Historiquement, le développement économique a conduit les différents souverains
de la Grande-île à « rassembler toutes les forces et les richesses du pays pour forger une mentalité, une culture et des valeurs communes afin de dégager une vision d’ensemble digne d’un développement économique pérenne et pour le bien-être de tous ». Au lendemain de l’indépendance de Madagascar en 1960, le développement économique est devenu un credo national et chaque citoyen est investi de la mission de le défendre et mettre à disposition tous les moyens pour y parvenir. Cet appel ne s’est pas fait à sens unique. En effet, l’Etat malgache, a mis en œuvre différentes politiques de développement socio-économique mais celles-ci ont subi différents obstacles sociopolitiques qui les ont conduits à un « avortement précoce ». L’instabilité et les crises politiques cycliques sont aujourd’hui considérées comme le premier obstacle qui ralentit et régresse le développement socio-économique de Madagascar. D’autres facteurs internes ou externes peuvent cependant avoir pour conséquence une instabilité politique et une crise sociale entrainant une chute de l’économie nationale.
En effet, ce pays a de fortes potentialités en ressources naturelles, alors que des crises cycliques socio politiques de 1972 , 1991, 2002 et 2009 ont joué en faveur de la détérioration croissante du niveau de vie de la population et de la vie économique du pays. Ainsi, le développement économique de Madagascar fait face à des obstacles à la fois intrinsèque et extrinsèque et soutenu par une crise politique qui perdure depuis 2009 et qui a fait peser un lourd tribut socioéconomique. Cette crise, devenue depuis lors socioéconomique, a augmenté le nombre de la population des couches les plus vulnérables, a conduit l’économie à un point inerte alors que la pauvreté a galopé et les indicateurs sociaux sont virés au rouge en se dégradant.
Développement économique et théories de relance économique
La notion de développement économique
Le développement concerne tous les secteurs sociaux et de la vie de l’Homme ; il dépasse le seul cadre purement économique. Il s’agit d’un processus multidimensionnel et pluridisciplinaire regroupant tous les phénomènes socioéconomiques, juridico-politiques, les aspects et évolutions des mentalités, des croyances, des pratiques, l’évolution de la science et des modes de pensée. Des changements radicaux des structures et dispositions administratives, institutionnelles, sociales ainsi des modifications des comportements, des modes de vie, des normes, des croyances peuvent être induits par le développement. Le développement ne se présente pas seulement comme un phénomène national mais il peut se réaliser et se diffuser en entrainant des répercussions, des changements et modifications considérables et fondamentaux dans le système économique et social international. Il consiste en un redressement durable du niveau de vie. Celui-ci est mesuré non seulement par le niveau de la consommation, mais aussi par le niveau d’instruction et l’état sanitaire de la population ainsi que par le degré de protection de l’environnement.
L’appréhension de la notion de développement économique suppose d’explorer son évolution historique, sa définition en saisissant les théories classiques ou traditionnelles, la question de la mesure du développement, les approches nouvelles ou contemporaines du développement et la notion de Pays les Moins Avancés (PMA) .
Evolution à travers l’histoire
Développement, Sous-développement, Pays en développement, acteurs du développement, développement Humain…, le terme développement appartient désormais au langage courant. De prime abord, chacun semble à même d’en comprendre le sens. Et pourtant comme la plupart des termes et expressions utilisés au quotidien, il se construit autour de lui un consensus qui en masque la complexité et empêche de le mettre en évidence. Avant d’entamer une réflexion sur le développement économique, il est indispensable de s’interroger sur les fondements du concept de développement. Il ne s’agit pas ici de retracer l’évolution historique détaillée du concept, mais de rappeler les grandes étapes de son émergence et de mettre à jour les présupposés qui le sous-tendent.
Le développement est apparu au XVème siècle .Il est dérivé du verbe développer qui tire son origine du vieux français « voloper ». Celui-ci serait (quant à lui) issu d’une synthèse entre faluppa « balle de blé » et le verbe latin « volvere » signifiant dans sa forme active faire rouler, faire avancer. Ce mot était aussi employé pour montrer « l’ensemble de mécanismes qui, à partir d’unités élémentaires, édifient au sein de l’individu des ensembles de plus en plus complexes agissant en relation les uns avec les autres ». Emprunté au langage de la biologie, le développement a été transposé pour décrire par analogie la transformation des sociétés qui passent de structures simples à des structures complexes. En effet, pour tout être vivant ayant une reproduction sexuée, le développement se déroule de façon immuable selon 4 étapes : fécondation, organisation, maturation, sénescence. Appliqué aux sociétés, le développement acquiert un caractère inéluctable, irréversible et positif. Dans une signification largement consensuelle, le développement est associé à la notion de progrès .
Au XXème siècle, la notion de développement apparaît pour la première fois dans un texte international pour montrer que les pays colonisés doivent rester sous les ordres de leurs colonisateurs jusqu’à ce qu’il trouve un degré de développement acceptable. Le terme développement est également apparu dans le point IV du Discours sur l’état de l’Union du Président Américain H. Truman (le 20 janvier 1949) pour inciter les pays développés à lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de l’avancé scientifique et de progrès industriel des pays développés au service de l’amélioration et de la croissance des régions sous-développées.
La Conférence de Bandoeng du 18 au 24 avril 1955, a avancé la mise en place de nouvelles institutions internationales chargées de mettre en œuvre le modèle de développement défini par les Etats industrialisés qui sont la création de la Société financière internationale pour favoriser les investissements privés, la création d’un fond spécial des Nations Unies pour le développement économique, qui ont été fusionnés avec le Programme élargi d’assistance technique pour donner naissance au PNUD. En 1962, l’Assemblée Générale des Nations Unies proclame la première décennie des Nations Unies pour le Développement.
Définitions
Le concept « développement » est un terme générique qui fait l’objet de différentes lectures notamment politique, économique, sociologique etc. Le langage courant présente le concept de développement comme le synonyme d’une dynamique de progrès, celui-ci s’explique par le passage d’une étape A à une étape B plus meilleure . Le langage académique propose quant a lui une approche définitionnelle fondée sur les dimensions politiques, économiques et sociologiques avec les spécificités que chacune présente, ce qui crée l’ambiguïté autour du concept. C’est donc sur ces trois dimensions que nous allons pencher nos définitions avant de les comparer à d’autres définitions provenant d’autres auteurs.
L’approche politique
Partant de l’idée que le développement implique une politique systématique et cohérente de l’État dans le but de promouvoir le progrès économique et social d’un peuple, il devient clair que le contenu du concept ne saurait, en aucun cas, se dissocier des impacts produits par l’intervention des pouvoirs publics dans le processus de développement. La dimension politique du développement comme l’a expliqué Jean Ronald Legouté se focalise autour du rôle de l’Etat au sein du processus de développement. Ce rôle a fait l’objet de grands débats. La contre révolution néoclassique a tout d’abord prôné la réduction sévère du rôle de l’Etat au profit du marché. Devant les échecs, les néoclassiques ont dû au moins implicitement reconnaître la dimension politique du développement notamment à travers la « bonne gouvernance ».
Dans ce cadre, l’État est appelé à jouer un rôle capital qui se révèle d’ailleurs incontournable dans le processus de développement. Même si les forces du marché et la sphère privée ont toujours été considérées comme les éléments dominants du développement, il reviendra toujours à l’État d’assumer le rôle de stimuler et de réguler la croissance afin d’atténuer ou de corriger certains effets sociaux négatifs, le plus souvent déstabilisateurs. D’ailleurs, comme nous rappellent Boutaud et Deblock, « l’application des politiques de développement dépend de la stabilité politique et sociale du pays en question ». À la faveur de ces considérations, il devient clair que la notion de développement comporte, à travers le rôle qu’il assigne à l’État, une dimension politique incontournable qu’il convient de prendre compte. Au total, le développement se présente comme un phénomène dynamique complexe et multidimensionnel.
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE I : CADRAGE GENERAL
Chapitre I : Développement économique et théories de relance économique
Section 1- La notion de développement économique
Section 2- Théories de relance économique
Chapitre II : Description générale de l’économie de Madagascar
Section 1- Les potentialités de Madagascar
Section 2- La structure de l’économie malgache
PARTIE II : CADRE PRATIQUE
Chapitre I : Analyse empirique du cas de Madagascar
Section 1 – Méthodologie
Section 2 – Résultats
Chapitre II : Proposition d’un plan de relance économique
Section 1 – Plan choisi
Section 2- Le Fonds Public d’Investissement et la Finance Islamique
CONCLUSION