Attribution taxinomique à partir des mensurations des ossements
Le nombre de spécimens appartenant à Coracopsis parmi les ossements d’oiseaux, valable pour des mesures morphologiques, a permis d’étudier les éléments osseux pour aboutir à des déterminations spécifiques. Des intervalles de mesures de chaque élément osseux postcrânien ont été établis à partir des valeurs issues des spécimens des collections ostéologiques de plusieurs muséums d’histoire naturelle (AMNH, BMNH, FMNH, UMMZ) (tableau 4). Les valeurs de chaque paramètre prises représentent cependant une espèce qui est soit C. nigra, soit C. vasa. Dans ce cas, les ossements ayant été utilisés pour la morphométrie appartiennent à des espèces au stade de développement adulte. Ce principe se fonde sur la constance de la taille d’un individu adulte à partir de sa maturité.
Données obtenues des analyses morphométriques
Cette analyse permet de mettre en évidence les variations sur les caractères ostéométriques pris sur les parties proximale et distale des membres (humérus, fémur, ulna, carpométacarpe) (tableau 5). Ces paramètres renseignent sur la taille des Coracopsis vasa au stade adulte du développement. Les valeurs obtenues par morphométrie ont été d’ordre millimétrique. Ainsi pour mettre en exergue les différences sur la taille des éléments osseux d’un individu à un autre, les valeurs ont été donc rangées par classe. Une classe comprend un intervalle de valeur de 5 mm maximum. Ces valeurs sont présentées sous formes de diagrammes. Pour les humérus (figure 26a), trois classes ont été attribuées selon les valeurs reçues dont le maximum est de 73.6 mm et de 61.4 mm de minimum sur la longueur total des ossements et où la dominance des pièces squelettiques dans l’intervalle de mesure [65-70] est constatée. D’un autre côté, sur les données morphométriques obtenus sur les fémurs, deux classes ont été réalisées à partir des valeurs dont les 60% incluent les pièces osseuses comprises entre l’intervalle de valeurs [45-50]mm et 40% entre l’intervalle [50-55]mm (figure 26b). Aussi sur les ulnas (figure 26c), la multiplicité de cet élément squelettique parmi les échantillons d’étude a permis de classer les mesures morphométriques en 4 classes. La variation de la longueur totale des ossements va de 65 mm à 81 mm et où l’intervalle de valeur [80-85] représente 50% de la totalité des ulnas mesurés. Les carpométacarpes de la collection récoltée dans l’Aven Cave sont moins nombreux. Deux classes ont été établies dont [45 – 50] et [50 – 55]. La fréquence en individus (figure 26d) sur l’intervalle [50 – 55] représente 60 % des échantillons des carpométacarpes. Les valeurs, minimale et maximale, sont de 49,7 mm et 52,9 mm où la moyenne des mesures ostéométriques sur les carpométacarpes est de 50,5 mm.
Nombre total de restes
Suite à l’identification et l’analyse comparative des ossements, le nombre total de restes est de 123 dont 84 % des spécimens collectés ont été déterminés anatomiquement et taxonomiquement ; 10% déterminés anatomiquement et 6% des échantillons ont été impossibles à déterminer (figure 27). Parmi ces restes déterminés (NRDa), la détermination taxonomique a fourni les taxons suivants : Foudia madagascariensis, Ploceus sakalava, Coracopsis vasa, Polyboroides radiatus, Falco newtoni, Coua primaeva, Ardea humbloti, Mullerornis agilis et quelques spécimens appartenant à des passereaux. En observant la figure 28, un pic sur les effectifs des ossements appartenant à l’espèce Coracopsis vasa est constaté. Par contre le pourcentage des éléments osseux collectés pour les autres taxons à savoir Ploceus sakalava, Poyboroides radiatus, Falco newtoni, Ardea humbloti, Mullerornis agilis et Foudia madagascariensis est inférieur à 10% (tableau 7). Afin de déterminer le plus petit nombre d’individus, nécessaire pour rendre compte de tous les os présents et ayant été déterminés taxonomiquement, le NMI de fréquence a été choisi. Cette méthode a consisté à trier chaque os selon son type et sa latéralité, puis prendre la valeur la plus élevée qui correspond au NMI de l’échantillon. Selon le tableau 8, la valeur du NMI pour les taxons déterminés sont les suivantes :
• Pour le genre Coracopsis : NMI = 8
• Pour le genre Foudia madagascariensis : NMI= 2
• Pour les genres Ardea humbloti, Coua primaeva, Falco newtoni, Ploceus sakalava, et Polyboroides radiatus, le NMI est égal à 1.
Variation des mesures morphométriques des ossements
Le résultat de l’analyse morphométrique a permis de déterminer le rang spécifique des spécimens appartenant au genre Coracopsis. Il a été déduit que les ossements de la région appendiculaire sont ceux de Coracopsis vasa. Les valeurs issues des mesures des paramètres ostéologiques montrent une variation sur les longueurs des pièces osseuses. Ces variations sont d’ordre millimétrique. Selon la description de Langrand en 1995 sur ce taxon, les sexes mâle et femelle sont semblables. Ils ne représentent aucun dimorphisme sexuel où le mâle est plus grand ou petit par rapport à la femelle. En outre, selon des analyses squelettochronologiques, la croissance du squelette est principalement soumise aux variations saisonnières de son alimentation (qualitatif et quantitatif) et de la température (Castanet et al., 1992 ; La Roulandie, 2000). Ces variations se traduisent sur l’ossement par des marques de croissance. Lorsque les conditions environnementales sont favorables, les marques se présentent sous forme de couches larges à croissance rapide (zone). Tandis qu’une couche étroite de cellules, à croissance lente ou des lignes d’arrêt de croissance sont observées lorsque les conditions sont défavorables. Dans cette étude, faute de coupe histologique, aucune observation de ces marques n’a été réalisée mais les résultats de ces analyses squelettochronologiques sont utiles pour interpréter les différences de valeur sur les longueurs prises. Ainsi les variations sur les paramètres ostéométriques peuvent cependant être en relation à la disponibilité de chaque individu à l’alimentation dans son environnement tandis que les variations de température ne peuvent pas être considérées pour interpréter cette variation car ces individus auraient vécu dans un même biotope du fait que leurs restes soient localisés dans un même dépôt.
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Table des matières
INTRODUCTION
Chapitre I : GENERALITES
I.1. Caractéristiques générales des oiseaux
I.1.1. Phylogénie des oiseaux
I.1.2. Madagascar et ses faunes aviaires
I.1.3. Oiseaux subfossiles
I.2. Présentation de la zone de recherche
I.2.1. Localisation de la zone de recherche
I.2.3. Géologie et Géomorphologie du milieu
I.2.4. Le climat et la végétation
Chapitre II : MATERIELS & METHODES
II.1. MATERIELS
II.1.1. Matériels de terrain
II.1.2. Matériels de laboratoire
II.2. METHODES
II.2.1. Méthodes d’approche sur terrain
II.2.2. Préparation au laboratoire
II.2.3. Méthodes d’étude proprement dites
II.2.3.1. Analyse qualitative
II.2.3.2. Analyse quantitative
Chapitre III : RESULTATS & INTERPRETATIONS
III.1. Attribution morphoanatomique et taxinomique des matériels osseux
III.2. Attribution taxinomique à partir des mensurations des ossements
III.3. Résultats des analyses quantitatives
III.3.1. Données obtenues des analyses morphométriques
III.3.2. Nombre total de restes
III.4. Paléoenvironnement du milieu
Chapitre IV : DISCUSSIONS
IV. 1. Les éléments osseux collectés
IV.2. Origine des accumulations osseuses de l’Aven Cave
IV.3. Variation des mesures morphométriques des ossements
IV.4. Implication de l’étude pour la taphonomie
IV.5. Hypothèses sur les causes de l’extinction des faunes aviaires
IV.6. Intérêts de la conservation du gisement subfossilifère de l’Aven Cave
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET WEBOGRAPHIQUES
ANNEXES
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