La mortalité maternelle constitue un grave problème de santé publique auquel sont confrontés les pays en développement. Le ratio de mortalité maternelle dans les pays en développement est de 230 pour 100 000 naissances vivantes (NV), contre 16 pour 100 000 dans les pays développés [28]. On note par ailleurs d’importantes disparités entre les pays, quelques-uns ont un ratio de mortalité maternelle extrêmement élevé, avec près de 1000 ou davantage pour 100 000NV. De grandes disparités existent également à l’intérieur d’un même pays entre les populations à faibles revenus et celles à revenus élevés d’une part, et entre les communautés du monde rural et celles du milieu urbain [28]. Au Sénégal, la mortalité maternelle reste encore élevée avec un taux de 392 pour 100 000NV en 2010, selon l’Enquête Démographique et de Santé V [1].
A l’instar de la plupart des pays en développement, le Sénégal, dans une optique d’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), a initié et mis en place une politique de santé avec des stratégies/actions concertées de lutte contre la mortalité maternelle à l’échelle nationale. Ainsi, différentes stratégies ont été mises en œuvre au fil des années, basées sur les consultations prénatales, l’implication des accoucheuses traditionnelles ou matrones, la planification familiale et les soins obstétricaux et néonatals d’urgence. De toutes ces stratégies, l’approche basée sur les Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence (SONU) semble être la plus efficiente.
Le Centre de Santé Philippe Maguilen Senghor (CSPMS) est le Centre de Santé de référence du District Sanitaire Ouest de Dakar. Suite à la fermeture de la Clinique Gynécologique et Obstétricale (CGO) du CHU Aristide Le Dantec pour réhabilitation de ses locaux, le CSPMS a bénéficié d’un appui technique en ressources humaines : spécialistes en Gynécologie-Obstétrique, Médecins et Internes en spécialisation. Le bloc opératoire du CSPMS non fonctionnel depuis 2004, a été rouvert depuis 2011 suite au redéploiement du personnel de la CGO. Le CSPMS a vu alors son statut de structure SONU de base relevé en structure SONU complets.
Définition
Les Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence (SONU) sont des soins réservés aux femmes enceintes, aux parturientes, aux accouchées et aux nouveau-nés présentant des pathologies ou complications gravido-puerpérales nécessitant un traitement immédiat sans délai, et fournis 24h/24 [18].
Historique
Au cours des deux dernières décennies, la communauté internationale a manifesté à plusieurs reprises son engagement à réduire les taux élevés de mortalité maternelle observés dans les pays en développement : en premier lieu en 1987 lors de la Conférence de Nairobi (Kenya) sur la maternité sans risques, puis à l’occasion de diverses rencontres ou initiatives : en 1990 lors du Sommet mondial pour les enfants organisé au Siège des Nations Unies, en 1994 à la Conférence Internationale du Caire (Egypte) sur la Population et le Développement, en 1995 lors de la Quatrième Conférence sur les Femmes tenue à Pékin (Chine), en 1997 au Sri Lanka lors de la Conférence « Nairobi 10 ans après » et enfin, en 2000, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) fixés par les Nations Unies.
En 2007, le vingtième anniversaire du lancement de l’initiative pour une maternité sans risques a été marqué par une série d’évènements, notamment la Conférence intitulée « les femmes donnent la vie » qui s’est tenue à Londres (Angleterre) et au cours de laquelle on a appelé à un renouveau des engagements, des programmes et de la surveillance. Fait absolument capital, un consensus a fini par se dégager, au cours des vingt dernières années, quant aux interventions jugées prioritaires pour réduire la mortalité maternelle [10]. Les différents acteurs conviennent maintenant qu’il faut mettre à la disposition de toutes les femmes des soins obstétricaux d’urgence de bonne qualité, que toutes les femmes doivent pouvoir donner naissance à leur enfant en présence d’un accoucheur ou d’une accoucheuse qualifiés et que ces services doivent faire partie intégrante du système de santé. Au Sénégal, les pouvoirs publics ont très tôt initié des actions visant à réduire la morbidité maternelle : mise en place des Centres de Protection Maternelle et Infantile, intégration des activités de Planification Familiale (PF) dans les programmes de Santé Maternelle et Infantile… Cependant, la mise en œuvre des programmes a été marquée par une concentration des activités sur la protection de l’enfant. Dans les années quatre-vingt-dix, suite aux Conférences de Nairobi et de Niamey, un programme de lutte contre la mortalité maternelle a été élaboré. Après 1994, on a noté la création de Centres Pilotes en Soins Intégrés qui reposait sur l’intégration des activités de Santé de la Reproduction au niveau des points de prestation de services avec l’appui de l’UNFPA. En 1997, un programme de SONU a été lancé dans plusieurs districts du pays (Guédiawaye, Kolda, Fatick, Kédougou, Goudiry, Koungheul). Dans le but d’accroître la performance des programmes de santé de la reproduction, de nouveaux protocoles intégrant la maternité ont été élaborés dans la perspective d’une large diffusion auprès des prestataires de services. Avec l’appui de la Banque Africaine de Développement, un programme de formation des « médecins compétents » est en cours d’exécution depuis 1998. Ce programme vise le renforcement de la disponibilité des SOU au niveau des centres de santé périphériques.
Description des Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence
Les Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence (SONU) sont subdivisés en Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence de Base (SONUB) et en Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence Complets (SONUC). Pour déterminer et surveiller le niveau réel des soins assurés par une structure sanitaire donnée, il est utile de se référer à quelques « fonctions fondamentales » bien définies. Il s’agit en l’occurrence d’actes médicaux visant à traiter les complications obstétricales directes qui sont à l’origine de la plupart des décès maternels partout dans le monde. Les fonctions fondamentales sont des indicateurs qui mesurent le niveau des soins qui sont prodigués. En outre, ces fonctions incluent certains actes très importants. Par exemple, lorsqu’une césarienne est pratiquée dans un service de soins obstétricaux, cela implique une anesthésie. Les fonctions fondamentales sont utilisées pour classer les structures sanitaires selon que ces fonctions ont été assurées ou non au cours des trois mois précédents, mais il est bon d’utiliser une liste plus diversifiée de fonctions et de fournitures lorsqu’on détermine les besoins en SOU en vue de préparer des programmes. La liste de fonctions fondamentales a été mise à jour par l’adjonction d’une nouvelle fonction, à savoir « la pratique de la réanimation néonatale » dans les structures sanitaires dispensant des SOU de base ou des SOU complets. Par ailleurs, la deuxième fonction fondamentale s’appelle désormais «administration d’utérotoniques » au lieu de « administration parentérale d’ocytociques » [29]. Le Sénégal a quant à lui rajouté 3 fonctions spécifiques au pays [26].
Indicateurs des Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence
Le suivi de l’évolution de la mortalité maternelle et des programmes de lutte est un paramètre non satisfaisant car le décès maternel est l’aboutissement d’un processus, d’où la nécessité d’avoir des informations sur les évènements et processus aboutissant au décès. Comme c’est le cas pour tout programme de santé publique, un bon programme de réduction de la mortalité maternelle doit disposer d’indicateurs clairs qui lui permettent de recenser les besoins, de suivre la mise en œuvre des différentes mesures et d’évaluer les progrès accomplis.
Ces indicateurs permettent de suivre les progrès accomplis dans la prévention des décès maternels et périnatals. L’ordre dans lequel ils sont présentés obéit au principe selon lequel, pour qu’une femme soit traitée rapidement et convenablement en cas de complications obstétricales ou néonatales, les structures sanitaires qui assurent les soins obstétricaux d’urgence doivent impérativement exister et fonctionner, être réparties conformément à la géographie et à l’équité (disponibilité), être utilisées par les femmes enceintes, être utilisées par les femmes qui présentent des complications, offrir une gamme suffisamment complète de services vitaux (utilisation) et assurer des soins de bonne qualité (qualité).
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Table des matières
INTRODUCTION
1. Définition
2. Historique
3. Description des Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence
4. Indicateurs des Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence
5. Impact des Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence dans l’amélioration de la santé materno-fœtale
7. Organisation du système de santé du Sénégal
7.1. Niveau périphérique : le District Sanitaire
7.2. Niveau intermédiaire ou Région Médicale
7.3. Niveau central
7.4. Système de référence-recours au Sénégal
7.5. Normes du système de référence-recours
1. Objectifs
A. Objectif général
B. Objectifs spécifiques
2. Site de l’étude d’étude
2.1. Centre de Santé Philippe Maguilen Senghor
2.2. Hôpital Militaire de Ouakam
2.3. Centres de Santé de Ouakam et de Ngor
3. Méthodologie
3.1. Type et durée d’étude
3.2. Choix des structures de la zone
3.3. Définitions opérationnelles
3.4. Collecte des données
3.5. Paramètres étudiés
3.6. Analyse des données
4. Résultats
4.1. Sources des données par structure
4.2. Indicateurs de processus
4.2.1 Indicateurs de disponibilité
4.2.2 Indicateurs d’utilisation
4.2.3 Indicateurs de qualité
4.3. Qualité de l’information
5. Discussion
5.1. Limites de l’étude
5.2. Disponibilité des Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence
5.3. Utilisation des structures sanitaires offrant des Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence
5.3.1 Naissances dans les structures sanitaires
5.3.2 Besoins en Soins Obstétricaux d’Urgence satisfaits
5.3.3 Naissances par césarienne
5.4. Qualité des Soins Obstétricaux et Néonatals d’Urgence
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES