DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL VERS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

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UN APERÇU HISTORIQUE DE L’INDUSTRIALISATION

la révolution industrielle

La révolution industrielle a eu lieu en Europe au XI e siècle, mais la transformation la plus remarquable est celle qui s’est produit en grande Bretagne au XVIIIe siècle (BRAUDEL, 1980). Plusieurs éléments ont conditionnés la genèse de la révolution en Europe.

Eléments techniques

L’avènement de l’esprit scientifique en Europe du XVIe au XVIIIe siècle a stimulé le progrès technique dans le domaine de la production. La révolution industrielle en Angleterre peut être analysée comme une suite de réponses techniques à diverses limitations naturelles, la découverte de la machine à vapeur a dynamisé la transformation car elle peut être appliquée aux industries sidérurgiques et textiles. Le charbon en plus de ses usages domestiques, permet de produire de fer et l’énergie transformé par les machines à vapeur. Depuis 1830, la construction des navires et des chemins de fer se sont développés grâce à l’application de la vapeur dans le transport.

Eléments économiques

Les grandes explorations, dès le XV e siècle vont avoir des effets économiques à long terme considérable. La grande inflation du XVI e siècle causée par l’afflux d’or et d’argent et les gains du commerce triangulaire a facilité l’accumulation du capital (BRASSEUL, 1993). Le capitalisme commercial s’est développé avec le capitalisme agraire qui expulse les paysans dans les villes pour vendre leur force de travail. La structure capitaliste va faire augmenter la production agricole et les revenus ruraux, qui vont servir comme débouchés des industries. Le marché intérieur a donc joué un rôle important sur le développement industriel en Angleterre en plus de la rareté du travail qui stimuler la mécanisation. Ainsi, l’industrialisation en France entamée à la fin de l’ancien régime, devra attendre la monarchie de juillet et surtout du second empire pour s’affirmer. Les Etats-Unis et l’Allemagne vont s’industrialiser rapidement pendant la même période grâce à la création d’un grand marché protégé, celui des Etas Allemands progressivement intégrés dans une union économique, et celui du continent Nord-Américain progressivement mis en valeur jusqu’au Pacifique.

Eléments institutionnels

L’absence durable de pouvoir central autoritaire en Europe occidental après la chute de l’empire romain a favorisé la spécialisation et les échanges. La liberté économique a été donc le point de départ de l’extension de relation de marché et du capitalisme commercial, puis industriel. Cette marge de liberté n’existant pas ailleurs, une telle évolution n’a pas été possible. Ensuite, l’adoption des institutions démocratiques et l’établissement du parlementarisme a renforcé la liberté individuelle. Les évènements de la fin du XVIIIe siècle en France mettent en place, en plus des droits de l’homme, les institutions favorables au développement du capitalisme. La démocratie et l’industrialisation sont donc étroitement liées dans l’histoire des pays occidentaux.

les latecomers au tournant du siècle

Depuis 1896, le processus d’industrialisation s’est intensifié de nouveaux grâce à la diffusion des nouvelles industries : pétrole, chimie, automobile, Aéronautique et électrique. Après l’Europe occidental et les Etats-Unis, le Japon, la Russie, le Canada, l’Australie et les pays scandinaves vont aussi s’industrialiser mais avec de nouvelle forme. La réforme agraire et l’ouverture vers l’extérieur basée sur l’exportation des produits utilisant les ressources naturelles locales leur a permis de suivre une industrialisation équilibrée. La stabilité politique, le consensus réalisé entre Etat, travail, capital et éducation technique ont joué un rôle important sur le succès de ces pays. En particulier, la culture et le système de valeur appliqué à l’économie est l’un des facteurs de la croissance observée au Japon, en plus, il décida des industries à forte intensité de capital pour pouvoir concurrencer au niveau mondial et qui lui a permis de rattraper son retard.
Le modèle est différent de ce qu’on a observé en Europe et aux Etats-Unis car l’Etat et les banques vont maintenant jouer un rôle déterminant sur le développement des grandes firmes tandis que l’Angleterre et les autres n’ont pu instaurer que des entreprises de petite taille. Le développement industriel des latecomers ne suit donc pas les étapes de Rostow ni l’accumulation de capital de Marx. La croissance rapide de ces pays est due par l’importation de technologies modernes produites par les pays déjà industrialisés et par l’effort de l’Etat (GERSCHENKRON 1962). Gerschenkron affirme que << le processus d’industrialisation n’aurait pas à se répéter de pays à pays, cheminant lourdement à travers son rythme pentamétrique […]>> (BRASSEUL, 1993)

l’industrialisation dans les PED au xxe siecle

L’industrialisation au cours du XXe siècle s’est déroulée dans un environnement différent des précédentes. Le processus d’industrialisation a été plus rapide au XXe siècle pour certains pays grâce au développement du commerce extérieur à l’importation de nouvelle technologie. Les flux de capitaux dirigés vers les PED et l’aide externe ont favorisé l’investissement industriel local. La détérioration des termes de l’échange sur l’exportation des produits primaires a incité ces pays à diversifier leur exportation. Mais l’obstacle à l’industrialisation des pays sous-développés est leur retard agricole, leur niveau de vie est inférieur à celui des Européens avant la révolution industriel, (MADDISON, 1989). Par conséquent, la transformation risque d’être plus longue pour ces pays.
Les progrès médicaux ont entraîné une forte croissance de la population, ce qui ne peut stimuler l’activité économique qu’à partir d’un seuil de revenu par habitant plus élevé. La démographie associée à un niveau faible de revenu rend donc le processus plus difficile pour le tiers monde.
La technologie a aussi une influence sur le processus d’industrialisation des PED, l’utilisation des nouvelles technologies très capitalistes ralentit la création d’emplois que le secteur industriel doit générer. En plus, le progrès technique dans les pays développés a restreint l’importation des matières premières provenant des PED, ce qui peut détériorer leurs termes de l’échange et freine à son tour le développement l’industrie.
Sur le plan institutionnel, la colonisation a retardé l’industrialisation des PED en général, car << le développement ne peut démarrer que dans un pays libre>> (BRANDA, 1984). Dans les pays nouvellement indépendants, l’intervention publique est prioritaire pour accélérer l’industrialisation mais les entreprises publiques sont mal gérées. L’adoption des normes occidentaux au sein des pays pauvres a défavorisé l’industrialisation de ces dernières car les institutions occidentaux se sont révélées inadaptés au cas de ces pays comme la fixation des salaires minimums qui a poussé les entreprises à remplacer le travail par du capital. Les actions des organismes internationaux n’ont pas favorisé le processus d’industrialisation pour certains PED.

Les chemins d’industrialisation des PED au XXe siècle

La difficulté d’importation et l’évolution de la demande intérieure des produits industriels ont poussé les pays à produire sur place. Après les textiles, vêtements, apparaissent des industries légères de biens de consommation courante, et plus tard les industries légères et enfin les industries lourdes et les biens de consommation durable. La rupture des échanges internationaux durant les deux guerres à favoriser le développement des industries locales des pays en cours d’industrialisation durant cette période. Avant 1950, les industries ont été de petites tailles et le capital a été apporté par des entrepreneurs nationaux ou par des firmes  étrangères ou par des immigrants. Mais après 1950, l’industrialisation est caractérisée par l’apparition des grandes firmes étatiques.
Les facteurs à l’origine de ces transformations sont : l’ouverture au commerce extérieur ; l’indépendance national ; la stabilité politique et sociale et la compétence administrative et gouvernement. La première phase de croissance économique du XXe siècle est entre 1850-1914 qui s’est déroulé en Amérique latine, favorisée par la libéralisation de l’économie mondiale (MADDISON, 1989). La croissance a été basée sur l’exportation des produits primaires associée à une politique protectionniste. Entre 1913-1950 le marché mondial a été défaillant à cause des guerres et de la crise. L’industrialisation a été poussée par une nouvelle classe dirigeante issues des classes moyennes, qui remplace l’oligarchie traditionnelle des producteurs et importateurs. L’industrialisation se poursuit avec vigueur en Amérique Latine entre 1950-1973 sous la direction de la CEPAL qui accentue l’intervention étatisme.
La phase après 1973 est caractérisée par un ralentissement de la croissance industrielle de l’Afrique et de l’Amérique Latine, avec un endettement externe trop lourd, contrairement aux pays d’Asie qui ont connu une forte croissance grâce à une intégration des échanges régionaux et d’environnement macroéconomique stable.

L’industrialisation des quatre Dragons

Quand on parle d’industrialisation, celle qui s’est effectuée par les 4 Dragons (Corée du Sud, Taiwan, Hong-Kong, Singapour) est incontournable dans l’histoire. Depuis 1973 jusqu’en 1988, les Dragons ont connu une forte croissance de la production et de l’exportation des produits de nouvelle technologie comme : la micro-informatique, la construction ferroviaire moderne aéronautique, nucléaire,…
Leur poids quantitatif dans l’économie et les échanges mondiaux est désormais indéniable, le phénomène se propagent après dans d’autres pays du continent : Chine, Inde, Indonésie.
La compétitivité du travail a fortement favorisé le développement de ces pays, puisque le cout du travail a été longtemps très bas par rapport à celui des pays développés mais l’égalité des revenus s’y voit qu’ailleurs. Mais par contre, la qualité de travail n’a cessé d’accroître en faveur d’un gros effort de formation. D’après l’étude de la banque mondiale, ces pays sont les pays définis comme fortement tournés vers l’extérieur. Après la conquête d’une grande part du marché mondial, leurs monnaies connaissaient une forte appréciation et la balance de payement avait un solde positif.
Alors que l’économie de ces pays a été basée sur l’ouverture à l’extérieur, leurs entreprises tendent donc à être toutes soumises à une concurrence internationale. Même si ces entreprises ont enregistré des reculs durant quelques périodes, elles ont conquis après des positions sur les marchés mondiaux. Les Etats des Dragons pèsent sur la vie de leurs entreprises. Soit en leur donnant des impulsions stratégiques soit en leur imposant des distorsions structurelles.
En Corée, les entreprises reçoivent des crédits à des conditions préférentielles mais à des conditions de servir les orientations définies par le pouvoir public : atteindre un tel objectif d’exportation ou entrer dans un tel secteur. La politique macro-économique a complété les grandes orientations industrielles comme la fixation d’une promotion des exportations, la stabilisation des prix,…
Pour la Singapour, le niveau du salaire a été maintenu bas pour permettre le décollage. Mais dès que le décollage a été fait, le gouvernement a décidé de faire monter les salaires pour stimuler la productivité.
Le gouvernement de Taiwan a utilisé le système bancaire pour favoriser les nouveaux investissements. Après avoir supprimé le système de libéralisation bancaire qui conduisait à une détention d’une grande part de la masse monétaire par des réseaux bancaires clandestins, l’Etat, a décidé de privatiser les banques, ainsi une banque plus ouverte et concurrentielle sera en mesure de servir des projets d’investissement plus diversifiés. En somme les 4 Dragons ont en commun d’avoir été jetés dans l’échange international avec des produits de haute technologie pour pouvoir poussé plus loin leur développement économique.

Table des matières

Introduction
PARTIE I : HISTOIRE ET APPROCHE THEORIQUE DE LA MANUFACTURE ET LE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE I : CONCEPTS ET HISTORIQUE
Section I : QUELQUES CONCEPTS
I 1) Industrie
I 2) Industrialisation
I 3) Croissance
I 4) Développement
Section II: UN APERÇU HISTORIQUE DE L’INDUSTRIALISATION
II 1): la révolution industrielle
a) Eléments techniques
b) Eléments économiques
c) Eléments institutionnels
II 2): les latecomers au tournant du siècle
a) Les chemins d’industrialisation des PED au XXe siècle
b) L’industrialisation des quatre Dragons
CHAPITRE II : LES STRATEGIES D’INDUSTRIALISATION
Section I : INDUSTRIALISATION PAR SUBSTITUTION DES IMPORTATIONS (ISI) 12
Section II : INDUSTRIALISATION PAR LES INDUSTRIES INDUSTRIALISANTES (III)
Section III : INDUSTRIALISATION PAR SUBSTITUTION DES EXPORTATIONS (ISE)
CHAPITRE III : DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL VERS LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
Section I : IMPORTANCE DE L’INDUSTRIE
I 1) Les économies d’échelle
I 2) Les externalités
I 3) Les effets de liaison
Section II : INDUSTRIE, MOTEUR DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE
Section 3 : LA MANUFACTURE VERS LE DEVELOPPEMENT
PARTIE II : LA MANUFACTURE ET LE DEVELOPPEMENT : CAS DE MADAGASCAR
CHAPITRE IV : EVOLUTION DE L’ECONOMIE ET DU SECTEUR INDUSTRIEL DE MADAGASCAR
Section I : EVOLUTION DE L’ECONOMIE MALGACHE
Section II: EVOLUTION DU SECTEUR INDUSTRIEL DE MADAGASCAR
CHAPITRE V : LA MANUFACTURE MALGACHE DEVANT SON ROLE MOTEUR DE DEVELOPPEMENT
Section I : CARACTERISTIQUES DU SECTEUR MANUFACTURIER MALGACHE
I-1) Secteur peu diversifié et peu performant
a) Diversité
b) Performance
I-2) entreprises de petites tailles et très concentrées
Section II : LA CONTRIBUTION DE LA MANUFACTURE AU DEVELOPPEMENT DU PAYS
II 1) Emploi dans la manufacture faible
II 2) Développement local déséquilibré
CHAPITRE VI : FACTEURS EXPLICATIVES DU RETARD INDUSTRIEL DE MADAGASCAR
Section I : PROBLEME DE DEBOUCHES
I 1) Etroitesse du marché local
I 2) Difficulté à exporter
Section II : PROBLEME DE FINANCEMENT
Section III : ROLE DE L’ETAT
III 1) Problème d’infrastructure
III 2) Problème lié au foncier
III 3) Problème de gouvernance et stabilité gouvernementale
III 4) La politique tarifaire nuit l’investissement
Section IV : AUTRES FACTEURS
IV 1) Problème de main d’œuvre
IV 2) Problème lié à la concurrence
Conclusion
Référence bibliographique

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