Description des techniques Freinet Technique d’expression libre
Les élèves se forment par et grâce au monde extérieur. Alcoba et Dubus (1993) avancent que leur vie privée, l’actualité et la manière qu’ils ont de percevoir le monde a toujours une place importante. C’est pourquoi toute forme de création et de technique sont favorisées : dessin, peinture, entretiens oraux, débats, textes libres, expression corporelle et dramatique, créations manuelles, sonores, techniques, audiovisuelles, mathématiques et informatiques. Freinet partait du principe que l’enfant avait d’abord envie d’expérimenter, puis lorsqu’il en ressentait le besoin, il pouvait acquérir une technique (grammaire, solfège, formule mathématique, peinture, etc.)
Techniques de communication : Les élèves apprennent à écrire avant d’apprendre à lire à travers la dictée à l’adulte qui est favorisée. Puis, les élèves se constituent un recueil de textes personnels. L’aspect émotionnel de l’écriture est donc mis en avant. Barré (2001) relève le fait qu’il faut non seulement accepter l’affectivité des élèves, mais aussi l’utiliser comme élément moteur de l’action et de la communication. Freinet (1964, p.24) raconte : Une vie nouvelle pénétrait dans nos classes. Nous avions rétabli le circuit : le texte libre devenait page de vie, qui était communiqué aux parents et transmise aux correspondants. Nous avions là la puissante motivation qui allait aiguillonner l’expression libre chez nos élèves. L’ouverture sur l’extérieur et l’échange sont des objectifs de communication fondamentaux. Le « livre de vie » est un recueil de textes écrits quotidiennement qui retrace la vie de la classe et du village. Il sera envoyé aux correspondants. Journal de classe, reportages, interviews, expositions, présentations des réalisations au groupe, poèmes font partie des activités liées à ce domaine-là.
Techniques d’analyse du milieu : L’incitation au questionnement est favorisée grâce à la place que l’enseignant laisse aux élèves : il n’est pas le seul à questionner. Les sorties de groupe sont favorisées, au même titre que l’enquête personnelle. Jardiner et s’occuper d’animaux fait partie du quotidien des élèves afin qu’ils puissent créer un rapport responsable avec l’ensemble du vivant. L’expérimentation scientifique laisse place au doute, aux restructurations d’expériences. L’innovation et la créativité sont donc des atouts majeurs. L’analyse critique de la presse et de l’actualité est primordiale afin d’initier les élèves à construire leur esprit critique. L’économie est approchée à travers l’étude des modes de consommation ou de ce qui se rapporte au thème et qui touche l’élève, qui a du sens pour lui.
Technique d’individualisation : Le texte libre est l’élément central du travail personnel de l’élève. Il peut traiter de la vie privée de l’élève, d’un reportage, d’un texte poétique ou imaginaire. Il sera restitué souvent par oral, puis voté pour être imprimé. Freinet ajoute que « ce texte non pédagogique a d’autres pouvoirs : il apporte la vie, l’audience des enfants, l’élan et l’enthousiasme. Laissons aller, tout le reste suivra » (Freinet, 1964, p.58). Des fichiers autocorrectifs pour la grammaire, la lecture et les mathématiques permettent à l’élève d’être autonome et de travailler à son rythme. Freinet explique également que ces fichiers libèrent le maître et les enfants des répétitions stériles de la scolastique. Les plans individuels permettent à l’enseignant de suivre le travail accompli. Peu friand des manuels scolaires, dans lesquels les savoirs n’ont pas de liens avec le vécu des enfants, le manuel n’est plus central dans les apprentissages. Les manuels sont donc rangés dans une bibliothèque qui va être étoffée de la mise sur pied d’un centre de documentation ;; la bibliothèque de travail (BT).
Technique d’organisation et de vie coopérative : La classe est rythmée par la pratique d’ateliers, au sein desquels diverses activités sont mises sur pied. Les moments collectifs (plénum) sont présents, mais courts. Des plannings sont affichés et permettent aux élèves de s’inscrire dans l’atelier de leur choix. Sur le panneau, on peut donc visualiser deux plans qui servent de guides, établis par l’enseignant ;; le plan général et les plans annuels. Le plan général permet d’avoir un aperçu des ateliers et de s’y inscrire. Le plan annuel regroupe le programme obligatoire de l’année. L’organisation est établie par cases blanches qui sont noircies au fur et à mesure qu’un sujet est traité. À part l’histoire qui est traitée de manière chronologique, Freinet respecte avant tout l’intérêt de l’enfant. Cette manière de révéler le travail et l’évolution des acquisitions sur un panneau est source de motivation pour les élèves. Les deux autres plans sont des outils établis de manière coopérative et font office de « contrat de travail » ;; les plans hebdomadaires et le plan quotidien, plan individuel que l’enfant suit à son rythme. Ces plans sont la nomenclature de ce que Freinet appelle des « activités fonctionnelles » qui regroupent l’ensemble du travail que l’enfant accomplit. Cela permet à l’enseignant de préparer le matériel nécessaire à l’étude (à travers la BT, des gravures, etc.) de manière efficace, pour « saisir au vol l’intérêt de l’enfant et de pouvoir l’alimenter sans perte de temps » (Freinet, 1964, p.67).
L’évaluation, les brevets Remettant en question le système de notes, de classements et d’examens en vigueur dès l’école primaire, Freinet cherche un moyen d’évaluer l’élève en laissant à chacun le temps dont il a besoin. Il met en place un système de brevet, emprunté au scoutisme, pour chaque « matière ». L’expérience est très positive ;; les enfants sont enthousiasmés par les brevets et le système fait qu’il n’y a pas d’échecs. Selon Freinet (1964, p.131), « d’autres éléments de culture, pas strictement intellectuels, interviennent d’une façon majeure dans le comportement social des individus et dans leur mode de vie. » Exemple de brevets obligatoires : écrivain, lecteur, expression orale, historien, géographe, etc. Exemple de brevets accessoires : cueilleur, fruitier, chasseur, explorateur, artiste, musicien, potier, menuisier, etc. Une méthode naturelle d’éducation : le tâtonnement expérimental « C’est en marchant que l’enfant apprend à marcher », nous rappelle Freinet (1956, p.38).
Le nouveau-né imite en effet son entourage pour apprendre à marcher ou à parler, en imitant et répétant les gestes, les mots, avant d’en avoir la maitrise. L’erreur lui permet d’apprendre. Tous ces actes sont faits par tâtonnement, au rythme propre du nouveau-né. Freinet transpose cette idée dans toute sa pédagogie pour permettre à chaque enfant d’expérimenter à sa manière les savoirs à acquérir. Il l’appelle « méthode naturelle ». Cela ne veut pas dire qu’il suffit de « laisser faire » l’enfant sans intervenir. Cela définit une progression des apprentissages se faisant dans un besoin naturel d’acquérir des compétences pour évoluer. L’enfant désire faire quelque chose, car cela a du sens pour lui. Freinet (1956) souligne que les enfants du monde ont appris à marcher et à parler sans fatigue ni hésitations. Il ajoute donc : Il n’y a pas de raison majeure pour que ne puisse se faire, par le même processus, tout aussi naturellement, et sans le moindre effort anormal, sans devoirs et sans leçons, l’apprentissage de toutes les disciplines dont l’ensemble constitue la culture (Freinet, 1964, p.10).
Il préconise la libre découverte par les enfants des divers « objets » d’apprentissages. Pour cela, Barré (2001) affirme qu’il faut « les inciter à beaucoup expérimenter, observer, comparer, imaginer des théories et les vérifier dans un échange permanent ». L’erreur ou le non- aboutissement d’une tâche n’est pas vu comme un échec, mais comme une étape du processus de validation des hypothèses en vue d’atteindre la solution. Cette démarche permet de les impliquer davantage dans la tâche et de sortir des apprentissages mécaniques et répétitifs. Toutes ces actions sont bien loin des leçons traditionnelles, et construisent l’élève à travers sa manière d’être, de penser et d’agir que Freinet appelle des « techniques de vie ». « Les progrès viennent tous des gens qui n’ont pas pensé exactement comme les autres, qui ont fait ce que les autres ne faisaient pas. » (Freinet, 1958). Entre travail individuel et atelier, le défi de la méthode mixte L’élève va trouver du sens et de la motivation à travers des activités collectives, mais il ne va pas forcément s’investir de la même manière pour toutes les tâches. Pourquoi perdre du temps à apprendre quand d’autres savent mieux ?
C’est pourquoi Freinet a mis en place des apprentissages individuels qui permettent aux élèves d’acquérir compétences et savoirs. Pour ne pas tomber dans une perte de sens des acquisitions en retournant vers un apprentissage traditionnel, le but est d’accompagner chaque élève en articulant au mieux les phases d’activités collectives et les phases d’apprentissage individuel. Meirieu (2001) relève deux types d’articulations. La première est la juxtaposition des deux approches. L’enseignant doit en assurer le bon dosage. Les élèves réinvestissent leurs acquisitions individuelles dans le projet collectif. La deuxième consiste à proposer une tâche durant laquelle vont apparaitre des obstacles qui seront les compétences à acquérir. L’enseignant différencie les obstacles pour chacun. Le problème est que la tâche risque d’être désinvestie lorsque l’élève se rendra compte qu’elle n’est que prétexte à d’autres apprentissages. Meirieu (2001) dépeint bien cette ambivalence : Il faut accepter que la transmission des savoirs et des connaissances ne s’effectue jamais de manière mécanique et ne peut se concevoir sous une forme de duplication à l’identique, telle qu’on la suppose implicitement dans bien des formes d’enseignement. Elle suppose…….
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Table des matières
Introduction
Chapitre 1. Problématique
1.1 Définition et importance de l’objet de recherche
1.1.1 Raison d’être de l’étude
1.1.2 Présentation du problème
1.1.3 Intérêt de l’objet de recherche
1.2 État de la question
1.2.1 Origine ou bref historique
1.2.2 Champs théoriques et concepts
1.2.3 Résultats de recherches, théories et synthèses
1.2.4 Point de vue personnel à l’égard de la théorie
1.3 Question de recherche et objectifs ou hypothèses de recherche
1.3.1 Identification de la question de recherche
1.3.2 Hypothèses de recherche
Chapitre 2. Méthodologie
2.1 Fondements méthodologiques
2.1.1 Type de recherche
2.1.2 Type d’approche
2.1.3 Type de démarche
2.2 Nature du corpus
4 2.2.1 Récolte des données
2.2.2 Procédure et protocole de recherche
2.2.3 Sélection des informateurs/trices
2.3 Méthodes et/ou techniques d’analyse des données
2.3.1 Transcription
2.3.2 Traitement des données
2.3.3 Méthodes et analyse
Chapitre 3. Analyse et interprétation des résultats
3.1 Présentation du contexte de travail des deux groupes d’informateurs
3.2 Analyses transversales
3.3 Interprétation et discussion des résultats
Conclusion
Références bibliographiques
Annexes
Annexe 1 : Résumé des caractéristiques de l’enfant HPI par mots-‐clés
Annexe 2 : Canevas d’entretien
Annexe 3 : Transcriptions des entretiens
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