Développement financier et croissance économique

Développement financier et croissance économique

La théorie des groupes de pression

Deux auteurs Rajan et Zingales15 partent du constat que les pays dont les niveaux de développement financier sont plus élevés en 1913 qu’en 1980,viennent tout récemment de dépasser leur niveau de développement financier en 1913 (ils donnent l’exemple de la France qui, en 1913, avait un ratio de capitalisation boursière/PIB presque deux fois plus important que celui des Etats- unis(0,78 contre 0,39) et en 1980 la situation s’est inversée, le ratio était de 0,09 en France et 0,49 aux Etats -unis ). Les deux auteurs expliquent cette situation par le fait que « les groupes de pression s’y opposent, car le développement du secteur financier engendre de la concurrence »16. Ils considèrent l’exemple des grandes sociétés industrielles qui n’ont pas besoin d’un système financier développé pour financer leur production, elles peuvent financer leurs nouveaux projets sur fonds propres sans apports extérieurs, si les fonds ne suffisent pas, elles peuvent obtenir des fonds externes en utilisant leurs projets existants et leur réputation.

De tels emprunts ne nécessitent pas une sophistication extrême du système financier, dont ces entreprises profitent en quelque sorte des rentes dans leur secteur, mais aussi, elles rachètent les nouvelles sociétés dont les affaires sont prometteuses. Le développement financier, en réduisant la valeur des garanties de ces entreprises, aura tendance à diminuer leur rente car le financement d’un projet reposera sur sa viabilité, pas sur la réputation de l’entreprise. Le développement financier améliore la concurrence en favorisant l’entrée de nouvelles entreprises sur le marché, par conséquent, le développement financier facilite l’entrée de nouvelles entreprises et réduit les profits et les rentes des anciennes entreprises ; donc les vielles entreprises bénéficieront moins du développement financier pour ne pas dire perdre. Les perdants vont s’organiser pour faire échec au développement financier en influençant les politiques économiques. En conclusion, le développement financier pourra se faire que si les perdants l’acceptent.

La thèse politique

Cette thèse est traitée selon deux approches. Premièrement, l’approche économique proposée par Marco Pagano et Paolo Volpin (2001)25, qui a pour objectif d’analyser l’interventionnisme politique dans le marché financier. En effet, les intérêts économiques influencent en réalité le processus politique qui, à son tour, aura un impact sur l’élaboration des règles de droit et leurs applications. Ainsi, les représentants politiques instaurent les réformes juridiques souhaitées et suggérées par les groupes d’intérêt. Ce qui peut promouvoir les résultats économiques dans le sens de la maximisation des objectifs des groupes d’intérêt. De même, le facteur politique influe sur le développement bancaire. Les réformes politiques visant à augmenter la protection juridique des créanciers peuvent induire une réduction des efforts de sélection des emprunteurs. Une réforme qui a pour but d’augmenter l’efficacité du système juridique incite les banques à réduire la fréquence de vérification des résultats des entreprises emprunteuses. Deuxièmement, l’approche « idéologique » de la thèse politique, proposée par Mark Roe (1999)26, qui montre que les choix politiques, déterminants la protection des investisseurs et la qualité de son application, sont induits par des facteurs idéologiques. Cette approche s’intéresse à la résolution des problèmes engendrés par l’ouverture du capital des entreprises et par la volonté de rendre les marchés plus étoffés, qui réside dans l’instauration de politique et de structure sociale à ces entreprises. La résolution de ces problèmes ne passe pas, uniquement, par la mise en place d’un environnement juridique, mais, les réformes juridiques doivent être assorties de réformes politiques afin de permettre le développement des marchés financiers et la croissance économique.

Le cadre juridique et réglementaire

C’est un facteur essentiel pour que les apporteurs de capitaux soient en mesure de faire respecter leurs intérêts, en cas de conflits avec les utilisateurs de ces capitaux, la lettre et les conditions d’exécution du contrat ainsi que la réglementation des intermédiaires et des En ce qui concerne les opérations des marchés, le cadre réglementaire couvre deux aspects ; d’une part, il s’agit des obligations, des informations auxquelles sont soumises les entreprises envers les investisseurs (présentation des comptes, communication sur certaines opérations…) ainsi que des possibilités de contestation. Il s’agit, d’autre part, du statut et de l’étendu des pouvoirs de l’autorité de régulation : son indépendance et les sanctions qu’elle peut imposer. Ces mêmes questions se posent à propos de la régulation des institutions financières. Nous savons, en effet, que les particularités des établissements de crédit, c’est-à-dire la différence entre le caractère non liquide de leurs actifs et l’exigibilité de leurs passifs, les rendent potentiellement instables.

Ce qui rend nécessaire une assurance de leurs dépôts, laquelle fait naître un aléa de moralité : une incitation à prendre des risques excessifs puisque ceux-ci sont au moins partiellement pris en charge par l’institution d’assurance (privée ou publique) lorsqu’ils se matérialisent. Une réglementation est donc nécessaire pour permettre la conclusion et le respect de contrats équitables entre les banques d’une part, les déposants et l’institution d’assurance des dépôts d’autre part. Un cadre minimal, commun à un grand nombre de pays a été fixé. Mais, il laisse subsister des différences importantes d’un pays à l’autre dans les textes réglementaires, comme dans leur mise en oeuvre. Et ces différences sont susceptibles de rendre compte d’écarts de croissance, de performances et de stabilité. Toutefois, en ce domaine, ce n’est pas la rigueur des autorités de régulation ou l’intensité de contrôle prudentiel qui importe le plus. Dans certains cas, une réglementation excessive peut être contre productive : c’est le sens de la thèse de la «répression financière» développée par McKinnon27. Des études comparatives28 semblent montrer que la qualité des informations disponibles, les incitations des actionnaires ou des créditeurs (déposants et autres) à contrôler les Institutions financières, mais aussi à assumer leur responsabilité, leur capacité à faire valoir leur droit (en cas de liquidation) contribuent à rendre les banques plus sûres et plus efficaces. marchés apparaissent comme des déterminants du développement financier.

La théorie de la libéralisation financière

La libéralisation dans les pays développés a été réalisée en deux épisodes : le premier a eu lieu durant l’année 1979, et le deuxième s’est passé durant la fin des années 80. Le concept de la libéralisation financière remonte à 1973 lorsque McKinnon et Shaw(1973)33 ont présenté leur thèse dans laquelle ils ont critiqué la situation de répression financière et montré que la libéralisation du secteur financier est un moyen efficace et simple pour accélérer la croissance économique des pays en voie de développement. McKinnon et Shaw considèrent un système économique en déséquilibre avec une abondance d’opportunité d’investissement. Ils se placent dans le cadre de pays en retard dans lesquels les politiques financières adoptées ne permettent pas d’exploiter ces opportunités. En effet, ces dernières se caractérisent par des taux d’intérêt bas et par une forte intervention des autorités dans l’allocation des crédits notamment par le biais des réserves obligatoires. Dans les économies en voie de développement où les auteurs définissent l’inflation comme étant élevée et stable, la politique de taux d’intérêt bas rend alors les taux d’intérêt réels négatifs et pousse les épargnants à préparer les biens refuge à la monnaie. Cette répression conduit à un ralentissement de la croissance économique. Pour McKinnon et Shaw, la libéralisation financière serait la meilleure solution pour promouvoir la croissance économique. Cette hypothèse repose sur deux arguments : d’une part, le plafonnement des taux d’intérêt à des niveaux artificiellement bas réduit l’épargne et l’offre des fonds prêtables, ceci conduit à un rationnement de l’investissement et un ralentissement de la croissance économique, d’autres part, la répression financière entraîne une mauvaise allocation des crédits.

Structure du système financier et croissance économique

La description d’un système financier et l’appréciation de son efficience ne peuvent s’arrêter à la mesure de sa taille. Au delà du volume d’épargne collecté et du montant des financements distribués, la nature des capitaux et la façon dont ils sont affectés sont au moins aussi importants pour juger de la qualité du système financier et donc de son incidence sur la croissance économique. En d’autres termes, la structure compte sans doute autant que la taille dans l’évaluation du développement financier. L’analyse de cette structure renvoie naturellement à de nombreuses caractéristiques, depuis les modalités de fonctionnement des marchés boursiers jusqu’a l’envergure des institutions financières en passant par toutes les formes de régulation, qui encadrent leur activité financière ; cependant, nous nous intéresserons à deux qui nous semblent les plus important : les systèmes financiers basés sur la banque et le marché financier qui ont été soulignés dans les travaux de Guerchenkrom (1962)49, Cameron(1967)50 et Chandler(1977)51. Il ya eu un débat sur les avantages et les inconvénients du système financier dominé par les marchés et le système financier dominé par les banques.

Les économistes qui soutiennent le système financier dominé par les marchés affirment que les marchés fournissent des services financiers qui stimulent la croissance à long terme, et ceux qui soutiennent le system financier basé sur les banques constatent que durant les premières étapes de développement économique et en présence de faibles infrastructures, ce système abouti a de meilleurs résultats par rapport au système basé sur les marchés52. Ainsi, on remarque que dans les années 80, l’économie américaine était faible par rapport à celle du Japon car le Japon utilisait un système financier dominé par les banques contrairement à l’Amérique, mais dans les années 90, l’économie japonaise a eu une faible performance, ce qui a incité à revoir la théorie sur l’efficacité du système financier basé sur les banques. La théorie économique ne permet donc pas de trancher sur la structure du système financier efficace pour stimuler la croissance. Certains économistes tranchent en faveur du système financier dominé par les banques, d’autres en faveur de celui dominé par les marchés, il ya une catégorie qui constate que ces deux systèmes sont complémentaires, certains économistes (La porta, Lopez, Vishny (1999))53, considèrent que cette distinction n’est pas importante, c’est plutôt le système légal qui importe, pour ces auteurs, le système légal est le principal déterminant de l’efficacité du système financier.

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Table des matières

Introduction générale
Chapitre 1 : Développement financier et croissance économique
Section1 : Généralités sur le développement financier et la croissance économique
1. Généralités sur le développement financier
2. Généralités sur la croissance économique
Section2 : L’effet du développement financier sur la croissance économique
1. Le système financier et sa contribution à la croissance économique
2. La relation entre le développement financier et la croissance économique
Chapitre 2 : L’instabilité financière et sa relation avec le développement financier et la croissance économique
Section1 : Développement financier source d’instabilité financière
1. Généralités sur l’instabilité financière
2. L’effet du développement financier sur l’instabilité financière
Section 2 : L’instabilité financière et la croissance économique
1. Les canaux d’influence des crises financières sur la croissance économique
2. Les canaux d’influence de l’instabilité du développement financier sur la croissance économique
Chapitre 3 : Etude empirique sur la relation entre le développement financier, la croissance économique et l’instabilité financière en Algérie
Section 1 : L’évolution du système financier algérien
1. Le cadre juridique et réglementaire du système financier algérien
2. Le système financier algérien et le programme d’ajustement structurel

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