Description des oiseaux endémiques réunionnais
Le Pétrel de Barau Pterodroma baraui
Historique et taxonomie
La première mention écrite du Pétrel de Barau date de 1804 [26][70]. A cette date, Bory de Saint-Vincent décrit lors de son excursion à la Caverne de la Cotte (entre la Rivière des Remparts et le Piton de la Fournaise) la présence de « Taille-vents», nom créole du Pétrel de Barau. Cette dénomination est encore utilisée aujourd’hui, en particulier dans le sud-ouest de l’île, et semble fiable compte tenu des expériences menées par Jouanin et Gill en 1967 [70] : lorsqu’ils demandaient aux pêcheurs locaux de ramener des Taille-vents ceux-ci ne ramenaient que des Pétrels de Barau. Par la suite, trois exemplaires ont été vus et décrits parmi les collections du muséum d’histoire naturelle de Saint-Denis en 1948 par Milon [70]. Pourtant, en 1967, il n’en restait qu’un seul faussement étiqueté Pterodroma cooki. Il faut attendre 1963 pour que Jouanin fasse la description d’un spécimen capturé vivant sur une plage du Nord de l’île, évoquant curieusement le Pterodroma cooki du muséum. Il fut d’abord baptisé Bulweira baraui (du nom d’Armand Barau, correspondant réunionnais du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris) avant d’être rattaché au genre Pterodroma sous l’appellation de Pterodroma baraui. Ces deux genres sont en effet très similaires, et ont même failli être confondus en 1948 [72].Il appartient à l’ordre des Procellariiformes et à la famille des Procellariidés.
Population et répartition
Les estimations de la population de Pétrels de Barau sont les fruits de comptages dont les méthodes ne sont pas toujours connues. En effet, la plupart des auteurs ne mentionnent pas leur protocole, ni même leurs sources dans les cas où il n’y a pas réellement eu comptage. De même, les estimations annoncées concernent parfois la population totale, parfois le nombre de reproducteurs, et parfois les deux. Globalement toutes les estimations sont situées entre 9000 et 20000 individus pour la population totale, et entre 2200 à 5000 couples reproducteurs [100]. L’estimation la plus récente de la population totale est donnée par Barré et al. en 2005 [26], soit 12000 individus, et il indique que celle-ci doit s’être encore appauvrie depuis. La même année, Probst estime la population de reproducteurs entre 4000 et 5000 couples « malgré les derniers comptages défavorables » [127]. En 1998, il revoit son estimation à la baisse (3000 couples), tout en reprenant les chiffres donnés par Stahl et Bartle en 1991 pour la population totale (9000 à 15000 individus au total) [146]. En 2000, il estime que la population de reproducteurs est strictement inférieure à 3800 couples [149]. Enfin, les dernières estimations semblent plus optimistes, annonçant 4000 à 6500 couples sur 10 colonies [90]. Devant cette abondance d’estimations, il semble possible de retenir les chiffres de 9000 à 15000 individus pour la population totale [146] dont 2200 à 3800 couples de reproducteurs [149].
La répartition des oiseaux est moins discutée :
– durant la période de reproduction, d’août à fin mai, les oiseaux nicheurs restent dans leur zone de pêche (à 1100-1400 km maximum des côtes réunionnaises), alors que les non reproducteurs et immatures restent dans l’Océan Indien subtropical (sud et sudest), pouvant aller jusqu’à l’île d’Amsterdam et l’Australie ;
– le reste du temps, de mai à août, les oiseaux se trouvent majoritairement dans l’Océan Indien tropical, au nord et au nord-est de la Réunion (figure 7). Ils vont jusqu’à la Mer Rouge (ils ont été vus en Oman), Sumatra, les îles Coco Keeling [26][127][170]. Cette ségrégation géographique durant la période de reproduction entre reproducteurs et non reproducteurs est courante dans d’autres espèces telles que Pterodroma ultima, Pterodroma solandri et Pterodroma mollis. Selon Stahl et Bartle, elle constituerait un mécanisme permettant par la suite d’augmenter la taille de la population. Pour autant ils ne décrivent pas le mécanisme supposé de ce phénomène [160].
Description
Les termes utilisés dans les descriptions sont explicités dans l’annexe 1. C’est un pétrel sans dimorphisme sexuel, en moyenne de 96 cm d’envergure, de 37-40 cm de longueur, et pesant 340 g à l’état adulte (figure 8) [26][127]. Le dessus de la tête et du cou, ainsi que les rémiges et rectrices sont gris noirâtre, le dos et la couverture des ailes sont gris bleu cendré et chaque plume est bordée d’une frange claire sur le bord interne. Le croupion est gris uni. Le front, le ventre et la face ventrale des ailes sont blancs.
Ces dernières sont sombres ventro-caudalement et on observe une ligne noire en diagonale du coude au poignet ventralement, en forme caractéristique de « W » [127]. Le bec est court, épais et noir. Le tarse et le tiers proximal des doigts sont couleur chair. Ces derniers sont noirs distalement [26]. Ses mensurations sont de 266-301 mm pour les ailes, 32-42 mm pour le bec, 28-35 mm pour les tarses [127], 108-123 mm pour la queue [72].
A l’état immature, il est semblable à l’adulte avec parfois un peu de duvet au sommet de la tête ou de la nuque [127]. Les premiers auteurs ont décrit la forme immature comme brune [72], mais cette coloration n’est qu’un artéfact résultant de l’incidence des rayons du soleil [127]. Dans la nature, il est facilement reconnu grâce au dessus noir de sa tête, son dos gris bleu, et surtout son front et son dessous d’un blanc pur, avec un « W » noir sous les ailes. De plus, son cri, son vol, ainsi que la saison et le moment de la journée sont aussi des éléments importants de son identification .
Biologie
à la Réunion. L’espèce est principalement observée à la Réunion entre août et fin mai, le long des côtes réunionnaises, en particulier à l’ouest. Des départs quotidiens importants (plus de 100 oiseaux) peuvent être observés à l’embouchure de la Rivière Saint-Étienne et dans la baie de la Possession (respectivement au sud-ouest et au nord-ouest) [127]. Durant cette période, il est principalement observé sur l’ensemble de la côte ouest en fin d’après-midi (dès 16 h heure locale), pour revenir à son terrier vers la tombée de la nuit (figure 9). Dès 18 h, il apparaît en nombre dans le cirque de Cilaos, à l’intérieur des terres [40][72].
Bretagnolle et Attié [32], estiment le temps de retour des plages aux colonies d’à peu près 45 minutes. Les animaux ne sont visiblement pas synchronisés car nombre d’entre eux ne quittent le rivage que vers 19 h [40][72]. Néanmoins, il est possible que certains oiseaux ne reviennent à leur nid qu’après la tombée de la nuit, car, bien qu’aucun animal ne puisse être identifié en vol à cause de l’obscurité, les cris entendus ne cessent qu’entre 22 h et 23 h. Ces cris reprennent dès 3 h du matin, ce qui laisse supposer que certains pétrels repartent vers la mer pour pêcher dès ce moment [40][148]. Ailleurs dans l’île, l’oiseau est très inhabituel [72]. La zone de pêche des oiseaux nicheurs est néanmoins très étendue, allant jusqu’à 1100 à 1400 km des côtes réunionnaises .
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Table des matières
INTRODUCTION
PARTIE 1 : DONNEES SUR L’AVIFAUNE ENDEMIQUE ACTUELLE DE LA REUNION
I) L’île de la Réunion : un milieu à part
1) Géographie et climat
a) Situation géographique et reliefs
b) Climat
2) La flore de la Réunion
II) Description des oiseaux endémiques réunionnais
1) Oiseaux marins
a) Le Pétrel de Barau Pterodroma baraui
b) Le Pétrel Noir de Bourbon Pseudobulweria aterrima
c) Le Puffin de Baillon Puffinus lherminieri bailloni
2) Oiseaux forestiers
a) Le Busard de Maillard ou Papangue Circus maillardi
b) L’Echenilleur de la Réunion Coracina newtoni
c) Le Tersiphone de Bourbon, Terpsiphone bourbonnensis bourbonnensis
d) Le Traquet de la Réunion Saxicola tectes
e) Le Bulbul de la Réunion Hypsipetes borbonicus
f) L’Oiseau Lunettes Gris Zosterops borbonica borbonica
g) L’Oiseau Lunettes Vert Zosterops olivacea
PARTIE 2 : ENJEUX RELATIFS A L’AVIFAUNE ENDEMIQUE DE LA REUNION
I) Origines et évolution de l’avifaune endémique
1) Origines de l’avifaune endémique réunionnaise
a) L’avifaune de la Réunion à l’arrivée des premiers européens
b) Les origines des espèces endémiques disparues et survivantes
2) Evolution de l’avifaune indigène des Mascareignes depuis l’arrivée des premiers européens
II) Menaces actuelles
1) La chasse et le braconnage
a) Généralités
b) Etude spécifique
2) La modification des habitats
a) Etude générale
b) Etude spécifique
3) Les espèces animales introduites
4) Les autres activités humaines
a) L’urbanisation
b) Le tourisme
c) La lutte anti-vectorielle contre le Chikungunya
d) Les autres menaces
5) Les catastrophes naturelles
6) Les maladies et les intoxications
7) Les lacunes de connaissances sur la biologie des espèces
8) Importance des menaces
III) La conservation des espèces endémiques de la Réunion
1) Les moyens actuels
a) Les acteurs de la conservation à la Réunion
b) Moyens existants
2) Les projets futurs
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES
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