Développement et besoins de l’enfant de 6 à 12 ans
Terrain de recherche
Méthode
En premier lieu, j’ai construit un questionnaire (Annexes I) ouvert répertoriant différentes thématiques concernant le stress infantile. J’ai voulu créer un outil permettant de se faire une idée globale du stress infantile ainsi que de la vision des professionnel·le·s de l’enfance. Le questionnaire ouvert a permis aux personnes interrogées une totale liberté d’expression. Mon but était de ne pas avoir de réponses uniquement affirmatives ou négatives. J’ai interrogé les éducatrices sur leur représentation personnelle du stress infantile. Certaines questions cherchaient à définir les signes, les sources et les conséquences du stress. D’autre part, je me suis intéressée à leurs éventuelles attitudes professionnelles pour prévenir le stress notamment en termes de partenariat avec les familles, d’activités ou d’aménagements de l’espace.
Le choix de commencer ma recherche par un questionnaire très ouvert m’a permis de me faire une idée globale de la vision du stress de quelques EDE ainsi que l’importance de la thématique du stress infantile au sein des structures. Après analyse des questionnaires, j’ai souhaité aller plus loin dans la réflexion et dans l’échange avec les professionnel·le·s de l’enfance. J’ai donc décidé d’aller à la rencontre de deux éducatrices sensibles à la thématique du stress pour m’enrichir de l’expérience de ces dernières. Diverses questions ont été abordées par le biais d’entretiens personnelles (Annexes III). Ces échanges m’ont permis de travailler sur ma capacité à entendre le point de vue d’autrui en restant le plus neutre possible mais également sur mes compétences de reformulation. Etant donné que la thématique du stress est un élément très personnel, je suis consciente que les données récoltées ne peuvent être généralisées.
Choix des échantillons
Pour les questionnaires, j’ai mis un point d’honneur à interroger des personnes ayant été diplômé·e·s éducateurs·trices de l’enfance. Selon moi, ce sont les personnes les plus aptes à répondre aux questions que je me posais car ce sont des professionnel·le·s du domaine de l’enfance. Pour ce faire, j’ai mis à contribution mes camarades de classe travaillant avec des éducateurs·trices de l’enfance accompagnant les enfants de 6 à 12 ans. J’ai décidé d’utiliser cet échantillon car mes camarades travaillent tous et toutes dans des structures différentes et cela ne pouvait être qu’enrichissant et diversifié. De plus, j’ai ciblé l’échantillon des questionnaires sur la région du Valais. Je suis partie du postulat que les facteurs de stress évoluent en fonction de l’endroit où nous nous trouvons (ville, campagne, etc.) Pour ce questionnaire, 15 femmes diplômées éducatrices de l’enfance ont participé.
En ce qui concerne les entretiens, j’ai mis une annonce sur le réseau social « Facebook ». Sur ce dernier, une page est destinée aux éducateurs·trices de l’enfance travaillant en valais. J’ai donc fait une demande d’entretien en stipulant le thème de ma recherche ainsi que le profil des personnes que je souhaitais interroger, c’est-à-dire des professionnel·le·s de l’enfance diplômé·e·s ES et travaillant avec les enfants de 6 à 12 ans. Deux semaines avant les entretiens, j’ai envoyé le canevas de ce dernier avec les questions à travailler. Les personnes ont pu construire leurs pensées et leurs avis sur ces dernières. Cela nous a permis d’avoir des échanges détaillés, concrets et réfléchis. Pour finir, que ce soit pour les questionnaires ou les entretiens, j’ai testé en amont les questions sur un de mes proches ne travaillant pas dans le domaine de l’enfance. Ce travail m’a permis de recentrer certaines questions trop vastes ou trop subjectives.
Présentation des données et analyse
Questionnaires
Pour commencer, les données récoltées sont représentatives de l’échantillon que j’ai sélectionné. En effet, elles démontrent certaines tendances qui émergent et se dessinent.
Toutes les EDE considèrent qu’un stress imposé démontre une certaine forme de négligence de la part des adultes accompagnant l’enfant. Plusieurs personnes classent le stress imposé dans la catégorie des douces violences. Bien évidemment certaines personnes soulignent le fait que le stress est parfois indépendant de l’adulte notamment les décès, la maladie ou les naissances par exemple.
Plusieurs définitions émanent des questionnaires concernant le stress infantile. Les professionnelles de l’enfance considèrent qu’il peut être parfois bénéfique. Il permet de se surpasser, de croire en soi, etc. Cependant, un stress constant peut vite devenir problématique. Elles relèvent également le manque d’attention et de compréhension de la part des adultes concernant le stress des enfants sous prétexte que ce sont des enfants. Rassurer l’enfant face à un stress, lui donner les moyens d’apprivoiser et de réduire son stress revient de la responsabilité du parent ou des adultes accompagnants selon les professionnelles de l’enfance.
Pour la majorité des personnes interrogées, le stress infantile se distingue comme étant une thématique très actuelle. Elles relèvent des éléments comme la vitesse mise à l’honneur, le manque de temps, l’occupation à l’extrême, l’absence de temps pour s’embêter ainsi que les attentes de plus en plus élevées comme des éléments principaux de notre société actuelle.
Ces facteurs créent selon elles un climat de tension et d’anxiété, notamment chez les enfants. Une personne se démarque des autres en répondant négativement à la question du stress infantile comme thématique actuelle. Selon elle, le stress n’est pas un élément particulier de notre époque actuelle.
Dans l’ensemble des questionnaires, les professionnelles de l’enfance relèvent bon nombre de facteurs de stress. Le graphique ci-dessous répertorie l’ensemble des réponses énoncées par les EDE interrogées.
Je suis surprise de voir que pour 39% des personnes questionnées, la question du stress infantile n’est pas une de leurs préoccupations institutionnelles. Elles affirment que cette question n’a jamais été abordée lors des discussions d’équipe. D’autre part, 46% des EDE sont sensibles à cette thématique et de ce fait, aménagent leur quotidien, réfléchissent à leurs attitudes, etc. Une partie des personnes (15%) répondent à cette question par l’affirmative et la négative simultanément. En effet, le bien-être de l’enfant ainsi que la satisfaction de ses besoins sont au centre de leur pratique. Cependant, le stress infantile n’est pas abordé si elles n’observent pas de signes de mal être chez l’enfant. En somme, pour ces personnes, il n’y a pas de prévention du stress dans leurs structures respectives.
Le graphique suivant indique l’ensemble des techniques de prévention du stress utilisées par les EDE ayant affirmé être préoccupées par le stress infantile. Ces dernières proposent différents types de prévention. Pour une majorité des personnes (29%), la prévention du stress passe par une réflexion concernant l’aménagement de l’espace. En effet, elles construisent fréquemment des coins dits « calmes » qui sont des espaces confinés permettant à l’enfant de se retrouver avec lui·elle-même. Elles offrent également des coins pour travailler la motricité globale des enfants ou leur créativité.
Dans un deuxième temps, 24% des personnes affirment faire de la prévention en prenant en compte les besoins ainsi que les émotions de l’enfant. Selon elles, une écoute et une présence de qualité permettent à l’enfant de se protéger face aux différents stresseurs. Certaines activités comme la relaxation, le yoga, le jardinage, les mandalas, contribuent à la prévention du stress infantile selon 24% des EDE interrogées. Un faible pourcentage (14%) souligne l’importance d’une organisation en UAPE pour éviter la formation de stress. Cela passe par de l’anticipation des moments de transitions, la séparation des grands groupes, l’établissement de routines, etc. Pour finir, une minorité (9%) affirme qu’encourager l’enfant ainsi que souligner les éléments positifs contribuent à son bien-être en diminuant son stress.
Ma dernière question concernait leur manière de dialoguer avec les enfants sur leur stress. Un tiers des professionnelles affirment ne jamais interroger les enfants sur ce thème. Pour les deux tiers restant, elles utilisent les temps d’accueil pour mettre des mots sur les préoccupations des enfants ou en parlent de manière spontanée durant la journée. Elles utilisent des outils ludiques comme les histoires, les théâtres, etc. pour parler de ce sujet délicat qui est les émotions.
Entretiens
Lors de mes entretiens, j’ai demandé aux personnes interrogées de me définir les facteurs de stress dépendants directement de l’UAPE. Ces stresseurs sont les suivants : le nombre d’enfants, les moments de transitions, le rythme soutenu, le bruit, la relâche après la tension scolaire, les allers-retours école/UAPE, la fatigue des horaires (arrivée à 6h30 et départ à 18h), les normes qui augmentent, le stress du personnel éducatif, l’arrêt des activités brusques dicté par les horaires scolaires, etc.
Les signes observés chez les enfants stressé·e·s sont relativement semblables à ceux relevés lors de l’analyse des questionnaires soit l’agitation, la nervosité, le retrait, les troubles alimentaires, la fatigue, l’eczéma, les pleurs, les maux de ventre, etc. Elles soulignent des éléments nouveaux qui sont de l’arrogance ainsi que des gestes et des paroles vifs à l’égard des adultes. Toutes deux me font part d’un climat explosif observé chez les enfants accueilli·e·s en UAPE.
Suite à ça, elles me transmettent les différentes techniques d’interventions qu’elles proposent au sein de leur structure d’accueil. Pour une des personnes, le dialogue avec les familles est le point central de leur prévention du stress. De plus, elle met en place des cercles de paroles pour verbaliser et accompagner les émotions des enfants. Pour la seconde personne, sa structure définit en premier lieu s’il s’agit d’un stress ponctuel ou prolongé. Ensuite, le personnel éducatif en parle avec l’enfant, le rassure, cherche du soutien auprès de ses pairs, fait part de son expérience personnelle, etc. Pour finir, les professionnelles en parlent lors des moments de colloques ainsi qu’avec les parents si l’enfant l’autorise.
En termes d’activités et d’aménagements, les professionnelles interviewées agissent sur le stress à travers des coins calmes, des coussins où frapper appelés fatboy, des ateliers sur les émotions, des ateliers moteurs pour se défouler, des jardins japonais permettant de ratisser, des exercices de relaxation, etc. Une des professionnelles souligne que le fait de travailler sur sa relaxation peut provoquer de la gêne. Cependant, ces exercices peuvent correspondre à chacun·e dû à la diversité des activités. De plus, une influence positive sur le groupe est notable selon cette dernière.
Pour répondre à ma question de recherche, les éducatrices affirment à l’unanimité qu’elles ont un rôle de prévention dans le stress de l’enfant en UAPE. Selon elles, nous sommes des facteurs d’influence car les enfants passent énormément de temps au sein de l’UAPE accompagné·e·s par les professionnelles de l’enfance. De ce fait, nous devons être attentifs·ves à ne pas transmettre notre propre stress ainsi qu’à conserver la notion de plaisir sur nos lieux de travail. De plus, selon elles, en tant qu’EDE, nous avons la responsabilité de sensibiliser les parents sur le stress qui peut être vécu au sein des UAPE (horaire, nombre d’enfants, etc.) Au terme de notre discussion, une éducatrice répond à l’affirmative lorsque je lui demande si le stress au sein des UAPE est inévitable. Elle se demande donc jusqu’à quand nous allons imposer autant de pressions sur les épaules des enfants.
Comme discuté précédemment, la pression scolaire est un facteur important de stress chez les enfants de 6 à 12 ans. En ce sens, lors des interviews, j’ai demandé aux deux EDE quel était leur lien avec le corps enseignant. Très peu d’échanges sont faits entre les UAPE et l’école. Cela relève notamment de l’interdiction de transmettre toutes informations concernant les enfants sans une autorisation parentale. Les EDE observent uniquement certains comportements comme par exemple un manque d’enthousiasme, des sacs ainsi que des agendas surchargés, une pression mise par les élèves pour réussir, suivre et rester concentré·e·s lors des cours.
Pour finir, les deux EDE soulignent l’importance de cultiver certaines valeurs vis-à-vis des enfants qui les accompagnent. D’une part, le droit à l’erreur, la prise de conscience de ses émotions et de son stress, l’anticipation des situations de groupes, etc. participent à la prévention du stress infantile selon elles. D’autre part, être capable de passer le relais, de se ressourcer ainsi que la prise de pauses sont des éléments essentiels du bien-être au travail pour le personnel éducatif et par conséquent pour les enfants accueilli·e·s.
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Table des matières
1 Introduction
1.1 Thématique
1.2 Problématique
1.3 Question de recherche
2 Développement
2.1 Cadre théorique
2.1.1 Stress
2.1.2 Stress de performance
2.1.3 Estime de soi
2.1.4 L’attachement
2.1.5 Développement et besoins de l’enfant de 6 à 12 ans
2.1.6 Rôle de prévention de l’EDE
2.2 Terrain de recherche
2.2.1 Méthode
2.2.2 Choix des échantillons
2.2.3 Présentation des données et analyse
2.2.4 Discussion, questionnement
3 Conclusion
3.1 Retour sur la question de recherche
3.2 Limites de la recherche
3.3 Perspectives
Table des références
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