DETERMINANTS D’ADOPTION D’INNOVATIONS AGRICOLES

DETERMINANTS D’ADOPTION D’INNOVATIONS AGRICOLES

Importance économique du riz au niveau international

La situation mondiale du riz est caractérisée par une production de 650 millions de tonnes (FAO, 2010). Elle est concentrée pour plus de 90 % en Asie (Boutsen et Aertsen 2013), avec 122 millions de tonnes, la Chine arrive en tête du classement des pays producteurs, devant l’Inde, l’Indonésie, le Bangladesh, le Vietnam et la Thaïlande. Ces pays sont aussi les principaux consommateurs de riz. Leur production est principalement destinée à leur propre marché, de sorte que la part de la production mondiale qui est exportée chaque année n’est que de 5 à 7 % (soit 30 millions de tonnes) (Boutsen et Aertsen 2013), traduisant ainsi une attitude protectionniste de ces pays exportateurs. Par ailleurs, le taux de progression de la demande mondiale (2%) est 10 fois supérieur au taux de progression des volumes échangés (0,2%) (ONDR 2012). La figure 1 présente la répartition de la production et des exportations mondiales de riz.

Le commerce international du riz n’a cessé de se développer au cours des vingt dernières années, principalement du fait de la demande croissante en Afrique. La Thaïlande et le Vietnam sont les premiers exportateurs de riz avec respectivement 30 et 20 %. Les Philippines et le Nigeria sont les premiers importateurs de riz. En conséquence de cette forte concentration de la production et des exportations, le marché mondial du riz se caractérise par une volatilité structurelle des prix. L’instabilité des prix sur le marché du riz est imputable à plusieurs facteurs conjoncturels tels que des récoltes catastrophiques ou record, des inondations, la gestion des stocks ou l’instabilité politique qui exercent une incidence directe sur le niveau de production. Plusieurs facteurs structurels ont eux aussi une incidence de taille sur les prix du riz : la forte demande de riz des pays émergents tels que la Chine et l’Inde elles-mêmes, la consommation croissante en Afrique, les glissements entre les céréales dus à une demande croissante d’aliments destinés aux animaux et la production de céréales utilisées dans la production d’agro carburants. Depuis 2008, plusieurs grands pays exportateurs de riz ont imposé soit des prix minimums à l’exportation, soit des taxes, ou encore des restrictions quantitatives pour ne pas pénaliser leurs populations (NGARESSEUM 2009). Ces mesures ont réduit les quantités de riz offertes sur le marché mondial avec comme corollaire une augmentation des cours internationaux de cette céréale.

La situation rizicole en Afrique de l’Ouest

L’Afrique de l’Ouest possède de nombreux atouts pour la production de riz et, de manière générale, le développement de la chaîne de production du riz : disponibilité de grandes surfaces de terres exploitables pour la production, conditions climatologiques favorables au riz, demande soutenue, réseau de centres de recherche. Le riz couvre en Afrique de l’Ouest une superficie supérieure à 5.5 millions d’hectares dont près de 2.4 millions sont au Nigéria (Boutsen et Aertsen 2013). Le secteur du riz se compose principalement de petits producteurs et surtout de transformateurs artisanaux, et les frais de transaction (pour la transformation, le transport et la commercialisation) sont élevés. Il est toutefois possible de créer une importante valeur ajoutée, tant sur le plan de la production que de la transformation ou de la commercialisation. Le nombre d’hectares plantés de riz en Afrique de l’Ouest est passé de 3 millions dans les années 1980 à plus de 6 millions actuellement (Boutsen et Aertsen 2013). Malgré la relative faiblesse de la productivité sur le plan régional, les coûts de production des pays ouest-africains sont comparables à ceux des grands pays producteurs au niveau mondial, tous trois importants exportateurs de riz. Au niveau de la production, les producteurs de riz ont aussi des difficultés à accéder à une semence de qualité et aux intrants en quantités suffisantes.

L’Afrique subsaharienne est fortement dépendante des importations pour subvenir à ses besoins. Celles-ci représentent globalement 40% de la consommation rizicole de la sous-région, et cette dépendance s’est amplifiée durant les années 1990 (Mendez, et al. 2011). Depuis le milieu des années 1990, les importations ont ainsi été multipliées par trois, avec toutefois une tendance à la stabilisation au cours des cinq dernières années. En Afrique de l’Ouest la dépendance s’est de plus en plus aggravée, ainsi les importations de riz représentent-elles actuellement environ 5.2 millions de tonnes contre 1.7 millions au début des années 1990 (Mendez, et al. 2011). Cette tendance est assez générale dans tous les pays de la sous -région, même si le poids de certains pays, comme le Nigeria, le Sénégal et la Côte-d’Ivoire a fortement influencé cette tendance. Dans les États tels que le Sénégal, le Liberia et la Sierra Leone, la consommation annuelle moyenne de riz atteint 60 kg par personne et jusqu’à 90 kg (Mendez, et al., 2011).

Dans les pays tels que le Mali et le Burkina Faso, éloignés de la mer et par conséquent du riz importé peu coûteux, la moyenne est de 40 à 60 kg par personne et par an. Le prix du riz est un facteur qui revêt par conséquent une grande importance en termes de sécurité alimentaire. Le riz a pris une place centrale dans les discussions à propos de la sécurité alimentaire suite à la crise de 2008. Elle a provoqué le lancement de diverses stratégies visant à mieux soutenir la chaîne du riz. L’ensemble des pouvoirs publics d’Afrique de l’Ouest ont adopté des mesures sur le court et le long terme, tant dans le but de maîtriser les augmentations de prix pour les consommateurs et d’assurer un approvisionnement permanent des marchés nationaux que pour soutenir la production nationale de riz.

La riziculture irriguée

La riziculture irriguée est caractérisée par des exploitations plus ou moins modernes et intensives. Celle-ci est pratiquée dans des bas-fonds aménagés avec maitrise totale ou partielle de l’eau. Le Bureau National d’Etudes Techniques et Développement (BNETD), en 2008, indique que 362 sites sont aménagés dont 184 sites équipés de barrages (BNETD 2008). Ces aménagements couvrent 54 457 ha sur une superficie totale aménageable évaluée à 180 000 ha. La riziculture irriguée est réalisée sur des périmètres aménagés ou les barrages au Centre, à l’Ouest, au Centre-Ouest et au Nord, avec maîtrise partielle ou totale de l’eau, offrant la possibilité de deux cycles de culture et qui ne représente qu’environ 5% des surfaces totales emblavées en riz. Les exploitations sont de tailles appréciables (1-2 ha). En 2007, la riziculture irriguée en Côte d’Ivoire concernait environ 35 000 ha soit 5% des superficies emblavées et représentait 20% de la production nationale (NGARESSEUM 2009). C’est le système le plus mécanisé avec l’utilisation de motoculteurs et intensifiée avec l’utilisation d’engrais et produits phytosanitaires (TOSSAVI 2015). La riziculture irriguée est la plus performante en termes de rendement. Les données de l’ONDR (2015) indiquent que les rendements varient entre 3 et 10 t/ha.

Dans les conditions d’une bonne exploitation rizicole avec des semences à haut rendement et le respect de l’itinéraire technique. La production de paddy est essentiellement commercialisée sur les marchés locaux. Enfin, la riziculture irriguée occupe 13% des superficies et représente 15% de la production. Depuis 1966, la Côte d’Ivoire a initié différents programmes de développement de l’irrigation pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. La priorité accordée à la riziculture irriguée se fonde sur plusieurs facteurs : la sécurité de la production, les rendements élevés, la possibilité de pratiquer plus d’un cycle de culture par campagne selon les zones, l’absence de contraintes foncières dans la mesure où les bas-fonds sont impropres pour les autres cultures (ONDR 2012). L’Etat ivoirien a pris une option forte de développement de la riziculture irriguée avec des investissements pour des aménagements hydroagricoles. Les projets d’aménagement en cours couvrent une superficie de 6000 ha et ceux à venir concerneront environ 7000 ha (ONDR 2012).

Les variétés de riz cultivées en Côte d’ivoire

Diverses variétés de riz paddy sont cultivées et vendues aux entreprises agricoles sur les marchés des pôles rizicoles et dans les différents systèmes de production. Selon le Ministère de l’agriculture (2012), cinq variétés sont cultivées en riziculture pluviale. Ces variétés sont Nerica 1, Nerica 2, Wab 56-50, Idsa 10 et Idsa 85. Leurs cycles de production sont courts. Ils durent au plus 120 jours. La variété Idsa 85 a le plus long cycle. Les variétés Nerica I et le Nerica II sont précoces. Elles produisent au bout de 90 à 100 jours. Ces variétés sont résistantes à la sècheresse et aux maladies. Leurs rendements théoriques moyens des variétés Nerica se situent entre 4 et 4,9 t/ha. De manière spécifique, le rendement de la variété Wab 56-50 oscille entre 3,5 et 4 t/ha ; au-dessus de celui des variétés Idsa10 et Idsa 85. Les rendements de ces dernières variétés oscillent entre 2,5 à 3,5 t/ha.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport gratuit propose le téléchargement des modèles gratuits de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Avant-propos
Remerciements
Résumé
Abstract
Liste des illustrations
Liste des sigles et abréviations
INTRODUCTION
CHAPITRE I : REVUE DE LITTERATURE
1.1 SITUATION DU RIZ DANS LE MONDE
1.1.1 Importance économique du riz au niveau international
1.1.2 La situation rizicole en Afrique de l’Ouest
1.1.3 L’importance du riz dans l’économie ivoirienne
1.2 GENERALITES SUR LA FILIERE RIZ EN COTE D’IVOIRE
1.2.1 Les grandes phases de l’évolution de la filière riz en Côte d’Ivoire
1.2.1.1 De 1960 à 1977 : Politique volontariste et interventionniste de l’Etat
1.2.1.2 De 1978 à 1994
1.2.1.3 De 1994 à 2008 : Les mesures d’ajustement structurel
1.2.1.4 Depuis juin 2008
1.2.2 Typologie des systèmes de production
1.2.2.1 La riziculture irriguée
1.2.2.2 La riziculture pluviale stricte
1.2.2.3 La riziculture pluviale de bas-fond
1.2.2.4 La riziculture inondée1.2.3 Les variétés de riz cultivées en Côte d’ivoire
1.2.4 Superficies et rendements des exploitations rizicoles
1.2.5 Offre et demande de riz paddy
1.2.5.1 L’offre de riz paddy
1.2.5.2 La demande de riz paddy
1.2.5.3 Les acteurs de la filière riz en Côte d’Ivoire
1.2.5.4 Les producteurs et Organisation de producteurs
1.2.5.5 Les transformateurs
1.2.5.6 Les commerçants/ collecteurs
1.2.5.7 Les importateurs
1.2.5.8 La recherche
1.2.5.9 Les structures d’encadrement et le cadre institutionnel
1.3 DEFINITION DES CONCEPTS RELATIFS A L’ETUDE
1.3.1 Filière
1.3.2 Chaîne de valeurs
1.3.3 Innovation
1.3.3.1 Innovation agricole
1.3.3.2 Adoption d’une innovation
1.4 REVUE EMPIRIQUE DES DETERMINANTS D’ADOPTION D’INNOVATIONS AGRICOLES
1.4.1 Caractéristiques individuelles de l’agriculteur
1.4.2 Facteurs économiques et financiers
1.4.3 Information, communication et conseil
1.4.4 Les déterminants non observables : rôle des perceptions et des préférences dans le choix d’adoption
Conclusion partielle
CHAPITRE II : MÉTHODOLOGIE
2.1 ZONE DE L’ETUDE ET POPULATION MERE
2.1.1 Localisation et justification de la zone d’études
2.1.2 Critères de choix de la population mère
2.1.3 Sondage de la population mère
2.2 ÉCHANTILLONAGE
2.2.1 Taille de l’échantillon
2.2.2 Méthode d’échantillonnage
2.3 METHODE DE COLLECTE DE DONNEES PRIMAIRES
2.3.1 Structure du questionnaire
2.3.2 Pré-enquêtes
2.3.3 Enquêtes
2.3.4 Collecte de données secondaires
2.4 SAISIE ET TRAITEMENT DE DONNEES
2.4.1 Dépouillement et saisie
2.4.2 Codification
2.4.2.1 Variables dépendantes
2.4.2.2 Variables explicatives
2.5 ANALYSE DES DONNEES
2.5.1 Description des caractéristiques des exploitants
2.5.2 Typologie des exploitations
2.5.2.1 Principe de l’analyse en composantes multiples (ACM)
2.4.2.1 Principe de la classification ascendante hiérarchique (CAH)
2.5.2.2 Application à notre étude
2.5.3 Analyse des déterminants d’adoption de variétés améliorées de riz
2.5.3.1 Choix du modèle Heckman
2.5.3.2 Présentation du modèle Heckman
2.5.3.3 Spécification du modèle Heckman
2.5.3.4 Estimation du modèle
2.5.3.5 Validité du modèle de sélection
2.5.4 Outils d’analyses
Conclusion partielle
CHAPITRE III : ANALYSE DES RESULTATS ET DISCUSSIONS
3.1 CARACTERISTIQUES DE LA PRODUCTION DU RIZ
3.1.1 Taux d’utilisation des variétés améliorées selon les systèmes et la zone de production
3.1.2 Profil des riziculteurs et de leur exploitation
3.1.2.1 Caractéristiques sociodémographiques des riziculteurs
3.1.2.2 Caractéristiques structurelles de l’exploitation
3.1.2.3 Caractéristiques institutionnelles de l’exploitant
3.1.2.4 Motifs d’utilisation des variétés améliorées de riz
3.1.2.5 Source d’approvisionnement en semence
3.1.3 Caractéristiques des riziculteurs selon le statut d’utilisation de variétés améliorées de riz
3.1.3.1 Dans le système irrigué
3.1.3.2 Dans le système pluvial
3.1.4 Variétés améliorées vulgarisées selon la zone et le système de production
3.2 TYPOLOGIE DES EXPLOITATIONS SELON LE STATUT D’UTILISATION DE VARIETES AMELIOREES
3.2.1 Analyse multivariée : Analyse en composantes multiples (ACM)
3.2.1.1 Contribution des modalités à l’inertie totale
3.2.1.2 Coordonnées des modalités
3.2.2 Classification ascendante hiéréchique (CAH)
3.3 DETERMINANTS D’ADOPTION DES VARIETES AMELIOREES DE RIZ
3.3.1 Facteurs influençant la sélection de variétés améliorées de riz
3.3.2 Résultats des tests d’ajustement du modèle Probit
3.3.2.1 Coefficient de bonne prédiction
3.3.2.2 L’air sous la courbe de ROC (Receiver Operating Characteristics)
3.3.2.3 Test d’ Hosmer-Lemeshow
3.3.3 Les facteurs influençant le choix d’utilisation de Variétés améliorées
3.3.3.1 Variables significatives
3.3.3.2 Variables non significatives
3.3.4 Facteurs affectant l’intensité d’adoption des variétés améliorées
3.3.4.1 Variables significatives
3.3.4.2 Variables non significatives
3.4 IMPLICATIONS POLITIQUES
3.4.1 A l’endroit des décideurs publics
3.4.2 A l’endroit des institutions de recherche (CNRA, AfricaRice)
3.4.3 A l’endroit des organisations de producteurs
3.4.4 A l’endroit des riziculteurs
Conclusion Partielle
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
WEBOGRAPHIE
Annexes

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *