Moirans (8 000), Tullins (7 600) et Rives (6 200) représentent autant de pôles urbains secondaires. On note d’emblée que ces pôles urbains sont tous situés dans la moitié sud du territoire, dans la plaine de l’Isère. La moitié nord (composée du Val d’Ainan, du lac de Paladru et des contreforts du massif de la Chartreuse) est quant à elle bien plus rurale, difficile d’accès et moins bien fournie en équipements, notamment culturels, comme on y reviendra bientôt. Voiron concentre la plupart des services et des équipements du territoire et les communes du nord subissent donc un phénomène d’enclavement relatif.
Ces fortes inégalités territoriales représentent un défi important à surmonter dans le cadre de politiques de démocratisation culturelle telles que l’EAC, dont l’un des objectifs principaux représente justement la lutte contre les inégalités de tous ordres pour permettre à chaque enfant du territoire de bénéficier d’une formation scolaire et personnelle de qualité égale ; ainsi que le formule le rapport d’étude de l’OPC : « Cette disparité nord/sud, rendue plus visible encore par les besoins des populations néo-rurales dans le nord du territoire, se traduit par des déséquilibres en termes d’accessibilité des équipements pour les habitants des zones les plus éloignées ou enclavées. L’un des principaux freins à cette accessibilité est la faiblesse des services de transport en commun dans le nord du Pays Voironnais. L’usage de la voiture y est largement prédominant (73 %). Les personnes n’ayant pas de véhicule ou ne conduisant pas – essentiellement les jeunes et les personnes âgées – sont donc très limitées dans leurs déplacements. Le covoiturage apparaît comme une solution pertinente et à développer mais constitue une réponse incomplète aux besoins de mobilité. »
Intercommunalité et culture
Préfiguration de l’intercommunalité culturelle
Si la proximité de la communauté d’agglomération avec la métropole GrenobleAlpes lui permet de profiter du dynamisme, notamment économique, de son environnement immédiat, elle pose également une difficulté liée à l’affirmation de son identité en tant que territoire. Dans cette perspective, la culture joue un rôle prépondérant.
La vitalité de la vie culturelle locale contribue en effet à affirmer les spécificités du Pays Voironnais vis-à-vis de son encombrante voisine de 450 000 habitants. Aussi, par exemple, l’extension en 2013 du label Pays d’art et d’histoire du Pays du Lac de Paladru – les Trois Vals (obtenu dès 1991) à l’ensemble de la communauté d’agglomération (plus la commune limitrophe de Virieu) a-t-elle pu participer de la construction d’une identité territoriale symbolique par l’affirmation d’un patrimoine propre qui distingue le Pays Voironnais de l’agglomération grenobloise. De même, l’attractivité de la programmation d’un équipement tel que le Grand Angle permet très ponctuellement d’inverser les flux de déplacement en drainant une partie du public habituel des équipements grenoblois. Bien que la CAPV ne se soit formellement dotée de compétences culturelles que depuis janvier 2017, plusieurs actions menées par la direction des affaires culturelles (DAC) de Voiron ont préparé le terrain à un passage à l’échelle intercommunale, comme me l’a exposé Marie-Lys lors d’un entretien.
Lorsqu’elle dirigeait la salle du Grand Angle notamment, le choix de développer un axe fort autour du développement culturel a été déterminant pour permettre à l’équipement de devenir structurant pour un territoire plus large que la seule commune de Voiron. La création de la Semaine Tous Créateurs, lors de laquelle les projets d’EAC portés sur temps scolaire et périscolaire par l’équipement sont valorisés sur scène, symbolise bien cette volonté de rayonner sur le territoire et de créer des liens entre pratiques professionnelles et en amateur (notamment par le biais du dispositif des Compagnons de route sur lequel on reviendra plus tard). La création du festival Livres à vous en 2009, d’abord piloté par la municipalité de Voiron avant d’être transféré au Grand Angle, devenu établissement public de coopération culturelle (EPCC co-piloté par la CAPV et la ville de Voiron d’abord, puis le Département depuis le 1 er jenvier 2017) en 2013, participe de la même dynamique, préfigurant la prise de compétence lecture publique par l’intercommunalité autour des liens tissés entre les médiathèques de Voreppe et de Voiron. Cet événement dépasse le cadre du simple festival, caractérisé par des actions circonscrites dans le temps, en proposant des animations sur l’ensemble du territoire et tout au long de l’année.
L’Observatoire des Politiques Culturelles résume cette construction atypique : « au regard des éléments les plus singuliers de sa situation, la CAPV s’est dotée d’une organisation originale en matière culturelle. Sans attendre une prise de compétences formelle, elle a mis en place des dispositifs qui préfigurent une politique communautaire : la transformation de la salle de spectacles le Grand Angle en un Établissement Public de Coopération Culturelle co-piloté et cofinancé par la ville-centre et l’EPCI, et la création d’un service mutualisé par les deux partenaires (ville-centre et CAPV) en matière de patrimoine. Cette construction atypique est le reflet d’une volonté visant à conforter les ressources de la ville de Voiron pour en accentuer le rayonnement sur le territoire intercommunal tout en réduisant les charges de centralité reposant sur la ville-centre . »
Un territoire aux fortes disparités
D’importantes inégalités territoriales…
La carte ci-dessus présente la délimitation des territoires nord et sud de la CAPV ; on dénombre, dans la partie nord, 17 communes cumulant un peu plus de 20 000 habitants, pour une densité moyenne de 88 habitants environ par km², alors que la partie sud présente 14 communes pour 75 000 habitants environ, présentant ainsi une densité de moyenne bien plus élevée (autour de 400 habitants par km²). Comme on l’a vu plus haut, cette opposition s’explique par la présence dans la moitié sud des cinq principaux pôles urbains (Voiron, Moirans, Tullins, Voreppe et Rives, en bleu foncé sur la carte), alors que la moitié nord est principalement composée de communes rurales de plus petite taille.
Ainsi, et malgré le rayonnement important des équipements CAPV situés à Voironmême, ceux-ci demeurent relativement difficiles d’accès pour les habitants de la partie nord du territoire, notamment ceux des communes situées sur les contreforts du massif de la Chartreuse. Cette situation peut faire craindre une vie culturelle à deux vitesses : les actions décentralisées telles que les Escales du Grand Angle en Pays Voironnais, les concerts du Voiron Jazz Festival que le Conservatoire organise sur le territoire ou les différents événements relatifs à Livres à vous manifestent certes une volonté de toucher des communes éloignées de l’offre culturelle, mais la faiblesse de l’offre de transport en commun et les difficultés de mobilité qu’elle induit représentent tout de même un obstacle majeur pour la politique culturelle ambitieuse de la CAPV, obstacle qui ne saurait être surmonté par des actions seulement ponctuelles.
Alors que des communes du sud se trouvent entre des pôles urbains à la vie culturelle dynamique (Voiron, Voreppe et Tullins pour citer les communes les mieux équipées) et bénéficient ainsi d’un choix important dans le recherche de partenaires pour les actions d’EAC qu’elles pilotent, notamment dans le cadre de l’organisation de leurs activités périscolaires, toute une partie du territoire doit faire face à de nombreux obstacles, qu’ils soient d’ordre financiers, humains ou logistiques ; on reviendra plus en détail sur ces difficultés dans la partie présentant les résultats du diagnostic, et plus particulièrement dans les éléments de synthèse des entretiens passés avec les élus et agents des communes.
… reflétées par un maillage culturel inégal
Logiquement, ces disparités engendrent des inégalités relativement importantes dans l’aménagement du territoire ;deux équipements communautaires se trouvent dans la partie nord du territoire, le musée archéologique à Charavines et la Grange Dîmière dans les Villages du lac de Paladru. Si le nombre d’équipements culturels gérés ou cogérés par la CAPV est limité, les plus grandes communes que sont Voreppe, Tullins, Moirans et Rives comptent un certain nombre d’équipements qui rendent le maillage culturel de la partie sud du territoire bien plus resserré.
On peut citer parmi ces ressources le cinéma municipal « Art et Plaisirs » de Voreppe, classé salle Art et Essai, ainsi que les nombreuses MJC du territoire, quasiment toutes situées en sa partie sud, qui sont des relais importants en termes de politiques culturelles (celle de Tullins accueille par exemple depuis de nombreuses années des compagnies en résidence) ; elles représentent des partenaires de qualité dans le cadre de l’EAC, mais leur place s’est néanmoins réduite au sein du paysage culturel local, en raison de difficultés financières liées à des baisses de subventions parfois brutales ces dernières années, ainsi que le démonte la liquidation judiciaire, fin 2016, de la Fédération des MJC de Rhône-Alpes. Les MJC ont donc parfois dû resserrer leur champ d’intervention, comme celle de Voiron, qui a été forcée de renoncer à la co-construction d’un certain nombre de projets pour se recentrer sur l’accompagnement à la scolarité.
Le nouveau réseau de lecture publique : un atout à valoriser
Cependant, le présence de 19 bibliothèques et médiathèques sur le territoire, dont dans la partie nord telle que définie dans le PDU de 2005, présente un atout de premier plan dans une perspective de rééquilibrage du maillage culturel du territoire. Une telle perspective suppose toutefois une redéfinition des missions de ces équipements au-delà de la seule animation du réseau de lecture publique.
En effet, les bibliothèques représentent le premier équipement culturel de proximité pour toute une partie du territoire. Selon les chiffres fournis par la médiathèque de Chirens, anciennement MTR, elles touchent, à 19, 25 des 31 communes du territoire et proposent pour la plupart de nombreux accueils de classe sur temps scolaire ainsi que des interventions sur temps périscolaire pour certaines d’entre elles, comme ont permis de le souligner les entretiens passés dans les communes ; la grande majorité des personnes rencontrées ont en effet cité la bibliothèque de leur commune (ou la plus proche) parmi les principaux intervenants sur temps scolaire. Les éléments chiffrés fournis par les bibliothèques font état d’une moyenne de 92 accueils de classe sur temps scolaire par bibliothèque et par année scolaire (11 réponses sur les 19 bibliothèques). Au nord du territoire, la médiathèque de Chirens ainsi que la bibliothèque de SaintEtienne de Crossey accueillent des classes de plusieurs communes alentour (Bilieu, Massieu, Velanne et Saint-Bueil pour Chirens, Saint-Aupre et Saint-Nicolas de Macherin pour Saint-Etienne de Crossey), sur les temps scolaire et périscolaire et permettent ainsi de compenser quelque peu le déséquilibre du maillage des équipements culturels. Surtout, la MTR de Voiron rayonne largement sur le territoire, et l’ancienne MTR de Chirens dans toute la moitié nord ; son ancienne convention la plaçait à la tête d’un réseau de 8 bibliothèques et les usages montrent qu’elle a conservé un fort potentiel d’attraction (l’école de Saint-Bueil, à l’extrême nord-Est, la fréquente par exemple).
On constate des écarts importants, notamment entre les bibliothèques bénévoles (ouvertes au public en moyenne 6h30 par semaine) et celles qui sont gérées par des agents (16h30 en moyenne par semaine). Elles accueillent toutefois souvent les classes en dehors des heures d’ouverture, et les différences qui sont pertinentes en ce qui concerne le potentiel de développement d’actions EAC résident donc plutôt dans les moyens humains (bénévoles ou agents) et les supports pédagogiques dont elles disposent.
L’inscription dans le volet culturel du Projet de territoire…
La version actualisée en janvier 2015 du Projet de territoire présente la politique culturelle intercommunale comme l’une de ses « 8 macro-politiques en évolution », dans le cadre de laquelle il définit deux grandes orientations : d’abord, l’étude des modalités de transfert de certains équipements et services à la CAPV, certains de ces transferts ayant depuis été actés (Grand Angle, musée Mainssieux et bibliothèques et médiathèques), d’autres demeurant encore aujourd’hui en discussion (écoles de musique).
La seconde orientation concerne les « modalités de déploiement à l’échelle intercommunale d’un certain nombre de grandes politiques culturelles favorisant l’accès à la culture et l’égalité des chances », dont l’EAC ; le document affirme que si la réforme des rythmes scolaires présente certes une opportunité pour la généralisation de l’EAC en Pays Voironnais, l’organisation des activités périscolaires a amplifié les inégalités de situations sur le territoire au détriment des communes rurales déjà moins bien dotées et éloignées des réseaux culturels. La CAPV se saisit donc de l’EAC comme d’un outil de démocratisation culturelle, et, plus largement, de lutte conte les inégalités. … et dans le Schéma départemental des enseignements artistiques et de l’éducation culturelle Cette conception rappelle le Schéma départemental 2014-2018 pour les enseignements artistiques et l’EAC, qui érige parmi ses principaux enjeux « la généralisation de l’éducation artistique et culturelle », et, plus précisément, « la nécessité d’un accès de tous à un enseignement artistique et/ou une pratique culturelle de qualité et de proximité, et le rééquilibrage territorial en faveur des territoires sous-dotés ».
C’est dans cette perspective que la CAPV a débloqué au printemps 2017 une enveloppe de 10 000€ destinée à soutenir les déplacements de classes du territoire jusqu’à un équipement de Voiron, sous réserve que le trajet se fasse dans le cadre d’un véritable projet EAC. Si cette aide financière manifeste la prise de conscience de l’intercommunalité en ce qui concerne le frein que représentent financièrement les déplacements des classes, une telle mesure paraît seulement palliative et son efficacité demeure limitée, le coût moyen d’un aller-retour en car jusqu’à Voiron pour les communes étant de près de 300€. La rapidité avec laquelle les aides ont été demandées et attribuées est cependant le signe que ces frais constituent pour les écoles l’obstacle principal au développement de partenariats avec des structures culturelles voironnaises, comme ont pu le confirmer les entretiens menés.
Par communes touchées
Il est difficile de tirer de réels enseignements des chiffres concernant la provenance des élèves touchés : ils ne concernent que l’année scolaire écoulée et beaucoup de dispositifs fonctionnant par « roulements », touchent différentes communes chaque année.
De plus, parmi les communes les moins citées dans les chiffres fournis, certaines ne sont pas moins actives en matière d’EAC mais leurs classes sont simplement moins présentes dans les équipements CAPV car leur offre locale est déjà importante, comme Voreppe notamment.
Les autres communes les moins touchées l’année dernière ont été Charavines, Charnècles, La Buisse, La Sure en Chartreuse, Réaumont, Saint-Aupre, Saint-Jean de Moirans et Vourey.
Les communes dont les classes ont le plus été présentes dans les équipements CAPV ont été : Moirans, Saint-Blaise-du-Buis, Coublevie, les Villages du lac et Chirens, ce qui confirme que la proximité géographique de la ville-centre demeure un atout primordial dans la capacité des communes à profiter de ses principaux équipements ; 70 % des actions des équipements CAPV touchent d’ailleurs des classes de Voiron.
Les bibliothèques, premiers équipements culturels de proximité
En raisonnant par équipements, ce sont les bibliothèques qui proposent le plus d’actions sur les temps péri- et extrascolaires, avec une répartition de l’ordre de 60 % sur temps scolaire, 25 % sur temps périscolaire et 15 % en extrascolaire, en raison de la souplesse de leur offre d’activités et de la proximité avec les écoles, à la fois géographiquement et parce qu’elles sont habituées à développer des projets ensemble (dans certaines communes, les bibliothécaires gèrent par exemple la BCD de l’école). Les bibliothèques pourraient ainsi représenter des « variables d’ajustement » en fonction des spécificités de leur environnement proche et de leurs propres caractéristiques ; on reviendra plus en détail sur leur rôle présentant la synthèse des préconisations du diagnostic.
Conclusion du diagnostic et préconisations
Faire de l’EAC un champ d’action à part entière
Ce point, très large, est le plus important en tant que tous les autres n’en sont finalement que des déclinaisons plus précises. Certaines mesures y sont cependant plus spécifiquement liées.
Ainsi, l’harmonisation de la nomenclature des actions (les notions d’atelier, de projet, de parcours…) paraît représenter un préalable important pour permettre un suivi et une évaluation plus éclairés des actions d’EAC développées sur le territoire.
L’identification de référents EAC communaux également. J’ai pu me rendre compte tout au long de ma mission que l’EAC était une notion pas toujours bien définie par les élus, notamment en raison des nombreux allers et retours des politiques nationales en la matière. Il semble ainsi important de travailler avec les élus locaux à sa définition pour permettre d’en faire un champ d’action à part entière.
Dans ce cadre, mener une réflexion au niveau intercommunale sur la définition de publics prioritaires semble aussi une étape préliminaire d’importance pour le déploiement d’une politique communautaire d’EAC favorisant une plus grande égalité des chances pour les enfants du territoire. Si les communes du sud sont déjà bien dotées en propositions culturelles et souhaitent de plus conserver une certaine indépendance en matière de développement culturel, les communes de taille plus modeste au nord du territoire ont davantage besoin d’accompagnement. Un système d’aides fléchées à l’échelle infraterritoriale pourrait ainsi être envisagé.
Dans cette perspective, la question des quartiers politique de la ville est à traiter (quartiers Grand Brunetière, Croix-Maurin et Baltiss à Voiron et Bourg-Vieux à Voreppe). Si certains dispositifs tels que le Jules Ferry Brass Band mis en œuvre par le Conservatoire va dans ce sens, la politique d’EAC en développement pourrait être intégrée plus lisiblement au prochain contrat de ville.
Pérenniser les collaborations entre écoles et structures culturelles
L’identification de référents EAC au niveau communal pourrait permettre de faire entrer de façon plus pérenne la culture dans les écoles. Le rôle des référents périscolaires est aussi important à ce titre, tout comme celui des animateurs, qui sont parfois malheureusement peu considérés dans leur travail malgré des compétences certaines. Jouer des proximités entre écoles et bibliothèques représente une autre piste à explorer, comme dans le cas où les agents des bibliothèques s’occupent de la gestion des BCD ; un tel procédé est intéressant en ce qu’il développe un lien continu entre les deux structures et complète par là la logique de projets.
Un des principaux points d’achoppement que j’ai constaté lors de mes entretiens est la mauvaise communication entre les écoles et les communes. Les situations varient certes beaucoup d’une commune à l’autre, mais il s’avère primordial d’intégrer au mieux les chefs d’établissement scolaire dès les premières phases de réflexion de la politique d’EAC au risque de demeurer bloqué dans la situation actuelle, dans laquelle énormément de choses dépendent du volontarisme des enseignants et de leur tropisme artistique éventuel. La rédaction des projets d’établissement scolaire pourrait être l’occasion de réunir les acteurs de l’éducation et de la culture, mais beaucoup d’élus communaux m’ont fait part des réticences des écoles à intégrer leurs agents aux conseils d’école. La présence d’un référent EAC identifié pourrait être à généraliser dans chaque école sur le modèle des référents culture des collèges.
Pour citer la première partie des préconisations du rapport Les territoires de l’éducation artistique et culturelle de Sandrine Doucet : « L’élaboration du volet culturel du projet d’établissement en concertation avec les institutions culturelles et les collectivités territoriales, est inscrite dans la circulaire de 2007. Le volet culturel du projet d’établissement, dont l’importance est réaffirmée depuis son instauration, est apparu, dans les observations menées sur le terrain, comme un élément essentiel à la définition du parcours, mais encore insuffisamment mobilisé. Pour y prendre toute sa place, il doit rendre compte d’une réflexion engagée et partagée par l’équipe éducative, notamment au sein du conseil pédagogique (collège) ou du conseil d’école (premier degré) autour de la définition d’une ambition de formation en matière d’EAC, nourrie des besoins spécifiques de la population scolarisée tels qu’ils sont identifiés par l’équipe éducative.
La mise en place du PEAC accentue cette nécessité. Dans la démarche de coconstruction conduite avec les institutions culturelles et les collectivités territoriales, le projet d’établissement constitue l’outil explicite d’un dialogue informé sur les axes forts du parcours.Cette présentation structurée de ce que recouvre, au sein de l’établissement, l’éducation artistique et culturelle sur le temps scolaire, oriente l’élaboration du parcours conçu sur l’ensemble des temps de l’élève. Cet outil permet de formaliser la démarche de projet entre les différents partenaires. Il apporte également un gain certain à la rédaction des PEDT . »
Œuvrer à une plus grande équité sur le territoire…
…en affirmant les bibliothèques comme premier équipement culturel de proximité…
Si le maillage culturel est très inégal sur le territoire du Pays Voironnais, les équipements apparaissent cependant complémentaires. Chacune des bibliothèques pourrait voir son rôle repensé en fonction de ses caractéristiques (de son emplacement particulièrement) dans le cadre d’une réflexion globale. Les bibliothèques pourraient jouer un rôle de médiateur des propositions culturelles de la CAPV : dans ce cadre, des liens sont à tisser avec les autres équipements culturels pour développer leur rôle de prescripteur ; les réunions des bibliothèques du réseau auxquelles j’ai assisté ont effet souligné le décalage qui existe entre celles d’entre elles qui manquent de moyens humains et étouffent parfois sous le nombre d’accueils de classe et le fait que d’autres équipements sont parfois plus adaptés pour répondre aux demandes des enseignants.
Dans cette perspective, il semble important d’améliorer la communication avec les autres équipements pour permettre la construction d’actions coordonnées. Les agents de la médiathèque de Voiron ont ainsi pu souligner que des classes sont parfois déposées chez eux en attendant d’aller visiter le musée Mainssieux, par exemple, alors que cela aurait pu constituer une opportunité d’action commune. De tels projets pourraient de plus être développés sur plusieurs temps grâce à la complémentarité entre équipements (le PAH intervient par exemple très majoritairement sur temps scolaire en raison de la nature de ses actions, difficiles à organiser sur le temps court des activités périscolaires) et donc favoriser un plus grand impact sur les enfants. Plus généralement, le réseau des bibliothèques est à mieux inclure dans les circuits de communication pour en faire des relais culturels de proximité sur le territoire ; les difficultés dans ce domaine sont toutefois à pondérer car le réseau n’a été mis en fonctionnement que depuis janvier 2017 et n’a donc pas encore pu se structurer complètement.
… et en accompagnant les communes les plus éloignées de l’offre culturelle.
Devant la relative faiblesse de l’offre d’actions culturelles hors temps scolaire sur certaines parties du territoire, notamment dans les centres de loisirs, établir un programme jeune public commun pour les actions artistiques culturelles, notamment pendant les vacances, pourrait contribuer à éviter que l’extrascolaire ne devienne le parent pauvre de l’EAC.
Concernant les activités périscolaires, beaucoup de petites communes m’ont fait par de leurs difficultés à trouver des intervenants qualifiés sur des créneaux courts comme les activités périscolaires : la mutualisation d’intervenants et la coordination de leurs interventions pour des groupements de quelques petites communes pourraient les aider, comme cela est déjà organisé entre les communes de Saint-Bueil, Voissant, Massieu et Merlas par exemple (2 200 habitants à quatre communes). La mise en œuvre d’une base données commune concernant les artistes intervenants pourraient ainsi être envisagée pour permettre une plus grande diversité de propositions pour chaque école en organisant un roulement de ces intervenants. Certains communes déplorent également un manque de supports pédagogiques ; la possibilité d’organiser un fonds commun pourrait être étudiée.
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Table des matières
Introduction
A- présentation de la missions
B- rappels concernant l’éducation artistique et culturelle les textes de référence
I- La CAPV
A- présentation générale
B- intercommunalité et culture
C- un territoire aux fortes disparités
II- Diagnostic de l’EAC sur le territoire de la CAPV
A- méthodologie de l’état des lieux
B- éléments chiffrés : les grandes tendances
C- les bibliothèques, premiers équipements culturels de proximité
C- conclusion du diagnostic et préconisations
Conclusion
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