Diagnostic de la borréliose
Prévention générale
Dans cette partie nous verrons les moyens qui ont été mis en place pour lutter contre les tiques ainsi que l’impact qu’ils ont eu sur l’environnement.
La prévention chimique
Elle consiste à utiliser principalement des acaricides. Il en existe de plusieurs sortes.
Les premiers acaricides ont été utilisés à la fin du XIXème siècle pour le bétail qui était régulièrement infesté par les tiques. C’était au départ des dérivés arsénicaux puis les dérivés organochlorés, organophosphorés ainsi que le carbamate de carbaryl ont pris le relais. Actuellement ce sont les pyréthrinoïdes de synthèse que l’on utilise pour traiter les animaux domestiques. Avant cela, des pyréthrines naturelles avaient été utilisées.
Les dérivés arsénicaux
Ils ont été utilisés à la fin de XIXème siècle, d’abord en Afrique du Sud et en Australie puis dans le reste du monde. L’application de cet acaricide se faisait sous forme de bain.
En effet, le bétail passait dans un bain contenant une solution de dérivés arsénicaux, ce qui avait pour conséquence de tuer les tiques et d’agir par un faible effet de rémanence comme répulsif vis-à-vis des tiques attirées par un repas sanguin.
Actuellement, l’arsénite de sodium qui est utilisé comme antifongique et insecticide dans les vignes a été retiré du marché à cause du risque cancérigène. De plus, les tiques ont développé une résistance contre ces composés.
Les dérivés organochlorés
Ils ont été utilisés après la seconde guerre mondiale en relais des dérivés arsénicaux. Ce sont des substances organiques de synthèse. On retrouve le DDT (Dichloro-DiphénylTrichloréthane), le lindane (chlorure de benzène) et le toxaphène (octachlorocamphène).
Ces substances présentent un risque pour la santé humaine mais aussi pour l’environnement. En effet, la plupart de ces pesticides sont fortement soupçonnés d’être cancérigène par le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) et de jouer le rôle de perturbateurs endocriniens. De plus, ces substances sont liposolubles et s’accumulent donc dans les graisses des êtres vivants. Lorsque le bétail est traité par ces Granger Marine | L’émergence de la maladie de Lyme en France et prise en charge à l’officine dérivés, une accumulation peut avoir lieu dans les tissus adipeux, dans le lait… L’homme va ensuite consommer la viande, le lait et ainsi se contaminer. Ce sont des substances difficiles à éliminer. Si la France a limité l’utilisation de ces pesticides, ce n’est pas le cas dans d’autres pays.
Les dérivés organophosphorés et les carbamates
C’est à partir des années 1960, que les organophosphorés ont remplacé les organochlorés dans la lutte chimique contre les tiques, à cause des effets néfastes de ces derniers sur la santé humaine et sur l’environnement. On retrouve dans ce groupe les molécules suivantes : chloropyrifos, coumaphos, etpropétamphos, diazinion, malathion, ethion et trichlorfon. Ces molécules ont l’avantage de se dégrader rapidement dans l’environnement. Elles agissent sur le système nerveux en inhibant l’acétylcholinestérase ce qui perturbe la conduction de l’influx nerveux.
Les organophosphorés sont largement utilisés comme insecticides en médecine humaine (le malathion par exemple dans le traitement des pédiculoses), dans l’agriculture pour la destruction des ravageurs, des nuisibles. Ils ont même été utilisés pendant la seconde guerre mondiale comme gaz de combat.
Les carbamates ont commencé à être utilisés en 1950 dans le domaine de l’agriculture.
Ils ont le même mécanisme d’action que les organophosphorés.
Les pyréthrines
Les pyréthrines sont des molécules naturelles issues des feuilles, des tiges et des fleurs des chrysantèmes (Chrysanthemum sp.) appartenant à la famille des astéracées. Ce sont également des neurotoxiques agissant par inhibition des canaux sodiques voltagedépendant ce qui conduit à une hyperpolarisation et à une désensibilisation des récepteurs. Ceci provoque une contraction intense des muscles qui peut déboucher sur l’asphyxie et la mort. Ils provoquent l’effet « knock-down » qui se traduit par une série de tremblements puis l’insecte tombe paralysé.
Les pyréthrinoïdes
Les pyréthrinoïdes sont une alternative aux pyréthrines qui sont photosensibles et thermolabiles. Ce sont des composés synthétisés à partir des pyréthrines. Ils ont donc le même mécanisme d’action. Ils sont utilisés dans la lutte contre les tiques mais également contre les moustiques.
Les lactones macrocycliques
Ce sont les molécules les plus utilisées dans la lutte chimique contre les insectes. On y retrouve l’ivermectine, l’éprinomectine et la moxidetine. Ce sont des molécules très utilisées contre les vers, les insectes ou les arachnides, vecteurs de maladie. Chez les tiques, l’ivermectine va interférer dans leur cycle évolutif en inhibant la ponte d’œufs et leur passage de larve à nymphe.
Toutes ces molécules sont utilisées en soumettant l’animal à traiter soit par des bains soit par pulvérisations de spray ou de poudre, soit par le port de colliers «spot-on».
L’ivermectine est un antiparasitaire qui a un spectre d’action large. Cette molécule est utilisée dans le traitement des atteintes parasitaires internes et externes. L’ivermectine agit en se fixant sur les canaux chlorure du glutamate provoquant une plus grande perméabilité aux ions chlorure ce qui déclenche une hyperpolarisation conduisant à une paralysie de l’insecte puis à sa mort. Cependant une résistance des insectes à l’ivermectine est de plus en plus observée. Un traitement modéré est alors conseillé pour une meilleure efficacité de la molécule.
La prévention biologique
Elle consiste à lutter contre les tiques mais en utilisant des moyens naturels. Ceci concerne principalement l’utilisation de parasitoïdes, de prédateurs des tiques et de biopesticides.
Les parasitoïdes
Les parasitoïdes sont des organismes ayant besoin d’un hôte pour se développer.
Contrairement aux parasites, ils tuent leur hôte à la fin de leur développement. Ce peut être des insectes, des vers, des champignons, des bactéries, des virus qui ciblent certains arthropodes comme hôtes. Par exemple, les tiques peuvent être parasitées par un hyménoptère appelé Ixodiphagus hookeri dont les larves sont des endoparasites c’est-à dire qu’elles se développent à l’intérieur de la tique.
Cette solution naturelle de lutte contre les tiques est efficace en théorie mais n’a malheureusement pas fait ses preuves lors d’expérimentations en conditions réelles et à grande échelle.
Les prédateurs
Ce sont des animaux se nourrissant des tiques. Il en existe beaucoup et correspondent par exemple à certains oiseaux (étourneaux, poules, passereaux, pique-boeuf), à des insectes (certaines espèces de guêpes, de carabe autochtone).
Cette méthode est difficile à maîtriser car les prédateurs ne se nourrissent pas spécifiquement de tiques dans la nature et leur utilisation peut perturber l’équilibre des écosystèmes.
Les biopesticides
Ce sont des microorganismes permettant une lutte biologique contre les insectes, les acariens nuisibles. Il existe plusieurs catégories de biopesticides à base de vers nématodes ou de microorganismes tels que des bactéries, des champignons et des virus.
Concernant la lutte biologique contre les tiques, des recherches ont été effectuées avec des biopesticides à base de bactéries, de nématodes et de champignons mais les résultats n’ont pas été concluants. Les conditions de réussite sont trop dépendantes de l’environnement. Par exemple, les champignons exigent des conditions de développement liées à l’humidité et à l’ensoleillement qui ne sont pas toujours optimales au moment de leur utilisation. Mais les recherches continuent dans ce sens.
Les vaccins contre la tique
Deux vaccins sont commercialisés actuellement à l’étranger : les vaccins Gavac® et TickGard®. Ce sont des vaccins basés sur le déclenchement d’une réaction immunitaire contre le produit du gène Bm86 présent dans les cellules intestinales de certaines tiques.
Ces produits sont des antigènes masqués c’est-à-dire qu’ils ne sont pas présentés à l’hôte lors du repas sanguin de la tique. Pourtant, ils ont un fort pouvoir immunostimulateur chez l’hôte et permettent ainsi de déclencher une réaction immunitaire contre la tique lors de son repas sanguin. En utilisant ces vaccins en préventif chez l’hôte, la réaction immunitaire développée contre la tique provoque une perforation de son tube digestif et sa mort. Les essais pratiqués sur certaines espèces de tiques ont été concluants avec des résultats encourageant. Ce qui peut être un espoir pour une application à d’autres espèces comme I. Ricinus.
Diagnostic de la borréliose
Méthodes diagnostiques
En phase primaire, l’érythème migrant et le contexte d’une morsure de tique permettent de confirmer une borréliose. Il n’y a alors pas d’examen sérologique demandé et un traitement antibiotique est mis en place. Mais quand la maladie n’a pu être observée en phase primaire et qu’il y a quand même une suspicion de borréliose devant des symptômes cliniques caractéristiques, des analyses biochimiques sont réalisées pour établir le diagnostic. Pour cela, deux types de diagnostic existent : le diagnostic direct et le diagnostic indirect. Le diagnostic indirect consiste à détecter les anticorps développés par le patient contre B. burgdorferi. Les techniques utilisées sont l’immunofluorescence indirecte (IFI), la technique immuno-enzymatique ELISA et le transfert de protéines sur nitrocellulose (Western-blot). Le diagnostic direct est effectué par l’observation au microscope à fond noir d’un prélèvement de sang, par la mise en culture d’un échantillon biologique et par la technique PCR.
Techniques directes
L’observation au microscope à fond noir
Elle se réalise à partir d’une goutte de sang frais placée entre lame et lamelle. Les spirochètes sont facilement identifiables par cette méthode de par leur forme et leur déplacement caractéristiques. L’observation se fait facilement quand l’infection est récente, mais quand l’infection est devenue chronique, il faut attendre quelques jours avant de voir les spirochètes se déplacer.
Mais cette technique permet seulement de confirmer une infection par des spirochètes.
Elle n’est pas suffisamment spécifique de B. burgdoferi.
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Table des matières
LISTE DES ABREVIATIONS
TABLE DES ILLUSTRATIONS
TABLE DES TABLEAUX
INTRODUCTION
PARTIE 1 : EMERGENCE ET CONTEXTE
1. Historique et émergence de la maladie
1.1. Historique
1.2. Maladie émergente
1.2.1. Une nouvelle maladie
1.2.2. Zoonose
1.3. Le concept one-health ou une seule santé
1.3.1. Définition
1.3.2. Mise en place
2. Vecteur : la tique
2.1. Classification
2.2. Morphologie externe
2.2.1. Le Gnathosome
2.2.2. L’idiosome
2.3. Morphologie interne
2.4. Développement de la tique
2.4.1. Habitat
2.4.2. Cycle évolutif
2.4.3. Choix de l’hôte
2.4.4. Déroulement du repas sanguin
3. L’agent pathogène : Borrelia burgdorferi
3.1. Généralités
3.2. Pouvoir pathologique de Borrelia burgdorferi
3.2.1. La phase primaire
3.2.2. La phase secondaire
a) Les manifestations neurologiques
b) Les manifestations articulaires
c) Les manifestations cardiaques
d) Les manifestions cutanées
e) Les manifestations oculaires
3.2.3. La phase tertiaire
a) Les manifestations cutanées
b) Les manifestations articulaires
c) Les manifestations neurologiques
4. Prévention générale
4.1. La prévention chimique
4.1.1. Les dérivés arsénicaux
4.1.2. Les dérivés organochlorés
4.1.3. Les dérivés organophosphorés et les carbamates
4.1.4. Les pyréthrines
4.1.5. Les pyréthrinoïdes
4.1.6. Les lactones macrocycliques
4.2. La prévention biologique
4.2.1. Les parasitoïdes
4.2.2. Les prédateurs
4.2.3. Les biopesticides
4.3. Les vaccins contre la tique
PARTIE 2 : DIAGNOSTIC ET TRAITEMENTS
1. Diagnostic de la borréliose
1.1. Méthodes diagnostiques
1.1.1. Techniques directes
a) L’observation au microscope à fond noir
b) La mise en culture
c) L’amplification par la technique PCR (Polymerase Chain Reaction)
1.1.2. Techniques indirectes
a) Méthode immuno-enzymatique ELISA (Enzyme-Linked ImmunoSorbent
Assay)
b) Transfert de protéines sur nitrocellulaose (Western-blot)
1.2. Protocole pour le diagnostic
1.3. Réalisation pratique
2. Les traitements
2.1. Les molécules utilisées
2.1.1. Les β-lactamines
a) Mécanisme d’action et structure des β-lactamines
• Mécanisme d’action
• Structure générale
b) Les pénams: famille des pénicillines
• Historique des pénicillines
• Généralités sur les pénicillines
• L’amoxicilline
Effets indésirables
Indications
Posologie
c) Les céphems : famille des céphalosporines
• Historique
• Généralités sur les céphalosporines
• Céftriaxone
Effets indésirables
Indications
Posologie
Céfuroxime
2.1.2. Les macrolides
a) Historique
b) Mécanisme d’action
c) Généralités
d) Effets indésirables
e) Interactions
f) Indications
g) Posologie
2.1.3. Les cyclines
a) Historique
b) Mécanisme d’action
c) Généralités
d) Effets indésirables
e) Indications
f) Posologie
2.2. Protocole pour le traitement de la borréliose
2.2.1. Phase primaire
2.2.2. Phase secondaire
2.2.3. Phase tertiaire
2.2.4. Réalisation pratique
PARTIE 3 : EXPERIENCE A L’OFFICINE ET ACTUALITE SUR LA MALADIE DE LYME
1. Enquête sur le vécu des patients atteints par la maladie de Lyme en
Sarthe. 57
1.1. Questionnaire
1.2. Témoignages recueillis
2. Actualités de la maladie de Lyme en France
2.1. Les livres témoignages
2.2. Les actions pour une reconnaissance de la maladie de Lyme
2.2.1. Manifestations de malades
2.2.2. Enquête nationale
2.2.3. Livres écrits par des scientifiques
2.2.4. Manifestations écrites
a) Pétitions
b) Lettres
2.2.5. Plan National de Santé
a) Le premier axe stratégique
b) Le deuxième axe stratégique
c) Le troisième axe stratégique
d) Le quatrième axe stratégique
e) Le cinquième axe stratégique
2.2.6. Plainte contre des laboratoires
2.2.7. Recherche de nouveaux tests diagnostiques
2.2.8. Tic-tox®
3. Conseils à l’officine
3.1. Prévention d’une morsure
3.1.1. Prévention primaire
3.1.2. Prévention secondaire
3.1.3. Préventions dites naturelles
a) L’éther, l’alcool, la vaseline et l’essence
b) Les huiles essentielles
• L’arbre à thé ou tea-tree : Melaleuca alternifolia
• Le citron : Citrus limonum
c) Autres moyens
3.2. Tests de dépistage rapide
3.3. Fiche d’information
3.4. Associations et les liens internet utiles concernant la maladie de Lyme
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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