Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le système de santé se définit par l’ensemble des organisations, des institutions, des ressources et des personnes dont l’objectif principal est d’améliorer la santé [1]. Cela nous renvoie à la définition de la santé qui consiste, toujours selon l’OMS, en un état de complet bien-être physique, mental et social, et pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité [2]. Les activités de santé publique comme la promotion de la santé et la prévention des maladies, et d’autres interventions favorables à la santé comme l’amélioration de la sécurité routière et de l’environnement font donc partie d’un tel système, mais les mesures qui ont un objectif principal autre que la santé n’entrent pas dans cette définition, même si elles ont des retombées favorables à la santé .
Une définition d’un système de soins de santé plus restrictive décrit les moyens organisationnels et stratégiques mis en place par pays, par zones géographiques ou entités communautaires, afin d’assurer une continuité et une qualité des prestations de santé médicale .
La recherche sur les politiques et les systèmes de santé (RPSS) est définie par une discipline qui a pour objet de comprendre et d’améliorer, d’un côté, la manière dont les sociétés s’organisent pour atteindre des objectifs sanitaires collectifs et, de l’autre, la façon dont les différents acteurs entrent en interaction dans les processus stratégiques et opérationnels déployés à l’appui des résultats ciblés [5]. Pluridisciplinaire par nature, elle emprunte ses moyens à l’économie, à la sociologie, à l’anthropologie, à la science politique, à la santé publique et à l’épidémiologie. La RPSS permet ainsi de dresser un tableau complet de la façon dont les systèmes de santé s’adaptent aux politiques de santé mais aussi de la manière dont celles-ci façonnent les systèmes de santé.
DESCRIPTION GÉNÉRALE DES SYSTÈMES DE SANTÉ
Le cadre utilisé pour décrire les systèmes de santé s’articule essentiellement autour de trois axes qui appartiennent aux six piliers d’un système de santé. Il s’agit du leadership et gouvernance, du financement de la santé et la prestation de service. Ces éléments sont cruciaux pour comprendre la nature, la structure et les caractéristiques individuelles des systèmes de santé. L’OMS cite en outre comme piliers les ressources humaines qui seront abordées dans la troisième partie, le système d’information sanitaire et les produits et technologies médicales qui ne sont pas étudiés dans ce document .
Sénégal
Géographie et socio-démographie
Le Sénégal est situé dans la partie la plus occidentale de l’Afrique continentale, dans la zone soudano-sahélienne. Sa superficie est de 196.712 km2 . Il est ouvert sur l’Océan Atlantique qui le limite à l’Ouest avec une façade maritime de plus de 700 km [14]. Le Sénégal compte 14 régions administratives (Figure 1), 45 départements, 123 arrondissements et 557 communes. Sa population est de 16 209 125 personnes en 2019 avec une croissance de 2,5% [15]. Les femmes représentent 50,20% de cette population, et les hommes, 49,80%. Elle est caractérisée par sa jeunesse car 50,3% est âgée de 18 ans et moins. Les enfants de moins de 05 ans représentent 16,47% [14]. Cette répartition est schématisée sur la pyramide des âges ci-après . La part de la population vivant en milieu urbain est de 45% [16]. L’Indice Synthétique de Fécondité est de 4,4 en 2018 .
Contexte économique
Le Sénégal est un pays à revenu intermédiaire. Il est caractérisé par une stagnation relative de la pauvreté, illustrée par un taux annuel de croissance du Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant d’environ 0,5% sur la période 2005-2011 [15]. Le PIB par habitant en 2019 était de 1447 dollars (prix courants) d’où le classement du Sénégal comme pays à revenu intermédiaire [19, 20]. Le taux de pauvreté est estimé à 46,7% en 2011 [21] avec une nette prédominance en zone rurale. L’allocation budgétaire de l’État au Ministère de la santé est en hausse régulière ces dernières années, traduisant la priorité accordée au secteur de la santé. Une augmentation de 47,97% [22] est observée entre 2012 et 2017. Malgré cet effort, le budget alloué à la santé représente 8% du budget national, loin de la norme visée qui est de 15%. En effet, lorsque les États membres de l’Union africaine se sont réunis à Abuja au Nigeria, en avril 2001, ils se sont engagés à allouer 15 % de leur budget gouvernemental à la santé .
Organisation et pilotage du système
Le système de santé du Sénégal est organisé en une structure pyramidale à trois niveaux .
Le niveau central regroupe le Cabinet du Ministre, le Secrétariat Général, les Directions générales, les Directions et Services nationaux ainsi que l’Agence de la Couverture Maladie Universelle (ACMU).
Le niveau intermédiaire est représenté par 14 régions médicales. Leurs aires d’intervention correspondent à celles des régions administratives. La région médicale est chargée de la coordination, de la supervision, de l’inspection et du contrôle des structures sanitaires publiques et privées. Elle organise aussi la collaboration entre toutes les structures régionales de santé et d’Action sociale : la Brigade Régionale de l’Hygiène, la Pharmacie Régionale d’Approvisionnement, le Service Régional de l’Action Sociale, le Service Régional l’Agence de la CMU et l’Établissement Public de hospitalier de niveau 2.
Le niveau périphérique : il est représenté par les districts sanitaires, les services départementaux de l’action sociale, les sous brigades d’hygiène, les centres de promotion et de réinsertion sociale et les EPS de niveau 1. Le district sanitaire couvre une zone géographique pouvant épouser les contours d’un département entier ou une partie. Il est assimilé à une zone opérationnelle comprenant au moins un centre de santé, des postes de santé qui polarisent des cases de santé et maternités rurales.
Financement de la santé
Le financement de la santé provient essentiellement de l’État, des partenaires au développement, des populations et des collectivités territoriales. L’État est le principal pourvoyeur en ressources financières du secteur de la santé. La part du budget de l’État allouée au secteur de la santé a été en hausse régulière ces dernières années. Ce dernier représente 8% du budget de fonctionnement de l’État. Différents programmes dont le principal étant la Couverture Maladie Universelle ont été initiés pour réduire les disparités et permettre une couverture effective de toute la population. Le paiement direct reste cependant une source importante de financement des soins. Il existe différents régimes de financement au Sénégal déclinés par la Stratégie Nationale de Financement de la Santé .
Régimes obligatoires
● Imputation budgétaire
L’État, en tant qu’employeur, assure la prise en charge médicale de ses agents en activité et à la retraite ainsi que de leurs ayants-droit à travers ce régime. Il couvre 80% des frais d’hospitalisation, de consultation et des examens complémentaires. Les médicaments ne sont pas couverts. Ce régime présente cependant certaines limites : le nombre restreint de structures agréées et les retards de remboursement par l’État. De plus, seule une faible proportion de la population est concernée.
● Institutions de Prévoyance Maladie (IPM)
Les IPM assurent la couverture médicale des salariés du secteur privé ainsi que leurs ayant-droits. Les IPM couvrent 50% voire 80% des frais médicaux et pharmaceutiques sur la base d’une cotisation paritaire du travailleur et de l’employeur. Elles permettent de bénéficier de soins dans les structures privées et publiques.
● Autres régimes obligatoires
Les agents du secteur privé et les agents nonfonctionnaires de l’État à la retraite ainsi que leurs ayantdroits bénéficient d’une couverture médicale de l’Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal (IPRES). Les centres des œuvres universitaires prennent en charge les étudiants pour les soins courants (consultations, médicaments, analyses, soins dentaires et hospitalisations). Les structures privées non affiliées à une IPM sont tenues de souscrire une assurance santé pour leur personnel et leurs ayants droits.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : DESCRIPTION GÉNÉRALE DES SYSTÈMES DE SANTÉ
I. Sénégal
Introduction
Organisation et pilotage du système
Financement de la santé
II. Royaume-Uni
Introduction
Organisation et pilotage du système
Financement
Prestation de service
DEUXIÈME PARTIE : PARCOURS DE SOINS DE LA MERE ET DU NOUVEAU-NÉ
I. Sénégal
Surveillance de la grossesse
Accouchement
Soins essentiels du nouveau-né
Examen systématique du nouveau-né
Consultations post-natales
II. Royaume-Uni
Surveillance de la grossesse
Accouchement
Soins postnataux
TROISIÈME PARTIE : COMPARAISON DES SYSTÈMES DE SANTÉ
I. Définitions
II. Indicateurs
Indicateurs de processus
Indicateurs de résultats
Indicateurs d’impact
III. Différents aspects du système sanitaire
Politiques, financement et organisation
Ressources humaines et infrastructures
Itinéraire de soins mère et nouveau-né
Covid 19
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
RÉFÉRENCES