Classiquement, l’administration publique est reconnue pour sa vocation de satisfaction des besoins vitaux de la population à travers ses services publics. Elle est le moteur de l’Etat et sert à la légitimation de son intervention. Son existence justifie donc l’existence de l’Etat.
De nos jours, l’administration publique est perçue comme un instrument de la réalisation des décisions politiques et plus largement de la politique générale de l’Etat. C’est pourquoi dans un pays en voie de développement comme Madagascar, elle est entendue comme un instrument du développement. C’est ainsi qu’on parle de « Administration de développement », c’est-à-dire une administration au service du développement.
A Madagascar, des programmes de lutte contre la pauvreté ont existé depuis 1980, et actuellement, le Madagascar Action Plan ou MAP, un plan quinquennal de 2005 à 2012, est par excellence le plan national qui vise le développement à travers sa vision « Madagascar Naturellement ». Le MAP dans son engagement n°1 intitulé « Gouvernance Responsable » engage l’Etat Malagasy à la mise en place d’un gouvernement à qui chaque citoyen, ainsi que la communauté internationale, peuvent faire confiance, la formation d’agents publics intègres, efficaces et professionnels dans l’accomplissement de leurs tâches et la prestation de services.
Le dysfonctionnement de l’Administration publique Malagasy
Les conséquences de la bureaucratie
Ces conséquences sont palpables surtout au niveau du fonctionnement de l’Administration et au niveau de la fonction publique. Ce sont :
➤ Le manque de responsabilité des agents de l’Etat et la peur d’en prendre au sein de l’Administration. On s’ingénie de repousser le pouvoir de décisions vers le sommet, à pratiquer l’irresponsabilité, à éviter les initiatives pour être moins vulnérable.
➤ La complexité des méthodes administratives assorties de procédures, de délais et de règlementations excessives. La lenteur des procédures et la longueur des délais font partie des reproches faites au système administratif malgache. En effet, l’établissement de tout document administratif est soumis à une procédure bien définie et enfermée dans des délais déterminés. S’il est opportun de soumettre la délivrance d’un papier ou la constitution d’un dossier à une procédure, il convient de déplorer la longueur des délais. Cela dit, tout ceci peut déboucher sur des conséquences néfastes.
L’usager du service public, pour éviter que son dossier ne traîne, préfère donner des pots-devin aux agents pour accélérer les démarches. En plus des délais et des procédures, l’Administration foisonne des règlementations pesantes. Ces règles sont aussi contraignantes et si complexes qu’un usager ne les comprenant pas, par manque d’information de la part de l’Administration, choisit de s’en détourner par des voies illégales. Par exemple, le chauffeur qui commet une infraction peut éviter la sanction en offrant une transaction à l’agent de police.
Cette lourdeur de l’Administration rend donc la corruption possible, et les fonctionnaires véreux peuvent accroître les formalités administratives afin d’extorquer des fonds occultes supplémentaires.
➤ Non motivation des agents publics : cela est dû tout d’abord par une rémunération non attrayante. Pour l’agent qui est au service de l’Etat et travaille à la réalisation de ses objectifs de développement, le service public est opposé aux activités privées correspondant à des intérêts matériels et financiers. Malgré cela, il bénéficie malheureusement d’un traitement modeste qui ne permet pas souvent de subvenir aux besoins de sa famille. Ce qui favorise la corruption de la part des agents publics qui n’hésitent pas à accepter des pots-de-vin pour un service qu’il peut offrir facilement.
D’autre part, le système de carrière adopté par l’Administration publique malgache explique le manque d’investissement des agents dans leur travail. En effet, ce système ne tient compte ni des compétences de l’agent ni de sa performance. Ce dernier ne se soucie donc pas d’améliorer son travail ni de penser à élargir sa culture générale car il est assuré de passer d’un échelon à l’autre du moment qu’il remplit le temps de service requis.
Et puis, on constate de nos jours que ce système bureaucratique a engendré une maladministration c’est-à-dire qu’on décèle des maladies de la bureaucratie qui sont au nombre de quatre :
• La manie qui est l’application des règlements et l’emploi des procédures qui deviennent facilement un formalisme absurde, la réglementation automatique, la procédure vide de sens qui érige en principe l’élaboration de règles nouvelles, la superposition des textes et l’accroissement des détails et de procédures inutiles, l’obsession du caractère impératif des décisions, du caractère sacré du précédent même si cela est inadapté.
• La myopie, c’est-à-dire que la bureaucrate devient prisonnier de la technique et des procédures et devient incapable de s’adapter aux situations inhabituelles. Il est enfermé dans son univers limité. Il a une vue étroite des choses et ne tolère pas l’intrus qui vient lui proposer une autre vision.
• La paranoïa qui est une forme excessive d’orgueil mêlée de susceptibilité et de méfiance. Le bureaucrate est fier des ses connaissances techniques, de son statut, il se glorifie et méprise les critiques. Refusant d’admettre qu’il s’est trompé, il rejette la responsabilité de ses erreurs sur les autres dont les usagers.
• L’indifférence, c’est-à-dire que le bureaucrate est insensible aux besoins des usagers.
Ces maladies de la bureaucratie entraînent inévitablement le mauvais traitement des usagers par les agents et la mauvaise qualité du service rendu par exemple accueil non satisfaisant, manque de respect et de courtoisie , interruption inexpliquée du service, absentéisme, retard,..
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Table des matières
INTRODUCTION
CHAPITRE I : LA NECESSITE DE LA REFORME DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE MALAGASY
SECTION 1 : LE CONTEXTE NATIONAL
§1- Les données historiques
§2- Le dysfonctionnement de l’Administration publique Malagasy
§3- Le changement du rôle de l’Etat
SECTION 2- LE CONTEXTE INTERNATIONAL
§1- L’influence des mutations et tendances internationales
§2-Les concrétisations des réformes
CHAPITRE II : LA MISE EN ŒUVRE DE LA REFORME DE L’ADMINISTATION PUBLIQUE MALAGASY
SECTION 1- STRATEGIES DE REFORME DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE MALAGASY
§1- Les stratégies de réforme au niveau des agents publics
§2- Les nouvelles techniques et procédures administratives
SECTION 2- LE SOUTIEN DES INSTITUTIONS INTERNATIONALES A TRAVERS LE PREA (Programme de Réforme pour l’Efficacité de l’Administration)
§1- Le PREA ou Projet de Réforme pour l’Efficacité de l’Administration
§2- Les projets du PREA
CONCLUSION
RESUME
BIBLIOGRAPHIE