La position de la Communauté Rurale de Gandon à la croisée du fleuve Sénégal, de l’océan Atlantique et des zones sahéliennes de l’intérieur des terres, offre à la Communauté Rurale une diversité de paysage exceptionnel associant vastes plages, enchevêtrement de bolongs et dunes de sables de différentes couleurs. Cependant, la sécheresse, consécutive aux années de déficit pluviométrique et les invasions fréquentes des sauterelles ont fini par installer la communauté rurale dans une situation de déséquilibre écologique plongeant la population qui est foncièrement liée à la terre (à travers l’agriculture, l’élevage…) dans un état de précarité des conditions d’existence. Les sols se sont appauvris, le couvert végétal se dégrade davantage. La salinité des terres s’accentue et les ressources en eaux se dégradent de plus en plus. Au-delà des paysages, la diversité de la communauté rurale est également visible au sein de sa population. Ses 45915 habitants (au recensement de 2005) présentent, en effet, des caractéristiques socioculturelles variées aussi bien d’un point de vue de l’origine ethnique que des activités professionnelles exercées. Face à cette situation de dégradation du milieu physique et de crise économique, il est important de savoir quelles ont été les stratégies développées par la population adulte, en l’occurrence, les femmes afin de s’adapter ou de sortir de cette situation. Une population féminine qui s’organise de mieux en mieux autour de structures qui ont pour objectif l’augmentation des revenus des membres à travers la réalisation d’actions productives collectives et de favoriser le développement économique et social du village en améliorant les conditions de vie et de travail.
L’acteur social est un individu ou une entité sociale auquel on peut attribuer la capacité de construire ou d’orienter son devenir. L’acteur est donc un participant actif dans la mesure où il a la capacité et le pouvoir de mobiliser des ressources, matérielles ou symboliques, pour influencer le cours des choses. « L’acteur ne se borne pas à réagir à des situations, mais produit également celle-ci ». Tarrière Diop 1996. Au-delà de l’essence même d’une organisation c’est-à-dire l’association d’individus poursuivant une finalité commune, elle est le résultat de la confrontation de logiques pouvant être différentes, s’inscrivant à la fois dans des stratégies collectives et individuelles.
LES POTENTIALITES ECONOMIQUES DE LA COMMUNAUTE RURALE DE GANDON
LES SECTEURS D’ACTIVITES : PRESENTATION
LES ACTIVITES PRINCIPALES
L’AGRICULTURE
La Région de Saint-Louis a une vocation fortement agricole compte tenu des importantes potentialités hydriques et foncières. En effet, la présence du fleuve Sénégal et de ses défluents permet deux types de cultures : les cultures irriguées et celles de décrue qui se développent dans la Vallée et du Delta du fleuve Sénégal. Cependant, il existe un troisième type de culture dite sous pluie (fin juillet mi septembre) pratiqué dans la zone du Diéri, mais reste tributaire des aléas climatiques. A côté de ces trois, est pratiquée une autre forme de culture dite industrielle. Selon la DPS 2000, il existe 42514 ménages ruraux dans la Région de Saint-Louis (les ménages ruraux du département de Saint-Louis sont intégrés dans celui de Dagana). Parmi ces ménages ruraux, 87% sont des ménages dont l’activité principale est l’agriculture. L’agriculture intéresse 65% des ménages de la Communauté Rurale de Gandon. Dans la Communauté Rurale de Gandon, les populations s’intéressent beaucoup plus au maraîchage qu’à l’agriculture sous pluie qui a fortement reculé du fait d’un régime pluviométrique très aléatoire. Il est aussi important de souligner que l’activité traditionnelle de décrue a régressé à cause des variations des plans d’eau et des typhas qui se développent et occupent les petites marges de terres qu’offre le retrait des eaux. Dans la zone des Niayes (Gandiolais), toutes les spéculations horticoles s’y pratiquent notamment l’oignon, la carotte, le chou etc. Mais c’est la salinité des terres (depuis la brèche sur la Langue de Barbarie) qui a causé le recul de cette activité. L’agriculture dans le Gandiolais est dominée par le maraîchage qui utilise l’eau des nappes de préférence par des techniques traditionnelles d’exhaure (céanes).
Des efforts restent encore à faire pour enrayer les déficits alimentaires qui surviennent de manière récurrente dans une région à très grand potentiel agricole. Les potentialités du secteur agricole peuvent se résumer à l’existence :
❖ de terres disponibles ;
❖ de la disponibilité des ressources en eau (marigots,…) ;
❖ un regroupement de producteurs fonctionnels et dynamiques (CLCOP)
❖ d’un centre de formation à Minguène ;
❖ de partenaires intervenant dans la communauté rurale (ANCAR, ISRA, SAED…) ;
❖ de structures de crédit fonctionnelles (CNCAS, FEPRODES) ;
❖ du périmètre irrigué de la vallée de Ndialakhar ;
❖ d’aménagements hydro agricoles comme le Canal du Gandiol.
Bien que les potentialités agricoles soient importantes, la péjoration climatique a souvent entraîné des déficits vivriers. Mais l’introduction et le développement des techniques de micro irrigation dans cette zone et dans les zones de culture pluviale auront comme avantage de mieux gérer l’eau et de créer des revenus supplémentaires, surtout pour les exploitations des systèmes pluviaux.
LA PECHE
La région de Saint-Louis connaît deux types de pêche, la pêche maritime au niveau de l’Océan Atlantique et la pêche continentale pratiquée au niveau du fleuve Sénégal, les lacs et bras du fleuve. La pêche (maritime et continentale) représente 7% des activités et joue un rôle économique important sur la frange maritime et le long des cours d’eau. La Communauté Rurale de Gandon est une zone qui regorge d’abondantes ressources halieutiques (grâce à la présence de marigots, du fleuve, de l’océan). L’existence de pêcheurs professionnels fait de cette activité une des principales sources de revenus, particulièrement pour les populations de la zone du Gandiolais et celles habitant la Langue de Barbarie. L’existence aussi de phares de signalisations fonctionnelles aide beaucoup les pêcheurs à se repérer au niveau des cours d’eau. L’importance des cours d’eau, l’expertise paysanne locale sont des potentialités qui devraient pouvoir favoriser le développement de la pisciculture et la relance de la pêche continentale à travers une meilleure gestion des terroirs halieutiques. La pêche continentale elle, est pratiquée au niveau du fleuve Sénégal, occupait jadis une place très importante dans l’économie régionale, voire nationale. Depuis la vague de sécheresse des années 1970, elle est entrée dans une profonde léthargie qui a occasionné une diminution progressive de la production halieutique. A cela s’ajoute l’impact de la mise en service du barrage de Diama qui a fait baisser davantage la production de poissons.
L’ELEVAGE
Située à l’extrémité Nord du pays, la Région de Saint-Louis borde le fleuve Sénégal, plus précisément dans la moyenne vallée du fleuve et le delta. En fonction des ressources que lui confère ce cours d’eau, SaintLouis occupe une position stratégique dans l’espace économique sénégalais. L’élevage y est pratiqué essentiellement par les populations rurales principalement constituées de Peulhs. Le système de production a un caractère extensif, traditionnel et parfois semi extensif du fait de l’étroitesse des zones de pâturage et de l’abondance des sous produits agricoles. Dans la Communauté Rurale, l’élevage concerne 25% des activités rurales. La présence de ce cours d’eau, la disponibilité des sous-produits agricoles et de vastes zones de pâturages sont des conditions favorables au développement de cette activité qui reste encore extensive et tributaire des aléas climatiques. La carte de la vocation des terres de la Communauté Rurale (page 51), telle que définie par le POAS , a aussi révélé les potentialités et a défini les limites de chaque zone « zone agro-pastorale à priorité agricole (ZAPA) ; zone agro-pastorale à priorité élevage (ZAPE) ; zone pastorale (ZP) ; zone d’habitation (ZH) ». L’élevage a bénéficié, en plus de la disponibilité des ressources en eau, de structures d’encadrement (ISRA) et d’agents vétérinaires. La Communauté Rurale dispose de 8 parcs de vaccinations, d’un foirail (à Sanar), d’un abattoir (à Rao gare). Toutes ces infrastructures entrent dans le cadre d’une meilleure exploitation des produits de l’élevage. L’aviculture traditionnelle et l’élevage de petits ruminants jouent un rôle important dans la sécurisation des revenus des ménages et ceux des femmes, mais la production est faible. L’existence d’un cheptel important en nombre de têtes de bétail et d’éleveurs qui ont capitalisé au cours des siècles une grande expérience en matière d’élevage a permis le développement de cette activité. C’est une activité qui occupe 35% de la population communautaire. Ce chiffre est assez illustrateur de la place qu’occupe ce secteur dans l’économie locale.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE: PRESENTATION DE LE COMMUNAUTE RURALE DE GANDON
CHAPITRE 1: DYNAMIQUE DU MILIEU PHYSIQUE ET HUMAIN
A/ LES CONTRAINTES DU MILIEU PHYSIQUE
1. DEFICIT PLUVIOMETRIQUE
2. TYPOLOGIE DES SOLS
3. DEGRADATION DU COUVERT ARBORE
B/ LA SITUATION DEMOGRAPHIQUE DE LA COMMUNAUTE RURALE
1. REPARTITION ETHNIQUE ET SPATIALE
2. STRUCTURE DEMOGRAPHIQUE
CHAPITRE 2: LES POTENTIALITES ECONMIQUES DE LA COMMUNAUTE RURALE
A/ LES SECTEURS D’ACTIVITE
LES ACTIVITES PRINCIPALES
1. L’AGRICULTURE
2. LA PECHE
3. L’ELEVAGE
LES AUTRES ACTIVITES
1. L’EXTRACTION DU SEL
2. L’INDUSTRIE ET LE COMMERCE
3. L’ARTISANAT
4. LE TOURISME
DEUXIEME PARTIE: LES STRUCTURES FEMININES ET LES ACTIVITES DE DEVELOPPEMENT
CHAPITRE 1: LES STRUCTURES FEMININES
A/ LES FORMES D’ORGANISATIONS TRADITONNELLES OU INFORMELLES
1. LES TONTINES
2. LES ASOCIATIONS ROTATIVES D’EPARGNE ET DE CREDIT (AREC)
B/ LES FORMES D’ORGANISATIONS MODERNES OU FORMELLES
1. L’ASSOCIATION OU LE GROUPEMENT DE PROMOTION FEMININE (GPF)
2. LE GROUPEMENT D’INTERET ECONOMIQUE (GIE)
CHAPITRE 2: LES GPF: SITUATION ET ACTIVITES
A/ ORGANISATION INTERNE
1. COMPOSITION SOCIALE
2. STRUCTURATION ET ORGANISATION
3. FINANCEMENT
B/LES ORGANISATIONS FEMININES ET LES ACTIVITES DE DEVELOPPEMENT
1. LES ACTIVITES LIEES A L’AGRICULTURE
2. LES ACTIVITES LIEES A L’ELEVAGE
3. LES ACTIVITES LIEES A LA PECHE
4. L’ACTIVITE DE RECOLTE DE SEL
5. LES ACTIVITES LIEES A LA PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT
6. L’ACTIVITE DE TRESSAGE DE NATTE
7. LES FEMMES ET LE PETIT COMMERCE
TROISIEME PARTIE: BILAN ET PERSPECTIVES
CHAPITRE 1: PROBLEMES ET LIMITES DES GPF
A/ LE MANQUE D’ORGANISATION
1. DES PROBLEMES DE GESTION INTERNE
2. DISPERSION DES INTERVENANTS EXTERIEURS
3. MANQUE DE RENTABILITE
B/ LE DIFFICULTES D’ACCES AUX RESSOURCES MATERIELLES ET FINANCIERES
1. ACCES A LA TERRE
2. ACCES AUX INFRASTRUCTURES
3. ACCES AUX FINANCEMENTS
C/ L’ANAPHABETISME
1. LES FEMMES ET L’ANALPHABETISME
2. SCOLARISATION DES FILLES
CHAPITRE 2: PERSPECTIVES
A/ ACCES AUX RESSOURCES
1. ALLEGEMENT DES TACHES DOMESTIQUES DES FEMMES
2. AMELIORATION DE L’ACCES DES EFMMES A LA TERRE, AUX INTRANTS ET AUX TECHNOLOGIES
B/ FEMMES ET MICRO FINANCE
1. PRESENTATION DE LA FEPRODES
2. PRESNTATION DE LA MUTUELLE
C/ RENFORCEMENT DE CAPACITE
1. AMELIORATION DES COMPETENCES EN ENTREPRENARIAT DES FEMMES
2. PME
CONCLUSION