Développement de la compétence culturelle de l’ergothérapeute

Emergence du thème

Point de rupture et problématique professionnelle 

Dans le cadre de la formation en ergothérapie, un stage dans une MAS a été effectué. Cette structure accueille des adultes polyhandicapés soit en internat soit en externat. La majorité des résidents de la structure sont internes. Un constat est alors identifié : celui de la présence de personnes de culture diverses. En effet, dans la MAS, des personnes, aux profils différents, aux habitudes de vies différentes mais aussi aux coutumes de vies différentes sont présentes. Ce constat a mis en évidence les différences possibles entre les personnes. Le fait de vivre dans l’institution marque d’autant plus ces différences. C’est ainsi qu’il est ressorti plusieurs questionnements : Comment une occupation peut différer d’une personne à une autres en fonction de leur culture ? Et puis comment l’ergothérapeute travaille avec les personnes de cultures différents ? Et enfin est-ce que l’intervention changent en fonction des personnes ? Il est donc intéressant de se questionner sur la culture car elle est une part importante dans l’identité de la personne. Et plus précisément sur la culture des personnes en établissement médico-social.

Explication terminologique 

Ainsi le thème qui ressort de la problématique est :

Le lien entre la culture d’un résident en établissement médico-social et l’ergothérapie.

Ce thème peut s’inscrire à travers différents champs disciplinaires :
– Santé publique : Ce champ disciplinaire a été choisi par rapport à la question sociale que suscite la maladie. Les maladies ont une histoire et une influence sur la société. Toute la population n’a pas le même rapport à la maladie. Les politiques sanitaires diffèrent selon les différents pays. Pour faire le lien avec le thème, l’aspect ci-dessus est important afin de comprendre que chaque individu n’aura pas le même rapport à la maladie. Ces différences peuvent provenir entre autre des cultures de chacun.
– Médecine/ Santé : Ce champ disciplinaire est présent du fait de la nécessité de devoir effectuer des recherches médicales. Ces recherches seront pertinentes par rapport aux résidents présents dans les établissements médico-sociaux.
– Sciences humaines et sociales : Ce champ est indispensable au thème. En effet, il regroupe la sociologie et l’anthropologie qui sont des champs importants pour comprendre la notion de « culture ». Ces deux champs définissent très bien le rapport à la culture, ainsi que ses différents aspects.
– Science de la rééducation et de la réadaptation : Les différents constats menants à la problématique, ont été observé durant un stage dans la formation en ergothérapie. De plus, l’ergothérapie est une profession qui permet l’accès aux activités de la vie quotidienne, par le biais notamment de la rééducation et de la réadaptation.
– Science de l’occupation : L’ergothérapie est une science de l’occupation. Ainsi, pour obtenir des données pertinentes sur cette profession, ce champ disciplinaire est essentiel.

Une définition terminologique du thème est indispensable afin de mieux le comprendre :
– Culture : Une première définition provient d’Edward Tylor qui était anthropologue. Pour lui « il s’agit d’un tout complexe qui inclut les connaissances, les croyances, l’art, la morale, les lois, les coutumes et toutes autres dispositions et habitudes acquises par l’homme en tant que membre d’une société » (1). D’après les professeurs en sociologie Jean-François Fortier et François Pizarro-Noel, en 2018, la culture peut être définie comme étant un système symbolique qui serai partagé par les membres d’une collectivité distincte. Cette collectivité regroupe un réseau d’éléments, comme les symboles, les normes, les valeurs, les croyances, les productions, les savoirs, les savoirfaire et les savoir-être (2).
– Ergothérapie : Une définition provenant de l’ANFE est ici pertinente. Pour elle : «l’ergothérapeute (occupational therapist) est un professionnel de santé, exerçant dans les champs sanitaire, médico-social et social. Collaborant avec de nombreux professionnels (médecins, auxiliaires médicaux, travailleurs sociaux, acteurs de l’enseignement et de la formation, techniciens de l’habitat…), il est un intervenant incontournable dans le processus d’adaptation, de réadaptation et d’intégration sociale des personnes »(3). Une autre définition provenant de la WFOT précise que : « L’ergothérapie est centrée sur le client et basée sur l’occupation. Le but de l’ergothérapie est de permettre aux clients non seulement de participer aux occupations qu’ils veulent réaliser, mais aussi de faire toutes les choses qu’ils ont besoin de faire ou qu’on attend qu’ils réalisent socialement et culturellement » (4).
– L’occupation : « Une occupation est une expérience spécifique, individuelle, construite personnellement et qui ne se répète pas. C’est-à-dire qu’une occupation est un évènement subjectif dans des conditions temporelles, spatiales et socioculturelles perçues qui sont propres à cette occurrence unique. Une occupation a une forme, une cadence, un début et une fin, un aspect partagé ou solitaire, un sens culturel pour la personne et un nombre infini d’autres qualités contextuelles perçues » (5). ENOTHE définit les occupations comme un groupe d’activité qui a une signification personnelle et socioculturelle, nommé au sein d’une culture et qui soutient la participation à la société. Les occupations peuvent être classées comme les soins personnels, la productivité et/ou les loisirs (6).
– Etablissement médico-social : Selon Johan Priou (Directeur de l’URIOPSS5) et Séverine Demoustier (diplômée en sciences politiques), en 2015, les établissements médicosociaux développent « un ensemble de prestations et de services sociaux pour l’accompagnement éducatif, thérapeutique, social et professionnel des personnes vulnérables » (7).

Ainsi, les définitions de l’ergothérapie, de la culture et d’établissement médico-social permettent de comprendre les différents termes du thème.

Résonance du thème 

D’après une étude réalisée et publié en 2020 par la DREES (8) :
– Il existe 12 430 structures accompagnants des personnes en situation de handicap,
– Il y a une augmentation de 4,4 % des places dans les structures depuis 2014. Ce qui représente concrètement 21 420 places,
– Et enfin, les travailleurs dans les services médicaux-sociaux ont augmenté de 5% depuis 2014.

La DREES appuie le fait qu’il existe de plus en plus d’établissements médico-sociaux et donc de travailleurs médico-sociaux. Ainsi l’utilité du thème s’observe dans la curiosité de pouvoir comprendre comment les professionnels de santé et notamment les ergothérapeutes travaillent avec des personnes de cultures différentes, dans ces structures. D’après Herr et al., en 2017, la culture de sécurité est un « ensemble de comportements individuels et collectifs, fondé sur des croyances et des valeurs partagées, qui cherche continuellement à réduire les dommages aux patients » (9). L’évaluation de la culture de sécurité est, dans cet article, un outil qui existait jusque là qu’en anglais et qui a été traduit en français par une équipe pluridisciplinaire. Herr et al. évoquent l’envie de certaines structures à prendre en compte la personne âgée et à lui proposer des soins de meilleurs qualités (9). D’autres articles (Occupation Therapy for South Asian Older Adults in the United Kingdom : Cross Cultural Issue), mettent en avant les cultures et leurs impacts dans les services d’ergothérapie. Ces différents aspects mettent en avant, le questionnement et l’intérêt que le champ médico-social éprouve pour la culture de la personne.

Le dernier aspect à prendre en compte est l’enjeu du thème. La culture est propre à chacun. Afin de proposer les meilleurs soins possibles à une personne, il est important de connaitre et de prendre en compte la spécificité de chaque personne. Ainsi, s’intéresser à la culture, signifie s’intéresser à la personne elle-même. Ce qui peut être que bénéfique sur la santé psychologique de la personne puisqu’elle est prise en considération. Manifestement, la notion de culture semble intéresser le monde scientifique. Il est donc pertinent d’aller voir plus précisément ce qui ressort de cette thématique dans la littérature.

La revue de littérature : analyse

La place de la culture dans les établissements de soins

Selon l’étude réalisé en 2019 de Trinkoff, docteure en Science, et al. concernant les établissements médico-sociaux : étant donné que la population augmente, les centres de vie assistés augmentent également (10). Ce constat implique l’exigence de plus en plus importante sur les réglementations de ces établissements et informe également sur la nécessité d’une formation sur la culture. En quoi une formation sur la culture pourrait être importante ? Dans quel(s) objectif(s) une formation sur la culture pourrait être pertinente ? En quoi consisterait cette formation ? Quels professionnels seraient concernés ?

En 2012, Amélie Blanchet Garneau et Jacinthe Pepin, docteures en sciences infirmiers insistent sur l’importance de la confiance avant d’envisager la sécurité culturelle (qui s’avère déterminante dans la relation thérapeutique). La sécurité culturelle est un concept scientifique qui inclut une dimension culturelle de soins (11). Il s’agit d’un concept émergent qui met en avant l’efficacité de la qualité de soin, l’égalité et la justice sociale lorsque la sécurité sociale est présente entre deux personnes de culture différentes ou entre une personne et une structure organisationnelle. En complément de ceci, Brenda L. Beagan, (2015), ergothérapeute, exprime que chaque être humain est affecté par des affiliations culturelles qui sont souvent inconscientes (12). Ainsi, la World Federation of Occupational Therapists (WFOT) exige de prendre en compte tous les aspects de la  diversité sociale et culturelle. Et ceci, en particulier lorsqu’ils affectent les rencontres thérapeutiques.

Ces éléments corroborent avec l’article de Terri Awaad, ergothérapeute, publié en 2003 sur la compétence culturelle. Une définitions de Terri Awaad définit les personnes culturellement compétentes comme ayant eu une prise de conscience culturelle (Pope-Davies et al, 1993). Celle-ci serait causée par une sensibilité de leurs propres problèmes culturels et à la façon dont les valeurs et les préjugés du thérapeute affectent patients/clients de culture différente (13). Ainsi, Terri Awaad évoque l’importance pour les ergothérapeutes d’être conscients de l’héritage ethnique individuel mais aussi du contexte culturel qui pourraient influencer leur pratique professionnelle. C’est pour cela qu’il est recommandé de « respecter les dynamiques culturelles qui ont un impact sur le processus thérapeutique » (14). En complément de ceci, Emmanuelle Jasmin, ergothérapeute, exprime l’importance de connaitre ses propres référents culturels afin que l’ergothérapeute puisse éviter d’imposer ses valeurs aux personnes (15). Dans le même sens, Emmanuelle Jasmin évoque l’importance de se décentrer de soi afin de pouvoir comprendre la culture de l’autre. En plus de ces éléments, l’ouvrage Culture et Santé, publié en 2020, expose les effets positifs des projets réalisés autour de la culture (16). La culture est ainsi considérée comme un élément de soin, qui procure du bien-être. D’où l’importance pour les professionnels de santé d’être culturellement compétents.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

1 Introduction
1.1 Emergence du thème
1.2 La revue de littérature : méthodologie
1.3 La revue de littérature : analyse
1.3.1 La place de la culture dans les établissements de soins
1.3.2 La prise en compte de la culture par les professionnels de santé
1.3.3 Choc culturelle et ergothérapie
1.3.4 Compétence culturelle
1.4 Retour sur le thème
1.5 Problématisation pratique
1.6 Enquête exploratoire
1.6.1 Objectifs
1.6.2 Méthodologie
1.7 Résultats et analyse critique
1.7.1 La culture en ergothérapie
1.7.2 La compétence culturelle des ergothérapeutes
1.8 Question initiale de recherche
1.9 Cadre conceptuel
1.9.1 L’approche centrée sur la personne
1.9.2 La compétence culturelle
1.10 Question et objet de recherche
2 Matériel et Méthode
2.1 Choix de la méthode
2.2 Population ciblée
2.3 Site d’exploration
2.4 Choix et construction de l’outil théorisé de recueil de données
2.4.1 Choix de l’outil
2.4.2 Biais de l’outil
2.4.3 Construction de l’outil théorisé
2.5 Déroulement de la recherche
2.5.1 Test du dispositif de recherche
2.5.2 Passation des entretiens
2.6 Choix des outils de traitement des données
3 Résultats
3.1 Présentation des personnes interrogées
3.1.1 Ergothérapeute 1
3.1.2 Ergothérapeute 2
3.2 Analyse verticale
3.2.1 Pratique de l’ergothérapeute et compétence culturelle
3.2.2 L’approche centrée sur la personne
3.2.3 Développement de la compétence culturelle à travers l’approche centrée sur la personne
3.3 Analyse horizontale
3.3.1 Ergothérapeute 1
3.3.2 Ergothérapeute 2
4 Discussion
4.1 Interprétation des résultats
4.1.1 Interprétation selon la revue de littérature
4.1.2 Interprétation selon le cadre conceptuel
4.2 Eléments de réponses à la question de recherche
4.3 Critique du dispositif de recherche
4.4 Apports, intérêts et limites pour la pratique professionnelle
4.5 Proposition et transférabilité vers la pratique professionnelle
4.6 Perspectives de recherches et ouverture
Bibliographie
Annexes

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *