Description de la perception de l’insurrection des esclaves du Nord par la société coloniale

Décrire la violence : un enjeux historiographique récent

« Rendre raison d’un événement déraisonnable qui a ses raisons » nous dit Alain Dewerpe dans Charonne. Cécile Lavergne et Antoine Perdocin formulent les principales problématiques de la description et de l’analyse de la violence dans l’éditorial de la revue Tracé n°19 45. Ce numéro rend compte des principaux travaux autour de la violence malgré leurs dispersions sur le champs historique. Décrire la violence suit un impératif paradoxal pour plusieurs raison. D’abord parce que la description est au coeur de la démarche ethnographique, alors qu’elle est difficile à cerner. Le statut d’une donnée est peu interrogé pour lui même. Ensuite on ne décrit jamais la violence mais des violences variées à différentes échelles : violences singulières ou situées, violences physiques, structurelles ou encore symboliques. Et cela dans un cadre interdisciplinaire, car le concept touche autant la philosophie, l’anthropologie, la sociologie et l’histoire. Souvent les apories définitionnelles sont laissées de coté pour tomber dans un discours naturaliste ou métaphysique sur la question, ce qui nous éloigne des principes des sciences humaines. Quand on veux la décrire, elle soulève les problèmes étiques dangereux du légitime et de l’illégitime, qui se couple mal avec les qualités objectives d’une description rigoureuse qui veux rendre compte de la réalité de l’objet étudié. Les auteurs parlent alors d’une obligatoire « analyse réflexive » du langage utilisé par le chercheur. C’est à dire d’un questionnement constant sur les descriptions et les qualifications utilisées. Et finalement décrire un fait comme violent implique toujours une dénonciation.
Le travail critique sur les sources est aussi crucial. Pour cela les auteurs citent Bourdieu : « Le pouvoir structurant des mots, leurs capacités de prescrire sous apparence de décrire ou de dénoncer sous apparence d’énoncer »46. Quand un acteur ou un témoin d’un fait décrit ce fait, sa description est formatée par ses représentations. Il faut constamment prendre en compte le rapport de la description à l’explication et le rapport de la qualification à la catégorisation. « En tant que discours situé qui configure son contexte et est structuré par lui, la description est moins un miroir du monde qu’une activité qui agit sur ce monde et contribue à l’organiser ».
Les études descriptives ont souvent été mal considérées. Relégué au rang de journalisme scientifique par les théoriciens de la violence. Les auteurs prétendent pourtant qu’elles ont le pouvoir de faire sentir tout en faisant penser, à condition qu’elles comportent des schémas narratifs et des amorces d’interprétations et d’explications. La description est toujours dépendante des cadres théoriques de son énonciateur, qui va décrire les causes d’un acte dans des contextes particuliers ou dans des schémas explicatifs. Le travail de description est donc « imbriqué dans le travail de catégorisation, implicite ou explicite ». Et cela aussi bien dans le travail du chercheur que dans sa source.
L’écriture de la violence peut tomber sur trois écueils : La spectacularisation qui peut provoquer une forme de fascination ou de dégoût. L’aseptisation qui euphémisme ou éloigne trop du fait. Et la moralisation quand les problèmes de mémoires rentrent en jeu. La violence est à la fois déraisonnable et insoutenable, ce qui fait qu’on peut facilement tomber dans le lieu commun de l’incompréhension radicale. Ce n’est pas un problème de style d’écriture mais de distance vis à vis des faits. Notre vision politique doit aussi être interrogée car elle est directrice de notre reconnaissance des formes légitimes ou illégitimes de violences. Nous sommes toujours plus ou moins attirés par un des deux partis. Les historiens sont divisés à propos de la « bonne distance » qu’il faut prendre pour bien décrire la réalité d’un fait historique violent. Le tout est d’éviter de rendre le travail anxiogène, ce qui altérerait à la bonne compréhension de celui-ci. La figuration de la violence prend également des formes très diverses qui doivent être étudiées. « L’étude des corps des corps saccagés vivants ou morts, pose aussi la question […] du transfert de la violence concrète vers l’imaginaire ».
« La violence interroge les fondements mêmes de l’ordre politique ». Les thèses Weberienne et Girardienne ont fortement marqué toutes études critiques de la violence et Étienne Balibar nous rappelle que « l’économie du pouvoir est inséparable de la violence »48. Pour beaucoup de théoriciens il faut briser le sens commun de l’anormalité de la violence. C’est un baromètre social qui vient remettre en cause l’ordre social pacifié. On ne peut se passer d’une généalogie des formes de violence, qui permettent une déconstruction des qualifications des formes de violences. A la fois pour comprendre l’ordre politique en place ou qui se met en place, mais également les représentations qui vont derrière. La violence malgré son caractère immoral est au coeur de l’histoire. « La tâche fondamentale du chercheur serait donc bien de « donner à voir » les phénomènes violents, par un souci de précision dans la description des gestes et des intentions violentes, et par la restitution du lexique de la violence utilisé par les acteurs, afin de fournir aux lecteurs les moyens d’une juste compréhension des ressorts politiques et sociaux de la violences ». Le but n’est pas d’ériger un catalogue d’atrocité mais bien une trace concrète de politique en acte. Raphaëlle Branchu dans son article « la violence coloniale » dans la même revue nous offre une démarche méthodologique dont nous pourrions nous inspirer. Elle tente de comprendre un type de violence particulière qui est la violence coloniale. Elle nous rappelle qu’il n’y pas de nature humaine, même si, quand on analyse la violence on a l’impression d’une similitude inhérente à travers les époques. On ne peut pas définir à priori la violence. Elle parvient donc à décrire un continuum de la violence en Algérie française, qui se maintient dans une logique de domination qui rappelle sans cesse la conquête aux colonisés. Il faut l’analyser dans un lexique en mutation, issu d’un phénomène d’acculturation croisée, qui nous empêche d’opposer radicalement le colonisateur et le colonisé. L’auteur hérite de la pensée de Foucault qui définit le pouvoir colonial comme une guerre qui « aurait pour rôle de réinscrire perpétuellement le rapport de force, par une sorte de guerre silencieuse, et de la réinscrire dans les institutions, dans les inégalités économiques, dans le langage, jusque dans les corps des uns et des autres ».
Dans une société esclavagiste, ces remarques prennent tout leur sens. Mais la particularité de la révolution haïtienne c’est qu’il y a une inversion traditionnelle du rapport de force. Le dominé prend le pas sur le dominant qui devient alors la victime. Pourtant dans « Redimensionner la violence dans la révolution antillaise » Anne Pérotin-Dumon nous dit que la violence n’a pas été analysée en tant que telle. Pour elle, elle dérange trop les historiens, craignant faire dans la sensiblerie et le voyeurisme. Traditionnellement l’historien pense que nous n’avons rien à comprendre et rien apprendre dans la violence et qu’une simple mention suffira. C’est la tâche de l’anthropologie. Pourtant on connaît le bilan catastrophique des troubles révolutionnaires antillais. Et depuis quelques décennies la violence politique et guerrière fond l’objet d’un autre regard. Notamment autour de la révolution française et avec les problèmes des mémoires post-dictature dans les pays d’Amérique latine. Pour l’auteur il y a deux ouvrages qui réfléchissent au problème : Mourir pour les Antilles52 ouvrage collectif de D.Bégot, J. De Cauna, J Coppolani et A.Yacou. Et Facing racial revolution. First-person narrative of the haitian insurection Jeremy Popkins. Elle nous dit aussi que les descriptions de violences se repartissent dans un nombre suffisamment divers de sources pour que cela soit acceptable pour la critique. Elle ratisse donc quelques exemples de sources exploitables qui pourrons également nous servir. Si l’on veut décrire les formes de violences qui sont survenues lors de l’insurrection, nous ne pouvons faire l’économie d’une étude de ses racines potentielles. Ces racines sont à trouver dans le système esclavagiste qui a systématisé une certaine forme de violence privée. La plupart des historiens de l’esclavage y consacre un chapitre ou une sous partie. La réflexion la plus aboutie sur le problème est l’oeuvre de Caroline Oudin-Bastide : Travail, capitalisme et société esclavagiste. Guadeloupe, Martinique. XVIIe-XIXe. L’auteur y décortique les modalités du travail servile, pour nous montrer qu’il est paradoxalement dévalorisé, donc en opposition avec « l’esprit du capitalisme » de weber, et associé à une violence permanente. Il s’agit d’une anthropologie du travail servile et de sa violence. De nombreux faits sociaux et culturels pertinents sont mis en avant :
-La justice privée conséquence de la privatisation de l’esclave.
-La mécanique des peines, en s’inspirant de Foucault elle montre que les châtiments coloniaux s’inscrivent dans la logique punitive de l’ancien régime. Son but est de restaurer de manière exemplaire la souveraineté du maître, et de tout les blancs qui l’entourent.
-Une réflexion autour du fouet et de sa nécessité pour les planteurs dans une logique de dressage.
-En s’inspirant d’Albert Memmi, elle réfléchit au tenant et aboutissant du discours racistes, qui se constitue en réponse aux accusations des abolitionnistes. Ce racisme, ayant pour racine la peur et la volonté de domination, conditionne la relation ambivalente du maître et de l’esclave.
Le noir, assujetti par le planteur à une détermination raciale vicieuse, se voit soumis à une violence multiforme qui a le but avoué de réduire sa conscience. L’auteur met ici en exergue le fait qu’il s’agit bien d’une relation d’homme à homme d’avilissement et non pas d’une relation d’homme à animal de dressage comme le mettent en avant les planteurs. Oudin-Bastide va même faire le rapprochement avec le concept de Arendt de « banalité du mal », dans le fait que l’esclave se trouve hors du champ de compassion des colons. Illustration parfaite avec ce dicton créole : « battre un nègre c’est le nourrir ». Cependant l’auteur nous rappelle qu’il y a une différence entre l’objectif des planteurs, celui d’instrumentaliser totalement le corps de l’esclave, et sa réalisation. Elle analyse les différents types de résistances socioculturelles comme autant de moyens pour l’esclave de réaccéder à son humanité.

Le racisme colonial

Impossible de se lancer dans une histoire des représentations coloniales sans parler du racisme. Il est en effet partout. Avant de commencer, rappelons la définition éclairante du racisme colonial par Albert Memmi . Le colonialisme que Albert Memmi décrit, est celui de la période contemporaine. Cependant beaucoup de traits qu’il a mis en exergue, se rapprochent de la situation dans les colonies esclavagistes du Nouveau Monde. Notamment dans sa description du racisme :
Le racisme colonial se développe dans un contexte de domination d’une population sur une autre population culturellement différente, sur un territoire extérieur de la métropole du dominant. Le dominant est rapidement conscient de l’aspect moralement douteux de sa domination. En effet il joui de privilèges extraordinaires, tout dans le système est à son avantage : La loi, le système d’exploitation des richesses, la morale, les loisirs… Ces privilèges il les a conquit par la violence et l’appui de la métropole. Ces privilèges sont la base de sa richesse facile, son enrichissement provient d’une situation sociale inégalitaire. C’est parce qu’il peut pourvoir à sa guise dans la masse des populations, afin de les exploiter qu’il fait des profits faciles. Inversement les colonisées sont eux des citoyens de seconde zone ou des esclaves. Ils ont un statut inférieur dans la Loi, ils sont dépossédés des meilleurs terres, aucune lois du travail ne les protège des abus de leurs dominants et leur culture est constamment rabaissée. Cette inégalité de base est la superstructure du fait colonial, qui se constitue sur une domination brutale qui permet l’enrichissement rapide des colons via l’exploitation sans limite du colonisé. Cette domination, elle tient grâce à la violence. Une violence initiale dans la conquête, puis une violence permanente qui réprime sévèrement toutes velléités. Et quand le danger est trop grand, les colons sont sous la protection de la « Mère-Patrie » et de sa puissance militaire. Seulement voilà, cette domination ne repose sur aucune tradition, sur aucun mythe de contrat social entre le dominant et le dominé. Le colon est un privilégié non-légitimé. Il s’agit donc d’une place usurpée. Les colons vont donc développer « le complexe de Néron ». Jamais réellement convaincu de la légitimité de leur place, ils doivent inscrire leur victoire de fait dans la loi et la morale. Pour aller outre le blâme de la situation ils vont effectuer une double démarche : démontrer les mérites de l’usurpateur et insister sur les démérites de l’usurpé. C’est l’origine de racisme pour Albert Memmi. Tragiquement, plus l’usurpé est écrasé, et plus l’usurpateur triomphe dans l’usurpation, machinalement il coïncidera avec le rôle atroce qu’il s’est choisi. Mais le
problème, c’est qu’il ne peut pas supprimer totalement physiquement et moralement l’autre, le colonisé, car c’est la source de sa richesse. Nous sommes donc face à une auto-justification et une mystification de l’autre qui fabrique les deux protagonistes du drame colonial. Le racisme est donc le mythe de justification de la colonisation et de sa domination injuste. Il se base donc sur un triple phénomène : Découvrir et mettre en évidence des différences chez l’autre, dévaloriser ces différences à son profit, porter ces différences à l’absolu, et en agissant pour qu’elles le deviennent.
Il transforme des faits sociologiques en faits biologiques voir métaphysiques. Inversement il construit une contre-figure dans l’auto-absolution de lui même, le colon « à casque blanc », porteur des valeurs extraordinaires de la métropole. La domination va alors s’inscrire dans la nature, dans l’essence. Les barrières entre les « races » deviennent infranchissables. Mais ce n’est pas un racisme doctrinal, rationnel ou scientifique. Quand on regarde le fond du discours il est plein de contradictions que les colons ne prennent même pas le soin d’harmoniser. C’est un racisme passionnel, c’est un ensemble de réflexes appris et valorisés par l’éducation. Cela sert à vivre et à s’incorporer dans une société inégalitaire.

Analyse critique des sources

Les sources qui m’ont permis de réaliser mon projet sont les Archives nationales de Paris, dispersées dans plusieurs sous-séries :
-La série T contient des papiers privés récupérés pendant la révolution. Certains d’entre eux appartenaient à des hommes ayant vécu les troubles de Saint-Domingue. Il en va de même pour la côte AP (archives personnelle). Ces documents sont précieux car il s’agit parfois de témoins privilégiés des événements. Certains ont été commissaires civils, d’autres colons et d’autres militaires. Ces correspondances, ont été pour certaines déjà analysées. Ces papiers contiennent des informations précieuses car leurs possesseurs donnaient plus facilement leur vision dans leurs correspondances privées.

Les perceptions « à chaud ». Émergence d’une figure de l’autre dans la confrontation et la peur, soit les premières impressions de la société coloniale

Nous étudions ici les fragments archivistiques trouvés aux archives nationales. Le but est de comprendre comment surgit la peur à partir des premières impressions qu’on eu les colons de l’insurrection. J’essaie de capter la matrice de la figure du « nègre insurgé » avec un ensemble documentaire varié.

Des réactions ambivalentes

-Les premiers tableaux insurrectionnels sont souvent des discours prononcés dans les diverses assemblées coloniales. Ils permettent de jauger les premiers effets du choc, et des premières formulations explicatives des causes de l’insurrection. Par exemple dans son discours du 20 septembre à l’Assemblée Provinciale du Nord 1791 M. d’Augy nous explique son point de vue sur les récents événements

Un flot d’informations qui cristallisent les peurs

Un certains nombre de lettres et de déclarations nous permettent de voir dans quelle ambiance se trouvait la ville du Cap dans les premiers jours de l’insurrection. Les flammes s’élevaient partout dans la plaine et des réfugiés arrivaient en masse dans la ville avec des récits de destructions terrifiants et contradictoires :
-Certaines déclarations faites par des colons, nous permettent de connaître la nature des contenus des récits de réfugiés. Comme par exemple celle de M. Legredieu. Il fut prisonnier sur un camp d’esclaves où il assista, dit il, à la pendaison de 54 blancs. Avant d’être capturé il vécu un petit périple : Le 23 août il parvint à fuir son habitation prévenu de l’insurrection par des esclaves. Caché dans les bois avec ses enfants il ne peut s’enfuir de manière efficace à cause de son état maladif. Comptant sur la clémence des insurgés il se rend chez une famille de « mulâtre » qui selon lui leur devait « les plus grandes obligations ». Quand il arrive, la belle mère de son gendre, l’homme de couleur Leroy, le laisse agoniser huit heures, devant sa maison, sans lui donner de l’aide. Ensuite Leroy arrive avec des insurgés et il capture M. Legredieu. Le lendemain « ils lient le sieur Legredieu sur un poteau de manière à arrêter sa circulation sanguine ». Il survit grâce à la bonté d’un esclave qui desserre ses liens. Il réussit à s’enfuir car les gardes qui le surveillent s’endorment. Mais il finit par être capturé une nouvelle fois par une bande d’esclaves. Il termine son récit en disant que c’est les « mulâtres qui sont les instigateurs de la férocité des nègres » et loue intelligence de Jean-François.

La compassion et la soumission de certains esclaves

Cependant des informations différentes, voir positives sont véhiculées sur les esclaves. En effet un certains nombre d’entre eux restaient fidèles, ou étaient plus indulgent avec leur anciens maîtres.
Certains colons n’hésitaient pas à en parler :
Les actions des esclaves de l’habitation Lefebvre sont souvent commentées dans les récits historiques de l’insurrection. Une déclaration faite au Cap en avril 1792 par ces esclaves, retrace la manière dont ils ont combattu les autres esclaves en insurrection.Ce genre de fidélité permet à certains colons de croire à un rétablissement de la subordination. Par exemple M. Tragnieu de Palmis est heureux d’apprendre que certains ateliers n’ont pas embrassé la révolte, grâce à la collaboration de certains esclaves qui ont dénoncé les « nègres coupables ». Certaines personnes notaient également que les esclaves ne massacraient pas tous le monde. M. Labadie Barrau, un homme sur un bateau en rade au Cap, nous dit que les esclaves épargnent les femmes, les enfants, les prêtes et les chirurgiens.80 Durant la révolution haïtienne certains colons ont été sauvés par leur esclaves. Dans le témoignage que nous avons décrit plus haut, M. Legredieu est sauvé de son supplice par un esclave compatissant. M. Blônsainé à la rivière froide à également été sauvé par ses esclaves.Ces commentaires nous montre qu’il y à une diversité dans les comportements des insurgés. Pourquoi certains esclaves massacraient tout le monde et se vengeaient terriblement alors que d’autres restaient fidèles ou étaient plus tolérants envers leurs anciens maîtres ? Cette question est en soi assez bancale. En effet il n’y a pas de « nature noire », donc pas de « violence noire » non plus. La diversité des comportements des esclaves, s’explique par la diversité des histoires individuelles et par la diversité des stratégies individuelles face aux événements. Cependant l’argumentaire colonial et ses représentations racistes masquent ce genre de réalité, qui va à l’encontre de leur postulat absolument essentialiste à propos des comportements des noirs. D’ailleurs dans sa synthèse historique Garran de Coulon mettait déjà en avant ce fait : Les informations que nous possédons sont parcellaires et variés. Dans certains camps d’esclaves, les exécutions étaient particulièrement fréquentes, tandis que dans d’autres elles étaient rares et calculées. Par là il n’excuse pas les violences qui « souillent » selon lui la révolution noire, mais il prévient le lecteur qu’ils ne faut pas généraliser. Nous étudierons plus tard de manière plus précise comment le discours colonial prend en charge ces diversités comportementales pour les instrumentaliser dans son discours sur la fidélité et la soumission.

Des blancs dans les rangs des esclaves et esclaves royalistes

Les colons cherchent souvent à trouver une origine « blanche » dans l’insurrection. Que ce soit par l’intermédiaire des métis libres ou de personnes blanches. Quand des informations à propos de blancs ayant été vu avec des esclaves leurs provenaient, cela leurs permettaient d’étayer les théories de complots.
-Dans une lettre d’un colon du Cap à un ami à lui de Bordeaux, les esclaves sont décrits comme ayant été amené à l’insurrection par les « mulâtres » qui n’étaient pas inclus dans le traité d’élargissement des droits du 15 mai 1791. De plus il décrit que selon des récits de survivants « qu’il y a parmi les nègres des blancs déguisés qui sont à la tête de plusieurs quartiers. »
-Les autorités espagnoles à la frontière de l’insurrection parlaient également de ces « tiznados », c’est à dire de blancs teints en noir. Alejandro Gomez nous dit qu’il a trouvé plusieurs occurrences de ces informations non confirmées, qu’il apparente à des confusions entre plusieurs flux d’informations. Il semble que cela est tout de même retenu l’attention des informateurs de la couronne d’Espagne, car le gouverneur insiste bien dans son rapport, qu’il y aurait peut-être des blancs teints en noir parmi les insurgés.

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Table des matières

Introduction
Partie Introductive
A) La révolution haïtienne, résumé historique
1. Saint-Domingue avant la révolution
2. Le début des troubles
3. L’insurrection générale des esclaves dans le nord
4. Les libres de couleur prennent les armes dans l’ouest et le sud
5. Les révoltes d’esclaves dans le sud
6. Les nouveaux commissaires civils et l’abolition de l’esclavage
7. Toussaint Louverture
8. La guerre civile
9. La guerre d’indépendance
B) Historiographie
1. L’historiographie classique de la révolution haïtienne
2. Le renouveau historiographique au tournant du XXIe siècle
3. Histoire culturelle haïtienne
4. Le vaudou et l’insurrection
5. Décrire la violence : un enjeux historiographique récent
6. Le racisme colonial
C) Analyse critique des sources
Partie I- Chroniques des « violences nègres ». Description de la perception de l’insurrection des esclaves du Nord par la société coloniale
A) Les perceptions « à chaud ». Émergence d’une figure de l’autre dans la confrontation et la peur, soit les premières impressions de la société coloniale
1. Des réactions ambivalentes
2. Un flot d’informations qui cristallisent les peurs
3. Les éléments récurrents dans les récits « à chaud »
a) Les récits de destructions
b) Les violences des insurgés
c) La compassion et la soumission de certains esclaves
d) Des blancs dans les rangs des esclaves et esclaves royalistes
e) Insubordinations d’esclaves
4. Un climat tendu dans les villes
B) Les premières mises en récit de l’insurrection des esclaves du Nord, soit les premières compréhension des événements par la société coloniale
1. Les premiers récits construit sur les événements : Les premiers comptes-rendus de la société coloniale.
2. Dire à la France que tout va mal : « Le Discours des commissaires de l’Assemblée Générale de Saint-Domingue »1, récité le 30 novembre 1791 par Jean-Baptiste Millet.
a) La violence
b) La traîtrise, la bassesse
c) Le passé idéalisé
d) La séduction par les idées des lumières
e) Quels témoins ?
f) Un autre texte
C) Les perceptions « à froid »
Regard sur les mécanismes de la littérature historique de l’insurrection haïtienne
1. Présentation des auteurs
2. La science de l’instrumentalisation de l’anecdote avec une figure récurrente de l’insurrection des esclaves : Le terrible Jeannot
a) Qui est Jeannot ?
b) Jeannot de récit en récit
3. Des constructions avant tout littéraires
1. Commissaires de l’assemblé générale de Saint-Domingue, Discours faits à l’Assemblée Nationales le 3 novembre 1791, Imprimerie nationale, Paris, 1791.
Partie II- Analyse du discours esclavagiste post-insurrectionnel
A) Représentations coloniales traditionnelles, qui ont influencé la perception et la construction des récits de l’insurrection du Nord
1. Bon sauvage ou barbare ?
2. Le racisme
3. Une peur rampante
4. Le pseudo pionnier
5. Conservateurs
B) Déconstruction du discours pro-esclavagiste sur la révolution haïtienne
1. « De la sauvagerie »
a) Styliser l’essence barbare
b) La violence comme illustration de l’essence barbare
c) Métaphysique du mal
d) La victime « blanche »
2. Le « nègre » soldat
a) Le guerrier « sauvage » et « inférieur »
b) Le rôdeur des montagnes
c) Des visions plus positives
d) Le soldat blanc exemplaire
3. Le vaudou « orgiaque » du « barbare »
a) La fanatisme magique
b) Récupération paradoxale de la figure du guerrier sacrée
4. « C’est un complot !»
a) Sur quoi repose les théories de complots à propos de l’insurrection du Nord ?
b) Des théories peu construites qui tentent de « blanchir » l’insurrection
5. La « belle vie » des colonies contre le « chaos » Africain
a) Le mythe du bon maître
b) L’Afrique terrible
c) La belle vie des noirs sous l’esclavage
6. Un cynisme révélateur
7. Portrait final du « nègre insurgé »
C) Une nouvelle dimension : Le renversement d’un monde et une peur amplifiée
Partie III- Quelle violence insurrectionnelle ? 
A) Les répressions de la société coloniale face l’insurrection des esclaves du nord.
1. « Le pardon n’appartient qu’au maître »
2. La répression en acte
3. Justice punitive dominicale
B) Des violence mimétiques ? 
1. Une diversité irréductible
2. Mimesis punitive ? Des relations difficiles à mettre en place
3. Les mécanismes de terreurs
C) Annexe iconographique : Violence et esclavage
Conclusion générale
Appendices
Cartes  / vocabulaire / chronologie 
Bibliographie

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