Determinants de l’anxiete au cours de la grossesse

Dans la majorité des cas, la grossesse est une période de vie joyeuse. Mais la recherche a montré que cette période peut être considérée comme une période spécifique où l’anxiété peut se développer ou croitre [1]. En effet, la période périnatale est propice à l’apparition ou l’aggravation de nombreuses pathologies anxieuses et dépressives. Cette anxiété qui est définie comme une « peur sans objet » selon Janet, est plus précisément une vigilance douloureuse liée à une crainte plus ou moins nette avec un sentiment d’alarme, d’attente, d’appréhension d’un danger plus ou moins vague [2]. Actuellement, il y a de plus en plus de preuves quant au rôle défavorable de l’anxiété sur la femme enceinte et son nouveau-né.

LA GROSSESSE

DEFINITION

La grossesse
Encore appelée « gestation », la grossesse est l’état de la femme enceinte commençant par la fécondation et se terminant par l’accouchement .

PHYSIOLOGIE DE LA GROSSESSE 

Déroulement chronologique de la grossesse
La grossesse ou gestation débute à partir de la fécondation issue en principe d’un rapport sexuel, et se déroule jusqu’à l’expulsion de l’organisme engendré. La grossesse normale dure en moyenne 9 mois, soit 39 semaines .

Les modifications physiologiques maternelles pendant la grossesse
Elles sont de trois ordres : hormonales, physiques et organiques
➤ Modifications hormonales :
– Production de progestérone,
– Production de HCG,
– Production d’œstrogène,
– Production d’HP
➤ Modifications physiques :
– La peau : [6]
Le chloasma ou « masque de grossesse », tâche de pigmentation brune, apparait sur le front et les éminences malaires.
– Le poids : [5]
Le poids augmente à raison de 1 kg par mois jusqu’au 6ème mois, puis de 2 kg par mois au cours du 3ème trimestre. Au total, la prise de poids en fin de grossesse est entre 9 et 12 kg pour une femme avec un poids normal (IMC entre 19 et 24).
➤ Modifications organiques :
• Adaptations respiratoires :
Les contractions utérines peuvent induire une dyspnée, respiration coupée, manque d’air, essoufflement après effort [5].
• Adaptations cardio-vasculaires :
Globalement il y a une augmentation du travail cardiaque. La caractéristique essentielle de l’adaptation cardiovasculaire de la femme enceinte est l’installation d’une vasodilatation artérielle très précoce qui pourrait expliquer l’augmentation du débit cardiaque et précèderait l’activation du système rénine-angiotensine aldostérone [7]. L’autre caractéristique est l’hypervolémie qui est l’expression de la rétention hydrosodée due aux œstrogènes et de l’augmentation de la sécrétion d’aldostérone. Il en résulte une augmentation du volume plasmatique. La volémie diminue progressivement pendant les 3 premiers jours du post-partum et le retour a la normale se fait en 4 a 6 semaines. Les œstrogènes augmentent la fréquence et le débit cardiaque ainsi que les débits circulatoires et la contractilité du myocarde [7].
• Adaptations rénales :
Les variations de la fonction rénale sont parallèles à ceux de la fonction cardiaque. La rétention est favorisée par l’œstrogène et l’insuline
• Adaptations digestives : [5]
– Gencives : cyanose, saignements, sialorrhée
– Œsophage : Reflux, pyrosis
– Estomac : Temps de vidange de l’estomac allongé
– Tube digestif : Diminution du transit, constipation par :
– facteurs hormonaux
– mécaniques
– Vésicule biliaire :
– ralentissement vidange
– modification biochimique de la bile : lithiases (effet additif des grossesses successives)
– Foie : Synthèses de protéines (fibrinogène, globulines….)
• Adaptations de la coagulation :
Normalement au cours de la grossesse, la coagulabilité sanguine augmente du début à la fin .

Après avoir vu ces notions concernant la physiologie de la grossesse, nous allons entamer la psychologie de la maternité pendant la grossesse qui est le cheminement aboutissant à la relation mère-enfant.

PSYCHOLOGIE DE LA GROSSESSE

La grossesse représente une étape importante dans l’accès au statut de femme. [9].Cependant, il reste difficile d’évoquer la période prénatale sans souligner les remaniements psychologiques observés au cours de la grossesse [8]. En effet, l’acceptation de son état gravide à la femme est soumise à des variations individuelles ; le vécu de la grossesse a un caractère très subjectif. Il reste néanmoins envisageable de décrire certaines caractéristiques communes du vécu psychologique de la grossesse normale .

Acceptation de la grossesse normale

Ce problème soulève le fait que, même ardemment désirée, la femme enceinte rencontre fréquemment des difficultés d’acceptation de sa grossesse débutante. Elle traverse en effet une période de doute et de questionnement sur son état, désigné par le terme « ambivalence » [9]. L’ambivalence est une phase d’adaptation de la femme à la grossesse et au futur enfant ; à la joie et la satisfaction d’être enceinte se mêlent le doute et la peur [10]. Ce dilemme se joue à un niveau plus ou moins conscient selon la personnalité de chaque femme, le contexte socio-économique et familial dans lequel survient la grossesse. L’état de grossesse proprement dit est parfois difficilement accepté par la femme dans la mesure où il peut réveiller un sentiment de culpabilité chez la femme. L’ambivalence est très fréquente et banale, mais elle a des effets somatiques [10]. Ce qui fait que les troubles physiques peuvent aussi être l’expression par la femme de l’ambivalence entre acceptation et non-acceptation de l’état de grossesse débutante .

Ainsi, selon l’interprétation psychanalytique, « la nausée est un équivalent somatique du dégoût de la grossesse » [11]. Parfois, c’est à l’égard du fœtus lui-même, et non de l’état gravide, que la femme éprouve un sentiment d’ambivalence. Le sentiment de rejet par la femme, en général l’hostilité, se traduit à travers le corps, d’autant plus facilement que la mère ne ressent pas encore la présence de l’embryon in utero [12]. PASINI E. distingue le désir de grossesse et le désir d’enfant car ils ne coïncident pas nécessairement [13]. Le désir de grossesse peut être observé sans désir d’enfant, et ceci réciproquement .

Le désir de grossesse :
Le désir de grossesse renvoie à l’image de la fonction reproductrice de la femme [9]. En effet, certaines femmes souhaitent vivre une grossesse pour « l’impression de complétude qu’elle procure » mais aussi « pour prouver à soi et quelques fois aux autres qu’elles sont capables de procréer » .Ces femmes ne se sentent pas pour autant prêtes à accueillir et élever un enfant [13].

Le désir d’enfant :
Le désir d’enfant se présente souvent comme une démarche consciente, raisonnable, voire programmée, s’intégrant dans un plan de vie lié aux idéaux sociaux, culturels et familiaux [14]. Cependant, le désir d’enfant, présent dès l’enfance chez la petite fille, sousentend d’autres envies, notamment celle de donner un enfant à l’homme qu’on aime, de s’accomplir dans sa féminité, de continuer la filiation et de trouver une identité de ce statut de mère [13]. Et ce projet conscient est infiltré de significations et de désirs inconscients [7]. Cependant, d’autre auteurs rajoutent que le désir d’enfant est « inconscient comme tout désir mais vise un objet à consistance réelle » [13]. D’autres auteurs ont pu énumérer la présence de deux composantes du désir d’enfant :

La première composante du désir d’enfant concerne « l’aspect œdipien » : La jeune mère « réactualiserait ses tendances libidinales appartenant au complexe d’Œdipe ». Il s’agit ici de recevoir « en cadeau du père, un enfant ». Guillaumont C. parle de « processus compensatoire » pour décrire le principe œdipien. L’enfant fille va s’enchainer dans une dette de vie à sa mère. Devenir mère suppose donc un compromis entre l’attachement à la mère d’antan, source de vie et de tendresse, et l’exigence de l’échange de l’objet d’amour maternel contre l’objet paternel [13]. La deuxième composante du désir d’enfant concerne donc « la dette de vie ». Il s’agit d’une composante narcissique de par le désir de devenir mère comme sa mère et la quête du pouvoir maternel. Bydlowski M. définit la dette de vie comme « la reconnaissance de sa propre mère à l’intérieur de soi ». En effet, en étant enceinte, la fille devient femme et s’identifie à sa propre mère. L’aptitude à devenir mère impliquerait ainsi la reconnaissance d’une gratitude à l’égard de celle qui a donné initialement la vie .

C’est à partir de là que le désir d’enfant va vers la réalisation de l’enfantement.

La concrétisation de l’état de grossesse

Une fois le diagnostic de grossesse confirmé médicalement, la femme rencontre souvent des difficultés pour prendre pleinement conscience de son état gravide. L’enfant du premier trimestre de gestation ne manifeste pas encore sa présence par ses mouvements, et les modifications corporelles de la future mère sont minimes. La femme vit donc son état gravide comme une simple idée, l’idée « d’être enceinte », dans la mesure où elle ne peut pas sentir l’embryon évoluer in utero. La preuve de son existence, pour la mère et son entourage, repose sur l’examen médical et/ou sur le résultat d’une analyse de sang [9]. Aussi, la femme peut souhaiter inconsciemment voir se matérialiser cette idée de gestation par des manifestations sensorielles plus concrètes, lui confirmant la réalité de son état. Les troubles physiques du premier trimestre peuvent répondre à cette attente, dans la mesure où ils sont socialement reconnus et reconnaissables. L’association de nausées, vomissement, hypersomnie,…attestent bien le début de la grossesse lorsqu’ils sont accompagnés de son diagnostic médical. Ils réalisent ce que l’on pourrait appeler un « conformisme gravidique » [15]. Ces manifestations somatiques ont cependant un caractère subjectif. Elles varient dans leur expression et leur intensité en fonction du vécu de chaque femme, et de la façon dont elle aborde sa grossesse .

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela chatpfe.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I. La grossesse
I.1 Définitions
I.2 Physiologie de la grossesse
I.3 Psychologie de la grossesse
I.4 Les troubles psychiques au cours de la grossesse
I.5 Etiopathogénie et facteurs de risque
II. L’anxiété
II.1 Définitions
II.2 La symptomatologie anxieuse
II.3 L’anxiété spécifique de la grossesse
II.4 Traitement
DEUXIEME PARTIE : NOTRE ETUDE PROPREMENT DITE
I. METHODOLOGIE
I.1 Cadre d’étude
I.2 Type et période d’étude
I.3 Objectifs
I.4 Recrutement des patients
I .5 Paramètres étudiés
I.6 Moyen de mesure
I.7 Limites de l’étude
II. RESULTATS
II.1 Caractéristiques socio-démographiques
II.1.1 Répartition selon l’âge
II.1.2 Répartition selon la situation matrimoniale
II.1.3 Répartition selon la nationalité
II.1.4 Répartition selon la religion
II.1.5 Répartition selon le niveau d’éducation
II.1.6 Répartition selon la profession
II.2 Caractéristiques obstétricales
II.2.1 Répartition selon le désir de grossesse
II.2.2 Répartition selon le cours de préparation à l’accouchement
II.2.3 Répartition selon le sentiment général du vécu de la grossesse
II.2.4 Caractéristiques de la qualité des soins
II.3 Caractéristiques cliniques
II.4 Facteurs associés à l’anxiété état
II.4.1 L’âge
II.4.2 La situation matrimoniale
II.4.3 Le niveau d’éducation
II.4.4 La profession
II.4.5 Existence de neveu ou de nièce
II.4.6 Présence du conjoint
II.4.7 Relation à la mère
II.4.8 Relation à la famille
II.4.9 Relation avec la belle famille
II.4.10 Relations amicales
II.4.11 Antécédents obstétricaux
II.4.12 Cours de préparation à l’accouchement
II.4.13 Qualité des soins
II.4.14 Inquiétude
II.4.15 Fatigue
II.4.16 Sommeil
II.4.17 Sentiment général du vécu de la grossesse
II.4.18 Antécédents psychiatriques
II.4.19 Biographie : Enfance et adolescence
COMMENTAIRES ET SUGGESTIONS
I. COMMENTAIRES
I.1 Analyse descriptive
I.1.1 Age
I.1.2 Situation matrimoniale
I.1.3 Nationalité
I.1.4 Religion
I.1.5 Niveau d’éducation
I.1.6 Profession
I.1.7 Désir de grossesse
I.1.8 Cours de préparation à l’accouchement
I.1.9 Sentiment général du vécu de la grossesse
I.1.10 Satisfaction générale sur la qualité des soins
I.1.11 Valeur moyenne de l’anxiété état
I.2 Analyse comparative
I.2.1 Age
I.2.2 Situation matrimoniale
I.2.3 Niveau d’éducation
I.2.4 Profession
I.2.5 Existence de neveu ou de nièce
I.2.6 Facteurs relationnels
I.2.7 Antécédents obstétricaux
I.2.8 Cours de préparation à l’accouchement
I.2.9 Satisfaction générale sur la qualité des soins
I.2.10 L’inquiétude
I.2.11 La fatigue
I.2.12 Le sommeil
I.2.13 Sentiment général du vécu de la grossesse
I.2.14 Antécédents psychiatriques
I.2.15 Biographie : enfance et adolescence
II. SUGGESTIONS
CONCLUSION
ANNEXES
REFERENCES

Lire le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *