DEVELOPPEMENT DE SONDES CHIMILUMINESCENTES A PLATEFORME DE TYPE PHENOL POUR UNE DETECTION DANS LE PROCHE IR

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Les diffรฉrents types dโ€™imagerie molรฉculaire

Comme prรฉsentรฉ dans le paragraphe prรฉcรฉdent, lโ€™imagerie molรฉculaire constitue un vรฉritable outil dans le domaine clinique. Ainsi, suivant la cible ร  visualiser, les rรฉsolutions spatiale et temporelle nรฉcessaires et le type dโ€™informations requises, les chercheurs comme les mรฉdecins ont le choix parmi cinq modalitรฉs dโ€™imagerie4 : la tomodensitomรฉtrie ou lโ€™imagerie par rayon X (CT pour Computerized Tomography en Anglais), lโ€™Imagerie par Rรฉsonnance Magnรฉtique (IRM), lโ€™imagerie nuclรฉaire qui comprend la Tomographie par Emission Mono-Photonique (TEMP) et la Tomographie par Emission de Positons (TEP), lโ€™รฉchographie et lโ€™imagerie optique qui regroupe la fluorescence, la bioluminescence et la chimiluminescence. Ces modalitรฉs sont souvent distinguรฉes suivant deux catรฉgories. La premiรจre regroupant la tomodensitomรฉtrie, lโ€™IRM et lโ€™รฉchographie, donne des informations de type anatomique/structurale, et est largement utilisรฉe dans les domaines clinique et prรฉclinique. La deuxiรจme catรฉgorie, bien plus utilisรฉe en recherches clinique et fondamentale, renseigne sur un aspect microscopique et permet ainsi dโ€™observer des phรฉnomรจnes ร  lโ€™รฉchelle cellulaire voire molรฉculaire. Elle rรฉunit la TEP, la TEMP et lโ€™imagerie optique. Comme chacune de ces modalitรฉs a ses avantages et ses limitations (Figure I.3), dโ€™autres techniques les couplant les unes aux autres, appelรฉes multimodales, telles que le PET-CT, le PET-MRI ont vu le jour. En effet, en complรฉtant les faiblesses des unes par les bรฉnรฉfices des autres, il a รฉtรฉ possible dโ€™amรฉliorer sensiblement les donnรฉes de reconstruction et de visualisation.

Les techniques de type macroscopique

La tomodensitomรฉtrie

La tomodensitomรฉtrie (CT pour Computational Tomography) repose sur la capacitรฉ des tissus ร  absorber des rayons X lorsque quโ€™ils passent ร  travers le corps. Elle constitue ainsi un outil morphologique extrรชmement utile. Elle a notamment permis dโ€™identifier certaines pathologies telles que lโ€™embolie pulmonaire6 et lโ€™ischรฉmie.7 Malgrรฉ des bonnes rรฉsolution et sensibilitรฉ, un temps dโ€™acquisition rapide et une facilitรฉ dโ€™utilisation, cette technique est limitรฉe par une forte exposition aux irradiations et une faible qualitรฉ de contraste des tissus mous, ce qui nรฉcessite lโ€™administration dโ€™une dose importante dโ€™agents de contraste. Ces derniers, principalement ร  base dโ€™iode, sont malheureusement non-spรฉcifiques et par consรฉquent causent des problรจmes de toxicitรฉ. En effet, pour dรฉlimiter de maniรจre efficace les organes ou les tumeurs, la dose ร  injecter est de lโ€™ordre du millimolaire, soit un million de fois plus quโ€™une dose dโ€™agents chimiques injectรฉe pour les analyses de type TEP et TEMP (cf partie 2.2.1). Nรฉanmoins, cette technique est utilisรฉe de maniรจre usuelle en recherche clinique et est dโ€™autant plus apprรฉciรฉe lorsquโ€™elle est couplรฉe ร  une autre technique dโ€™imagerie pour rรฉaliser de la multimodalitรฉ.

Lโ€™Imagerie par Rรฉsonance Magnรฉtique (IRM)

Lโ€™Imagerie par Rรฉsonance Magnรฉtique est une technique basรฉe sur le phรฉnomรจne de relaxation magnรฉtique des protons contenus dans les biomolรฉcules telles que lโ€™eau, les lipides ou les protรฉines, prรฉsentes ร  diffรฉrentes concentrations dans les organes. En outre, il sโ€™agit dโ€™une technique similaire au principe thรฉorique de la Rรฉsonnance Magnรฉtique Nuclรฉaire (RMN) frรฉquemment utilisรฉe en chimie. Le corps รฉtudiรฉ, alors placรฉ dans un aimant, est exposรฉ ร  un champ magnรฉtique qui induit un alignement des spins nuclรฉaires dโ€™atomes contenus dans lโ€™organisme. Des variations dโ€™intensitรฉ du champ magnรฉtique sont produites par impulsions รฉlectriques (ou radiofrรฉquences) et conduisent au retour ร  lโ€™รฉquilibre de ces spins, รฉtat รฉgalement appelรฉ relaxation. Ce phรฉnomรจne est alors mathรฉmatiquement et informatiquement traduit en une image haute rรฉsolution ร  trois dimensions et la diffรฉrence de contraste obtenue est dรฉpendante du temps de relaxation magnรฉtique des tissus pris individuellement (temps de relaxations longitudinal (T1) et transversal (T2)).8 Les donnรฉes transcrites donnent ainsi des informations aussi bien dโ€™ordre structural, ร  travers lโ€™observation des tissus-mous, que molรฉculaire, notamment grรขce ร  lโ€™avรจnement de nouveaux agents de contraste spรฉcifiques, tels que le gadolinium sous forme chรฉlatรฉโ€“ les ions gadolinium libres รฉtant cytotoxiques โ€“ et dโ€™autres nanoparticules paramagnรฉtiques ร  mรฉtaux de transition (Mn2+ par exemple) ou encore, plus rรฉcemment, les nanoparticules dโ€™oxydes ferreux.9 Ces agents de contraste, qui influencent le temps de relaxation des molรฉcules dโ€™eau qui leur sont associรฉes, et donc permettent de cibler des รฉvรฉnements plus spรฉcifiquement, permettent dโ€™optimiser la sensibilitรฉ, bien quโ€™ร  ce jour trop faible (de lโ€™ordre du millimolaire), et la diffรฉrentiation des organes. Toutefois, la sensibilitรฉ semble รชtre une problรฉmatique majeure pour la technique dโ€™IRM car les agents employรฉs sont responsables dโ€™allergies (voire de chocs anaphylactiques) et sont la cause de pathologies telles que la fibrose nรฉphrogรฉnique systรฉmique notamment chez les patients ayant une fonction rรฉnale diminuรฉe. Lโ€™IRM est de ce fait proscrite aux femmes enceintes.7
Notons que les agents de contraste pour lโ€™IRM peuvent aussi bien agir en tant quโ€™agents multifonctionnels, ร  la suite de couplages ร  des fluorophores organiques ou ร  des complexes mรฉtalliques ร  ligands luminescents par exemple. Par consรฉquent, deux voire plusieurs propriรฉtรฉs peuvent รชtre exploitรฉes de faรงon simultanรฉe par des techniques de multimodalitรฉ. Ce procรฉdรฉ semble รชtre le cล“ur de nouvelles recherches pour pallier le manque de sensibilitรฉ de lโ€™IRM et permettrait ainsi de travailler ร  des concentrations en agents plus faibles.10
Une variante de lโ€™IRM, la Rรฉsonance Magnรฉtique Spectroscopique (RMS ou MRS pour Magnetic Resonance Spectroscopy) est รฉtudiรฉe depuis une dizaine dโ€™annรฉe et permet lโ€™observation du mรฉtabolisme cรฉrรฉbral en temps rรฉel.11 Celle-ci repose รฉgalement sur la relaxation des protons mais est plus efficace sur celle du 13C, la faible abondance naturelle de cet isotope รฉtant justement exploitรฉe. Cette technique est en pleine รฉvolution et jouera trรจs certainement un rรดle important dans lโ€™avenir de lโ€™imagerie molรฉculaire.

Lโ€™imagerie par ultrasons

Lโ€™imagerie mรฉdicale par ultrasons ou รฉchographie est une technique qui exploite les propriรฉtรฉs et le comportement des ondes sonores ร  haute frรฉquence (de lโ€™ordre du MHz) lorsquโ€™elles passent ร  travers un tissu biologique. Lors de lโ€™analyse dโ€™un sujet, des signaux รฉlectriques sont convertis, par le biais dโ€™une sonde ou transducteur, en ultrasons qui traversent le corps. Certaines de ces ondes sont par la suite rรฉflรฉchies et renvoyรฉes vers le transducteur pour รชtre dรฉtectรฉes et converties en retour en signaux รฉlectriques. Ces derniers sont alors traitรฉs informatiquement pour donner une image contrastรฉe.4 Afin dโ€™amรฉliorer le rapport signal sur bruit, il est coutume dโ€™employer, comme pour les techniques dโ€™IRM et de tomodensitomรฉtrie, des agents de contraste qui sont administrรฉs par voie intraveineuse. Bien quโ€™il en existe plusieurs types,12 ceux entrant dans la catรฉgorie de microbulles sont majoritairement utilisรฉs. Ils sont constituรฉs dโ€™une capsule phospholipidique ou bio-polymรฉrique remplie de gaz (air ou autres gaz ร  haut poids molรฉculaire comme les perfluorocarbures) et ont gรฉnรฉralement un diamรจtre de lโ€™ordre du micromรจtre (Figure I.4). La cape lipidique ou polymรฉrique a pour rรดle dโ€™รฉviter toute fuite ou agrรฉgation des microbulles dans lโ€™organisme, et le cล“ur gazeux est littรฉralement responsable de lโ€™augmentation du pouvoir รฉchogรฉnique de la substance injectรฉe. Grรขce ร  ce type dโ€™agents de contraste, il a รฉtรฉ possible de cibler spรฉcifiquement des bio-molรฉcules (rรฉcepteurs protรฉiniques responsables de diverses pathologies) par greffage en surface dโ€™anticorps ou de peptides ciblants spรฉcifiques.13 Ainsi, lโ€™imagerie par ultrasons est une modalitรฉ unique puisquโ€™elle peut รชtre employรฉe aussi bien en imagerie diagnostique quโ€™en tant quโ€™outil thรฉrapeutique. De plus, son faible coรปt, sa portabilitรฉ, sa facilitรฉ dโ€™utilisation, lโ€™absence dโ€™irradiations ionisantes, ainsi que ses hautes rรฉsolutions temporelle et spatiale font de cette modalitรฉ une technique parfois prรฉfรฉrรฉe aux techniques classiques de lโ€™imagerie molรฉculaire.

Lโ€™imagerie optique

Pendant de nombreuses annรฉes, la biologie utilisait la microscopie optique comme outil fondamental pour lโ€™observation des tissus ร  lโ€™รฉchelle du micromรจtre. Cependant, le phรฉnomรจne de dispersion de la lumiรจre empรชchait de recueillir des informations sur les รฉvรจnements cellulaires et rรฉduisait donc fortement lโ€™imagerie biologique ร  une observation en surface. La crรฉation et le dรฉveloppement de nouvelles technologies optiques et รฉlectroniques ainsi que lโ€™avรจnement et la synthรจse de molรฉcules fluorescentes ont permis dโ€™ouvrir les possibilitรฉs dโ€™imagerie en profondeur. Aujourdโ€™hui, lโ€™imagerie optique exploite les diffรฉrentes propriรฉtรฉs de la lumiรจre telles que lโ€™absorption, lโ€™รฉmission, la rรฉflexion, la diffraction ou encore la fluorescence comme source de contraste. Elle compte trois techniques : la fluorescence, la bioluminescence et la chimiluminescence qui se diffรฉrencient par la source excitatrice utilisรฉe. Cette modalitรฉ a connu de grandes avancรฉes avec principalement la fluorescence, technique la plus utilisรฉe actuellement qui a รฉtรฉ mise en avant via la dรฉcouverte de la protรฉine fluorescente dโ€™Aequoria Victoria (Green Fluorescent Protein โ€“ GFP).22 La bioluminescence est elle aussi en plein essor depuis la dรฉcouverte des couples lucifรฉrine/lucifรฉrase, couples substrat/enzyme responsables de la luminescence des lucioles ou encore de certaines espรจces marines. Elle est ร  lโ€™origine de nombreuses recherches dans le domaine du gรฉnie gรฉnรฉtique pour le suivi et la comprรฉhension des interactions protรฉine-protรฉine en temps rรฉel par exemple.23 Cependant, ce type de manipulation nโ€™est pour le moment pas transposable du petit animal ร  lโ€™Homme, puisque nรฉcessitant une ingรฉnierie gรฉnรฉtique de lโ€™organisme ร  observer, la technique ne peut donc รชtre exploitรฉe quโ€™au stade prรฉclinique. Tout dโ€™abord destinรฉe ร  la recherche fondamentale, la chimiluminescence est aujourdโ€™hui au cล“ur de nombreux exemples in vitro et in vivo aussi bien par lโ€™utilisation de molรฉcules inorganiques quโ€™organiques que nous prรฉsenterons dans ce chapitre. Lโ€™intรฉrรชt de ces trois techniques rรฉside dans leur propriรฉtรฉ non invasive ainsi que dans lโ€™emploi de composรฉs plus stables pouvant donner facilement des informations ร  lโ€™รฉchelle cellulaire en contraste avec les techniques รฉnumรฉrรฉes prรฉcรฉdemment. De plus, lโ€™instrumentation est peu encombrante et ร  moindre coรปt, ce qui constitue un atout supplรฉmentaire. Lโ€™imagerie optique est de ce fait une alternative plus attractive que les techniques classiques de lโ€™imagerie molรฉculaire.
Nรฉanmoins, bien que le problรจme de la dispersion ait pu รชtre attรฉnuรฉ par les avancรฉes technologiques il nโ€™en demeure pas moins prรฉsent. En effet dโ€™un tissu ร  un autre, les indices de rรฉfraction diffรจrent et les photons servant de source excitatrice ainsi que ceux รฉmis (i.e. par les sondes luminescentes) sont fortement perturbรฉs par le milieu. A cela sont ajoutรฉes la forte absorption et la diffusion de la lumiรจre par les tissus (Figure I.6), rendant difficile lโ€™analyse au-delร  de 0.5 cm de profondeur dans le domaine du visible (i.e. 450 – 600 nm). Il est donc important de travailler dans un domaine spectral supรฉrieur dans lequel lโ€™absorption par les tissus, notamment lโ€™hรฉmoglobine, est rรฉduite. Cependant, au-delร  de 900 nm, les molรฉcules dโ€™eau absorbent fortement, une gamme spectrale est donc dรฉfinie. Cette gamme est dite ยซ fenรชtre dโ€™imagerie ยป in vivo et est comprise entre 650 et 900 nm.
Une autre limitation majeure est lโ€™auto-fluorescence des tissus en grande partie due ร  lโ€™hรฉmoglobine mais aussi ร  dโ€™autres bio-analytes tels que les coenzymes (e.g. les flavines), les acides aminรฉs (e.g. le tryptophane), ou encore les bases de lโ€™ADN. Comme le dรฉmontre la Figure I.7, les organes de lโ€™organisme dโ€™รฉtude (i.e. une souris ici) deviennent quasiment indiscernables ร  la lumiรจre dans le proche IR. Le signal sur bruit en alors augmentรฉ et la sensibilitรฉ amรฉliorรฉe. Lโ€™utilisation de molรฉcules absorbant et รฉmettant dans le proche infra-rouge (IR) semble donc รชtre la solution ร  lโ€™ensemble de ces problรฉmatiques.

Les modulations de la fluorescence

La fluorescence peut รชtre modulรฉe suivant diffรฉrents mรฉcanismes. Nous pouvons distinguer les phรฉnomรจnes permettant dโ€™induire une extinction de fluorescence (e.g. le PeT) de ceux conduisant ร  un dรฉplacement des longueurs dโ€™onde dโ€™รฉmission (e.g. lโ€™ESIPT). Nous allons donc prรฉsenter briรจvement chacune des possibles modulations.

Le transfert dโ€™รฉlectron photoinduit (ou PeT pour Photo-induced electron Transfer)

Le PeT est sans aucun doute le phรฉnomรจne le plus mis en ล“uvre dans la conception de sondes fluorogรฉniques. Il se traduit par une inhibition de la fluorescence par un motif ยซ quencheur ยป (i.e. accepteur dโ€™รฉnergie), suivant un mรฉcanisme oxydatif ou rรฉducteur. La prรฉsence dโ€™un groupement รฉlectro-attracteur (e.g. un groupement nitro) ou dโ€™un groupement donneur (e.g. un groupement amino) sur la ยซ quencheur ยป de la sonde permet ร  ce mรฉcanisme dโ€™opรฉrer. Comme reprรฉsentรฉ sur la Figure I.14, il qui peut รชtre expliquรฉ via la thรฉorie des orbitales frontiรจres. Dans le cas dโ€™un PeT oxydatif, lโ€™รฉlectron excitรฉ (i.e. ร  la suite dโ€™une excitation photonique) est transfรฉrรฉ de lโ€™orbitale LUMO du fluorophore (i.e. notรฉ D) vers lโ€™orbitale LUMO du ยซ quencheur ยป (i.e. notรฉ A) avant de revenir ร  lโ€™รฉtat fondamental via un mรฉcanisme non radiatif. Dans le cas dโ€™un PeT rรฉducteur, un รฉlectron de lโ€™orbitale HOMO du quencheur (i.e. notรฉ D cette fois) vient occuper lโ€™orbitale HOMO du fluorophore (i.e. notรฉ A) et empรชche lโ€™รฉlectron excitรฉ qui occupe lโ€™orbitale LUMO du fluorophore de revenir ร  lโ€™รฉtat fondamental.

Le transfert de charge photoinduit (ou ICT pour Intramolecular Charge Transfer)

Les fluorophores possรจdent des moments dipolaires diffรฉrents ร  lโ€™รฉtat excitรฉ et ร  lโ€™รฉtat fondamental : le moment dipolaire est gรฉnรฉralement plus important ร  lโ€™รฉtat excitรฉ. La prรฉsence dโ€™un groupement รฉlectro-attracteur (e.g. de types carbonyl ou nitrile) et dโ€™un groupement รฉlectro-donneur (e.g. amine) sur le fluorophore constitue un systรจme dit ยซ push-pull ยป qui exalte dโ€™autant plus le moment dipolaire de lโ€™espรจce fluorescente. Le transfert de charge correspond alors ร  lโ€™รฉquilibre atteint lorsque les molรฉcules dโ€™un solvant polaire environnant stabilisent lโ€™รฉtat excitรฉ du fluorophore polarisรฉ. Cet รฉquilibre induit un dรฉplacement des longueurs dโ€™onde dโ€™รฉmission vers les valeurs les plus รฉlevรฉes, qui va de pair avec la polaritรฉ du solvant : plus le solvant est polaire plus lโ€™effet bathochrome augmente.
Cette modulation est ร  la base des sondes ratiomรฉtriques notamment pour la dรฉtection de cations mรฉtalliques.35

Le transfert de proton photoinduit

En milieux aqueux, la densitรฉ รฉlectronique dโ€™un fluorophore comportant des fonctions acides et/ou basiques se voit modifiรฉe lors de son excitation. Dans certains cas, le caractรจre acide du donneur de proton (i.e. un groupement hydroxyle par exemple) ou le caractรจre basique de lโ€™accepteur de proton (i.e. un atome dโ€™azote hรฉtรฉrocyclique par exemple) peut รชtre exaltรฉ ร  lโ€™รฉtat excitรฉ par rapport ร  lโ€™รฉtat fondamental. Ce transfert peut รชtre inter ou intra molรฉculaire (on parle alors dโ€™ESIPT, pour Excited-State Intramolecular Proton-Transfer). La Figure I.15 illustre un exemple de sonde fondรฉe sur lโ€™ESIPT proposรฉe par lโ€™รฉquipe du Prof. J. Zhao.36
Le cas particulier dโ€™interaction intermolรฉculaire avec les molรฉcules dโ€™eau est causรฉ par le phรฉnomรจne de transfert de proton photoinduit et est ร  lโ€™origine dโ€™une modification des spectres dโ€™absorption est dโ€™รฉmission de certains fluorophores. Les sondes ร  pH, par exemple, sont en gรฉnรฉral fondรฉes sur ce principe de fluorescence. Elles permettent de cartographier la dynamique du pH intracellulaire afin de mieux comprendre le fonctionnement de lโ€™organisme ou de dรฉtecter ses dysfonctionnements, tels que la production anormale dโ€™espรจces acides responsable de nombreuses maladies. Nous pouvons citer quelques exemples utilisant les coumarines37 ou les rhodamines.38

Le transfert dโ€™รฉnergie de type Fluorescence Resonance Energy Transfer (FRET)

A lโ€™opposรฉ des sondes pro-fluorescentes, celles fondรฉes sur un transfert de type FRET sont constituรฉes de deux chromophores : un donneur dโ€™รฉnergie et un accepteur. Le donneur est excitรฉ et transfert son รฉnergie de faรงon non radiative vers lโ€™รฉtat excitรฉ du chromophore accepteur. Pour que le mรฉcanisme opรจre efficacement, les deux chromophores doivent รชtre suffisamment proches spatialement (i.e. dโ€™une distance infรฉrieure ou รฉgale ร  10 nm) et un bon recouvrement des spectres dโ€™รฉmission et dโ€™absorption des donneur et accepteur, respectivement, est nรฉcessaire (Figure I.16). Par interaction ou reconnaissance avec lโ€™analyte cible, les deux partenaires sโ€™รฉloignent (i.e. par rupture dโ€™une liaison covalente) ce qui a pour consรฉquence dโ€™annuler le transfert de type FRET. Dans le cas oรน lโ€™accepteur induit une extinction de fluorescence du donneur (lโ€™accepteur est alors appelรฉ quencheur, lโ€™รฉnergie quโ€™il rรฉcupรจre est libรฉrรฉe de faรงon non radiative), celle-ci est retrouvรฉe aprรจs rรฉaction avec lโ€™analyte. Un autre cas est possible : lโ€™accepteur peut transformer lโ€™รฉnergie qui lui est transmise en une รฉnergie lumineuse lui รฉtant propre, et seule la dรฉtection de lโ€™analyte permet de retrouver la luminescence du donneur. 39
Nous verrons plus tard que le transfert dโ€™รฉnergie entre un donneur et accepteur peut suivre dโ€™autres mรฉcanismes (e.g. le transfert ร  travers les liaisons).
Dโ€™autres mรฉcanismes, tels que la formation dโ€™exciplexes, sont responsables du quenching de fluorescence.40

Le motif 1,2-dioxรฉtane

Synthรจse du motif 1,2-dioxรฉtane

Le motif 1,2-dioxรฉtane est gรฉnรฉrรฉ ร  partir de lโ€™oxygรจne ร  lโ€™รฉtat singulet in situ par cycloaddition [2+2] sur une olรฉfine riche en รฉlectron. Celui-ci peut รชtre prรฉparรฉ selon diffรฉrentes mรฉthodes. Nous avons vu, dans le cas du luminol, par exemple, une mรฉthode purement chimique qui met en jeu une oxydation par le peroxyde dโ€™hydrogรจne en prรฉsence de soude et dโ€™un catalyseur qui conduit, dans ce cas ร  une cycloaddition [4+2]. Cependant, ces conditions sont bien trop drastiques pour des applications in vivo. La mรฉthode la plus connue repose sur lโ€™utilisation dโ€™un photosensibilisateur (e.g. le bleu de mรฉthylรจne, le rose bengal, la tรฉtraphรฉnylporphyrine) qui par irradiation gรฉnรจre lโ€™oxygรจne singulet. Diffรฉrents photosensibilisateur peuvent รชtre utilisรฉs, chacun ayant des caractรจres photophysiques diffรฉrents (Figure I.25). A lโ€™opposรฉ des fluorophores, les photosensibilisateurs doivent favoriser au maximum le transfert dโ€™รฉnergie non radiatif pour rรฉaliser le passage de lโ€™oxygรจne dโ€™un รฉtat triplet vers un รฉtat singulet. Ceci explique la structure particuliรจre du Rose bengal : les atomes de chlore et dโ€™iode favorisent les transferts dโ€™รฉnergie non radiatifs. Il est important de noter que la nature du solvant a รฉgalement son importance dans la rรฉaction de formation du motif 1,2-dioxรฉtane. En effet, dโ€™un solvant ร  un autre, le temps de demi de lโ€™oxygรจne singulet diffรจre. En milieu aqueux, par exemple, lโ€™oxygรจne singulet se dรฉsexcite rapidement en interagissant avec les liaisons oxygรจne-hydrogรจne. Il est รฉgalement trรจs sensible vis-ร -vis des liaisons carbone-hydrogรจne, son temps de demi-vie est donc plus important dans un solvant ne comportant pas dโ€™atome dโ€™hydrogรจne (e.g. 7 000 ยตs dans le CDCl3 contre 3.1 ยตs dans lโ€™eau).57 Une autre mรฉthode plus rarement utilisรฉe, fait appel ร  la formation dโ€™un trioxaphosphรฉtane ร  partir dโ€™un phosphite et de lโ€™ozone.58 Lโ€™oxaphosphรฉnate peut se dรฉcomposer en donnant le phosphate et lโ€™oxygรจne singulet. Nous verrons que cette alternative peut sโ€™avรฉrer trรจs utile notamment lorsque les prรฉcurseurs utilisรฉs pour la formation du motif 1,2-dioxรฉtane sont photosensibles.

Les mรฉcanismes de dรฉclenchement de chimiluminescence

La dรฉcomposition thermique ou chimique du motif 1,2-dioxรฉtane conduisant ร  lโ€™รฉmission lumineuse est majoritairement dรฉcrite selon un mรฉcanisme de type CIEEL pour Chemically Initiated Electron Exchange Luminescence. Cependant, un second mรฉcanisme dit CTID pour Charge Transfer Induced Decomposition, a rรฉcemment รฉtรฉ introduit dans la littรฉrature et pourrait remettre en question le mรฉcanisme prรฉcรฉdent. Nous allons donc dรฉtailler, ci-aprรจs, chacun des mรฉcanismes de dรฉclenchement.

Le mรฉcanisme CIEEL

Ce mรฉcanisme a รฉtรฉ pour la premiรจre fois dรฉcrit en 1979 par le Prof. Schuster.59 Il procรจde comme suit : une reconnaissance enzymatique ou chimique ou encore une instabilitรฉ thermique, induit la formation dโ€™un donneur dโ€™รฉlectron (i.e. gรฉnรฉralement un phรฉnolate) qui transfert un รฉlectron vers le motif 1,2-dioxรฉtane (i.e. la source dโ€™รฉnergie) (Figure I.26). La dรฉstabilisation de ce dernier conduit ร  une rupture homolytique de la liaison oxygรจne-oxygรจne puis de la liaison carbone-carbone. Un transfert dโ€™รฉlectron en retour (i.e. BET pour Back Electron Transfer) sโ€™effectue ensuite vers le phรฉnol qui le conduit dans un รฉtat excitรฉ. Son retour ร  lโ€™รฉtat fondamental sโ€™accompagne dโ€™une รฉmission lumineuse.

Le mรฉcanisme CTID

Ce mรฉcanisme a รฉtรฉ ร  maintes reprises revendiquรฉ par le groupe du Prof. M. Matsumoto.60 Il est plus simple que le mรฉcanisme prรฉcรฉdent et ne fait pas intervenir un transfert dโ€™รฉlectron en retour. Lโ€™absence de preuve expรฉrimentale de lโ€™existence de cette รฉtape est justement ร  lโ€™origine des polรฉmiques quant au manque de justification du mรฉcanisme. Il commence avec la formation dโ€™un phรฉnolate dont la charge est transfรฉrรฉe vers le motif 1,2-dioxรฉtane (Figure I.27). Ce dernier se fragmente en un motif sur lequel un des atomes dโ€™oxygรจne porte la charge transfรฉrรฉe, lโ€™autre atome portant lโ€™รฉlectron surnumรฉraire. La rupture homolytique de la liaison carbone-carbone conduit ร  la formation dโ€™une cรฉtone et du phรฉnol qui rรฉcupรจre un รฉlectron et donc sa charge complรจte. Sous cette forme, le phรฉnolate est dans un รฉtat singulet excitรฉ et par retour ร  lโ€™รฉtat fondamental, il libรจre une รฉmission lumineuse.

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Table des matiรจres

CHAPITRE I. LUMIERE ET IMAGERIE MOLECULAIRE
I. Lโ€™IMAGERIE MOLECULAIRE
1. Introduction ร  lโ€™imagerie molรฉculaire
2. Les diffรฉrents types dโ€™imagerie molรฉculaire
2.1 Les techniques de type macroscopique
2.1.1 La tomodensitomรฉtrie
2.1.2 Lโ€™Imagerie par Rรฉsonance Magnรฉtique (IRM)
2.1.3 Lโ€™imagerie par ultrasons
2.2 Les techniques de type microscopique et lโ€™imagerie optique
2.2.1 Les techniques dโ€™imagerie radio-isotopique
2.2.2 Lโ€™imagerie optique
II. LUMIERE ET LUMINESCENCE
1. La lumiรจre
2. La luminescence
III. PRINCIPES GENERAUX DE FLUORESCENCE
1. Processus et gรฉnรฉralitรฉs
2. La pro-fluorescence
2.1 Principe gรฉnรฉral
2.2 Les modulations de la fluorescence
2.2.1 Le transfert dโ€™รฉlectron photoinduit (ou PeT pour Photo-induced electron Transfer)
2.2.2 Le transfert de charge photoinduit (ou ICT pour Intramolecular Charge Transfer)
2.2.3 Le transfert de proton photoinduit
3. Le transfert dโ€™รฉnergie de type Fluorescence Resonance Energy Transfer (FRET)
IV. BIOLUMINESCENCE ET CHIMILUMINESCENCE
1. Luminescence dans la nature : la bioluminescence
1.1 Histoire
1.2 Exemples dโ€™applications
2. Du processus biochimique au processus chimique : la chimiluminescence
3. Le motif 1,2-dioxรฉtane
3.1 Synthรจse du motif 1,2-dioxรฉtane
3.2 Les mรฉcanismes de dรฉclenchement de chimiluminescence
3.2.1 Le mรฉcanisme CIEEL
3.2.2 Le mรฉcanisme CTID
3.3 Relation structure-stabilitรฉ : influence des substituants sur la stabilisation thermique du motif 1,2-dioxรฉtane
3.3.1 Sรฉlection des groupements stabilisants
3.3.2 Sรฉlection du chromophore et du dรฉclencheur
4. Conjugaison aux fluorophores organiques
4.1 Transfert dโ€™รฉnergie ร  travers lโ€™espace de type Chemiluminence Resonance Energy Transfer (CRET)
4.2 Transfert dโ€™รฉnergie ร  travers les liaisons de type Through Bond Energy Transfer (TBET)
V. INTRODUCTION AU PROJET DE THESE
CHAPITRE II. DEVELOPPEMENT DE SONDES CHIMILUMINESCENTES A PLATEFORME DE TYPE PHENOL POUR UNE DETECTION DANS LE PROCHE IR
I. ETAT DE Lโ€™ART
1. Prรฉsentation des avancรฉes sur le motif 1,2-dioxรฉtane ร  phรฉnol : de la dรฉtection UV au proche IR
1.1 Travaux du Prof. A.P. Schaap : commercialisation des premiรจres plateformes chimiluminescentes et amรฉlioration de leur efficacitรฉ
1.2 Travaux du Prof. M. Matsumoto : synthรจse et dรฉveloppement dโ€™un nouveau motif dioxรฉtane
1.3 Travaux du Prof. D. Shabat : optimisation des dioxรฉtanes du Prof. Schaap et extension de la chimiluminescence vers le proche IR pour des applications in vivo
2. Utilisation des lanthanides pour la chimiluminescence
3. Les bras rรฉactifs auto-immolables
4. Prรฉsentation des travaux antรฉrieurs au laboratoire
4.1 Synthรจse et รฉvaluation dโ€™une sonde chimiluminescente pour la dรฉtection de la Caspase-3
4.2 Synthรจse et รฉvaluation dโ€™un hybride dioxรฉtane-coumarine
4.3 Extension de la chimiluminescence vers le proche-IR : formation dโ€™une premiรจre cassette ยซ TBET ยป phรฉnolique
II. RESULTATS ET DISCUSSION
1. Prรฉsentation de la voie de synthรจse de nouvelles plateformes chimiluminescentes ร  cล“ur phรฉnolique
1.1 Synthรจse de chimiluminophores : synthรจse modรจle dโ€™une plateforme phรฉnolique .. 111
1.1.1 Premiรจre stratรฉgie : insertion dโ€™un groupement fonctionnel via une rรฉaction dโ€™ortho-mรฉtallation
1.1.2 Deuxiรจme stratรฉgie : insertion dโ€™un groupement fonctionnel via ortho-formylation
1.1.3 Troisiรจme stratรฉgie
1.2 Choix et introduction dโ€™un dรฉclencheur de chimiluminescence
1.2.1 Introduction de groupement phosphates pour une dรฉtection de la phosphatase alcaline
1.2.2 Introduction de dรฉrivรฉs silylรฉs pour une dรฉtection dโ€™ions fluorures
1.2.3 Introduction dโ€™un groupement nitro via un bras auto-immolable pour une dรฉtection de la nitro-rรฉductase
1.3 Extension de la chimiluminescence vers le proche infra-rouge : utilisation du cล“ur phรฉnolique comme antenne par introduction dโ€™un complexe de lanthanide
2. Conclusion et perspectives ร  ces travaux
CHAPITRE III. DEVELOPPEMENT DE SONDES CHIMILUMINESCENTES A Cล’UR NAPHTOLIQUE : FORMATION Dโ€™UNE CASSETTE ยซ TBET ยป HYDROSOLUBLE
I. ETAT DE Lโ€™ART
1. Prรฉsentation bibliographique
1.1 Exemples de fonctionnalisations des motifs 1,2-dioxรฉtanes pour une extension de chimiluminescence vers le proche IR
1.1.1 Les sondes chimiluminescentes ร  cล“ur naphtolique
1.1.2 Autres modifications structurales
1.2 Exemples de cassettes de type TBET
1.3 Les benzo[a]phรฉnoxazines : mรฉthodes dโ€™hydrosolubilisation
2. Prรฉsentation des travaux antรฉrieurs au laboratoire
2.1 Premiรจre stratรฉgie : Extension de lโ€™รฉmission de chimiluminescence vers le proche IR via un transfert dโ€™รฉnergie ร  travers lโ€™espace
2.2 Deuxiรจme stratรฉgie : extension de lโ€™รฉmission de chimiluminescence vers le proche IR via un transfert dโ€™รฉnergie ร  travers les liaisons
2.2.1 Conception dโ€™un chimiluminophore ร  cล“ur naphtolique pour lโ€™introduction dโ€™un motif fluorescent via un groupement de type triflate
2.2.2 Modification du groupement protecteur et introduction dโ€™un motif fluorescent via un atome dโ€™halogรจne
2.2.2.1 Synthรจse
2.2.2.2 Dรฉclenchement de chimiluminescence par dรฉtection dโ€™ions fluorures : preuve de concept
II. RESULTATS ET DISCUSSION
1. Premiรจre stratรฉgie : modification du groupement protecteur par introduction dโ€™un groupement de type mรฉthoxyรฉther (MOM)
2. Deuxiรจme stratรฉgie : introduction dโ€™un groupement de type benzyle
2.1 Synthรจse du chimiluminophore
2.1 Choix et introduction dโ€™un dรฉclencheur de chimiluminescence
2.1.1 Premiรจre stratรฉgie : introduction de lโ€™acรฉtylรจne en amont du dรฉclencheur
2.1.2 Deuxiรจme stratรฉgie : introduction du dรฉclencheur en amont de lโ€™acรฉtylรจne
3. Valorisation du chimiluminophore ร  cล“ur naphtol
4. Extension de la chimiluminescence vers le proche IR : synthรจse et introduction de fluorophore de type benzo[a]phรฉnoxazine
4.1 Synthรจse de fluorophores
4.2 Synthรจse de la cassette chimiluminescente par introduction dโ€™une version hydrosoluble du Nile red
4.3 Caractรฉristiques photophysiques : spectres dโ€™absorption et dโ€™รฉmission
5. Conclusion et perspectives ร  ces travaux
CHAPITRE IV. CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES
I. CONCLUSION GENERALE
1. Sondes ร  cล“ur phรฉnolique
2. Sondes ร  cล“ur naphtolique
II. PERSPECTIVES
1. Fin du projet
2. Vers une stratรฉgie plus convergente
CHAPITRE V. EXPERIMENTAL SECTION
I. GENERAL PROCEDURES
1. Chemicals and reagent
2. Instrument
3. Methods
3.1 HPLC systems
II. UNPUBLISHED EXPERIMENTAL DATA
1. Synthesis of phenol chemiluminescent platform
2. Synthesis of naphtol chemiluminescent platform
2.1 Protection with methoxymethylether (MOM) group
2.2 Protection with benzyl (Bn) group
2.3 Synthesis of napthol platform from 1,2-dioxetane decomposition
3. Synthesis of water-soluble Nile red derivatives

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