Au cours des dernières années, les fiduciaires ont pu observer de grands changements dans leur activité en raison de l’apparition de nouvelles possibilités technologiques. Les tâches qui s’effectuaient autrefois sur papier ont été pour la plupart numérisées et ces entreprises ont aujourd’hui à leur disposition des logiciels qui les soutiennent non seulement dans la réalisation de leur travail, mais également dans la gestion de leur entreprise. Elles ont la possibilité d’utiliser des outils de gestion tels que des tableaux de bord qui leur permettent d’obtenir une vision synthétique de leurs activités et de mesurer leur niveau de performance. Le but de ce travail de Bachelor est de définir des indicateurs spécialement adaptés aux fiduciaires pour myWinbiz, le dernier logiciel de comptabilité Winbiz. Ils seront présentés sous la forme d’un prototype papier de tableau de bord .
Les premiers logiciels Winbiz ont été développés en 1992 à Martigny par la société La Gestion Eletronique qui a été rachetée par le groupe international Fiducial en 2013. Ce groupe réalise un chiffre d’affaire annuel de 1,6 milliard au niveau mondial, dont 1,035 milliard en Europe et vend ses produits et services à plus de 316’000 clients à travers le monde (Fiducial, 2019). À ce jour, plus de 40’000 PME suisses utilisent les logiciels Winbiz pour la gestion de leur entreprise, dont plus de 850 fiduciaires, principalement situées en Suisse romande. Disponible en version Cloud, ces logiciels sont proposés sous forme d’abonnements dont les prix varient entre 49 CHF HT et 89 CHF HT par mois et par utilisateur. Ils permettent notamment de gérer la comptabilité, les stocks, les salaires ainsi que le suivi de projets (Winbiz, 2019). Depuis 2019, Winbiz propose un nouveau logiciel de comptabilité, myWinbiz. Disponible en version bêta, ce logiciel offre une interface soignée et intuitive. Il est préconfiguré pour satisfaire les besoins d’une PME suisse et est proposé au prix de 49 CHF HT par mois et par utilisateur. La page d’accueil du logiciel offre à l’utilisateur un aperçu général des performances de l’entreprise grâce à un tableau de bord modulable composé de différents indicateurs. C’est sur cette fonction que se concentre ce travail de Bachelor.
Cadrage théorique
Fiduciaires
Les fiduciaires sont des entreprises dont l’activité principale réside dans la gestion du patrimoine de personnes physiques ou morales. Elles s’occupent de la tenue des comptes, de la gestion des salaires, la réalisation des bouclements comptables et l’élaboration de rapports financiers pour les clients (LPG, 2014). Elles réunissent notamment les professions d’aidecomptable, de comptable, d’expert diplômé en comptabilité ou finance et controlling. En Suisse, il existe plusieurs milliers de cabinets de fiduciaires, indépendants ou en groupes, sous forme de personne morales ou de personnes physiques qui exercent l’activité en indépendant. L’annuaire téléphonique Local.ch propose 5’844 résultats pour l’entrée « Fiduciaire » (local.ch, 2019). Le registre officiel de Fiduciaire Suisse recense 2027 fiduciaires réparties sur 23 cantons différents. Dans ce registre, 75% des fiduciaires travaillent en allemand, 20% en français et 5% en italien (Institut Fiduciaire 4.0, 2019). Trois cantons ne sont pas représentés dans le registre. Il s’agit d’un canton germanophone, Appenzell Rhodes-Intérieures, d’un canton bilingue, le Valais et de Neuchâtel, canton francophone. Selon l’annuaire Local.ch, ces trois cantons représentent le 7% des résultats pour la recherche « Fiduciaire », soit 376 résultats dont 290 pour le Valais, 68 pour Neuchâtel et 18 pour Appenzell.
Une majorité de PME
L’organisation faitière EXPERTsuisse, dont la mission est de « former, de soutenir et de représenter ses experts titulaires d’un diplôme fédéral » réunit environ 8000 membres qui dirigent ou travaillent dans 800 entreprises regroupant au total environ 18’000 collaborateurs (EXPERTsuisse, 2019a). Ces entreprises sont principalement des PME. En effet, 377 d’entre elles emploient moins de cinq collaborateurs à plein temps, 209 regroupent entre 6 et 10 collaborateurs, 147 entre 11 et 20 collaborateurs et seules les 113 entreprises restantes emploient un nombre de collaborateurs supérieur à 20, ce qui représente seulement le 9% de ces 800 entreprises (EXPERTsuisse, 2019b,p.14).
Activité des PME fiduciaires
Concernant les entreprises membres de EXPERT Suisse, la comptabilité et la présentation de compte sont les activités principales des petites et moyennes sociétés fiduciaires, puisqu’elles représentent en moyenne un tiers de leur chiffre d’affaire. L’audit se place en deuxième position à hauteur de 28% du chiffre d’affaire et le reste provient principalement d’activités de conseil. Parmi le 28% de chiffre d’affaire réalisé par des activités d’audit dans les PME, les contrôles restreints représentent le 64% tandis que les contrôles ordinaires seulement 18%. Les 18% restant proviennent d’autres contrôles tels que les audits prudentiels (EXPERTsuisse, 2019b, p. 14) .
Evolutions technologiques
Dans un rapport intitulé Is the future of finance new technology or new people?, le cabinet d’audit Ernst & Young présente les principales évolutions technologiques auxquelles les professionnels de la comptabilité et de la finance doivent s’adapter (EY, 2016). Parmi cellesci, on retrouve la RPA, l’utilisation de bases de données et d’outils de Business Analytics (BA) qui sont les éléments retenus pour cet état de l’art. Le rapport comporte également un chapitre sur la Blockchain, mais ce thème ne sera pas abordé dans ce travail, car les entreprises qui ont participé aux entretiens ne l’ont jamais mentionné lors de discussions sur les évolutions technologiques observées et attendues.
Robotic Process Automation (RPA)
Apparu au début des années 2000, l’acronyme RPA fait référence à des logiciels informatiques capables d’effectuer certaines tâches de manière automatique et de remplacer le travail effectué manuellement par des hommes (Fernandez & Aman, 2018, p. 124). Il peut être traduit en français par « robotisation des processus automatisés ». Bien que le terme robotisation puisse laisser penser à des robots au sens littéral comme on peut en voir par exemple dans les milieux industriels, il n’en est rien. En effet, la RPA désigne simplement un programme capable d’extraire des données d’un système informatique, de les traiter et de les entrer dans un autre en suivant des règles préalablement définies, de la même manière qu’un homme le ferait (Willcocks, 2015, p. 5). Son fonctionnement est comparable à celui des macros dans Excel, à l’exception d’une différence majeure : la RPA ne se limite pas à un seul programme informatique mais est capable de transférer des données d’une interface à l’autre (Moffitt, Rozario, & Vasarhelyi, 2018,p.2).
LA RPA au service de la comptabilité et de l’audit
La RPA peut exécuter de manière autonome diverses tâches souvent répétitives et chronophages tout en écartant le risque d’erreurs d’inattention. Cette technologie permet par exemple de créer et d’envoyer des factures aux clients de manière automatique. (Fernandez & Aman, 2018, p. 124). Inversement, elle peut également extraire les informations d’une facture fournisseur en format PDF et les enregistrer dans le logiciel comptable ou faire la réconciliation entre deux documents et en ressortir les anomalies. La RPA peut également être configurée de manière à réaliser certains tests d’audit (Moffitt et al., 2018, p. 5). L’article Enterprise systems and the re-shaping accounting systems va encore plus loin puisqu’il suggère que cette technologie permette d’établir le bouclement des comptes ainsi que de générer les rapports financiers de manière automatique (G. Sutton, 2006, p. 3).
Ces diverses suggestions d’application de la RPA permettent de soulager les collaborateurs des tâches les plus répétitives de leur quotidien et ainsi de leur laisser plus de temps pour se concentrer sur des activités à plus grande valeur ajoutée (Fernandez & Aman, 2018, p. 126). On peut donc s’attendre à un grand bouleversement dans les professions comptables et de la finance. Dans un rapport intitulé Is the future of finance new technology or new people?, EY a relevé à ce sujet que le 65% des 769 directeurs financiers interrogés estimaient que la standardisation et l’automatisation des processus seraient des enjeux majeurs dans la fonction financière de demain (EY, 2016, p.9).
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Table des matières
Introduction
Contexte
Problématique
Méthodologie
Chapitre 1 : cadrage théorique
1.1 Fiduciaires
1.1.1 Une majorité de PME
1.1.2 Activité des PME fiduciaires
1.2 Evolutions technologiques
1.2.1 Robotic Process Automation (RPA)
1.2.2 Base de données
1.2.3 Business Analytics (BA)
1.2.4 Évolution des professions financières et comptables
1.3 Le balanced scoredcard (BSC)
1.3.1 Un tableau de bord aligné à la stratégie de l’entreprise
1.3.2 Poursuite d’objectifs de court et de long terme
1.3.4 Les 4 axes du BSC
1.3.5 Les indicateurs
1.3.6 Implantation du BSC dans une PME
1.4 Concurrents principaux de Winbiz
1.4.1 Bexio
1.4.2 Banana Accounting
1.4.3 Crésus
1.4.4 Abacus
1.4.5 Sage
Chapitre 2 : Entretiens auprès des fiduciaires
2.1 Entretiens
2.2 Participants
2.3 Premier questionnaire
2.4 Unified Theory of Acceptance and Use of Technology (UTAUT)
2.5 Deuxième questionnaire
Chapitre 3 : Analyses des données
3.1 Réponses au premier questionnaire
3.1.1 Évolutions observées par les participants
3.1.2 Classement des indicateurs
3.1.3 Autres indicateurs suggérés par les participants
3.2 Questionnaire 2
3.2.1 Acceptation de la technologie par les fiduciaires
3.2.2 Avis des fiduciaires sur la personnalisation du tableau de bord
3.2.3 Indicateur de suivi des projets
Chapitre 4 : Critères de sélection des indicateurs pour le tableau de bord
4.1 Nombre d’indicateurs
4.2 Selon le BSC
4.3 Évolutions technologiques
4.4 Indicateurs jugés pertinents par les participants
4.5 Présentation du tableau de bord
4.6 Tableau récapitulatif des critères de sélection
Chapitre 5 : Validation du prototype par un expert
5.1 Acceptation de la technologie par l’expert
5.2 Avis de l’expert sur la personnalisation du tableau de bord
5.3 Fonctions de Business Intelligence présentes dans le tableau de bord
Chapitre 6 : Prototype papier de tableau de bord final
6.1 Prototype papier du tableau de bord
6.2 Détail des indicateurs
6.3 Possibilité d’entrer des données manuellement
6.4 Accès aux informations et chiffres d’origine
6.5 Informations et pistes de mesures
6.6 Fiches d’indicateurs
6.7 Accès
Conclusion
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