Développement de la monte artificielle

La reproduction des juments

Développement de la monte artificielle

La monte artificielle regroupe les techniques d’insémination avec de la semence fraîche, réfrigérée ou congelée, ainsi que le transfert d’embryon. Dans cette étude, seules les techniques d’insémination ont été détaillées, le transfert d’embryon étant soumis à des contraintes réglementaires strictes et n’étant pas réalisable par tous les vétérinaires.

Développée au cours des années 1980, la monte artificielle a été officiellement autorisée en France en 1986 (Insémination artificielle équine, IFCE, 2014). Cependant c’est à partir des années 90 que les techniques d’insémination artificielle ont connu leur essor. En effet, selon les statistiques annuelles des Haras Nationaux, en 1990 les inséminations (tous types confondus) ne représentent que 15% de l’ensemble des saillies, contre 35% en 2000 et 41% en 2015.

L’insémination artificielle est une technique de monte qui consiste à récolter l’éjaculat du mâle, sans qu’il soit en contact avec une femelle. Elle présente des avantages essentiellement sanitaires et techniques. D’un point de vue sanitaire, l’absence de contact entre individus permet de réduire la circulation des maladies vénériennes (AIE : Anémie Infectieuse des Equidés, MCE : Métrite Contagieuse Equine, AVE : Artérite Virale Equine) et des maladies contagieuses (grippe et rhinopneumonie essentiellement). D’un point de vue technique, l’insémination artificielle permet d’optimiser la gestion des étalons et des juments.

Grâce à la division du sperme récolté en plusieurs doses, un étalon pourra réaliser moins de sauts et saillir un nombre plus important de juments, tout en étant moins soumis au risque de blessures pouvant survenir lors de la monte ou du transport. De plus, le développement des techniques de conservation de la semence par congélation permet aujourd’hui d’étaler les récoltes, ou d’obtenir de la semence lorsque l’étalon est indisponible (localisation géographique, carrière sportive, maladie, décès). Pour les juments, la mise à la monte artificielle permet dans le cadre d’un suivi rapproché de la fonction ovarienne, de limiter le nombre de saillies et la quantité de sperme utilisée, réduisant ainsi le risque d’endométrite.

Elle permet également de remettre à la reproduction des juments dont l’appareil génital a été traumatisé lors de la mise-bas précédente. Enfin d’un point de vue génétique, l’insémination artificielle offre un choix d’étalon plus large et une conservation du patrimoine génétique. En revanche, lors d’une utilisation déraisonnée, l’insémination artificielle peut également mener à une diminution de l’exploitation de ce patrimoine génétique lors de l’utilisation trop importante d’un étalon, et mener dans le futur à des risques de consanguinité.

L’inconvénient principal du développement de la monte artificielle est aujourd’hui son coût pour les propriétaires (suivi rapproché des juments, matériel, semence), et le niveau technique qu’elle implique, rendant ainsi les manipulations réservées uniquement à des techniciens formés ou des vétérinaires.

Comparaison des techniques d’insémination

L’insémination artificielle peut être réalisée avec différents types de semence. Lors de l’insémination en semence fraîche, le sperme récolté est utilisé pour inséminer une jument dans les 30 minutes qui suivent la récolte. Ceci nécessite que les deux reproducteurs soient à proximité l’un de l’autre et de pouvoir procéder à la récolte de l’étalon dès que la jument est prête à ovuler. Lorsqu’un transport est nécessaire ou lorsque la jument ne peut être inséminée immédiatement, la semence récoltée peut être utilisée jusqu’à 24 heures après la récolte en étant refroidie à 4°C. Il s’agit alors de semence réfrigérée utilisée sur place ou transportée.

Enfin, lorsque la semence est récoltée pour une conservation de durée indéterminée, elle est congelée dans l’azote liquide. Dans ce dernier cas, le suivi de la jument devra être strict pour obtenir une fécondation, car une fois décongelé le sperme ne sera viable que quelques heures. Au cours du développement de la monte artificielle, ces différentes techniques d’insémination ont connu des évolutions différentes. Au début des années 90, les inséminations artificielles se font essentiellement avec de la semence fraîche, les inséminations en semence congelée ne concernent alors que quelques individus.

Cependant l’insémination en semence congelée connaît un développement exponentiel en 1993, passant d’après les recensements publiés par l’IFCE, en une année de 33 saillies en 1992 (soit 0,2% des saillies en monte artificielle) à 2 091 saillies en 1993 (soit 9,6% des saillies en monte artificielle). Cette technique connaîtra son apogée en 2008, avec 9 037 saillies (Figure 4).

Préparation de la dose

Au cours de sa manipulation, la dose d’insémination ne doit entrer en contact qu’avec du matériel stérile. Lorsqu’il s’agit de semence fraîche ou réfrigérée (4°C), le matériel est préparé à température ambiante. La préparation du cathéter diffère en fonction du conditionnement de la dose lors de sa réception. Si la dose est en tube, le protocole est le suivant :
– découper l’enveloppe du cathéter du côté « embout seringue »
– brancher sur cet embout une seringue de 10 ou 20 ml, préalablement remplie avec 5 ml d’air
– enfiler le gant de palpation stérile
– sortir le cathéter de son sachet stérile avec la main non stérile
– relever la gaine sanitaire du cathéter avec la main stérile
– introduire le cathéter dans le tube contenant la dose et l’aspirer, terminer en aspirant un peu d’air pour ne pas perdre de semence lors de la suite des manipulations
– remettre la gaine sanitaire en place sur le cathéter.

Si la dose est déjà conditionnée dans la seringue, il suffit d’y aspirer 5 ml d’air avant de la brancher sur le cathéter d’insémination puis d’en pousser le contenu dans celui-ci en respectant les précautions de stérilité citées ci-dessus.

Dans les deux cas, les 5 ml d’air permettent lors de la mise en place de la dose dans la jument de vider totalement le contenu du cathéter afin d’inséminer la totalité de la dose. Lorsque la semence est congelée, la sonde et les seringues doivent préalablement être placées dans une étuve à 35-40°C et les paillettes plongées 30 secondes dans un bain-marie à 35°C.

En fonction du type de sonde utilisée, l’insémination peut se faire directement avec les paillettes (sonde munie d’une stylet poussoir), ou par l’intermédiaire d’une seringue (sonde doublée d’un cathéter). Une fois les paillettes sorties du bain-marie, leur extrémité scellée est coupée à l’aide de ciseaux propres et désinfectés. Si la sonde utilisée est munie d’un stylet, les paillettes sont prêtes à être utilisées ; sinon, leur contenu est vidé dans un tube à essai (préalablement placé à l’étuve) puis aspiré dans une seringue qui sera branchée au bout de la sonde d’insémination. Pour les vider, l’extrémité scellée préalablement coupée est placée dans le fond du tube à essai, puis la seconde extrémité est coupée à son tour afin de libérer le contenu des paillettes.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. L’élevage équin en France 
II. Etat des lieux de la mise à la reproduction des juments en France
A. Développement de la monte artificielle
B. Comparaison des techniques d’insémination
C. Utilisation des différentes techniques selon le type d’équidé
III. Réglementation relative à la monte artificielle 
A. Réglementation relative aux acteurs
B. Techniques approuvées par les stud-books
C. Obligations réglementaires des inséminateurs
IV. Pratiques de l’insémination
A. Préparation de la jument
B. Préparation de la dose
C. Mise en place de la semence
V. Etude des pratiques des vétérinaires français lors de la mise à la reproduction des juments
A. Matériels et méthodes
1. Description du questionnaire
2. Mise en ligne et diffusion du questionnaire
B. Résultats obtenus et discussion
1. Population ayant répondu
2. Maîtrise des cycles
3. Induction de l’ovulation
4. Suivi des juments et pratiques de l’insémination
CONCLUSION 
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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