DESCRIPTION DES PRODUCTEURS DE LAIT DE CHAMELLE
Réalisation des prélèvements :
Une très large majorité des prélèvements a été effectuée lors de la traite du soir. Pour chaque troupeau, les chamelles prélevées ont été les cinq premières traites. Après initiation de la traite par le petit, le trayeur extrait quelques jets de chaque pis dans une plaque à quatre cupules pour White Side Test (WST) (Abdurahman,1994 et 1992). Un petit volume de soude molaire est ajouté dans chaque cupule de la plaque (environ un volume de soude pour cinq volumes de lait) et la lecture est faite immédiatement. Pendant ce temps le trayeur termine de traire la chamelle. Après homogénéisation du lait, trois tubes de 15 ml sont remplis à partir du récipient de traite; le lait restant est versé dans le bidon en inox. Parmi ces trois tubes, deux sont mis immédiatement dans une glacière contenant un mélange d’eau et de glace ; le troisième est gardé à température ambiante. Une fois que cinq chamelles ont été prélevées, l’éleveur (ou le trayeur), répond aux questions concernant chaque animal.
Lorsque la traite de toutes les chamelles est terminée, deux tubes de 15 ml sont remplis avec le lait du bidon, après homogénéisation de celui-ci, et sont placés dans la glacière. Un dernier tube est rempli à partir du bidon lorsque celui-ci est arrivé au centre de collecte. Il est mis dans la glacière, et en même temps que lui, les cinq tubes qui étaient restés à température ambiante (un par chamelle prélevée). Tous les tubes sont transférés au réfrigérateur, entre 0 et 4°C N.B.1 : les prélèvements dans le bidon n’ont été faits qu’à Boghé. N.B.2 : les échantillons qui restent à température ambiante entre la traite et l’arrivée du lait au centre de collecte, sont soumis au seul test du temps de réduction du bleu de méthylène. L’intérêt de cette opération étant d’avoir une idée de l’influence du temps de transport sur la multiplication des germes initialement présents dans l’échantillon.
Méthodologie d’analyse statistique :
Nous décrivons graphiquement la population enquêtée, c’est-à-dire comment sont distribuées les variables d’élevage au sein de la population des fournisseurs. L’intérêt est d’avoir une idée de la fréquence des différentes modalités des pratiques d’élevage. Nous décrivons de même la population des chamelles prélevées quant à leurs caractéristiques individuelles (âge, rang de lactation, etc.). Nous regardons ensuite la distribution des résultats aux tests, croisés deux à deux (matrice de distribution, représentation graphique). Les résultats sont transformés au préalable en « log » étant donné les ordres de grandeurs très différents des résultats aux divers tests. L’objectif de l’analyse est de cerner les relations entre des types de fournisseurs et les résultats bactériologiques de leurs chamelles. Nous effectuons une typologie des fournisseurs : on cherche à décrire des classes de fournisseurs selon leurs pratiques d’élevage, chaque classe est alors décrite par un ensemble de pratiques. Puis une typologie des résultats bactériologiques déterminera des types de résultats bactériologiques des laits. Il s’agit alors de déterminer quelles sont les relations entre ces deux typologies.
Quelles sont les associations entre les types de fournisseurs et les types de résultats bactériologiques ? La typologie des fournisseurs est réalisée par la méthode d’Analyse des Correspondances Multiples (ACM) suivie d’une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH). L’ACM permet de dégager les éventuelles liaisons existant entre les pratiques d’élevage des fournisseurs (Escofier et all, 1998). La CAH permet de visualiser la manière dont se regroupent les fournisseurs et aide à choisir une typologie optimale, elle permet de classer les profils de pratiques des fournisseurs (Faye, 1995). Le choix de la partition retenue est basé sur le « critère de Ward » (Lebart et all, 1995). La partition se fait sur les 39 fournisseurs enquêtés. La typologie des profils bactériologiques est réalisée par deux méthodes : l’ACM et l’Analyse des Composantes Principales (ACP) ; elles permettent de traiter les variables respectivement sous forme qualitative et quantitative. L’intérêt ici d’utiliser ces deux méthodes est de comparer les résultats obtenus.
Une fois les typologies de résultats bactériologiques et de fournisseurs obtenues, il nous faut les croiser et voir quels sont les liens éventuels qui les unissent. Pour ce faire, nous utilisons en premier lieu le test du « chi-deux » (Bouyer, 1995) afin de voir si la répartition des effectifs d’éleveurs varie en fonction des types de fournisseurs et des types bactériologiques (on cherche à mettre en relation des différences de qualité bactériologique avec des différences de pratiques d’élevage). Puis nous utilisons les méthodes d’analyse barycentrique et d’analyse factorielle discriminante (AFD) pour préciser les liens entre ces deux typologies (Escofier et all, 1998). Enfin, nous étudions le rôle de variables non liées aux pratiques d’élevage à l’aide de l’ACM et du test de Manly (Bryan J-F Manly, 1997). L’intérêt ici est de définir les liens entre ces variables et les typologies obtenues.
Description des résultats bactériologiques et vérification du matériel:
Nous nous intéressons ici aux résultats des analyses du lait de vache (cf. « I.Population prélevée »). Il nous faut en effet vérifier que les résultats obtenus sont dans des intervalles de valeurs attendus et en tout cas pas aberrants.Les résultats attendus pour des laits de vache de bonne qualité ont été mentionnés plus haut.Cette phase de validation était nécessaire dans la mesure où nous n’avions pas de données correspondant à l’application de ces tests au lait de chamelle, et où il nous était donc impossible de vérifier la cohérence des résultats sur des échantillons de lait de chamelle uniquement. Le tableau 3 résume en quelques chiffres les résultats des analyses du lait de vache. III. Perspectives: Cette étude et ces résultats sont une première approche de la qualité sanitaire du lait de chamelle en Mauritanie. C’est un point de départ pour une étude plus complète. Elle doit aussi permettre à la société d’utiliser les bons tests bactériologiques pour suivre l’aspect sanitaire du lait qu’elle achète et transforme.
Ces tests doivent être simples, efficaces, fiables et rapides à lire. Au vu des résultats, on peut d’ors et déjà déconseiller le titrage de l’acidité Dornic (le test est indépendant des autres), les dénombrements bactériens (trop longs à mettre en oeuvre). Reste la réduction des colorants (BdM et résazurine) qui donne en quelques heures une estimation du niveau global de contamination du lait. Il est cependant nécessaire de prendre des précautions quant à l’interprétation des résultats de ces tests (on risque parfois de pénaliser des laits de bonne qualité à cause d’éventuels leucocytes); il serait intéressant de réaliser d’autres tests en parallèle à ceux-ci (mesure du pH, test à l’alcool, etc.). Quoiqu’il en soit, les prélèvements et analyses devront être faits dans de bonnes conditions, avec une chaîne du froid efficace, un laboratoire équipé et un protocole standard. On pourrait suivre l’évolution de la qualité du lait au cours des années à venir pour évaluer l’impact des actions de formation /vulgarisation entreprises par l’APLT.
Il faudrait refaire ce type d’étude: déterminer quels ont été les changements dans les pratiques d’élevage et quelle a été l’amélioration de la qualité sanitaire du lait. On pourrait alors tenter de comprendre quels types d’impacts ont touché quels types de fournisseurs et pourquoi, et voir quels sont les liens entre les nouvelles pratiques de traite et les résultats aux différents tests. On peut imaginer un protocole avec un questionnaire pour les producteurs (enquête sur les pratiques de traite et sur la perception de la formation), une fiche accompagnant les prélèvements et des prélèvements de lait pour analyses.
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Table des matières
INTRODUCTION
I.DESCRIPTION DES PRODUCTEURS DE LAIT DE CHAMELLE
II.DESCRIPTION DE LA TRAITE
OBJECTIF DE L’ETUDE
MATERIEL ET METHODE
POPULATION PRÉLEVÉE
PROTOCOLE D’ENQUÊTE
III. RÉALISATION DES PRÉLÈVEMENTS
IV.ANALYSES DE LABORATOIRE :
1.Titrage de l’acidité Dornic :
2.Dénombrement de la flore aérobie mésophile (FAM) :
3.Dénombrement des Coliformes totaux :
4.Réduction des colorants :
V.MÉTHODOLOGIE D’ANALYSE STATISTIQUE :
VI.CODAGE ET CONSTITUTION EN CLASSES DES RÉSULTATS AUX TESTS DE LABORATOIRE:
VII. VARIABLES ÉTUDIÉES DANS L’ANALYSE STATISTIQUE :
RESULTATS
DESCRIPTION DES RÉSULTATS BACTÉRIOLOGIQUES ET VÉRIFICATION DU MATÉRIEL
DESCRIPTION DE L’ÉCHANTILLON ÉTUDIÉ:
Description des résultats aux analyses de laboratoire
A/ Distribution des résultats bactériologiques :
B/ Relation entre la qualité du lait et le délai entre traite et réception du lait
Description des exploitations
Description des chamelles prélevées
III. TYPOLOGIE DES PRATIQUES DE TRAITE DES FOURNISSEURS :
TYPOLOGIE DES RÉSULTATS BACTÉRIOLOGIQUES
Typologie des résultats aux tests bactériologiques :
RELATIONS ENTRE PRATIQUES SANITAIRES ET TYPES BACTÉRIOLOGIQUES :
Quels liens entre les types de fournisseurs et les types de résultats bactériologiques ?
A/ Différences de répartition des résultats et types bactériologiques parmi les trois types de fournisseurs
B/ Relations entre les types de fournisseurs et les profils bactériologiques
Relations entre les résultats bactériologiques et les variables non liées aux pratiques d’élevage ?
DISCUSSION
EXISTENCE DE BIAIS :
DISCUSSION DES RÉSULTATS :
Matériel de traite :
Hygiène de traite
Lieu de traite
Chamelles :
Délai entre traite et réception du lait
III. PERSPECTIVES:
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
LOGICIELS UTILISÉS
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