Les eaux douces du globe renferment une multitude d’espèces de poissons, mais les anguilles ont leurs spécificités. Elles suscitent la curiosité des scientifiques et la convoitise des gourmets. Riches en vitamines A et E, en protéines, en calcium et en fer, les anguilles ont une haute valeur nutritive. Malheureusement, elles se raréfient [1]. L’anguille tient son nom du mot latin « Anguilla » qui veut dire « petit serpent ». Son appellation en malgache est « Amalona ». Son cycle de vie diffère de celui des autres espèces de poissons. Elle est « amphibiotique », c’est-à-dire qu’elle peut vivre en eau douce et saumâtre ou marine [2]. Après leur éclosion dans la mer des Sargasses, à l’âge de 2 ou 3 ans, on les appelle civelles [2,3].
Malgré la mise en œuvre d’un plan européen de reconstitution en 2007, les populations d’anguilles exploitées à travers toute la planète ne cessent de décliner [3]. L’offre peine à satisfaire la demande actuellement en pleine expansion, grâce à l’amélioration du niveau de vie des ménages dans les pays développés et à l’accroissement de la population dans les nations moins développées. La prise de conscience sur les vertus de l’anguille en matière de santé constitue également un facteur de croissance de cette demande, pourtant, les ressources diminuent [4]. Les anguilles font partie des produits dédiés à l’exportation. Parmi leurs principaux destinataires figurent la Chine et le Japon. En 2001, la consommation mondiale est estimée à 235.000 tonnes dont seulement 18 tonnes proviennent du milieu naturel. Les 217.000 tonnes restantes sont issues de l’aquaculture [5,6]. D’ailleurs, le continent africain exploite aussi des anguilles mais surtout de manière artisanale. Cependant, face à la croissance des demandes émanant des marchés étrangers, européens et asiatiques, l’amélioration des systèmes d’élevage s’avère incontournable [7]. L’Afrique du Sud exporte des anguilles vivantes à destination de l’Asie, de l’Europe, de l’île Maurice et de la Réunion [8]. A Madagascar, aucune étude spécifique sur cette filière n’a été réalisée jusqu’à ce jour. L’administration centrale ne publie aucune statistique officielle sur la production d’anguilles [9]. De ce fait, nous ne disposons pas de données de base suffisantes pour avoir des idées précises sur l’évolution de cette espèce. Malgré tout, de nombreuses sociétés se sont lancées dans l’exportation des anguilles vivantes. Citons entre autres Captain Pablo et MascarPesca à Mananjary, Réfrigepêche Est à Toamasina, Le Martin Pêcheur à Taolagnaro, Indian Ocean Food à Manakara et la société Matata à Antananarivo. Pourtant, les conditions de survie des anguilles dans les bassins de transit ne sont pas encore maitrisées. Leur taux de mortalité peut même atteindre jusqu’à 10% [10], d’où la pertinence de ce thème intitulé « RECHERCHE DE CONDITIONS OPTIMALES POUR LES ANGUILLES EN TRANSIT AVANT EXPORTATION ».
BIOLOGIE
L’anguille est un poisson amphihalin thalassotoque c’est-à-dire vivant alternativement en eau douce et en eau de mer et se reproduit en mer. Son cycle biologique est complexe et certaines parties (notamment la phase marine) sont encore très mal connues [8].
Description de l’anguille
L’anguille possède un corps très allongé, serpentiforme ; c’est un vertébré aquatique à température variable qui respire au moyen de branchies et son squelette entièrement ossifié [11]. Sa tête est comprimée et ses yeux ronds. Ses narines sont tubulaires et ses ouvertures branchiales étroites. La bouche est terminale garnie de petites dents pectinées disposées sur plusieurs rangées. Des écailles minuscules et un abondant mucus qui la rendent difficile à saisir recouvrent sa peau visqueuse et glissante. Ce poisson se caractérise, également, par la présence tout le long de son dos d’une longue nageoire impaire.
Étymologie
Le terme anguille vient du latin anguis, ce qui signifie « serpent ». Depuis Aristote, en 350 avant J.C dans « Histoire des animaux » les scientifiques n’ont cessé d’étudier ce poisson, qui reste encore de nos jours bien mystérieux [11].
Classification
Selon NEILSON et GEEN, 1984
Embranchement : Vertébrés
Super-classe : Poissons
Classe : Ostéichthyens
Sous-classe : Acténoptérygiens
Super-ordre : Téléostiens
Ordre : Anguiliformes
Sous-ordre : Anguilloïdeï
Familles : Anguillidae
Genre : Anguilla
Espèce : anguilla
Cycle de vie
Le cycle de vie des anguilles apparaît très complexe. Ce poisson a la faculté de vivre aussi bien dans la mer que dans les eaux douces. Sa reproduction et sa ponte ont lieu en mer. Au cours de son existence, l’anguille connaît une aventure extraordinaire pour venir pondre dans la mer des SARGASSES. Elle est un grand migrateur, rustique et résistant. Elle traverse un certain nombre d’étapes: leptocéphale, civelle transparente, civelle pigmentée, anguille jaune et anguille argentée [13]. Après l’éclosion des œufs, la phase leptocéphale marine larvaire prend une forme de feuille très différente de celle allongée associée aux anguillidés. Pendant la migration, les leptocéphales grandissent et s’allongent pour devenir des civelles transparentes à leur arrivée sur le plateau continental. En grandissant, elles se pigmentent pour devenir des civelles pigmentées, puis des anguilles jaunes. Ces deux formes sont similaires sur le plan morphologique et se distinguent principalement par la taille. La phase finale est l’anguille argentée migratrice, qui se caractérise par un dos plus foncé avec des nuances argentées et de grands yeux.
Alimentation
En fait, tout type d’élevage zootechnique intensif repose sur la distribution de nourriture spéciale adaptée au type de produit élevé. Dans le cas de la culture de l’anguille, une pâtée humide est administrée aux anguilles [14]. Elle est préparée avec de la farine et de l’eau en quantité égale (l’eau étant de préférence la même que celle des bassins). Les anguilles consomment aussi bien les vers et la viande fraîche. [15] Les anguilles en bonne santé sont des animaux voraces et consomment rapidement la nourriture qui leur est donnée. Il importe donc d’étudier ce que les anguilles mangent et de ne leur donner que la quantité adéquate. L’administration de vitamines est aussi indispensable pour éviter l’apparition de symptômes de carences en vitamines hydrosolubles. Ces carences se traduisent par un manque d’appétit et une faible croissance des anguilles. D’ailleurs, à cela peuvent s’ajouter différentes pathologies, telles l’ataxie, les hémorragies, les lésions de la peau ou au niveau de la mâchoire. [16].
PRODUCTION AU NIVEAU MONDIAL
Le contexte est critique : selon une étude réalisée au niveau du Parlement européen en 2006, le stock d’anguilles chuta de 50% au cours des deux dernières décennies, celui de civelles ayant diminué de 95% [17,18]. Cette tendance est valable aussi bien pour l’espèce européenne (Anguilla anguillla) que pour l’anguille asiatique (Anguilla japonica) et américaine (Anguilla rostrata). La FAO (Food and Agriculture Organisation) et le CIEM (Conseil international pour l’exploration de la mer) s’associèrent alors pour former un groupe de travail, le WGEEL (Working Group on Eel) et alertèrent l’Union européenne. Pour la première fois, l’anguille est alors prise en considération en dehors de ses limites biologiques de sécurité établies en 1998. Il est demandé aux Etats membres de prendre les dispositions nécessaires pour restaurer la population d’anguilles. La Direction de la Pêche au sein de la Communauté sollicite de préparer des plans de gestion adéquats pour chaque bassin, afin de pouvoir reconstituer le stock de l’espèce au niveau du continent. La civelle est utilisée en aquaculture, car avant ce stade civelle il est extrêmement difficile d’élever l’anguille. Une tonne de civelles permet de produire environ 200 tonnes d’anguilles [19]. La production baissa depuis 2000. En 2007, l’Europe produisit entre 8 000 et 9 000 tonnes d’anguilles d’élevage et 50 à 60 tonnes de civelles [3,20].
Les principaux pays producteurs européens sont les Pays-Bas (4.000 tonnes/an), le Danemark (2.100 tonnes/an), l’Italie (1.000 tonnes/an) et l’Allemagne (740 tonnes/an) [20]. Force est de constater que les aquaculteurs maîtrisent encore mal les techniques de l’anguilliculture et les conditions requises pour optimiser cette production. Le taux de mortalité ne cesse d’augmenter pendant le cycle d’élevage et de nombreuses anguilles ne survivent pas à leur arrivée en destination finale. De ce fait, la production demeure loin de suffire à la demande du marché international.
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
I- BIOLOGIE
I-1- Description de l’anguille
I-2- Étymologie
I-3- Classification
I-4- Cycle de vie
I-5- Alimentation
II- PRODUCTION AU NIVEAU MONDIAL
II-1- Type d’élevage
II-2- Pathologies
III- PRODUCTION AU NIVEAU NATIONAL
III-1- Régions à forte potentialité en anguilles
III-2- Espèces d’anguille rencontrées à Madagascar
DEUXIEME PARTIE : METHODES ET RESULTATS
I- METHODES
I-1- Cadre d’étude
I-1-1- Présentation de l’entreprise
I-1-2- Choix de la zone d’étude
I-1-3- Plan de disposition des locaux et leur affectation
I-1-4- Flux des matériels
I-1-5- Processus avant expédition
I-1-6- Description des produits préparés
I-2- Type d’étude
I-3- Durée et période d’étude
I.3.1. Durée d’étude
I.3.2. Période d’étude
I-4- Population d’étude
I-4-1- Critères d’inclusions
I-4-2- Critères de non inclusion
I-5- Mode d’échantillonnage
I-6- Taille de l’échantillon
I-7- Variables étudiées
I-8- Modes de collectes de données
I-9- Matériels et équipements
I-10- Calculs et tests statistiques
I-11- Considération éthique
II- RESULTATS
II-1- Description de l’échantillon
II-2- Espèce d’anguille étudiée
II-3- Paramètres physico-chimiques dans les bassins de transit
II-4- Fiche de contrôle du Chlore dans l’eau de la JIRAMA
II-5- Taux de mortalité des anguilles dans chaque bassin
II-6- Taux de mortalité en fonction de la variation de la température
II-7- Courbe de tendancwq<e de la fonction d’optimisation entre température et taux de mortalité
II-8 Causes de mortalité des anguilles
II-9- Paramètres physico-chimiques et taux de mortalité au niveau de la société
TROISIEME PARTIE : DISCUSSION
I- DISCUSSION
I-1- Anguilla marmorata
I-2-Paramètres physico-chimiques favorables aux anguilles
I-3- Paramètres physico-chimiques et nombre des anguilles mortes dans chaque bassin
I-4- Identification des différentes causes de mortalité des anguilles
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES