Description syntaxique et sémantique de la structure à attribut du sujet et à attribut du complément d’objet

La forme canonique : sujet + copule + attribut

       La notion d’attribut ressort des différentes formes de l’attribution : substance, qualité, quantité, relation, lien, temps, position, possession et passion. Et nous savons que les catégories logiques d’Aristote traitent de ces formes. Selon Aristote, le monde est constitué de deux éléments : les substances et les accidents. Par substance, nous comprenons tout ce qui se situe dans le monde extérieur donc extralinguistique :
Ex : La terre, la craie, le tableau etc.
Chaque substance est susceptible d’une modification d’où la notion d’accident :
Ex : le tableau noir
Il s’y ajoute un troisième élément qu’on appelle les circonstances qui, pour la plupart, sont introduites par des conjonctions de subordination ; c’est ce qui explique qu’on a la gamme des propositions subordonnées circonstancielles. Au total, cette conception d’Aristote se résume à l’idée que les relations logiques forment la structure de la pensée et sont le reflet même de la nature. Cette conviction sera celle de Port-Royal (1660). Son influence a été, on le sait, immense sur les théoriciens du XVII °siècle et du XVIlle siècle, voire par-delà le XIX°siècle, sur les linguistes contemporains. C’est ainsi que cette notion d’attribut, comme fonction grammaticale, est enseignée par la grammaire logique de PortRoyal dans les classes. Ensuite elle est diffusée par les manuels depuis le XVII ° la grammaire siècle, et les grammairiens de l’époque, qui se réclament de générale et raisonnée, la reprennent et la développent en norme. Ainsi, il se dégage, de leurs prescriptions, un modèle suivant, la structure tripartite ou la paraphrase canonique : sujet + être + attribut qui suit le mécanisme du jugement. Cela n’est pas fortuit, comme nous l’avons énoncé précédemment. Ils s’inspirent de la théorie aristotélicienne du jugement que Arnauld et Lancelot expliquent en ces termes : « […] le jugement que nous faisons des choses(comme quand je dis : la terre est ronde) enferme nécessairement deux termes ; l’un appelé sujet, qui est ce dont on affirme, comme «terre» et l’autre appelé attribut, qui est ce qu’on affirme, comme «ronde» ; et de plus, la liaison entre ces deux termes qui est proprement l’action de notre esprit qui affirme l’attribut du sujet» °. En définitive, la théorie grammaticale de Port-Royal qui cherche à fonder en raison les principes de la grammaire peut se résumer en trois grands axes :
a. Tout ce que nous disons s’applique à des substances et des propriétés.
b. Tout ce que nous disons se ramène à un jugement qui consiste à assigner un attribut à un sujet.
c. Le verbe «être» est le seul verbe qui a un attribut, il est donc la marque de liaison qui, seul, unit l’attribut au sujet.
Cette analyse, sur le plan de la pensée, trouve sa réalisation dans la langue lorsque les grammairiens distinguent le thème, c’est-à-dire ce dont on parle et le prédicat, c’est-à-dire, ce qu’on en dit. On utilise ici des critères logico-sémantiques . On peut l’interpréter comme un rapport de cause à effet. Cette façon de concevoir en linguistique ne va pas sans critiques. La première est qu’elle fait, le plus souvent, appel à des éléments extralinguistiques :
10. Il pleut : Dans la phrase (10), le prédicat est isolé et le thème qui représente « le temps » est sou entendu. La deuxième critique est que, le plus souvent, le thème ne coïncide pas avec le sujet grammatical comme dans la phrase (11).
11. Il est arrivé du matériel destiné aux écoles. Dans (11) le thème représente «du matériel destiné aux écoles» et le prédicat «il est arrivé» Comme troisième critique, nous pouvons dire qu’elle n’apporte souvent aucune information sur la structure ou la grammaticalité de la phrase.
12. Tel père, tel fils. Dans cette phrase (12) le thème correspond à «tel fils» et le prédicat à «Tel père» Enfin, comme quatrième critique, nous pouvons dire qu’elle n’apporte aucune information sur la délimitation de la phrase.
13. Mes élèves ont bien travaillé, ils réussissent à l’examen. Dans la phrase (13) nous avons deux propositions, la première constitue le thème, et la seconde le prédicat. Nous voyons que le soubassement de cette analyse est logique et cohérente dans sa propre logique. Par exemple, quand je pense à une chose, je conceptualise cette chose et je porte un jugement sur cette chose. Cette approche de la langue contient des éléments logiques, ce qui est normal parce que Aristote et Platon étaient des philosophes et des logiciens qui s’intéressaient à la langue. Mais la grammaire moderne ou la linguistique moderne, à travers les critiques énoncées sur la méthode d’analyse, la trouve «arbitraire», superficielle et truffée d’erreurs. En effet, cette grammaire se situe sur un niveau linéaire avec comme ordre: l’idée principale + l’idée secondaire alors que ce qui correspond à l’idée principale ne l’est pas toujours.
14. Quand cet homme est malade, sa famille s’inquiète. Dans (14) l’idée principale se trouve dans la subordonnée «quand cet homme est malade» et l’idée secondaire dans la proposition principale «sa  famille s’inquiète». Nous constatons qu’il y a un non respect des niveaux hiérarchiques comme nous le verrons plus loin. Mais à présent, nous allons étudier l’interprétation faite de la copule «être».(cf. 1 esepartie, chap.II, 2.1.3., p.47)

Le point de vue de W. Von Wartburg et P. Zumthor

     Dans leur ouvrage : Précis de syntaxe du français contemporain, les auteurs énoncent que : «l’attribut indique la manière d’être où le verbe affirme que quelqu’un ou quelque chose se trouve. Cette manière d’être peut être celle du sujet ou de l’objet premier. L’attribut se joint au verbe sans aucun intermédiaire». 18 Pour compléter leur définition, ils ajoutent : « on donne le nom d’attribut à un prédicat de nature subStantivale ou adjectivale, exprimant la manière d’être d’une personne ou d’un objet désignés par un terme substantivai de la phrase» 19 . Cette définition est d’ordre sémantique même si elle se double d’une interprétation morpho-syntaxique. De notre point de vue, elle semble limitée en ce sens qu’elle réserve le terme d’attribut à un certain type de constructions prédicatives. Par ailleurs, nous trouvons que la notion de prédicat utilisée dans la définition se préte à beaucoup de confusions et n’est pas exempte de critiques comme nous l’avons montré précédemment. Enfin, sur le plan syntaxique, la définition semble muette alors que les phrases (25a) et (25b) présentent des propriétés syntaxiques en nombre suffisant pour être rangées dans les constructions attributives en sous-classes ; nous la décrirons, aussi, plus loin.

La copule « être »

      L’interprétation sémantico-logique de la copule « être »par les grammairiens de Port Royal ou de l’époque classique a soulevé beaucoup de controverses chez les linguistes modernes. En effet, ils faisaient croire qu’il n’ y a que le verbe « être », encore appelé le « verbe substantif’ qui existe. Ce point de vue est confirmé dans le Dictionnaire Général qui trouve que le verbe attributif est celui « qui contient l’attribut combiné avec le verbe « être » ». Cette conception se trouve dans la grammaire de Condillac au XVllle siècle à savoir que tout verbe est réductible au verbe « être » suivi d’un attribut. Cette interprétation présente tout verbe d’action en un verbe attributif et par voie de conséquence toute phrase attributive se trouve être aussi phrase d’action. Cela revient à dire que tout jugement pouvait être réduit à l’attribution d’une propriété à une entité ou encore au copulatif « être » suivi d’un attribut. Une telle analyse, comme nous l’avons énoncée précédemment, est purement et simplement contestée par la linguistique moderne. Pour illustrer ce rejet, jetons un rapide coup d’oeil sur la position de linguistes comme G. Le Bidois et R Le Bidois, Maurice Grevisse et Martin Riegel.

L’attribut : élément de syntaxe

      Les grammairiens modernes considèrent que l’analyse de la grammaire traditionnelle fondée sur les catégories logiques et les opérations mentales est limitée. C’est pourquoi, tout en employant la formulation traditionnelle d’attribut du sujet et d’attribut du complément d’objet, elles présentent de nouvelles solutions. A cet égard, elles tentent d’aller plus loin, même si elles rencontrent des limites dans la tentative de rendre compte des faits dans leur totalité. A cet effet, elles étudient systématiquement les éléments constitutifs et leur fonctionnement au niveau de l’articulation phrastique. Elles en déterminent les différents syntagmes. De leur point de vue, l’attribut est le second élément obligatoire, sur le plan syntaxique, introduit par un verbe attributif avec lequel il entretient des relations spécifiques. Donc l’attribut appartient aux constructions verbales, présentées, ici, sous le vocable de constructions attributives. Comme critères définitoires de ces grammaires modernes, qu’elle soit structurale ou transformationnelle, ils sont formels. Elles fondent leur description sur la forme de l’expression que sur le contenu. Ainsi, nous examinerons d’abord l’analyse de la grammaire distributionnelle ensuite celle de la grammaire générative et transformationnelle de l’attribut.

Le critère de l’accord

      Le phénomène de l’accord relève des règles de transformations morphologiques. Elles permettent de donner au syntagme attribut ses marques de genre et de nombre. Elles se manifestent par les règles d’accord, de liaison ou d’élision qui facilitent le repérage des rapports entre le syntagme attribut et le syntagme sujet. Dans la phrase attributive, le syntagme attribut est généralement du même genre et du même nombre que le syntagme sujet. Si l’attribut est un syntagme adjectif le phénomène de l’accord s’applique.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : Définitions de l’attribut du sujet et de l’attribut du complément d’objet
Chapitre 1 Problèmes de définitions 
Les différents points de vue
La théorie de l’attribut de Port-Royal
La forme canonique : sujet + copule + attribut
L’interprétation sémantico-logique de la copule rc être
L’inhérence de l’attribut du sujet
Le point de vue de M. Damourette et E. Pichon
Le point de vue de G. Le Bidois et R. Le Bidois
Le point de vue de W. Von Wartburg et P. Zumthor
Le point de vue de Maurice Grévisse
Le point de vue de R. L. Wagner et J. Pinchon
Autres définitions
Définition de J. C. Corbeil
Définition de la grammaire larousse du français contemporain
Définition de Henri Bonnard
1.2 Bilan des points de vue et définitions
CHAPITRE 2 La description traditionnelle de l’attribut du sujet et de I’attribut du complément d’objet 
2.1 La construction de l’attribut du sujet
2.1.1 Le sujet
2.1.2 Le verbe introducteur ou verbe attributif
2.1.3 La copule « être »
2.1.3.1 Analyse de G. Le Bidois et R. Le Bidois
2.1.3.2 La position de Maurice Grévisse
2.1.3.3 La position de Martin Riegel
2.1.4 Les verbes d’état
2.2 Une structure syntaxique tripartite
2.3 La classe grammaticale de l’attribut du sujet
2.4 Le phénomène de l’accord
2.5 La construction de l’attribut du complément d’objet
2.5.1 Le sujet
2.5.2 Le verbe attributif
2.5.3 Le complément d’objet
2.5.4 L’attribut du complément d’objet
2.5.5 L’accord de l’attribut du complément d’objet
2.5.6 Une structure syntaxique quatripartite
2.6 Bilan d’analyse
CHAPITRE 3 Les descriptions modernes de l’attribut du sujet et de l’attribut du complément d’objet 
3.1 L’attribut : élément de syntaxe
3.2 La description de la grammaire distributionnelle
3.2.1 L’analyse en constituants immédiats
3.2.1.1 La fonction attribut du sujet et la fonction attribut du comptément d’objet
3.2.1.2 Les critères d’analyse
3.2.1.3 La substitution
3.2.1.4 La réduction
3.2.2 Bilan d’analyse
3.3 La description de la grammaire générative et transformationnelle de l’attribut du sujet et de l’attribut du complément d’objet
3.3.1 Le plan des critères pour l’analyse de l’attribut
3.3.1.1  La pronominalisation
3.3.1.2 L’ellipse
3.3.1.3 La passivation
3.3.1.4 L’emphase réalisée par « c’est…que »
3.3.1.5 La mobilité
3.3.1.6 Le critère de l’accord
3.3.2 L’attribut du complément d’objet
3.3.2.1 La paraphrase
3.3.3 Bilan d’analyse
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
DEUXIEME PARTIE Les modèles descriptifs : l’attribut du sujet complément de verbe obligatoire ou facultatif et l’attribut du complément d’objet complément de verbe obligatoire ou facultatif 
CHAPITRE 1 Définition de l’hypothèse 
1.1 Les modèles descriptifs
1.2 Définition préalable de certains concepts
1.3 y La notion de valence et de complément de verbe obligatoire ou facultatif
1.4 Articulation entre la syntaxe et la sémantique
1.4.1 Le point de vue Noam Chomsky
1.4.2 Le point de vue de Nicolas Ruwet
1.4.3 Le point de vue de André Martinet
1.4.4 Le point de vue de Jean Dubois
CHAPITRE 2 Description de l’attribut du sujet complément de verbe obligatoire ou facultatif
2.1 La construction SN1 + V + SA
2.1.1 L’attribut du sujet complément de verbe obligatoire
2.1.1.1 Les propriétés distinctives ou divergentes
2.1.1.1.1 L La pronominalisation
2.1.1.1.2 L’effacement ou la nécessité
2.1.1.2 Les propriétés communes
2.1.1.2.1 Le déplacement ou le détachement
2.1.1.2.2 La passivation
2.1.1.2.3 Le phénomène de l’accord
2.1.1.3 Le verbe attributif
2.1.2 L’attribut du sujet complément de verbe facultatif
2.1.2.1 Les Propriétés distinctives ou divergentes
2.1.2.1.1 Ni La pronominalisation
2.1.2.1.2 L’effacement
2.1.2.2 Les propriétés communes
2.1.2.2.1 Le déplacement ou le détachement
2.1.2.2.2 La négation
2.1.2.2.3 La passivation
2.1.2.2.4 Le phénomène de l’accord
2.1.2.2.5 Autres critères formels
2.1.2.3 Le verbe attributif
2.1.3 L’interprétation sémantique
2.1.3.1 L’interprétation de Van Den Bussche
2.1.3.2 L’interprétation de Martin Riegel
2.1.3.3 L’interprétation de Masashi Takemoto
2.2 L’analogie des constructions
2.3 Bilan d’analyse
CHAPITRE 3 Description cl e l’attribut du complément d’objet complément de verbe obligatoire ou facultatif
3.1 La construction SN1 + V + SN2 + SA
3.1.1  L’attribut du complément d’objet complément de verbe obligatoire
3.1.1.1 Les propriétés distinctives ou divergentes
3.1.1.1.1 La non suppressibilité
31.1.1.2 Le détachernent
3.1.2 L’attribut du complément d’objet complément de verbe facultatif
3.1.2.1 Les propriétés distinctives ou divergentes
3.1.2.1.1 La suppression
3.1.2.1.2 Le détachement
3.1.3 L’attribut du complément d’objet complément de verbe obligatoire ou facultatif
3.1.3.1 Le syntagme nominal complément d’objet ou SN2
3.1.3.2 Le syntagme adjectif
3.1.3.3 Les propriétés communes
3.1.3.3.1 La mobilité
3.1.3.3.2 La négation
3.1.3.3.3 La non-pronominalisation
3.1.3.3.4 Le phénomène de l’accord
3.1.4 Le verbe attributif
3.1.5 L’analyse sémantique
3.1.5.1 Les restrictions entre les éléments du noeud « actantiel »
3.2 Bilan d’analyse
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
CONCLUSION

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