Développement typique de l’oralité alimentaire

Selon l’OMS, le nombre de naissances prématurées est en constante augmentation dans le monde. En France, il représentait en 2011 6,6 % des naissances, soit environ 60 000 naissances prématurées par an selon l’étude EPIPAGE 2 (Ancel, 2014). Leur prise en charge et la prévention des risques à long terme sont donc un véritable enjeu de santé publique. Les progrès médicaux réalisés ces dernières années ont permis d’augmenter de manière significative la survie et la qualité de vie de ces enfants par une prise en charge dans des services de réanimation et de soins intensifs de néonatalogie jusqu’à leur stabilité physiologique et leur autonomie alimentaire (Bruwier et al., 2014).

La naissance prématurée nécessite des soins techniques qui peuvent être à l’origine de dystimulations. Le nouveau-né prématuré peut ainsi être privé d’expériences orales positives. La mise en place délicate de la coordination succion-déglutition respiration peut donc retarder l’accès à l’autonomie alimentaire. La prise en charge orthophonique vise à favoriser le développement d’une oralité harmonieuse et à prévenir d’éventuels troubles des oralités alimentaire et verbale. Sur la période d’hospitalisation en néonatalogie, elle consiste à réduire la période de transition vers l’autonomie alimentaire et la durée d’hospitalisation et à développer des interactions parents-enfant (Haddad, 2017). Un protocole de prévention des troubles de l’oralité par sollicitations oro-faciales (SOF) a été développé et est pratiqué depuis 2011 dans le service de néonatalogie du CHU de Caen. Des travaux de recherche ont été initiés par Beaujean et Seurat en 2011 2012, et poursuivis par Frette et Le Crom (2012-2013), Nisole et Hamon (2013 2014) et Douillet-Nury et Csopaki (2014-2015). Notre recherche s’inscrit dans une démarche d’amélioration des pratiques de prévention et tente d’évaluer l’apport d’un livret et d’un accompagnement parental renforcé.

DÉVELOPPEMENT TYPIQUE DE L’ORALITÉ ALIMENTAIRE

Le processus physiologique de l’alimentation dépend de l’appétit et de l’intégrité des appareils digestif et cardio-respiratoire (Ramsay, 2001). Tous les sens sont impliqués dans ce processus physiologique afin de mettre en place des acquis sur les plans moteur et sensoriel (Leblanc & Ruffier-Bourdet, 2009).

Succion

L’oralité est un terme relativement récent qui se définit comme l’ensemble des fonctions dévolues à la sphère orale (Delaoutre, 2007 ; Brin-Henry, 2017). L’oralité est double : alimentaire et verbale (Thibault, 2017). Jusqu’à six mois environ, l’oralité du bébé est régie par des réflexes sous le contrôle du tronc cérébral (Thibault, 2017). Elle devient ensuite volontaire et autonome lorsque la mastication et le langage se mettent en place et sont davantage contrôlés (Couly, 2010). Les professionnels ont longtemps pensé que ces deux fonctions ont une même et unique localisation neuro-anatomique, le tronc cérébral, et sont des réactions réflexes (Couly et al., 2015). Des études montrent aujourd’hui qu’elles impliquent des réseaux d’activation bien plus complexes dont les structures se trouvent aussi dans le cerveau, au niveau cortical, et sont dépendantes de l’expérience (Lau, 2007 ; Barlow, 2009 ; Mellul et al., 2010). Ces deux oralités se développent simultanément, un trouble de l’oralité alimentaire pouvant, à terme, entraîner un trouble de l’oralité verbale (Haddad, 2017).

Les premières manifestations de l’oralité alimentaire se réalisent au cours du 3ème mois in utero (Thibault, 2017). La succion-déglutition-respiration (SDR) apparaît chez le foetus à des périodes différentes (Lau, 2007). Vers la 10ème semaine, lors du redressement de la tête, la langue descend et le palais se forme. La main touche les lèvres, la bouche s’ouvre et la langue sort pour toucher la main. Ce comportement a été nommé réflexe de Hooker. On peut observer les premiers mouvements antéro-postérieurs de succion (Thibault, 2017 ; Lau, 2007 ; Couly, 2015).

La succion est amorcée ou inhibée par une série de réflexes oraux qualifiés d’archaïques par certains auteurs (Thibault, 2017 ; Senez, 2015). Ces réflexes oraux sont en réalité des automatismes que l’on retrouve plus facilement au moment de la tétée. En fonction du moment où l’on recherche ces automatismes, l’enfant peut ne pas toujours réagir car il n’est pas disposé à ce moment-là, par exemple il est fatigué, ou il n’en a pas envie (Senez, 2015). La tétée débute par la contraction des lèvres sur le mamelon ou la tétine guidée par l’olfaction (Schaal et al., 2011). La tétée est assurée par une dépression buccale et une force de compression linguale contre le palais suivi d’une déglutition (Thibault, 2017 ; Couly et al., 2015 ; Senez, 2015).

Déglutition

Entre la 12ème et la 15ème semaine, les premières déglutitions apparaissent et succèdent aux séquences de succion qui ne sont pas encore coordonnées. La succion joue un rôle sur le développement de la déglutition et permet par son activité motrice une bonne croissance de la cavité buccale (Thibault, 2017 ; Lau, 2007 ; Couly, 2015). Vers 29 SA, la succion non nutritive (SNN) devient mature avec des mouvements de succion non suivis systématiquement de déglutitions. Vers 34 SA, la succion nutritive (SN) devient à son tour mature avec une coordination succion-déglutition (SD) (Guillerme, 2014). Le fœtus entraîne la fonction de SD qui permettra une autonomie alimentaire dès la naissance. La succion et la déglutition sont des indices de maturation et d’autonomie néonatales : ce que le fœtus a appris in utero pourra être répété à la naissance et pendant la période néonatale (Haddad, 2017).

La succion stimule la respiration, puisque la ventilation nasale est la seule à être utilisée durant toute la durée de la tétée. La succion et la respiration sont étroitement liées étant donné que la succion reflète les conditions ventilatoires du nouveau-né et contribue à les améliorer (Couly et al., 2015 ; Thibault, 2017). Une succion mature n’est plus la seule condition requise pour qu’un nouveau-né puisse se nourrir par voie orale sans risque. La condition requise pour l’oralité serait une coordination adéquate de la SDR permettant à chacune de ces fonctions de ne pas interférer l’une avec l’autre afin de minimiser les risques de fausse route, désaturation, bradycardie et/ou apnée (Lau, 2007).

Coordination succion-déglutition-respiration

L’alimentation par voie orale nécessite une coordination adéquate de la SDR. Cette coordination est caractérisée par une synchronisation rythmique de ces trois fonctions (Lau, 2007). Le succès d’une tétée orale sans risque ne dépend pas uniquement d’une succion et d’une coordination SDR adéquates, mais aussi d’autres facteurs, tels que le comportement du nourrisson, l’environnement du service hospitalier (lumière, bruit environnant), et la méthode par laquelle le lait est offert à l’enfant (Lau, 2007). Les enfants prématurés qui présentent un poids de naissance trop faible, une succion peu efficace et une coordination imparfaite SDR sont généralement alimentés par voies non orales (Schaal et al., 2011). Cette coordination SDR est relative à l’adaptation de l’environnement néonatal et au respect des comportements du nouveau-né. La SNN offre certains avantages qui ne sont pas impliqués directement dans l’oralité. Par exemple, elle favorise le gain pondéral, produit un effet analgésique, réduit le stress, stabilise le comportement du nouveau-né et accélère la progression de la nutrition par voie orale (Lau, 2007). Elle stimule la motilité gastro-intestinale (Lau, 2007 ; Barlow, 2009). La SNN semblerait être un bon marqueur du niveau de maturation de la succion même, mais ne serait pas prédictive de la coordination SDR, condition nécessaire pour l’oralité sans risque (Lau, 2007 ; Mellul et al., 2010). Vers 37 SA, la coordination SDR fonctionne efficacement avec la maturation totale de la fonction respiratoire (Thibault, 2017 ; Lau, 2007 ; Couly, 2015). Il existe une relation prédictive significative entre la coordination désordonnée de la respiration et de la déglutition et les effets indésirables chez les nourrissons qui peuvent avoir un impact négatif sur les résultats neurodéveloppementaux (Barlow, 2009).

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE THÉORIQUE
1. DÉVELOPPEMENT TYPIQUE DE L’ORALITÉ ALIMENTAIRE
1.1. Succion
1.2. Déglutition
1.3. Coordination succion-déglutition-respiration
2. SPÉCIFICITÉS DU NOUVEAU-NÉ PRÉMATURÉ
2.1. L’environnement néonatal
2.2. Assistances respiratoire et nutritionnelle
2.3. Transition vers l’alimentation orale autonome
3. RÔLE DES PARENTS DANS LES SOINS DE DÉVELOPPEMENT
3.1. Soins de développement et programme NIDCAP
3.2. Sollicitations oro-faciales
3.3. Implication des parents
PROBLÉMATIQUE, OBJECTIFS ET HYPOTHÈSES
MÉTHODOLOGIE EXPÉRIMENTALE
1. POPULATION
1.1. Critères de recrutement
1.2. Description de la population
2. MATÉRIEL
3. PROCÉDURE
3.1. Déroulement du protocole
3.1.1. Formation préalable au protocole
3.1.2. Information aux équipes soignantes
3.2. Procédure d’accompagnement
4. RECUEIL DES DONNÉES
5. ANALYSES STATISTIQUES
RÉSULTATS
1. EFFET D’UN ACCOMPAGNEMENT PARENTAL RENFORCÉ
2. EFFET ADDITIONNEL LIVRET
3. ESTIMATION DE L’ANXIÉTÉ-ÉTAT ET DE LA SATISFACTION PARENTALE
3.1. Anxiété-état
3.2. Satisfaction parentale
3.2.1. Satisfaction de l’accompagnement
3.2.2. Satisfaction du livret
DISCUSSION
1. APPORTS DE CETTE ÉTUDE
1.1. Accompagnement parental
1.2. Livret
1.3. Mesures de satisfaction et d’anxiété
2. PERSPECTIVES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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