Les primates sont connus pour leur développement lent et leur comportement social complexe (Sussman et al., 2012). Grâce à cette prolongation du stade de l’enfance, les immatures réussiront l’apprentissage dans l’adaptation à l’environnement physique et social (Roeder et Anderson, 1990). Du fait qu’après la naissance, chaque individu devra affronter un environnement différent et plus vaste dans lequel il doit poursuivre la construction de son monde (Campan et Scapini, 2002). Bien que, l’ontogenèse a été défini comme le développement d’un œuf jusqu’au stade adulte capable de redonner un œuf. Ceci fait référence également à « tous les processus de développement, embryologiques, physiologiques, somatiques, neurologiques et psychiques qui participent à l’organisation d’un individu capable de se mouvoir, de se nourrir et de se reproduire.» (Deputte, 1990). Le développement comportemental fait donc partie de l’ontogenèse dont plusieurs auteurs le nomment « ontogenèse comportementale (Roeder et Anderson, 1990) ou éthogenèse (Campan et Scapini, 2002).
Auparavant, ce développement comportemental a été vu selon deux courants opposés. D’une part, selon la vision des biologistes du 17ème siècle, l’ensemble du comportement était déjà organisé dans les gamètes. Celui-ci a été abandonné au profit d’une nouvelle théorie, Gottlieb (1973) le définit comme le développement du système nerveux et du comportement à travers une série de transformation. Cependant, quel que soit la définition donnée au comportement, il est évident qu’il est l’une des facettes du phénotype de l’individu et que certains événements particuliers dans l’environnement à certain stade du développement sont responsables de l’apparition de certaines caractéristiques comportementales (Campan et Scapini, 2002).
Pour les jeunes primates, leur environnement est constitué principalement par les membres de son groupe, qui sont les principaux supports dans les processus ontogénétiques d’ordre comportemental (Deputte, 1990). Du fait que, depuis leur naissance, ils se trouvent dans un groupe social bien structuré, caractérisé par un nombre d’individu avec une composition variable, allant de la dyade mère-jeune jusqu’à des structures complexes, des plusieurs congénères de même ou de différents âges et sexes (Campan et Scapini, 2002). Ainsi, prendre en considération toutes les interactions entre le sujet en développement et son environnement dans l’étude de l’éthogenèse est essentiel (Campan et Scapini, 2002).
A ce propos, l’ « ontogenèse comportemental » et la « socialisation » peuvent être donc considérées comme des concepts fondamentalement interdépendants. Selon Deputte (1990), la socialisation, est « un processus de développement de capacités de relations, processus d’acquisition des potentialités d’expression et de perception conduisant le jeune à pouvoir ajuster son comportement et à se lier aux autres ». L’interaction de l’individu avec son environnement participe donc à la construction des comportements de celui-ci ou plus précisément à son développement comportemental (Deputte, 1990). Grâce à ces relations, le jeune élaborera son propre statut social ainsi que son rôle particulier au sein du groupe (Campan et Scapini, 2002).
GENERALITE
Concernant le développement des immatures, une étude faite par Harlow et Harlow (1965) sur le développement du « système affectif » : relation enfant-mère et mère-enfant chez les rhésus macaques (Macaca mulatta) a montrée que ceci se décompose en quatre stades chronologiquement distincts. D’une part, pour la relation enfant-mère : le premier stade est celui du reflexe, dure 15-20 jours chez le macaque, pendant lequel, les activités des jeunes sont seulement guidées par le reflexe innée. Par exemple l’allaitement et le contact physique intime entre la mère et l’enfant. Ensuite, le second stade est celui du confort et d’attachement, au cours duquel, les jeunes restent toujours très près de leurs mères. Puis, le stade de sécurité, pendant lequel, les jeunes commencent à entrer en relation avec ses congénères par l’intermédiaire du jeu et à explorer son environnement mais en revenant de temps en temps auprès de leurs mères. De ce fait, Ils ont constaté que c’est auprès de leurs mères que les jeunes se sentent le plus en sécurité. D’ailleurs, ils ajoutent que cette sécurité est exprimée par la durée et la fréquence de ses retours vers sa mère. Enfin, le dernier stade est la séparation, ils annoncent que ceci est progressif mais n’est jamais complète. Dans les études en laboratoires, ce stade peut durer de 2 à 3 ans (Campan et Scapini, 2002).
D’autre part, concernant le développement de la relation mère-enfant, ceci se divise en trois stades successifs (Harlow et Harlow, 1965). En premier lieu, le stade d’attachement maternel et de protection, qui est caractérisé par quelques activités de la mère dirigées vers le jeune, telles, la surveillance et la protection de celui-ci. D’ailleurs, ils ont déclaré que la distance et la durée de la séparation entre la dyade s’accroissent plus ou moins rapidement suivant la qualité du milieu, la taille du groupe, et certaines différences spécifiques. En second lieu, le stade transitionnel ou ambivalent, qui se traduit par un équilibre entre les réponses positives et négatives manifestées par la mère. Et en dernier lieu, le stade de séparation maternelle ou rejet, se manifeste vers 18 à 21 mois chez les macaques, qui marque la fin du comportement ambivalent. La mère commence à rejeter son petit et à s’éloigner de celui-ci. Cependant, le spécialiste affirme que l’attachement persiste encore au bout de 3 ans (Harlow et Harlow, 1965).
Site d’étude
Le DPZ a établi quatre sites d’études dans cette grande forêt de Kirindy, tels le site CS5 et CS7 qui sont ceux qui se trouvent au sud de la piste principale appelée CONOCO, le site N5 celui qui se trouve au nord de cette-dernière et la grande savane qui est dans la partie est . Le site CS7 a été choisi pour effectuer l’étude sur terrain, du fait qu’il contenait le maximum groupes de sifaka composant des juvéniles. Il se trouve à environ 2 km à l’Est du camp du DPZ. Cette partie de la forêt est constituée par plusieurs parcelles rectangulaires de 25 m d’intersection et qui sont délimitées par des pistes accessibles. Chacune d’elle est munie d’un système de quadrillage, numéroté par des chiffres, de l’est à l’ouest et marqué par des lettres alphabétiques, du nord au sud par l’intermédiaire d’une petite « tag en plastique », ce qui facilite les activités pendant l’étude.
Espèce étudiée: Propithecus verreauxi (Grandidier, 1867)
Position systématique (selon Mittermeir et al., 2010)
Propithecus vereauxi ou sifaka de Verreaux ou tout simplement sifaka est classifiée comme suit :
Règne : ANIMAL
Embranchement : VERTEBRES
Classe : MAMMIFERES
Ordre : PRIMATES
Sous-ordre : LEMURIFORMES
Famille : INDRIIDAE
Genre : Propithecus
Espèce : Propithecus verreauxi (Grandidier, 1867) .
Description et distribution géographique
Propithecus vereauxi est un lémurien diurne de taille moyenne dans la famille des Indriidae mais le plus petit dans le genre Propithecus (Mittermeier et al., 2010). Elle mesure au total avec sa longue queue entre 90 et 110 cm car cette dernière peut aller de 50 à 60 cm dépassant la longueur de son corps. Elle pèse entre 3 et 3,5 kg (Richard et al., 2002), en revanche ce poids peut varier d’un site à l’autre selon la disponibilité des nourritures. Le pelage est épais et long, colorié presque entièrement en blanc sauf sur le sommet du crâne sur lequel il y a une «couronne» de poils brun foncé. Le dimorphisme sexuel n’est pas très net chez cette espèce (Mittermeier et al., 2014).
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Table des matières
INTRODUCTION
I.GENERALITE
II. MATERIELS ET METHODES
I.1- MATERIELS
I.1.1- Milieu et site d’étude
I.1.2- Espèce étudiée
I.2- METHODES
I.2.1 – Période de collecte des données
I.2.2 – Méthode de Collecte des données
I.2.3 – Méthode d’analyse des données
III. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III.1- DEVELOPPEMENT COMPORTEMENTAL DES JEUNES
III.2- DEVELOPPEMENT NUTRITIF DES JEUNES
III.3- DEVELOPPEMENT DES RELATIONS SOCIALES DES JEUNES
IV. DISCUSSIONS
V. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES