Description des mouvements actifs fœtaux
Analyse qualitative des mouvements fœtaux par ordre chronologique
L’activité motrice fœtale suit un ordre chronologique, et a pu être étudiée grâce à l’échographie. Cette description permet de détailler l’apparition des différents mouvements possibles du fœtus, des premiers instants jusqu’au terme de la grossesse.
– Dès 7 semaines d’aménorrhée (SA), l’embryon est capable de bouger, mais il s’agit seulement de mouvements d’ondulation.
– A 8 SA, des mouvements de secousses de flexion de la nuque et du tronc, rapides et irréguliers sont observés. L’embryon ne change pas encore de position dans le sac gestationnel.
– A 9 SA, on peut observer des mouvements asymétriques du corps de l’embryon, avec des mouvements de flexion extension vigoureuse de la tête et du tronc. Il est capable de changer de position.
– Vers 13-14 SA, des mouvements plus précis sont possibles. Le fœtus peut ouvrir et fermer les mains, étendre et croiser les membres inférieurs, la déglutition débute, les premiers mouvements respiratoires apparaissent.
– A 15 SA, il existe une coordination, le fœtus est capable de sucer son pouce.
– A 16 SA, les mains du fœtus explore la cavité de l’utérus.
– Vers 18-19 SA, la respiration et la déglutition simultanées sont possibles. Le fœtus explore son corps avec ses mains.
– Vers 20-21 SA, la bouche, les doigts et les paupières commencent à bouger.
– A 22 SA, des mouvements de hoquet sont possibles.
– Vers 24-25 SA, le fœtus répond aux stimulus mécaniques par rotation de la tête.
– Vers 26-28 SA, le fœtus répond aux stimulus sonores par tressaillement ou rotation de la tête.
Au cours du troisième trimestre, il est décrit quatre sortes de mouvements, mis en évidence par Timor-Tritsh .
Classification des mouvements actifs fœtaux au troisième trimestre
Au cours des études menées par Timor-Tritsh en 1976, des mouvements du fœtus ont été observés en utilisant une technique tocodynamométrique.
Quatre types de mouvements ont alors été décrits :
– Mouvements d’ensemble ou de rotation
Ce sont des mouvements soutenus et d’enroulement de l’ensemble du corps fœtal sur luimême. Leur durée moyenne est environ de 14 secondes.
– Mouvements simples
Ce sont des mouvements brefs, qui, souvent, donnent des déplacements visibles sur la paroi abdominale maternelle. Ils correspondent à des coups de tête, de pied ou de poing. Leur durée moyenne est de 3 secondes.
– Mouvements rapides
Ces mouvements sont brefs, ils durent en moyenne 0,4 seconde. Ils ressemblent à des coups de pieds ressentis dans tout l’abdomen par la mère. Ils peuvent être isolés ou répétitifs (de 15 à 25 mouvements par minute). Ces mouvements peuvent correspondre à des mouvements brusques de la paroi thoracique, comme le hoquet.
– Mouvements pseudo-respiratoires
Il s’agit de mouvements rapides et répétitifs, de 30 à 90 respirations par minute, auxquels participent la cage thoracique et l’abdomen.
Facteurs influençant les variations de l’activité fœtale
Les méthodes échographiques ont permis de réaliser une analyse quantitative des mouvements du fœtus. Ainsi, plusieurs facteurs, qu’ils soient intrinsèques ou extrinsèques au foetus, peuvent modifier la fréquence et l’amplitude des mouvements fœtaux.
Facteurs intrinsèques au fœtus
D’après les méthodes échographiques, il existe une variation quantitative des mouvements du fœtus selon le terme. La plupart des études (Ehrstrom 1979, Nirhy-Lanto et al. en 1986 et Sadovsky et al. en 1977) ont montré une augmentation progressive du nombre de mouvements fœtaux de la 20éme à la 32ème semaine d’aménorrhée. Il atteint son maximum entre la 29éme et la 38ème semaine d’aménorrhée. [6] Selon Edwards, il existe une « période de décélération» des mouvements dans les 15 derniers jours avant le début du travail. Plus tard, d’autres études (Devoe et al. en 1988, Schaal et al. en 1989) ont pourtant montré qu’il n’existait pas de diminution significative des mouvements au cours de la semaine précédant l’accouchement.
Les mouvements fœtaux ne sont pas permanents. Il existe, dès la vingtième semaine d’aménorrhée, une alternance de phases d’éveil pendant lesquelles le fœtus est actif et de phases de sommeil, phase d’inactivité. Ainsi, déjà in utero, il existerait une organisation circadienne de l’activité fœtale avec deux pics d’activité importante : un le matin vers 7h, et l’autre le soir entre 21h et 1h du matin. Le minimum serait vers midi. Ce cycle est indépendant de celui de la mère. [2] [6] Il ne semble pas exister de différence significative du nombre de mouvements selon le sexe du fœtus. [2] Les fœtus présentant un retard de croissance intra-utérin (RCIU) important bougent moins que les autres. Cependant, les petits fœtus non pathologiques bougent plus que les gros fœtus.
Facteurs extrinsèques au fœtus
– Activité utérine
L’influence des contractions utérines est très variable d’un fœtus à un autre. En général, elles stimulent le fœtus jusqu’à un seuil d’environ trois contractions par minute. Au-delà, le fœtus ne réagit plus et l’activité fœtale reste la même. [2]
– Stimulations externes
La stimulation physique (palpation, pressions transabdominales) fait réagir le fœtus par une augmentation de son activité. En effet, la sensibilité tactile et proprioceptive du fœtus apparaît à la 7ème semaine de vie intra-utero, comme la motricité.
Une stimulation sonore par des bruits forts augmente également l’activité fœtale. Le système auditif est fonctionnel dès la 20ème semaine et achevé à la 28ème semaine, le fœtus réagit alors aux sons extérieurs. La stimulation est identique qu’elle soit appliquée au niveau du pôle céphalique ou du pôle caudal. [3] [9] Le fœtus ne semble cependant pas réagir aux stimulations lumineuses. Pourtant, les récepteurs visuels sont présents chez le fœtus à partir de 26 à 28 semaines, mais ils sont trop immatures.
– Facteurs biologiques maternels
La consommation d’alcool par la mère altère la motricité du fœtus. Il demeure une diminution significative des mouvements pendant 3h suivant l’ingestion.
La consommation de tabac diminuerait également l’activité fœtale.
Les substances médicamenteuses telles que les tranquillisants, les barbituriques, ou les benzodiazépines réduisent également l’activité fœtale. Quant aux corticoïdes, ils limitent les mouvements fœtaux pendant les 2 à 4 jours qui suivent l’injection. [2] [10] Enfin, l’hypoxie et l’acidose maternelles, tempèrent voire abolissent les mouvements actifs fœtaux.
Perception maternelle des mouvements actifs fœtaux
Grâce aux technologies d’imagerie médicales, des études ont permis de détailler précisément les mouvements du fœtus, tant dans leur aspect que dans leur quantité. En marge de ces observations objectives, des scientifiques se sont intéressés aux ressentis personnels de la femme enceinte lors des mouvements fœtaux. Ils ont ainsi mené des études comparant les mouvements du fœtus remarquables à l’échographie et la perception de ceux-ci par la mère.
Fiabilité et limites de la perception maternelle
La sensation que ressent la femme enceinte face aux mouvements fœtaux reste relativement subjective. Cependant, certaines études ont mis en évidence que la perception maternelle reste fiable, avec plus ou moins de variabilité selon les mouvements effectués par le fœtus. Des recherches montrent que, de manière générale, 82 à 87% des mouvements fœtaux visibles sur des tracés cardio-topographiques et sur échographies sont perçus par la femme enceinte. Elles indiquent que la plupart des mères ressentent les mouvements majeurs de leur fœtus. Ainsi, des études indiquent que les mouvements ressentis à 100% par les femmes enceintes et le plus fortement sont les mouvements combinés du tronc et des membres du fœtus. [1] [11] Une étude a montré que les mouvements de longue durée (entre 20 et 60 secondes) ont plus de chance d’être perçus par les mères. [12] Les limites de cette perception sont les mouvements isolés des extrémités. Il est démontré que seuls 56% des mouvements sont perçus par la mère lorsqu’il s’agit de mouvements isolés des membres et 15% lorsqu’il s’agit de mouvements isolés des extrémités.
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Table des matières
INTRODUCTION
1- Mouvements actifs foetaux
1-1 Historique des études
1-2 Description des mouvements actifs fœtaux
1-2-1 Analyse qualitative des mouvements fœtaux par ordre chronologique
1-2-2 Classification des mouvements actifs fœtaux au troisième trimestre
1-3 Facteurs influençant les variations de l’activité fœtale
1-3-1 Facteurs intrinsèques au fœtus
1-3-2 Facteurs extrinsèques au fœtus
2- Perception maternelle des mouvements actifs fœtaux
2-1 Fiabilité et limites de la perception maternelle
2-2 Facteurs influençant la perception maternelle
2-2-1 Facteurs liés à la grossesse
2-2-2 Facteurs liés à la mère
3- Enjeux de la perception maternelle des mouvements fœtaux
4- Lien mère-enfant
MATERIELS ET METHODES
1- Matériels
1-1 Type d’étude
1-2 Terrain et durée de l’étude
1-3 Population concernée
1-3-1 Critères d’inclusion
1-3-2 Critères d’exclusion
2- Méthodes
2-1 Critères de jugement
2-1-1 Description des critères
2-1-2 Quelques définitions
2-2 Recueil de données et analyse statistique
RESULTATS
1- Recrutement de la population
2- Description de l’échantillon
2-1 Renseignements généraux
2-1-1 Age
2-1-2 Indice de masse corporelle (IMC)
2-1-3 Profession
2-1-4 Caractères et habitudes de vie
2-2 Antécédents obstétricaux
2-2-1 Parité
2-2-2 Antécédents
2-3 Grossesse actuelle
2-3-1 Terme
2-3-2 Déroulement de la grossesse
2-3-3 Cours de préparation à la naissance et à la parentalité (PNP)
3- Perception maternelle des MAF
3-1 Premiers mouvements
3-1-1 Terme des premiers mouvements ressentis
3-1-2 Perception des premiers mouvements
3-2 Ressenti des MAF
3-2-1 Position
3-2-2 Moment de la journée
3-2-3 Stimulation physique
3-2-4 Environnement
3-2-5 Changement de position
3-2-6 Activité physique
3-2-7 Contractions utérines
3-2-8 Langage avec l’enfant
3-2-9 Entourage
3-2-10 Evolution du ressenti des MAF au cours de la grossesse
4- Impressions de la femme enceinte au ressenti des MAF
4-1 Réaction maternelle aux MAF
4-1-1 Réaction aux premiers mouvements
4-1-2 Réaction aux MAF en général
4-2 Représentation de l’enfant par les mères
4-3 Interprétation des MAF par les mères
4-3-1 MAF et communication mère-enfant
4-3-2 MAF et santé de l’enfant
4-3-3 MAF et confort de l’enfant
5- Consultation pour diminution des MAF
DISCUSSION
1- Critique
1-1 Points forts de l’étude
1-1-1 Sujet et participation
1-1-2 Population
1-2 Biais de l’étude
1-2-1 Etude d’une perception
1-2-2 Difficulté d’analyser certains critères
2- Discussion
2-1 Perception des premiers MAF et facteurs influençant leur ressenti
2-1-1 Terme de perception des premiers mouvements
2-1-1 Facteurs qui influencent leur perception
2-2 Repos de la mère et perception accrue des mouvements
2-3 Descriptions et représentations des mouvements de l’enfant par les mères
2-4 Interaction entre la mère et l’enfant
2-3-1 Réponse aux stimulations physiques
2-3-2 Adaptation mère-enfant
2-5 Lien avec l’enfant
2-4-1 Evolution de la relation mère-enfant
2-4-2 Communication mère-enfant
2-4-3 Relation avec la famille
2-6 Ressenti par la mère de l’état de santé de l’enfant
3 – Propositions
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE