Développement de l’adolescent-e
Développement identitaire
L’identité se construit tout au long de la vie, mais durant l’adolescence, elle est questionnée et explorée pour passer de l’identité d’enfant à celle d’adulte. Selon Erik Erikson, psycho- logue et psychanalyste, l’adolescence se caractérise comme crise d’identité. Pour lui, elle explique le conflit d’identité que l’adolescent-e peut vivre. Il/elle passe par une période de contestation, de révolte et de non-conformisme. Par exemple, le/la jeune peut défendre une personne un jour et la détester le lendemain. Cette période permet à l’adolescent-e d’expérimenter de nouveaux rôles qui se situent entre la sécurité infantile et l’autonomie adulte (Erikson, 1972). Face à tous les chamboulements auxquels l’individu doit faire face, il s’ensuit le défi de ré- pondre à une question centrale : Qui-suis-je ?. En effet, « c’est à l’adolescence que le sujet devient un acteur autonome, qu’il acquiert les moyens physiques, sexuels, intellectuels, so- ciaux et professionnels pour s’établir de façon indépendante dans la vie » (Cloutier & Dra- peau, 2008, p. 155).
Dans un premier temps, il/elle va vouloir se détacher de ses parents à qui il/elle s’identifiait étant enfant. Puis, l’adolescent-e va créer son propre réseau social en dehors de sa famille. Certains choix vont déterminer la suite de sa vie en tant qu’adulte. L’adolescent-e conscient- e de ses compétences et de ses limites peut s’inscrire dans un projet d’avenir. Son identité est en voie de positionnement. Cette affirmation est étayée par les propos des auteur-e-s de l’ouvrage Psychologie de l’adolescence : « Les jeunes qui réussissent à se trouver, à se si- tuer sur une trajectoire dans un projet qui leur est propre, sortent vainqueurs de ce combat » (Cloutier & Drapeau, 2008, p. 155). L’adolescence est une période de remise en question durant laquelle, le/la jeune est tiraillé-e entre les valeurs transmises par ses parents, celles de la société et celles qu’il/elle veut ac- tuellement défendre. Il/elle peut avoir le sentiment de vivre dans une grande confusion. Ce qui entraîne un décalage, une révolte. C’est l’image qu’il/elle a de lui/elle-même et de ce qu’il/elle aimerait devenir.
Récidive
Si un-e jeune enfreint la Loi et ne comprend ni le sens de ses actes ni ses conséquences sur lui/elle ou sur la société, les auteures de ce travail de recherche supposent que ce-tte jeune- là a de fortes chances de récidiver. Cette thématique très sensible est au coeur de notre recherche. Pour la replacer dans notre travail les auteures ont privilégié la notion de récidive d’un point de vue légal. Selon le dictionnaire Larousse la récidive est :« l’action de com- mettre, dans des conditions précisées par la Loi, une deuxième infraction après une pre- mière condamnation pénale définitive2 ». Les statistiques des jugements pénaux des mineur-e-s de l’Office Fédérale de la Statistique (OFS) n’offrent pas une vision exhaustive des cas de récidive. Néanmoins elles permettent de connaître le taux de jeunes ayant récidivé dans une période de trois ans après le juge- ment de référence.
Elles donnent aussi des détails sur l’existence ou non de condamnations antérieures et sur la gravité des actes de récidive. Les statistiques ne sont pas en mesure d’inclure la récidive cachée, autrement dit, la récidive que les données officieuses ne permet- tent pas de révéler (OFS, 2018). Il existe deux types de récidives et deux types de degrés de gravité de la récidive. Toutefois, ces pourcentages font référence aux jugements pénaux pour un crime ou un délit des lois principales (CP3, LStup4, LCR5) prononcés contre des mineur-e-s suisses et des mineur-e-s étrangers/étrangères domicilié-e-s en Suisse par une autorité pénale pour mineur-e-s. Le taux de récidive s’élève à 31,1% en 1999, à 35,1% en 2004 et à 26,7 % en 20126. Ces sta- tistiques permettent de rendre compte que le taux de récidive est plus important lorsque le/la jeune a déjà une condamnation antérieure et augmente considérablement lorsqu’il/elle a au moins deux condamnations antérieures (OFS, 2018).
Selon le communiqué de presse de l’OFS paru le 21 août 2018, il y a plus de risque de réci- dive à l’âge adulte pour un-e jeune ayant été condamné-e durant sa jeunesse. En effet, avoir été condamné-e en étant mineur-e influencerait fortement la suite de la trajectoire délin- quante. Un-e jeune aurait cinq fois plus de risques d’être condamné-e une fois adulte pour les jeunes ayant été jugé-e-s au moins une fois par le TMin. La première condamnation pro- noncée par un TMin augmenterait le risque de poursuivre une carrière criminelle à l’âge adulte (OFS, 2018). Cette étude expose également le fait que de jeunes garçons déjà jugés aurait quatre fois plus de risque de récidive après leur majorité que des filles déjà jugées par un TMin (OFS, 2018). Il existe d’autres facteurs liés à des variables socio-démographiques. Par exemple, le quartier d’habitation, le niveau scolaire et/ou l’encadrement familial. Ces variables ont un impact sur le risque d’une re-condamnation à l’âge adulte mais elles ne sont pas prises en compte dans les études de l’OFS (OFS, 2018).
Intervention sociale
Un-e nouveau/nouvelle protagoniste central-e fait son apparition dans la prise en charge de l’adolescent-e qui a été interpellé-e par la Justice. Il s’agit du/de la travailleur/travailleuse social-e. Il/elle est mandaté-e par le TMin pour aider à mieux cerner les problématiques sou- vent complexes des jeunes ayant affaire à la Justice. Le/la travailleur/travailleuse social-e intervient lorsque des personnes de tous âges ont be- soin d’un soutien ainsi que d’un accompagnement socio-éducatif adapté. Il/elle s’occupe de personnes présentant toutes sortes de difficultés (handicaps, troubles du comportement, problèmes de dépendance, difficultés d’adaptation ou encore des problèmes liés à l’exclusion et la marginalisation). Le/la travailleur/travailleuse social-e accompagne ces per- sonnes dans leur quotidien afin de leur permettre de retrouver une certaine autonomie lors- que cela est possible14. Brigitte Bouquet et Christine Garcette (2006), assistantes sociales de formation, définissent l’intervention sociale de cette manière : « l’intervention sociale est une action volontaire dans le cadre d’une mission autorisée et/ou légale, menée par un travailleur social qualifié » (2006, p. 49). L’intervention sociale peut être individuelle (intervention sociale d’aide à la personne) ou collective (intervention sociale d’intérêt collectif).
Elle met la personne au centre de l’accompagnement et prend en compte ses besoins ainsi que ses attentes pour la rendre capable de résoudre ses problèmes personnels. Deux approches existent. On les appelle des systématisations de la pratique selon Cristina De Robertis (2007), assistante de service social. La première est une approche pragmatique. Le/la travailleur/travailleuse social-e tient compte de ses expériences accumulées en faisant sa propre idée de ce qui fonctionne ou ne fonctionne pas. Il/elle procède par essai et en re- tire ensuite un certain apprentissage par le biais des résultats positifs ou négatifs. La deu- xième est une approche scientifique. Elle tient compte des outils de recherches mis à dispo- sition par la théorie sur le domaine tel que l’évoque Cristina De Robertis.
Apports de la collaboration Il s’agit de mettre en lumière ce que la collaboration entre le/la travailleur/travailleuse social-e et le/la juge apporte de positif dans l’accompagnement des jeunes. La collaboration amène un soutien supplémentaire pour quatre professionnel-le-s sur six lorsque travailleurs/travailleuses sociaux/sociales et juges abordent certaines situations avec le/la jeune concerné-e. Le propos ci-dessous laisse supposer qu’en cas de besoin, le/la juge fait appelle au/à la travailleur/travailleuse social-e afin de venir le/la soutenir. « […] certains juges vont vraiment profiter de notre présence pour aborder des moments difficiles avec les jeunes et leur famille. » (Pro. 2) Un-e professionnel-le mentionne le fait que cette collaboration entre le/la juge et le/la travail- leur/travailleuse social-e permet au/à la jeune de comprendre sa situation personnelle et de comprendre le cadre juridique. Ceci laisse supposer qu’il y a un apport à la fois éducatif et à la fois un but d’intégration de la loi. « Si entre lui et le juge il y a un éduc en qui il a confiance, ben ça change tout.
Ça lui permettra peut-être d’avoir une compréhension de ce qui lui arrive et de la jus- tice qu’on essaie de faire vivre. » (Pro. 5) Trois professionnel-le-s évoquent le fait de pouvoir agir immédiatement dans le cas où la situation prend un tournant inattendu. Ce propos laisse penser que la réactivité entre travail- leur/travailleuse social-e et juge est un outil efficace en cas de situations urgentes. « Partager les informations ça permet d’être proactif s’il y a des changements dans la situation, s’il faut changer la mesure, s’il y a des inquiétudes […] » (Pro. 4) À ce sujet, un-e des personnes interviewées relève qu’une réponse rapide de la part du/de la juge permet au/à la jeune d’avoir une prise de conscience immédiate qui semble plus effi- cace que si la démarche du/de la juge prend du temps. « Si la réponse est rapide, il est dans le ici présent. Par exemple, si le jeune fait une bêtise supplémentaire pendant qu’on travaille ensemble et qu’il y a une ré- ponse rapide du juge par rapport à son comportement au mieux il va les intégrer. » (Pro. 1)
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Table des matières
REMERCIEMENTS
PRÉCISIONS
RÉSUMÉ
MOTS CLÉS
INTRODUCTION
CADRE THÉORIQUE
Adolescence
Développement de l’adolescent-e
Délinquance juvénile
Aspects théoriques
Récidive
État du terrain
Justice juvénile
Droit Pénal des mineur-e-s
Loi fédérale sur la Procédure pénale
Intervention sociale
Caractéristiques de l’intervention sociale
Accompagnement comme intervention sociale
Aide sous contrainte
MÉTHODOLOGIE
Questionnement
La question de recherche
Hypothèses
Méthode
Choix de la méthode
Grille d’entretien
Terrain
Choix du terrain
Description du terrain
Échantillon
Analyser les données
ANALYSE DES DONNÉES
Contexte d’intervention
Cahier des charges
Rôles du/de la professionnel-le
HES-SO//Valais Bachelor of Arts in Travail social
Missions du/de la professionnel-le
Intervention auprès du/de la jeune
Prise d’informations avant la rencontre
Préparation du premier entretien
Premier entretien
Suivi du/de la jeune
Obstacles de l’accompagnement
Postures valeurs des professionnel-le-s
La collaboration avec le/la juge
Apports de la collaboration
Obstacles à la collaboration
SYNTHÈSE
Vérification des hypothèses
Hypothèse 1
Hypothèse 2
Hypothèse 3
Réponses à la question de recherche
BILAN
Prolongements de la recherche
Pistes d’actions
Apports professionnels et personnels
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages, articles et cours
Sites internet
TABLE DES ABRÉVIATIONS
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4
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