Développement durable, agriculture durable

Développement durable, agriculture durable

PROGRAMME D’AJUSTEMENT STRUCTUREL, SECURITE ALIMENTAIRE ET DURABILITE AGRICOLE: CONSIDERATIONS THEORIQUES ET CONCEPTUELLES

Les PAS sont devenus au cours des années 80 le passage obligé pour la quasi-totalité des pays de l’ASS. La littérature économique est abondante sur l’origine des PAS, leurs fondements théoriques, les résultats obtenus, les impacts sociaux, etc. Cependant, les travaux sur des aspects spécifiques comme l’impact sur la sécurité alimentaire ou sur l’environnent sont moins nombreux. Le concept de sécurité alimentaire a connu une évolution importante ces dernières années, la plus importante étant l’évolution du niveau d’analyse. Il en est de même de la notion de l’agriculture durable qui est devenu dans les années 80 un domaine d’intérêt privilégié. Ce chapitre présente les fondements théoriques des PAS ainsi que leurs effets potentiels sur la sécurité alimentaire et l’environnement. 2.1. Les programmes d’ajustement structurel 2.1.1. L’origine des PAS Les racines de la crise des années 80 en Afrique remontent à ce que Griffon (1989) a appelé “la montée en puissance de l’état monopoliste” depuis les indépendances. En effet, les Etats africains ont suivi à quelques variantes près le schéma suivant: – développement de l’état à partir du système de taxes sur les importations et les exportations hérité de l’époque coloniale; – création de grandes entreprises publiques et nationalisation des filières d’exportation mais aussi des filières vivrières; – dispositif de stabilisation des prix; – nationalisation des banques etc. Le résultat de ce processus est une augmentation formidable des charges de l’état (par rapport aux recettes) et un endettement rapide favorisé par des offres faciles d’emprunt pendant les années 70. La dette à long terme des pays africains est multipliée par 19 de 1970 à 1988. Cette situation a accru la vulnérabilité aux chocs extérieurs des économies africaines qui connaissent ”le syndrome hollandais”1 (Heidhues et al. 1999). La chute des cours des principaux produits d’exportation vers la fin des années 80 a créé des crises de liquidité et des déficits macro-économiques et financiers importants qui peuvent être répartis en trois groupes importants (Azoulay et Dillon 1993, p57. Voir aussi annexe I): – Une croissance plus rapide de la consommation publique et privée par rapport à l’offre nationale. Ce premier déséquilibre a pour conséquence une réduction des capacités nationales d’épargne et la prise en charge progressive de l’investissement par des financements extérieurs. – Une forte croissance de dépenses publiques à caractère rigide, supérieure à celle de recettes publiques fluctuantes, générant un déficit budgétaire, source d’accroissement de l’endettement du trésor auprès du système financier national et vis-à-vis de l’extérieur. – Un déséquilibre des échanges, les importations croissant plus rapidement que les exportations et aggravant le déficit de la balance commerciale. L’économie béninoise, qui s’est relativement bien portée pendant les années 70, a connu au début des années 1980 un ralentissement de la croissance en raison de facteurs internes et de chocs extérieurs: – Le facteur interne le plus important est l’augmentation des dépenses publiques suite au lancement par le gouvernement socialiste d’un vaste programme d’investissements publics. – En raison de la pauvreté du pays en ressources minières, l’économie a souvent été extravertie et basée sur le captage des rentes dans les pays voisins2 . Ainsi la mévente des phosphates du Togo, de l’uranium du Niger et la chute répétée du cours du pétrole au Nigeria au milieu des années 80 ont considérablement modifié le fonctionnement du système de réexportation (Igué et Soulé 1992). Les obligations du service de la dette et le déficit courant ont atteint des niveaux insoutenables, les finances publiques se sont détériorées, et les pertes subies par deux tiers des entreprises publiques ont commencé à menacer sérieusement la solvabilité des banques de l’Etat obligeant le Gouvernement à signer le premier PAS en 1989.

Les fondements théoriques de l’ajustement

Sur la base de leur analyse des causes du déséquilibre (annexe I), les organisations internationales (le FMI et la Banque Mondiale) se réfèrent à plusieurs approches théoriques pour proposer des instruments de politique. Les interventions du FMI orientées vers la stabilisation macro-économique se basent sur l’approche monétaire de la balance des paiements et sur l’approche post-keynésienne de l’absorption. Les programmes d’ajustement structurel de la Banque Mondiale ont plutôt des fondements micro-économiques basés sur l’offre et les prix relatifs. Dans l’approche monétaire de la balance des paiements, l’excès d’émission de monnaie est à l’origine de déficit des échanges extérieurs et de l’inflation. L’offre de monnaie est égale à la somme du crédit intérieur et des réserves de change. La variation des réserves de change est égale au solde de la balance des paiements. Si la demande de monnaie est supposée donnée, les réserves de change dépendent d’une part de l’évolution du crédit intérieur et, d’autre part, du taux de change. Pour rétablir l’équilibre, il faut soit plafonner l’offre de monnaie au niveau de la demande d’encaisses, soit procéder à l’ajustement du taux de change. Soit, mieux encore les deux. Dans l’approche post-keynésienne, le déficit de la balance des paiements courants correspond à un excès de l’absorption sur le revenu. L’inflation est attribuée à un excès de demande globale par rapport à l’offre c’est-à-dire un excès des revenus distribués. Le déficit de la balance des paiements et l’inflation ont la même source, l’excès de demande globale. Bien que d’origine différente ces deux approches convergent: le financement monétaire du déficit monétaire est la cause principale du déséquilibre externe. L’approche de l’offre distingue deux types de biens produits par l’économie considérée: les biens échangeables et les biens non-échangeables. Selon le modèle, une augmentation de la consommation globale provoque un accroissement considérable du déficit de la balance commerciale à travers: – une réduction de la production de biens échangeables et donc du volume des exportations, – une augmentation de la consommation d’échangeables par les consommateurs privés, résultant en une augmentation des importations. Une politique d’ajustement devra donc avoir l’effet exactement inverse: la réduction du déficit public devra entraîner une réduction amplifiée du déficit extérieur, par augmentation des exportations et réduction de la consommation privée de biens importés. Selon cette approche qui accorde une grande importance aux conditions micro-économiques, le non-respect du système des prix intérieurs tel qu’il résulterait des mécanismes de marché est la source des déséquilibres. Pour la démonstration théorique des trois approches, voir annexe II3. Forts de ces considérations théoriques, le FMI et la Banque Mondiale proposent des mesures spécifiques pour rétablir les équilibres macro-économiques et financiers.

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Table des matières

TABLE DES MATIERES
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des abréviations
1. INTRODUCTION2. PROGRAMME D’AJUSTEMENT STRUCTUREL, SECURITE ALIMENTAIRE
ET DURABILITE AGRICOLE, CONSIDERATIONS THEORIQUES ET CONCEPTUELLES
2.1. Les programmes d’ajustement structurel
2.1.1 L’origine des PAS
2.1.2. Les fondements théoriques de l’ajustement
2.1.3 Les mesures des PAS
2.1.4. La dévaluation
2.1.5. Les termes des échanges intersectoriels
2.2. La sécurité alimentaire
2.2.1. Evolution du concept
2.2.2. Définitions
2.2.3. Programmes d’ajustement structurel et sécurité alimentaire
2.3. Développement durable, agriculture durable
2.3.1 Historique
2.3.2 Définitions
2.3.3. Politiques économiques, pauvreté et environnement
2.4. Résumé et Conclusions
3. METHODOLOGIE, DONNEES ET MODELES
3.1. L’analyse de l’impact des PAS dans la littérature
3.2. Les comparaisons avant-après
3.3. Les termes des échanges comme indicateur du bien-être des producteur
3.4. La modélisation du secteur agricole
3.4.1.Le module production
3.4.1.1. La fonction objectif
3.4.1.2. Les contraintes
3.4.1.3. La prise en compte du risque
3.4.1.4. Les anticipations de prix
3.4.1.5. Les équations fondamentales du module production
3.4.2. Le module marché
3.4.2.1. La représentation des marchés
3.4.2.2. Rappel: La théorie néo-classique de la demande
3.4.2.3. Le système de demande AIDS
3.4.2.4. La méthode de calibrage de l’AIDS: la forme fonctionnelle
CDE3.5. La modélisation bio-économique
3.6. Sources et collecte des données
3.6.1. Les données pour l’analyse comparative micro-économique
3.6.2. Les données pour le calibrage des modèles
3.7. Conclusions
4. L’ECONOMIE BENINOISE SOUS AJUSTEMENT STRUCTUREL
4.1. Les composantes des PAS
4.1.1. Les composantes globales des PAS
4.1.2. La dévaluation du franc CFA
4.1.3. Les mesures sectorielles agricoles
4.1.3.1. La libéralisation des marchés et la suppression des subventions
sur les intrants
4.13.2. Les mesures institutionnelles du PRSA
4.2. Impact macro-économique des PAS
4.3. Impact micro-économique des PAS
4.3.1. Impact sur les producteurs agricoles
4.3.1.1. Evolution du bien-être selon les producteurs
4.3.1.2. Evolution du système de culture et de la production
4.3.1.3. Evolution des revenus
4.3.1.4. Evolution de l’utilisation d’intrants
4.3.2.Impact sur les consommateurs urbains
4.4. Conclusions
5. BIAIS AGRICOLES ET BIEN-ETRE DES PRODUCTEURS: LES TERMES DES
ECHANGES INTERSECTORIELS
5.1. Estimation empirique des termes des échanges
5.2. La structure des échanges
5.3. Indices de prix
5.4. Les termes des échanges
5.5. Discussions et conclusions
6. IMPACT DES P.A.S SUR LA PRODUCTION AGRICOLE ET L’ENVIRONNEMENT AU NIVEAU REGIONAL: L’ANALYSE BIO-ECONOMIQUE
6.1. Le Borgou central et ses types d’exploitations
6.2. Réaction des producteurs et impact sur la production agricole et l’environnement
de la dévaluation du CFA
6.3. Conclusions
7. IMPACT SUR LA PRODUCTION AGRICOLE ET LA SECURITE URBAINE: ANALYSE A L’AIDE DU MODELE DU SECTEUR AGRICOLE
7.1. Les agents économiques représentés
7.2. Résultats du calibrage du module demande
7.3. Les mesures simulées
7.4. Comparaison des résultats du modèle avec la réalité
7.5. Impact des PAS sur la production alimentaire
7.6. Impact sur les prix
7.7. Impact sur la consommation alimentaire urbaine
7.8. Impact sur les revenus ruraux
7.9. Conclusions
8. RESUMES ET CONCLUSIONS
8.1. Résumé des principaux résultats
8.2. Conclusions et implications pratiques et méthodologiques
9. SUMMARY
10. ZUSAMMENFASSUNG
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
Annexe I: Explication des déséquilibres financiers par le FMI et la BIRD
Annexe II: Les fondements théoriques orthodoxes de l‘ajustement
IIA. L’approche monétaire de la balance des paiements
IIB. L’approche en termes d’absorption
IIC. L’approche centrée sur l’offre et les prix relatifs
Annexe III: La structure du modèle du secteur agricole (MATAAnnexe IV: Quelques résultats des modèles
IV.A. Paramètres de substitution pour différentes valeurs de l’élasticité propre
marchallienne de la viande
IV.B. Paramètres de la CDE et de l’AIDS pour la dernière itération
IV.C. Prix
Annexe V. Quelques indicateurs macro-économiques du Bénin

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