DESCRIPTION PHYSIQUE D’IRIS ET DU POSSIBLE À VENIR

DESCRIPTION PHYSIQUE D’IRIS ET DU POSSIBLE À VENIR

Description de chacun des aspects d’Iris où le principe d’inclusion et d’exclusion agit

Idée/métaphysique:

L’idée du dedans et du dehors a hanté Michel Foucault tout au long de l’accomplissement de son œuvre.Durant toute sa vie, il a tenté d’expliquer par le concept du dedans et du dehors comment la pensée conçoit le pouvoir, le savoir, la folie,le sexe et la mort. Selon Foucault, la pensée loge à l’intérieur,et cet intérieur est le pli de l’extérieur, la doublure  .Le dedans-dehors, n’est-ce pas une magnifique allégorie pour illustrer la notion d’inclusion/exclusion? Selon l’endroit que nous occupons, le dedans n’est-il pas un lieu inclusif, et le dehors un lieu exclusif,et inversement?Comment le processus d’inclusion/exclusion agit-il à l’intérieur et sur la pensée? Peut-on dire que l’art est au même titre que le discours un pont entre la pensée et la réalité? Qu’est-ce que la pensée? La pensée est-elle un monde à part où tout est possible?La pensée permet-elle de visualiser ce que l’œil ne peut pas? Lorsque l’on construit un abri, une maison ou un bâtiment quelconque, on enferme, sans vraiment en tenir compte,une partie du dehors, en dedans. À ce moment, on crée un espace intérieur à l’image de celui qui l’occupera. Le dedans est circonscrit par des limites physiques ou abstraites qui nous isolent et nous protègent des dangers du dehors, qui est synonyme à la fois de liberté et de frayeur. Le dedans nous protège du froid, de la pluie, des brigands et des prédateurs.L’imaginaire me captive, le cerveau reproduit des images, crée des métaphores, des allégories, il invente des lieux inexistants, des dedans et des dehors. C’est fascinant d’arriver à se représenter les concepts qui régissent les humains, qui font en sorte que nous agissons de telle manière et non d’une autre, et surtout de pouvoir le communiquer. Vous me direz que tout cela s’explique, que la science a résolu bien des mystères, il demeure qu’à la source,c’est énigmatique. La science explique tout, mais à la fin,n’explique rien. «L’univers a des histoires multiples, toutes déterminées par une noix minuscule»9et demeure absurde à mes yeux et à mon esprit. Nous créons et cherchons des structures pour que la vie soit cohérente et logique, pour ne pas sombrer dans la folie.Être conscient d’être conscient que nous existons. En d’autres mots: être lucide, de saisir le monde des idées, de l’isoler pour l’observer. Le monde de l’abstraction est fuyant, il est irréel, immatériel, aucun de nos cinq sens ne peut le percevoir.

Narrativité et sujet:

Mes observations et mes réflexions sur les comportements sociaux occidentaux me fournissent les matériaux nécessaires à l’élaboration de récits traduits,par l’entre misede mises en scène absurdes, étranges, énigmatiques et métaphoriques, évoquant des situations ou des phénomènes à caractère inclusif comme la multi-ethnicité, ou exclusif comme le racisme, ou plus précisément des sujets qui touchent l’identité . La subordination, la richesse et la pauvreté sont de beaux cas d’inclusion et d’exclusion. Prenons l’énoncé suivant comme exemple et qui a servi à la construction d’une mise en scène:«Un pot de cornichons mimant une limousine en train d’uriner contre un mur de brique». La majorité des gens à qui j’ai demandé ce qu’évoquait pour eux cette phrase ont fait le lien entre le pot de cornichons et la limousine, mais la suite de l’énoncé est demeurée un mystère. Au Québec, quand on dit que quelqu’un est un cornichon, on veut dire qu’il est un imbécile. Pour les militants de gauche, le capitalisme est un système fondamentalement sauvage ou inhumain. Afficher sa richesse en se déplaçant en limousine est un geste provocateur, cinglant et parfaitement futile;d’où a germé le lien entre le pot de cornichons et la limousine.Les valeurs du capitalisme sont associées à la réussite et sont tellement ancrées dans la culture démocratique que la richesse est devenue un but noble, sans limites. Plus on est riche, plus la réussite est grande. En ce qui a trait au geste d’uriner contre un mur de brique n’est pas une métaphore, mais une sorte de substitution de rôle implicite et qui suggère de multiples propositions ou rien du tout. J’ai introduit l’homme riche et le sans-abri dans une situation burlesque13qui les rend égaux. Pour celui qui vit dans la rue, uriner contre un mur de brique est un geste naturel. Pour l’homme riche et même pour le parvenu soi-disant bien éduqué, c’est à éviter pour ne pas être vu sauf en état d’ébriété où à ce moment les valeurs s’envolent. À l’origine et par sa nature, le carnaval au Moyen Âge avait un caractère inclusif, et je crois qu’il est 12Les mystérieuses peintures de Michael Borremans représentent des scènes de personnages occupés à des tâches énigmatiques. L’ambiance est socialement et politiquement onirique.13Bakhtine,Mikhaïl, (1970) bien enraciné dans mes propos. Aujourd’hui malheureusement, le carnaval est souvent dénaturé, il est majoritairement exclusif, c’est-à-dire hiérarchique, on saute dans le pot de cornichons et l’on se pavane. «Applaudissons-nous.We are magnificent people.»

Architecture:

Précédemment, j’ai affirmé que la notion d’inclusion/exclusion peut agir dans l’architecture. Dans cette section,j’expliquerai ce que j’entends par une architecture narrative et interdisciplinaire avant d’aborder la notion d’inclusion/exclusion agissant à l’intérieur de l’architecture même. Avant tout, je fais une distinction entre l’architecture, et une architecture interdisciplinaire. La première est unique (exclusive), tandis que la deuxième est pluraliste(inclusive),la première est incluse dans la deuxième. Iris est une structure, une organisation avec un potentiel d’expansion illimité, avec la particularité de générer des idées, de générer d’autres structures liées systématiquement à lui par intermédia-lité . Iris, dans sa totalité et dans son expansion possible est une architecture interdisciplinaire parce qu’il génère des structures figuratives, uniques, pluralistes et tridimensionnelles construites avec un amalgame de matériaux en utilisant diverses techniques et disciplines qui se juxtaposent et parfois se confondent. Le symbole, la métaphore, l’énigme, l’absurde, l’irrationnel, l’implicite et l’ambiguïté sont les fondements de la narrativité qui émerge de ces mises en scène construites sous la forme de mondes miniatures. De plus, l’implicite est un vecteur de propagation et d’expansion.Si le processus d’inclusion/exclusion agissait en profondeur à l’intérieur d’Iris, s’il agissait à chacune de ses extensions, à chacun des éléments et sur les quatre aspects, on obtiendrait une architecture inclusive, exclusive et totale, une forme de mise en abîme.C’est-à-dire qu’en plus d’être représentée, la notion d’inclusion/exclusion agirait. Voici donc un exemple où le regardeur est en position de voyeur,donc exclu d’une architecture dans laquelle des personnages sont eux-mêmes en position d’inclusion et d’exclusion:un individu visionne sur un écran, une scène carcérale captée par une caméra de surveillance,où un gardien nargue, par sa seule présence, un prisonnier dans sa cellule. En arrière-plan, un téléviseur en noir et blanc diffuse une scène d’un meurtre raciste dans une chambre d’hôtel où en arrière-plan, de nouveau, un téléviseur diffuse une scène d’un voyeur et ainsi de suite.

Expansion et temporalité

Au commencement 16L’implicite(le non-dit)joue un rôle important dans le processus créatif, expansif et évolutif. Il est en corrélation avec l’artiste, le nourrit d’idées nouvelles et génère des lignes de fuite. «Qu’est-ce qu’il y a de plus simple qu’un arbre?Pourtant quand je peins un arbre, je rends tout le monde mal à l’aise. C’est parce qu’il y a quelque chose, quelqu’un de caché derrière cet arbre!Je peins malgré moi les choses derrière les choses. Un nageur pour moi, c’est déjà un noyé.»Ces paroles suicidaires extraites du film de Marcel Carné, Quai des brumes (1938), expliquent bien l’implicite comme je le conçois. Derrière toute chose, il y a une autre chose qui émerge.Toute histoire enferme implicitement d’autres histoires à créer, car les objets que l’on voit,les gens que l’on croise dans la rue, ont une histoire cachée.Qu’elles soient d’ordre littéraire ou plastique, les métaphores signifient autre chose que ce qu’on lit ou ce que l’on voit. Les images ou les mises en scène stimulent fortement l’imaginaire.Toutefois, l’interprétation ou la compréhension d’un texte peut me diriger vers d’autres ailleurs, faire émerger de nouvelles idées, créer de nouveaux mondes.Les tableaux de Marlène Du mas sont poétiques, métaphoriques et à sens implicites. De ses tableaux, une intrication émerge de ce que l’on voit et du non-dit, ce que l’on ne voit pas. Cette dualité crée une brèche vers l’interprétation et l’imaginaire. Miss January(1997)(fig.11p.49)est le tableau d’une jeune femme mince et séduisante, à la chevelure blonde,qui regarde droit devant elle, debout, les mains sur les hanches,habillée d’un pull-over et d’un seul bas de laine rouge. Son poil pubien noir dévoile qu’elle a les cheveux teints.En fait, elle nous regarde de ses noirs yeux, elle ne sourit pas, ses paupières sont maquillées avec du khôl, et ses lèvres, d’un rouge foncé. L’arrière-plan est éteint,nous ne distinguons ni personnes, ni objets, ni ombre,c’est l’obscurité totale. Le titre sous-entend qu’elle pose pour un calendrier. Ça peut également vouloir dire que la pose ne fait qu’évoquer à l’artiste une femme qui pose pour un calendrier. Peut-être, qu’elle posait pour elle-même avec l’intention d’envoyer une photo à son amantou son amante, mais c’est certain qu’elle posait devant un appareil photo parce que 16Les saintes écritures,traduction du monde nouveau (1974), p.917Les paroles ont été écrites par Jacques Prévert pour le film Quai des brumes Marlène l’a peinte à partir d’une photographie.C’est peut-être l’amante de l’artiste, qui sait?Quoi qu’il en soit, cette femme a une vie. À quoi pensait-elle lors de la séance photographique? Elle pensait peut-être que le photographe a de la chance de pratiquer ce métier et non celui de mannequin, mais que malgré tout, son métier lui permet de nourrir sa fille puisque le père a disparu de leur vie. De ce tableau, on peut écrire un roman et créer d’autres tableaux. Cet aspect de l’implicite ou du non-dit dissimulé derrière les choses résulte soit de l’imaginaire, soit d’un non-dit caché délibérément. J’utilise les deux façons pour créer des mondes

Description physique d’Iris et du possible à venir

Si nous prenons en considération le concept de l’implicite tel expliqué précédemment, alors je peux postuler que la genèse d’Iris remonte avant ma naissance, et qu’une recherche généalogique et linéaire des idées nous transporterait certainement sur le seuil utérin de ma génitrice, dans la matrice, et plus loin encore, au début des spéculations métaphysiques. Plus près de nous, l’origine connue du projet Iris a germé avec la découverte du motépectase signifiant mourir durant un orgasme. La singularité d’un mot est relative à chacun. Pour moi, le son et ce qu’il évoque au moment où le signifié m’est inconnu sont les premiers critères. La sélection finale s’effectue en appréciant la signification. Pour des raisons émotives, le mot épectase a donné naissance à une histoire sans titre, écrite en partie avec trois cents noms communs singuliers de façon serrée, ce qui a donné de curieuses phrases comme celle-ci: «Un jour piane-piane, dans une traboule de lupanar oùriz-pain-sel et quelques ratichons fréquentes les ribaudes, le professeur Vladimir, folingue d’exobiologie, mais aucunement satyriasis, fit la rencontre d’un horsain coiffé d’un gibus, un pébroc dans une main et dans l’autre, une bouteille de madiran qui ne goûtait point le reginglard, un qui pou en guise de collier et, à la gueule une cibiche».De cette histoire naquit Iris qui, depuis, est en expansion et en transformation. Initialement, le projet n’avait pas de nom, mais le numéro0332020, et consistait à représenter, sous la forme d’une maquette, l’histoire dont l’origine est le mot épectase .L’idée initiale se poursuit encore, mais avec un potentiel de générer de nombreuses lignes fuyant dans toutes les directions vers l’extérieur, et aussi vers l’intérieur, créant ainsi milles plateaux expérimentaux générant à leurs tours des lignes de fuite nous transportant vers d’autres plateaux, et cetera. Chaque plateau aura préalablement un numéro et l’ensemble se nomme Iris .

 

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE1 INCLUSION/EXCLUSION
CHAPITRE 2 DESCRIPTION DE CHACUN DES ASPECTS D’IRIS OÙ LE PRINCIPE D’INCLUSION ET D’EXCLUSION AGIT
CHAPITRE 3 EXPANSION ET TEMPORALITÉ
CHAPITRE 4 DESCRIPTION PHYSIQUE D’IRIS ET DU POSSIBLE À VENIR
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXE I LES MOTS
ANNEXE II ILLUSTRATIONS

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