Tรฉlรฉcharger le fichier pdf d’un mรฉmoire de fin d’รฉtudes
La vulvovaginite ร Candida
La candidose vulvovaginale est lโune des plus frรฉquentes infections gynรฉcologiques de la femme en pรฉriode dโactivitรฉ gรฉnitale. Elle est le plus souvent due ร C. albicans (80 %) et ร C. glabrata (20 %). Les candidoses vulvovaginales sont hormono-dรฉpendantes et surviennent dans la seconde partie du cycle menstruel et pendant la grossesse (troisiรจme trimestre). Aprรจs la mรฉnopause, la prรฉvalence dรฉcroรฎt. La prise dโantibiotiques ร large spectre et le diabรจte mal contrรดlรฉ sont des facteurs favorisants parmi tant dโautres (Figure 2).
La candidose vulvo-vaginale nโest pas considรฉrรฉe comme une IST.
Les symptรดmes majeurs sont un prurit et des brรปlures vulvaires intenses. Une dyspareunie et une dysurie sont souvent signalรฉes. Le diagnostic est รฉvoquรฉ par la leucorrhรฉe blanche typique, dโabondance variable (lait caillรฉ, sรฉcrรฉtions caillebottรฉes).
Dans 90% des cas, la candidose vulvo-vaginale est simple et dโรฉvolution favorable. Dans 10% des cas, elle est compliquรฉe, sรฉvรจre et rรฉcidivante, dรฉfinie par quatre รฉpisodes ร cultures positives sur une pรฉriode de 12 mois. La candidose vaginale rรฉcidivante peut รชtre la premiรจre manifestation clinique de lโinfection ร VIH chez une femme sรฉropositive [4].
Diagnostic de la candidose vulvovaginale
Aucun des signes cliniques de la CVV nโest pathognomonique, ainsi le diagnostic clinique doit รชtre confirmรฉ par un diagnostic mycologique. La plupart des patientes prรฉsentant une CVV symptomatique peuvent รชtre facilement diagnostiquรฉes sur la base d’une estimation du pH vaginal et d’un examen microscopique des sรฉcrรฉtions vaginales. Lโexamen direct des secrรฉtions vaginales avec de lโeau physiologique a une sensibilitรฉ de 40 ร 60%. La prรฉparation ร la potasse (KOH) ร 10% est encore plus sensible pour mettre en รฉvidence la prรฉsence dโhyphes. On trouve un pH vaginal normal (4,0 ร 4,5) dans la vaginite ร Candida, et la dรฉcouverte d’un pH supรฉrieur ร 4,5 devrait alerter fortement les cliniciens sur la possibilitรฉ d’une vaginose bactรฉrienne, d’une trichomonose ou d’une infection mixte (Figure 3) [24].
Agents antimycotiques oraux
Le kรฉtoconazole (400 mg par jour pendant 5 jours) et lโitraconazole (200 mg par jour pendant 3 jours ou 400 mg pour 1 jour) ont รฉtรฉ en grande partie remplacรฉs par le fluconazole (150 mg en une seule prise par jour). Tous se sont rรฉvรฉlรฉs extrรชmement efficaces pour la guรฉrison clinique de la vaginite aiguรซ ร Candida. Les rรฉsultats cliniques de la thรฉrapie orale sont au moins aussi bons que la thรฉrapie antimycotique topique conventionnelle. Plusieurs รฉtudes indiquent que la plupart des femmes prรฉfรจrent une thรฉrapie par voie orale. Les femmes prรฉsentant une inflammation et des symptรดmes d’inflammation plus graves doivent recevoir plus d’une dose unique de fluconazole et une deuxiรจme ou une troisiรจme dose est conseillรฉe, ร intervalles de 72 heures [24].
Mรฉcanismes de la rรฉsistance acquise
Notre utilisation frรฉquente et prophylactique des antifongiques a conduit au dรฉveloppement dโune rรฉsistance robuste des champignons dโimportance mรฉdicale. De nombreux mรฉcanismes de rรฉsistance aux antifongiques ont รฉtรฉ identifiรฉs, notamment: modification de la cible mรฉdicamenteuse ou surexpression, rรฉgulation ร la hausse de transporteurs multi-drogues et activation des rรฉponses au stress (Figure 5). Bien que la rรฉsistance aux polyรจnes reste extrรชmement rare, la rรฉsistance aux azolรฉs et aux รฉchinocandines est bien documentรฉe [22].
Test de sensibilitรฉ aux antifongiques : lโantifongigramme
La technique dโรฉtude de sensibilitรฉ aux antifongiques la plus fiable utilise des modรจles animaux et ne peut pas รชtre utilisรฉe dans la pratique courante qui va privilรฉgier les mรฉthodes in vitro [20]. Lโactivitรฉ in vitro des antifongiques vis-ร -vis des champignons est dรฉterminรฉe ร lโaide de la mesure des concentrations minimales inhibitrices (CMI). La CMI dรฉfinit une activitรฉ fongistatique qui est une simple inhibition de la croissance en prรฉsence de lโantifongique. La fongicidie est exprimรฉe en concentration minimale fongicide (CMF) et correspond ร une diminution significative de lโinoculum infectieux avec moins de 0,01 % de microorganismes survivants comparativement ร lโinoculum initial en prรฉsence de lโantifongique. La dรฉtermination du rapport CMF/CMI a un intรฉrรชt pour lโamphotรฉricine B car il permet une meilleure distinction entre souches sensibles et souches rรฉsistantes. Un rapport infรฉrieur ou รฉgal ร quatre permet de dรฉfinir un produit fongicide [8].
Indications
La dรฉtermination de la sensibilitรฉ in vitro des levures ou champignons filamenteux aux antifongiques permettra de guider la thรฉrapeutique antifongique chez les patients. Ces tests permettent รฉgalement de prรฉciser lโรฉpidรฉmiologie locale et de dรฉtecter lโรฉmergence de rรฉsistance [3].
Les mรฉthodes dโantifongigramme
Diffรฉrentes techniques sont disponibles, il existe des techniques de microdiluition en milieu liquide et des techniques de diffusion en milieu gรฉlosรฉ. Certaines sont commercialisรฉes et bien adaptรฉes aux tests rรฉalisรฉs en routine dans les laboratoires de biologie mรฉdicale. En revanche, les techniques de rรฉfรฉrence ne sont pas commercialisรฉes et seront plutรดt utilisรฉes comme techniques de confirmation, pour les รฉtudes รฉpidรฉmiologiques ou ร des fins de recherche.
Les techniques peuvent รฉgalement รชtre diffรฉrentes en fonction du type de champignon ร tester (levures ou champignon filamenteux).
Le principe gรฉnรฉral est dโรฉvaluer lโinhibition de la croissance du champignon en prรฉsence de lโantifongique. Pour lโensemble de ces techniques, il est donc nรฉcessaire dโisoler la souche en culture ร partir du prรฉlรจvement [3].
Technique de microdilution en milieu liquide
Le principe de ces techniques est dโรฉvaluer la croissance du champignon dans des puits ou cupules en prรฉsence de concentrations croissantes (progression gรฉomรฉtrique de raison 2) dโun antifongique donnรฉ. Le plus souvent, ces techniques sont rรฉalisรฉes dans des plaques de 96 puits. La plus petite concentration pour laquelle la croissance du champignon est inhibรฉe dรฉtermine la concentration minimale inhibitrice (CMI). La dรฉfinition de lโinhibition de la pousse (partielle ou complรจte) est variable en fonction de lโantifongique et du type de champignon (levure ouย champignon filamenteux) [3].
Techniques de rรฉfรฉrence
Il existe deux techniques de rรฉfรฉrence : la technique CLSI (Clinical and Laboratory Standards Institute) et la technique EUCAST (European Committee on Antimicrobial Susceptibility).
Ces mรฉthodes nโรฉtant pas commercialisรฉes, elles sont rรฉalisรฉes uniquement par des centres de rรฉfรฉrence [19].
Mรฉthode CLSI
En 1992, aprรจs plus de 10 annรฉes dโรฉtudes au sein du comitรฉ de standardisation des techniques biologiques ร utilisation mรฉdicale, les Amรฉricains ont dรฉfini les paramรจtres permettant de dรฉterminer la sensibilitรฉ des levures aux principaux antifongiques systรฉmiques. Rรฉalisรฉe initialement en tubes (macrodilutions), la mรฉthode CLSI a rapidement รฉtรฉ adaptรฉe pour une utilisation en microplaques (microdilutions). Mais cette technique laborieuse, non commercialisรฉe, reste lโapanage de laboratoires amรฉricains spรฉcialisรฉs. Cโest avec cette technique que les premiรจres CMI seuils vis-ร -vis des principaux antifongiques systรฉmiques ont pu รชtre proposรฉes (Tableau II) [19].
Mรฉthode EUCAST
La mรฉthode EUCAST est une technique europรฉenne dรฉrivรฉe de la mรฉthode CLSI. Elle sโen distingue par une concentration supรฉrieure en glucose (2% au lieu de 0,2 %), un inoculum plus dense (1-5 x 105 UFC au lieu de 0,5-2,5 x 103 UFC) et une lecture par spectrophotomรฉtrie. Par rapport ร la technique CLSI, ces modifications permettent une lecture plus rapide (24 heures au lieu de 48 heures) et la possible automatisation de lecture des plaques. Il faut souligner que les CMI obtenues par la mรฉthode EUCAST sont gรฉnรฉralement plus basses que celles obtenues avec la technique CLSI [19]. Les seuils de CMI dรฉfinissant la sensibilitรฉ ou la rรฉsistance par la mรฉthode CLSI ne pouvant รชtre transposรฉs ร la mรฉthode EUCAST, des seuils spรฉcifiques ont รฉtรฉ dรฉfinis (Tableau II) [19].
Techniques commercialisรฉes
Il existe plusieurs techniques commercialisรฉes fondรฉes sur le principe de la dilution en milieu liquide. Certaines de ces techniques prรฉsentent une bonne corrรฉlation avec la mรฉthode de rรฉfรฉrence. Le choix de la technique sera รฉgalement dรฉterminรฉ par le panel dโantifongique proposรฉ par ces tests commerciaux.
Une de ces techniques est dรฉrivรฉe directement de la technique de rรฉfรฉrence CLSI. Un indicateur colorรฉ (bleu alamar) est prรฉsent dans le milieu de culture et passe du bleu au rose lors de la pousse du champignon. La CMI correspondra au dernier puits qui prรฉsente une coloration bleue (absence de pousse). Le phรฉnomรจne de traine observรฉ avec les azolรฉs, peut donner une coloration intermรฉdiaire (violette), ce qui rendra difficile la dรฉtermination de la CMI [3].
Techniques de diffusion en milieu gรฉlosรฉ
Le principe de ces techniques est de tester la pousse dโun champignon (levure ou champignon filamenteux) sur un milieu gรฉlosรฉ ร la surface duquel on dรฉpose un dispositif (disque ou bandelette) imprรฉgnรฉ de lโantifongique ร tester. Lโantifongique va diffuser rapidement dans la gรฉlose et aprรจs incubation et croissance du champignon, une zone dโinhibition de croissance sera visible autour du dispositif. En fonction du dispositif, on obtiendra soit un diamรจtre dโinhibition (disque), soit directement une CMI grรขce ร un gradient de concentration dโantifongique le long de la bandelette. Lร encore, comme pour les techniques de dilution en milieu liquide, la dรฉfinition de lโinhibition de la pousse (partielle ou complรจte) est variable en fonction de lโantifongique et du type de champignon [3].
Techniques de rรฉfรฉrences
Le CLSI a dรฉveloppรฉ des techniques de rรฉfรฉrences fondรฉes sur lโutilisation de disques imprรฉgnรฉs dโantifongique, une pour les levures et une pour les champignons filamenteux. Le milieu de culture utilisรฉ est le Mueller-Hinton (MH) supplรฉmentรฉ avec 2% de glucose pour favoriser la pousse et avec du bleu de mรฉthylรจne (0,5 ฮผg/mL) pour une meilleure visualisation des zones dโinhibition. Le MH est รฉgalement utilisรฉ pour les champignons filamenteux mais sans supplรฉmentation en glucose, ni incorporation de bleu de mรฉthylรจne. Les disques imprรฉgnรฉs, dโune concentration prรฉdรฉfinie dโantifongique, sont disponibles dans le commerce. La mesure du diamรจtre dโinhibition permet de catรฉgoriser la souche en sensible/intermรฉdiaire/rรฉsistant, mais ne permet pas dโen prรฉciser les CMI [3].
Mรฉthodes commerciales
Les tests disponibles mettent en oeuvre deux procรฉdรฉs :
๏ญ La diffusion de lโantifongique en milieu gรฉlosรฉ, sous forme de comprimรฉs Nรฉo-sensitabยฎ (Rosco Diagnosticยฎ) ou de bandelette E-testยฎ (BioMรฉrieuxยฎ)
๏ญ Lโincorporation de lโantifongique au milieu de culture Fungitest (BioRad, Mames la Coquette, France), ATBยฎ fungus (BioMรฉrieux, Marcy lโรฉtoile, France) et Candifastยฎ (International Microbio, Signes, France), Vitek 2 AST Cardยฎ (BioMรฉrieuxยฎ).
Mรฉthodes de lโรฉtude
Rรฉisolement des souches
Les souches conservรฉes ร basse tempรฉrature ont รฉtรฉ ramenรฉes ร tempรฉrature ambiante, avant dโรชtre repiquรฉes sur une gรฉlose Sabouraud additionnรฉe de chloramphรฉnicol et dโactidione pendant 48 heures ร 37ยฐ C.
Des colonies isolรฉes de ces cultures jeunes ont รฉtรฉ sรฉlectionnรฉes pour la rรฉalisation de lโantifongigramme.
Rรฉalisation de lโantifongigramme avec lโautomate Vitek2ยฎ
Prรฉparation de la cassette
Prรฉparation et standardisation de lโinoculum
Un รฉcouvillon lรฉgรจrement humidifiรฉ a รฉtรฉ utilisรฉ pour prรฉlever la partie superficielle des colonies de levures sans toucher le milieu de culture. Ensuite, les colonies ont รฉtรฉ mises en suspension dans 3 ml de solution saline (Ref. V1204).
Enfin nous avons standardisรฉ cette suspension selon les mรฉthodologies appropriรฉes en utilisant le DensiCHEK plus.
Lecture de lโinoculum
Pour la lecture de lโinoculum, nous avons procรฉdรฉ comme suit :
๏ญ Allumer le DensiCHEK plus et vรฉrifier que le type de tube est correct sinon se rรฉfรฉrer au chapitre ยซ modification du type de tube ยป dans manuel dโutilisation de DensiCHEK plus ;
๏ญ Placer le tube bien homogรฉnรฉisรฉ et le faire tourner, une sรฉrie de tirets sera suivie de la valeur Mac Farland, sโassurer quโelle soit comprise dans une plage acceptable pour le germe testรฉ (Tableau III).
Prรฉparation des suspensions pour lโantifongigramme
๏ญ Utiliser la pipette manuelle fournie avec le systรจme, transfรฉrer dans un second tube contenant 3 ml de solution saline, la quantitรฉ prรฉconisรฉe : 280 ฮผL pour les levures ;
๏ญ Puis placer les cartes sur la cassette en plongeant leur paille de transfert dans les tubes ;
๏ญ Dรฉposer cรดte ร cรดte les cartes dโidentification et dโanfongigramme dโune mรชme souche.
Utilisation de lโinstrument
Chargement de la cassette pour inoculation. – Charger la cassette (dans un dรฉlai maximum de 30 minutes) dans la chambre dโinoculation. Fermer la porte et appuyer sur le bouton ยซ lancer remplissage ยป. Un voyant lumineux indique au bout de 70 secondes que le cycle de remplissage est terminรฉ.
Chargement de la cassette dans le lecteur-incubateur. – Retirer la cassette, la placer dans le lecteur-incubateur (dans un dรฉlai maximum de 10 minutes) puis refermer la porte. Un voyant lumineux clignotant indique que le chargement est terminรฉ, retirer la cassette vide du lecteur-incubateur. Vรฉrifier que le volume des tubes tรฉmoigne du remplissage correct des cartes. A la fin de lโanalyse, les cartes usagรฉes sont รฉjectรฉes automatiquement dans le collecteur de dรฉchets intรฉgrรฉs.
Dรฉmarrage de Windowsยฎ
๏ญ Au dรฉmarrage de lโordinateur, saisir le code dโutilisateur et le mot de passe Windows
๏ญ Lโรฉcran principal sโaffiche, double cliquer sur lโicรดne V2 pour ouvrir lโapplication VITEKยฎ2;
๏ญ Saisir lโID utilisateur, puis passer au champ suivant avec la touche ยซ Tab ยป ou la souris et saisir le mot de passe pour accรฉder ร lโapplication VITEK 2 systรจme
๏ญ Lโaffichage principal de lโapplication VITEK2 Compact sโouvre, prรฉsentant le menu avec ses 6 icรดnes ;
๏ญ Sรฉlectionner lโicรดne ยซ Gestion des cassette ยป
๏ญ Sรฉlectionner la ligne (en surlignant en bleu sombre) correspondante ร la carte antifongigramme
๏ญ Puis cliquer sur lโicรดne ยซ Saisir les donnรฉes de lโisolat ยป
๏ญ Sรฉlectionner le nom du germe en utilisant la liste dรฉroulante correspondante.
๏ญ Les champs ยซ Tests additionnels AST ยป et ยซ Quantitรฉ de germes ยป sont facultatifs.
Interprรฉtation des rรฉsultats [6]
Lโobtention dโune valeur de CMI (ou dโun diamรจtre dโinhibition) est interprรฉtรฉe pour permettre la catรฉgorisation des souches en sensible / intermรฉdiaire / rรฉsistant.
๏ญ CMI: plus faible dilution dโantifongique montrant une inhibition de croissance de 80 ร 100% par rapport ร un contrรดle de pousse sans antifongique (cupule contrรดle) ;
๏ญ Sensible (S): il sโagit de souches pour lesquelles la probabilitรฉ de succรจs thรฉrapeutique, dans le cas dโun traitement ร dose habituelle est acceptable.
La quantitรฉ dโantifongique se trouvant dans les cupules est suffisante pour inhiber la croissance de la souche in vitro ;
๏ญ Intermรฉdiaire (I): il sโagit de souches pour lesquelles le succรจs thรฉrapeutique est imprรฉvisible. Lโaction de lโantifongique sur la souche nโest pas garantie.
๏ญ Rรฉsistante (R): il sโagit de souches pour lesquelles il existe une forte probabilitรฉ dโรฉchec thรฉrapeutique. Lโantifongique nโinhibe pas la croissance de la souche in vitro.
Cette รฉtape est rรฉalisรฉe en comparant la valeur de CMI (ou de valeur dโinhibition) avec des seuils de sensibilitรฉs cliniques (CBP, Clinical Breack Point) qui doivent รชtre dรฉterminรฉs pour chaque technique et pour chaque espรจce.
LโEUCAST et le CLSI ont ainsi dรฉfini des seuils pour les principaux Candida impliquรฉs en pathologie, et pour un certain nombre dโantifongiques (Tableau IV), avec mise ร jour rรฉguliรจre des seuils rรฉalisรฉe par les comitรฉs de rรฉfรฉrence [3].
Discussion
Dans un cadre รฉpidรฉmiologique, lโobjectif de cette รฉtude รฉtait de dรฉterminer le profil de sensibilitรฉ de diffรฉrentes souches de Candida provenant dโune collection du laboratoire de Parasitologie-Mycologie du CHU Le Dantec de Dakar, avec au bout une dรฉtermination des valeurs de CMI des antifongiques vis-ร -vis des espรจces et/ou souches.
Lโรฉtude de la sensibilitรฉ aux antifongiques a รฉtรฉ rรฉalisรฉe par mรฉthode de diffusion en milieu liquide grรขce ร la carte AST-YS08 sur lโautomate Vitekยฎ 2.
Cet automate permet une dรฉtection fiable et rapide des plus faibles niveaux de rรฉsistance des souches de Candida avec un gain de temps de moins de 24 heures.
La performance de lโantifongigramme du systรจme Vitek 2 sur Candida spp., a รฉtรฉ dรฉjร dรฉmontrรฉe par des รฉtudes ultรฉrieures [1, 16] Ainsi, il a รฉtรฉ dรฉmontrรฉ que les rรฉsultats dโantifongigramme fournis par le systรจme Vitek 2 sont superposables ร ceux de la mรฉthode conventionnelle et ceux du E-test [1, 16] avec un gain de temps de moins de 24 heures.
Concernant les souches de cette รฉtude, elles ont รฉtรฉ constituรฉes de 37 souches cliniques isolรฉes de CVV avec C. albicans (n= 27), C. tropicalis (n= 6), C. glabrata (n= 3) et C. parapsilosis (n= 1). Pour une premiรจre fois, le nombre de souches ne nous a pas semblรฉ aussi important que la diversitรฉ des espรจces. Ainsi, malgrรฉ un nombre de souches lรฉgรจrement plus important de 45, Djohan et al, [12] en Cรดte dโIvoire ont travaillรฉ uniquement sur C. albicans. Toutefois, cโest un nombre de souches nรฉgligeable, comparรฉ aux 2099 souches รฉtudiรฉes par Lei et al, en 2018 sur une pรฉriode de collecte de 5 ans [18].
Sur les souches de C. albicans รฉtudiรฉes, toutes ont รฉtรฉ sensibles au fluconazole, aux รฉchinocandines et ร lโamphotรฉricine B selon lโinterprรฉtation du systรจme Vitek 2.
Des rรฉsultats similaires ont รฉtรฉ retrouvรฉs ร Tunis en 2016 [9] avec toutefois une rรฉsistance notรฉe vis-ร -vis du fluconazole (6 cas sur 46) contrairement ร nos rรฉsultats.
La rรฉsistance au fluconazole concernerait 2% des souches de C. albicans surtout chez les sujets ร risque dโinfections fongiques (RIF) soumises ร une prophylaxie au fluconazole [10].
Lโabsence de tel protocole prophylactique dans notre contexte pourrait expliquer lโabsence de la rรฉsistance au fluconazole de nos souches.
En tenant en compte des valeurs CBP de lโEucast, une souche de C. albicans a exhibรฉ une sensibilitรฉ intermรฉdiaire aux รฉchinocandines avec une CMI de 0,5ฮผg/mL vis-ร -vis de la micafungine et de la caspofungine (S : โค0,25ฮผg/mL et Rโฅ 1ฮผg/mL).
En effet, les รฉchinocandines constituent une alternative pour le traitement des souches de levures rรฉsistantes aux azolรฉs mais rรฉcemment une รฉmergence des souches de Candida rรฉsistantes aux รฉchinocandines a รฉtรฉ notรฉe. Cette rรฉsistance serait liรฉe ร une exposition prolongรฉe aux รฉchinocandines, particuliรจrement chez les sujets ร RIF avec des รฉpisodes rรฉcurrents de candidรฉmies [21].
Paradoxalement, ces molรฉcules dโรฉchinocandines ne sont mรชme pas encore disponibles au Sรฉnรฉgal pour imaginer une รฉventuelle pression mรฉdicamenteuse. Ainsi, une probable mutation des gรจnes FKS1 et FKS2, responsables dโune modification de la cible (b-1,3-D-glucane synthase), [21] serait plus probable.
Les cas de rรฉsistance de C. albicans que nous avons observรฉs au cours de notre รฉtude ont concernรฉ le flucytosine (1 cas sur 27, avec une CMI trรจs รฉlevรฉe โฅ64ฮผg/mL) et le voriconazole (2/27) avec des CMI trรจs รฉlevรฉes de 32 (4 ฮผg/mL) ร 64 (8ฮผg/mL) fois le CBP du voriconazole. Pareillement, en 2012 ร Abidjan (Cรดte dโIvoire) [12], ont enregistrรฉ cinq cas rรฉsistance de C. albicans au voriconazole sur une collection de 45 souches. Cependant, ils nโont observรฉ aucune rรฉsistance concernant le flucytosine.
Par contre aucune rรฉsistance au voriconazole nโa รฉtรฉ notรฉe sur une sรฉrie de 89 souches de C. albicans testรฉes dans une รฉtude rรฉalisรฉe en Italie en 2018 [23].
Mรชme si dans notre รฉtude cette rรฉsistance au voriconazole nโa concernรฉ que 2 souches sur 27, elle semble รฉtonnante alors que les souches en question exhibent une sensibilitรฉ au fluconazole avec des CMI respectives basses โค0,5 et ร 1 ฮผg/mL.
Sur les six souches de C. tropicalis, une totale sensibilitรฉ a รฉtรฉ retrouvรฉe vis-ร -vis de tous les antifongiques testรฉs.
Cette totale sensibilitรฉ de C. tropicalis retrouvรฉe dans notre รฉtude serait son profil habituel de sensibilitรฉ aux antifongiques [10].
Contrairement ร nos rรฉsultats, des taux de rรฉsistance de C.tropicalis au fluconazole, 27% (11/41) et au flucytosine, 10% (4/41) avec respectivement des CMI โฅ 64 ฮผg/mL et โฅ 32 ฮผg/mL ont รฉtรฉ observรฉs dans une รฉtude rรฉalisรฉe au Canada en 2000 [25]. Une rรฉsistance de C. tropicalis au voriconazole avec une seule souche sur une sรฉrie de douze a รฉtรฉ dรฉcrite en Tunisie en 2016 [9]. Selon la littรฉrature, C. tropicalis exhibe une rรฉsistance aux azolรฉs, plus particuliรจrement au fluconazole avec comme mรฉcanisme une augmentation du nombre des pompes ร efflux [21]. Les trois souches de C. glabrata testรฉes au cours de cette รฉtude ont exhibรฉ une totale sensibilitรฉ ร lโamphotรฉricine B, aux รฉchinocandines, ร la flucytosine et au voriconazole, en se conformant aux interprรฉtations du systรจme Vitek 2.
Ces observations sont comparables ร celles retrouvรฉes en Tunisie en 2016 [9]. Par contre elles ont montrรฉ une sensibilitรฉ intermรฉdiaire au fluconazole (CMI ร 16 ฮผg/mL).
Une mauvaise activitรฉ du fluconazole sur les souches de C. glabrata a รฉtรฉ observรฉe en Iran en 2011 avec un taux de rรฉsistance de 60 % (48/80) [5] et des CMI โฅ 64 ฮผg/mL. รgalement en 2018 en Italie, Scapaticci et al, [23] ont observรฉ une sensibilitรฉ intermรฉdiaire au fluconazole de toutes leurs souches de C. glabrata (19/19).
En gรฉnรฉral, C. glabrata a une faible sensibilitรฉ aux azolรฉs due ร une surexpression des pompes ร efflux comme pour les autres espรจces de Candida. Cette rรฉsistance รฉtant le plus souvent en rรฉaction croisรฉe pourrait justifiรฉe la sensibilitรฉ intermรฉdiaire au voriconazole.
Nos rรฉsultats ont montrรฉ une sensibilitรฉ de la souche de C. parapsilosis ร tous les antifongiques selon les interprรฉtations du systรจme Vitek 2. Toutefois, en se rรฉfรฉrant aux valeurs CBP de lโEucast, la sensibilitรฉ de la souche est intermรฉdiaire vis-ร -vis des รฉchinocandines avec une CMI ร 0,5 ฮผg/mL.
Les rรฉsultats de notre รฉtude sur lโactivitรฉ de la caspofungine sur la souche de C. parapsilosis ont รฉtรฉ superposables ร ceux retrouvรฉs dans lโรฉtude de Badiee et al, en Iran [5].
|
Table des matiรจres
INTRODUCTION
PREMIรRE PARTIE: RAPPELS BIBLIOGRAPHIQUES
I. Les levures du genre Candida et la candidose vulvovaginale
I.1. Morphologie et taxonomie des Candida
I.2. La vulvovaginite ร Candida
I.3. Diagnostic de la candidose vulvovaginale
I.3.1. La culture
I.3.2. Identification des Candida
I.4. Traitement de la candidose vulvovaginale
I.4.1. Agents topiques pour la vaginite ร Candida aiguรซ
I.4.2. Agents antimycotiques oraux
I.5. Mรฉcanismes de la rรฉsistance acquise
II. Test de sensibilitรฉ aux antifongiques : lโantifongigramme
II.1. Indications
II.2. Les mรฉthodes dโantifongigramme
II.2.1. Technique de microdilution en milieu liquide
II.2.1.1. Techniques de rรฉfรฉrence
II.2.1.2. Techniques commercialisรฉes
II.2.2. Techniques de diffusion en milieu gรฉlosรฉ
II.2.2.1. Techniques de rรฉfรฉrences
II.2.2.2. Mรฉthodes commerciales
DEUXIEME PARTIE: ETUDE EXPERIMENTALE
I. Cadre dโรฉtude
II. Type et pรฉriode dโรฉtude
III.. Matรฉriels et mรฉthodes
III.1. Matรฉriels de lโรฉtude
III.1.1. Souches de Candida
III.1.2. Matรฉriels de travail
III.2. Mรฉthodes de lโรฉtude
III.2.1. Rรฉisolement des souches
III.2.2.Rรฉalisation de lโantifongigramme avec lโautomate Vitek2ยฎ
III.2.2.1. Prรฉparation de la cassette
III.2.2.2. Utilisation de lโinstrument
III.2.2.3. Dรฉmarrage de Windowsยฎ
III.2.2.4. Affichage des rรฉsultats
III.2.2.5. Interprรฉtation des rรฉsultats
IV. Analyse statistique
V. Rรฉsultats
V.1. Caractรฉristiques des souches de Candida
V.2. Susceptibilitรฉ des Candida vis-ร -vis des antifongiques testรฉs
V.3. Profil de sensibilitรฉ et CMI spรฉcifiques vis-ร -vis des espรจces
V.3.1. Candida albicans
V.3.2. Candida tropicalis
V.3.3. Candidaglabrata
V.3.4. Candida parapsilosis
VI. Discussion
CONCLUSION
REFERENCES
Tรฉlรฉcharger le rapport complet