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Utilisation thรฉrapeutique des plantes
Lโutilisation des plantes mรฉdicinales, pourtant pratiquรฉe depuis lโantiquitรฉ, est un sujet actuel qui intรฉresse de plus en plus les scientifiques du monde mรฉdical, mais surtout les populations de maniรจre gรฉnรฉrale qui estiment souvent que ce qui est naturel est sans danger. Jusquโau XVIIIรจme siรจcle, les hommes dans le monde entier, toutes origines confondues, ont utilisรฉ essentiellement les plantes pour se soigner, comme le montrent les fresques รฉgyptiennes et les livres iconographiques du Moyen-Age (Scimeca et Tรฉtau, 2004). Ces plantes รฉtaient utilisรฉes en 1โรฉtat ou sous forme de prรฉparations galรฉniques intermรฉdiaires jusque vers la fin du XVIIIรจme siรจcle ou les pharmaciens surent en extraire les grands principes actifs tels que les alcaloรฏdes, les composรฉs phรฉnoliques, les terpenoรฏdes…qui sont รฉgalement appelรฉs mรฉtabolites secondaires par opposition aux mรฉtabolites primaire (glucides, lipides et acides aminรฉsโฆ) responsables de la survie de la plante. Le XIXรจme siรจcle voit apparaรฎtre le dรฉveloppement de lโindustrie chimique qui a permis la synthรจse des molรฉcules (Fleurentin et al., 1990 ; Lehmann, 2013) telles que la morphine extraite de lโopium, lโรฉmรฉtine de lโipรฉca, et en 1820 la quinine fut extraite du quinquina marquant ainsi un bond considรฉrable dans la lutte contre la malaria (Scimeca et Tรฉtau, 2004). Cela a permis dโaboutir plus tard, ร dresser des inventaires et des rรฉpertoires dits Pharmacopรฉes.
La Pharmacopรฉe est un ouvrage rรฉglementaire destinรฉ aux professionnels de santรฉ, qui dรฉfinit les critรจres de puretรฉ des matiรจres premiรจres ou des prรฉparations entrant dans la fabrication des mรฉdicaments (ร usage humain et vรฉtรฉrinaire) voire leur contenant et les mรฉthodes d’analyses ร utiliser pour en assurer leur contrรดle (ANSM, 2017). Actuellement il existe trois pharmacopรฉes reconnues comme rรฉfรฉrentiels et intรฉgrรฉes dans le Systรจme dโharmonisation internationale des normes. Il sโagit de la Pharmacopรฉe amรฉricaine, la Pharmacopรฉe japonaise et la Pharmacopรฉe europรฉenne (ANSM, 2017). A cela il faut ajouter, quโil existe une ยซ Pharmacopรฉe africaine ยป qui est dรฉfinie comme รฉtant un recueil des mรฉdicaments et autres ingrรฉdients africains utilisรฉs en medecine populaire traditionnelle (Fleurentin et al., 1990). Cependant, malgrรฉ lโimportance et la diversitรฉ des ressources naturelles africaines, elle est insuffisamment connue, car, contrairement aux pays industrialisรฉs, lโAfrique ne dispose pas des mรชmes moyens dโinvestigation pour se hisser ร un niveau scientifique รฉquivalent. En plus, dans nos pays , en gรฉnรฉral, aucune rรฉglementation nโexiste pour le contrรดle de lโutilisation de ces plantes mรฉdicinales mรชme si au niveau international lโOMS travaille depuis plusieurs annรฉes sur la reconnaissance de la mรฉdecine traditionnelle par les รฉtats membres afin quโils puissent considรฉrer ces pratiques comme faisant partie intรฉgrante du systรจme de soin primaire (OMS, 2002 ; OMS, 2013). Rรฉcemment, lโOMS a rรฉdigรฉ la Stratรฉgie de lโOMS pour la mรฉdecine traditionnelle 2014-2023 (OMS, 2013). Dans cette stratรฉgie elle donne les outils nรฉcessaires aux gouvernements pour mettre en place une politique intรฉgrative de la mรฉdecine traditionnelle dans le systรจme de santรฉ national en renforรงant la base de connaissances, lโassurance qualitรฉ, lโinnocuitรฉ, lโusage appropriรฉ et lโefficacitรฉ de la mรฉdicine traditionnelle et complรฉmentaire par la rรฉglementation. Et elle encourage les รฉtats membres ร lโadopter et ร le mettre en ลuvre.
Ainsi, il est nรฉcessaire et urgent, si lโon veut atteindre les objectifs fixรฉs par lโOMS, dโรฉlaborer des pharmacopรฉes conventionnelles officielles, pour fixer des normes mรฉdicopharmaceutiques et sanitaires prรฉcises, afin de proposer des mรฉdicaments dโusage courant, efficaces et surs. Le traitement par les plantes mรฉdicinales comprend la consommation de la plante entiรจre (feuilles, racines, tronc, รฉcorceโฆ), des matiรจres vรฉgรฉtales (suc, gomme, huile,…), des prรฉparations ร base de plantes et des mรฉdicaments ร base de plantes (OMS, 2000). Il yโa de cela 20 ans, on estimait que plus de 15 % des plantes ร fleurs connues ont un emploi thรฉrapeutique traditionnel (Fleurentin et al., 1990). Dans les pays dรฉveloppรฉs le nouveau regain dโintรฉrรชt pour les plantes mรฉdicinales sโexplique par le fait, dโune part, des scandales sanitaires causรฉs par les mรฉdicaments dits modernes, constituรฉs essentiellement de produits chimiques de synthรจse, mais aussi du manque de remรจdes satisfaisants pour certaines pathologies chroniques.
Et dโautre part, par le souci des utilisateurs dโavoir des composรฉs ยซ bio ยป qui leur semblent plus sรปres. Par exemple en France, environ 45% des franรงais ont recours ร la phytothรฉrapie et 28% lui donnent la prioritรฉ devant la mรฉdecine moderne (Adenot, 2014). Par contre dans les pays en voie de dรฉveloppement, les plantes mรฉdicinales ont toujours reprรฉsentรฉ une part importante dans la prise en charge de diverses maladies, plus encore aujourdโhui, ou dโaprรจs lโOMS, plus de 80% de la population y ont recours par manque de moyens (OMS, 2007).
Les propriรฉtรฉs thรฉrapeutiques des plantes sont connues soit ร partir :
– dโun savoir traditionnel, ancien et empirique de transmission orale
– dโรฉtudes rรฉcentes par les scientifiques, de la composition des plantes et lโisolement des molรฉcules actives qui ont permis de prรฉciser et de prouver lโaction de ces plantes
Principes actifs des plantes mรฉdicinales
Les principes actifs des plantes comprennent les mรฉtabolites secondaires qui sont des substances naturellement synthรฉtisรฉes par les plantes. Contrairement aux mรฉtabolites primaires classiques tels que les glucides, lipides, protรฉines et acides nuclรฉiques dont le rรดle est clairement dรฉfini (Hopkins, 2003), la fonction des mรฉtabolites secondaires reste encore mal connue. Leur dรฉfinition fut donnรฉe pour la premiรจre fois en 1891 par Kossel comme รฉtant un groupe de composรฉs qui regroupent des dizaines de milliers de molรฉcules, retrouvรฉes dans les tissus vรฉgรฉtaux, dont la prรฉsence nโest pas essentielle ร la croissance et au dรฉveloppement de la plante (Rhodes, 1994 ; Karlovsky, 2008). Cependant, ร la lumiรจre des rรฉsultats obtenus au cours des derniรจres dรฉcennies, il est maintenant รฉtablit, quโils serviraient de moyen de dรฉfense ร la plante, et interviendraient dans la physiologie et dans diffรฉrents aspects de la vie de la plante telle que la lignification, la couleur, la qualitรฉ nutritionnelle, lโamertumeโฆ(Macheix et al., 2005). Leurs compositions et nature seraient influencรฉes par des facteurs abiotiques et environnementaux comme lโexposition au soleil, lโaltitude, le climat, la saison, lโรขge, et les microorganismes (Macheix et al., 2005 ; Zhi-lin et al., 2007). Ces composรฉs reprรฉsentent par contre une source importante de molรฉcules aux activitรฉs physiologiques remarquables ce qui justifient leurs utilisations par lโHomme en thรฉrapeutique.
Ces mรฉtabolites ou principes actifs, en raison de leurs activitรฉs biologiques, ont รฉtรฉ ร la base de plusieurs mรฉdicaments depuis la dรฉcouverte de la morphine extraite du latex dโun vรฉgรฉtal du genre Papaver (Bรฉzanger-Beauquesne, 1958).
Nous pouvons citer entre autres la digoxine, la cocaรฏne, la quinine, lโartemisine,โฆ qui sont des molรฉcules qui ont รฉtรฉ extraites de plantes.
Compte tenu de la sous exploitation des espรจces des vรฉgรฉtaux supรฉrieurs prรฉsents sur terre, on peut supposer quโil reste encore beaucoup ร dรฉcouvrir sur les principes actifs des plantes aussi bien sur le plan chimique que biologique.
Obtention des principes actifs
Lโobtention des principes actifs contenus dans les drogues vรฉgรฉtales fait intervenir diffรฉrents procรฉdรฉs tels que lโextraction, le fractionnement, la purification, et la concentration. Pour extraire un principe actif dโune plante il est possible de recourir ร plusieurs techniques notamment :
– la dรฉcoction qui consiste ร faire bouillir dans de lโeau la matiรจre vรฉgรฉtale pendant quelques minutes, de laisser reposer puis de filtrer pour obtenir un dรฉcoctรฉ.
– Lโinfusion, dans ce cas, on verse de lโeau bouillante sur une quantitรฉ donnรฉe de matiรจre vรฉgรฉtale puis on laisse reposer pendant quelques minutes et on filtre.
– La macรฉration qui est une mรฉthode dโextraction solide-liquide, qui consiste ร laisser sรฉjourner la matiรจre vรฉgรฉtale dans le solvant dโextraction durant un temps donnรฉ. On place la matiรจre vรฉgรฉtale et le liquide dโextraction (solvant organique, eau ou mรฉlange dโun solvant organique et dโeau) dans un rรฉcipient fermรฉ, puis laisser le tout reposer sous agitation ร tempรฉrature ambiante pendant des heures voire des jours, puis filtrer.
– Lโhydrodistillation : procรฉdรฉ principalement utilisรฉ pour lโextraction des huiles essentielles. Il consiste ร immerger le matรฉriel vรฉgรฉtal dans un alambic rempli dโeau qui est ensuite portรฉe ร รฉbullition. Les vapeurs sont condensรฉs sur une surface froide et lโhuile essentielle se sรฉpare par diffรฉrence de densitรฉ (Bruneton, 2009).
Aprรจs extraction on peut procรฉder ร une concentration de lโextrait obtenu par รฉvaporation du liquide dโextraction ร une tempรฉrature qui ne soit pas nocive aux principes actifs. Il en rรฉsulte un extrait pรขteux ou solide.
Les principe actifs sont classรฉs en diverses familles chimiques dont les principales sont regroupรฉes en trois grandes catรฉgories : les alcaloรฏdes, les composรฉs phรฉnoliques (flavonoรฏdes, tanins, coumarinesโฆ), et les composรฉs terpรฉniques (saponosides, hรฉtรฉrosides cardiotoniquesโฆ) (Bruneton, 2009).
Alcaloรฏdes
Les alcaloรฏdes sont un groupe hรฉtรฉrogรจne de produits azotรฉs plus ou moins basiques, d’origine vรฉgรฉtale, possรฉdant une activitรฉ pharmacologique significative. Ils ont la propriรฉtรฉ commune de rรฉagir avec des rรฉactifs dits gรฉnรฉraux tels que le rรฉactif de Bouchardรขt (iodure de potassium iodรฉ), le rรฉactif de Mayer (iodomercurate de potassium), le rรฉactif de Dragendorff (iodobismuthate de potassium) pour donner des prรฉcipitรฉs ร peu prรจs insolubles permettant leur caractรฉrisation (Bรฉzanger-Beauquesne, 1958). Les vrais alcaloรฏdes ont leur azote inclus dans un hรฉtรฉrocycle et sont synthรฉtisรฉs ร partir dโun acide aminรฉ (Bruneton, 2009). Ces molรฉcules peuvent รชtre retrouvรฉes dans toutes les parties de la plante. Cependant, en fonction de lโespรจce, leur localisation peut รชtre essentiellement les รฉcorces, les racines, les piรจces florales, les fruits ou graines mรชme si plusieurs auteurs sโaccordent sur le rรดle primordial des racines dans l’รฉlaboration des bases alcaloรฏdiques. Leur teneur varie aussi selon les conditions dโhabitat et de culture. Leur extraction de la plante se fait habituellement selon deux schรฉmas : par un solvant apolaire en milieu alcalin ou par un solvant polaire en milieu acide (Bรฉzanger-Beauquesne, 1958).
Les alcaloรฏdes prรฉsentent une trรจs grande diversitรฉ structurale entrainant des activitรฉs pharmacologiques diverses. On peut citer :
– les alcaloรฏdes pyrrolizidiniques et ceux dรฉrivรฉs de l’ornithine. Les alcaloรฏdes tropaniques sont les plus importants dรฉrivรฉs de l’ornithine, ils sont des parasympatholytiques ร lโimage de lโatropine isolรฉe dโAtropa belladonna. Lโatropine a des effets anticholinergiques avec une dilatation de la pupille, une activitรฉ antispasmodique du systรจme digestif et une activitรฉ antisรฉcrรฉtrice dโoรน son utilisation en chirurgie. Nous avons aussi la cocaรฏne (Erythroxylum coca) connue pour son effet anesthรฉsique local mais
qui sโest avรฉrรฉe neurotoxique. Par contre, les alcaloรฏdes pyrrolizidiniques ร lโimage de lโintermรฉdine et de la lycopsamine isolรฉes de la Symphytum officinale sont le plus souvent trรจs toxiques (Bรฉzanger-Beauquesne, 1958 ; Kinghorn et Balandrin, 1993 ; Bruneton, 2009).
– Les alcaloรฏdes dรฉrivรฉs de la lysine (pipรฉridiniques, quinolizidiniques et indolizidiniques) avec comme exemple la lobรฉline (Lobela inflata) qui est utilisรฉe dans les prรฉparations pour lutter contre le tabagisme.
– Les alcaloรฏdes dรฉrivรฉs de la phรฉnylalanine et de la tyrosine dont les principales molรฉcules de ce groupe sont : lโรฉphรฉdrine (Ephedra sinica) qui prรฉsente des propriรฉtรฉs vasoconstrictrices et qui est utilisรฉe dans la prise en charge de la sinusite et de la rhinite. La papavรฉrine, la codรฉine et la morphine (Papaver somniferum) qui sont utilisรฉes comme analgรฉsiques et antitussives et la berbรฉrine (Berberis vulgaris) comme antiinflammatoire et antiinfectieux (Kinghorn et Balandrin, 1993 ; Bruneton, 2009).
– Les alcaloรฏdes dรฉrivรฉs du tryptophane : les alcaloรฏdes indoliques dรฉr ivรฉs du tryptophane comme la rรฉserpine, lโajmalicine (Rauwolfia serpentina,) sont utilisรฉes contre lโhypertension artรฉrielle. La vinblastine et la vincristine isolรฉes de Catharanthus roseus, sont deux molรฉcules employรฉes dans le traitement de la maladie de Hodgking et de la leucรฉmie aiguรซ de lโenfant respectivement. Dans ce groupe nous retrouvons aussi les alcaloรฏdes quinolรฉiques avec la quinine trรจs efficace contre Plasmodium falciparum largement employรฉe dans le traitement du paludisme (Bruneton, 2009).
– Les alcaloรฏdes dรฉrivรฉs de l’acide anthranilique avec la fรฉbrifugine (Dichroa fรฉbrifuga) connue pour ses propriรฉtรฉs antipyrรฉtiques (Kinghorn et Balandrin, 1993 ; Bruneton, 2009).
– Les alcaloรฏdes de lโacide nicotinique dont la nicotine retrouvรฉe principalement dans les feuilles de tabac et qui serait un stimulant respiratoire dโoรน son utilisation comme alternatif dans le processus de sevrage tabagique.
– Les alcaloรฏdes dรฉrivรฉs de lโhistidine avec la pilocarpine (Pilocarpus jaborandi) qui prรฉsente des propriรฉtรฉs sympathomimรฉtiques (cholinergiques) utilisรฉe en ophtalmologie dans le traitement du glaucome (Kinghorn et Balandrin, 1993).
Composรฉs phรฉnoliques
Les composรฉs phรฉnoliques sont un ensemble de substances caractรฉrisรฉes par la prรฉsence dโau moins un noyau aromatique portant un groupement hydroxyle libre ou engagรฉ dans une fonction ester, รฉther ou hรฉtรฉroside (Bruneton, 2009). La majoritรฉ des produits phรฉnoliques est formรฉe ร partir de la tyrosine et de la phรฉnylalanine qui sont deux acides aminรฉs synthรฉtisรฉs par la voie de lโacide shikimique (Macheix et al., 2005 ; Bruneton, 2009). La formation du cycle aromatique peut รฉgalement se faire par la voie des polyacรฉtates, ou par la combinaison des deux voies. Les composรฉs obtenus par les deux voies sont dits mixtes (flavonoรฏdes, stilbรฉnes, pyronesโฆ). Dโautres voies de synthรจse minoritaires sont รฉgalement possibles : la voie du mรฉvalonate et celles qui combinent le mรฉvalonate et lโacide shikimique ร lโorigine de certaines quinones, furano et pyranocoumarines ou mรฉvalonate et acรฉtate donnant les composรฉs tels que les cannabinoides (Bruneton, 2009). Les composรฉs phรฉnoliques sont abondants chez les plantes vasculaires et sont localisรฉs dans les racines, les tiges, le bois, les feuilles, les fleurs et fruits. Ils sont gรฉnรฉralement extractibles par les solvants organiques polaires (mรฉthanol, acรฉtone, solution hydro alcooliqueโฆ) pour extraire moins de substances lipophiles, et par lโeau pour les formes hรฉtรฉrosidiques. Les composรฉs phรฉnoliques sont instables, facilement oxydables dโoรน la nรฉcessitรฉ de travailler ร basse tempรฉrature dans une atmosphรจre inerte avec un pH adรฉquat (Bruneton, 2009). Leur utilisation en mรฉdecine sโest surtout accentuรฉe avec la dรฉcouverte de leur propriรฉtรฉ antioxydante. On les retrouve sous forme de complรฉments alimentaires et dans les produits pharmaceutiques pour lutter contre le stress oxydant qui serait ร lโorigine de lโapparition de pathologies cardiovasculaires et dรฉgรฉnรฉratives (Macheix et al., 2005). Compte tenu de la diversitรฉ structurale de cette famille de mรฉtabolites, des propriรฉtรฉs thรฉrapeutiques leur sont attribuรฉes en fonction du sous-groupe de composรฉs (Bruneton, 2009). Les flavonoรฏdes retrouvรฉs surtout dans les fruits, lรฉgumes, fleurs et feuilles et responsables de la coloration de ces derniers, auraient des activitรฉs antiallergique et antiinflammatoire en plus de leur trรจs grande activitรฉ antioxydante (Middleton et al., 2001). On leur attribue รฉgalement la propriรฉtรฉ d’augmenter la rรฉsistance capillaire et de diminuer la permรฉabilitรฉ membranaire (Macheix et al., 2005).
Les tanins sont connus pour leurs propriรฉtรฉs ร prรฉcipiter les protรฉines et de se lier aux macromolรฉcules telless que les fibres et collagรจne et sont considรฉrรฉs comme antinutritionnels ร cause de leur effet sur lโalimentation de certains animaux particuliรจrement les monogastriques (Blain, 1998 ; Macheix et al., 2005). Leur principale application en mรฉdecine concerne leurs activitรฉs anti diarrhรฉique et antiseptique dues ร leur pouvoir astringent. On distingue les tanins hydrolysables et les tanins condensรฉs ou tanni ns catechiques (proanthocyanidiols) qui different par leur structure chimique et leur origine biogรฉnรฉtique (Bruneton, 2009). Les tanins condensรฉs sont connus pour leurs effets bรฉnรฉfiques sur la digestibilitรฉ des aliments en faible quantitรฉ chez les ruminants.
Ceux du thรฉ vert (gallate dโรฉpicatรฉchine, gallate dโรฉpigallocatรฉchine et lโรฉpicatรฉchine) sont rรฉputรฉs รชtre de puissants extracteurs des radicaux libres.
Cependant, la prise en grandes quantitรฉs des tanins condensรฉs, serait nuisible ร certaines espรจces animales en rรฉduisant lโapport dโaliments volontaire et la digestibilitรฉ des nutriments (Blain et al., 1998). Ces effets sโobservent selon lโespรจce animale concernรฉe et la structure chimique des tanins. Ils se traduisent par une perte dโappรฉtit, une rรฉduction de la masse corporelle , des perturbations des muqueuses, une insuffisance hรฉpatique et rรฉnale ainsi que par des ulcรฉrations au niveau du tube digestif (Blain et al., 1998 ; Frutos et al., 2004).
On attribue aussi aux composรฉs phรฉnoliques des propriรฉtรฉs antiinflammatoires avec les dรฉrivรฉs salicyliques des Saules (Salix puperea) et autres espรจces de Salicacea, des propriรฉtรฉs laxatives avec les hรฉtรฉrosides quโon retrouve dans les feuilles de Cassia senna par exemple, dโoรน son utilisation en infusion contre les constipations.
Les coumarines, ont peu dโindications en mรฉdecine. Leur pouvoir photo sensibilisant, particuliรจrement les furanocoumarines justifie leur utilisation dans le traitement du psoriasis, du vitiligo et autres dermatoses. Elles auraient รฉgalement des propriรฉtรฉs vasculoprotectrices, neurosรฉdatives, diurรฉtiques, stomachiques , carminatives et antioxydantes (Bruneton, 2009).
Terpenoรฏdes et stรฉroรฏdes
Les terpรจnes sont des composรฉs gรฉnรฉralement lipophiles obtenus par deux voies, celle de l’acรฉtyl CoA ou celle du malonyl CoA. En fonction du nombre d’unitรฉs isoprรฉniques, on dรฉfinit diffรฉrentes classes de terpรจnes : monoterpรฉnes (huiles essentielles), sesquiterpรจnes, diterpรจnes, triterpรฉnes (Saponosides, hรฉtรฉrosides cardiotoniques) et tรฉtraterpรจnes (Hopkins, 2003 ; B runeton, 2009). Les monoterpรฉnes et sesquiterpรจnes sont retrouvรฉs dans les huiles essentielles et sont ร lโorigine de lโodeur de certains vรฉgรฉtaux dโoรน leur utilisation en alimentation et en cosmรฉtiques (Hopkins, 2003). Ils auraient des propriรฉtรฉs sรฉdatives antiseptiques, antifongiques et antiinflammatoires, par contre certaines peuvent รชtre irritantes comme lโhuile essentielle d’eucalyptus. Des effets allergiques sont observรฉs avec les sesquiterpรจnes qui par ailleurs sont douรฉes dโactivitรฉs antimicrobiennes et antifongiques avec lโexemple de l’artรฉmisinine isolรฉe de l’Artemisia annua, une Asteraceae, trรจs active sur le plasmodium (de Vries et Dien, 1996 ; Bruneton, 2009).
Les diterpรจnes isolรฉes de Taxus baccata L., Taxaceae, se sont montrรฉes particuliรจrement intรฉressantes en oncologie avec les spรฉcialitรฉs telles que le Taxol et le Docรฉtaxel utilisรฉes dans la prise en charge du cancer des ovaires, des poumons et des seins. Cependant ces molรฉcules, surtout celles isolรฉes d’Euphorbiaceae et de Thymelaceae, peuvent se montrer toxiques en induisant des troubles digestifs violents ou des irritations cutanรฉes ou oculaires graves (Kinghorn et Balandrin, 1993).
Les triterpรฉnes et stรฉroรฏdes ont un intรฉrรชt thรฉrapeutique important notamment les hรฉtรฉrosides cardiotoniques retrouvรฉs dans la famille des Asclepiadaceae et celle des Apocynaceae avec la digitoxine, la digoxine et dรฉrivรฉs isolรฉs de Digitalis purpurea et Digitalis lanata (Kinghorn et Balandrin, 1993). Les saponosides sont des triterpรฉnes caractรฉrisรฉes par leurs effets tensio-actifs leur confรฉrant la propriรฉtรฉ de former des solutions moussantes lorsqu’ils sont dissous dans l’eau. Ils auraient des propriรฉtรฉs antitussives, anti-ลdรฉmateuses et analgรฉsiques mais seraient aussi ร lโorigine de la toxicitรฉ de certaines plantes.
Les tรฉtraterpรจnes ou carotรฉnoรฏdes prรฉsentent un pouvoir antioxydant avec le bรชta carotรจne qui aprรจs coupure et rรฉduction donne la vitamine A (Bruneton, 2009).
Toxicitรฉ des plantes mรฉdicinales
Les plantes mรฉdicinales, en plus des champignons et algues, constituent le plus grand rรฉservoir de matiรจres premiรจres mรฉdicamenteuses potentielles du monde au moment oรน le screening des mรฉdicaments chimiques ne produirait qu’une molรฉcule mรฉdicamenteuse sur 20.000 molรฉcules testรฉes. Il est estimรฉ entre 40 et 70% la part des mรฉdicaments qui proviendraient des substances naturelles (Fleurentin et al., 1990 ; Adenot, 2014). Toutefois, ces plantes ne sont pas dรฉpourvues de toxicitรฉ, car parfois, il se pose un problรจme dโinnocuitรฉ de ses substances qui peut รชtre intrinsรจque ร la molรฉcule ou liรฉe soit ร la posologie, soit ร des contaminations extรฉrieures. Le plus souvent la mรฉthode dโutilisation nโest pas appropriรฉe surtout dans les pays en voie de dรฉveloppement, d’autant plus que les utilisateurs croient que la phytothรฉrapie est sans danger car ยซ naturelle ยป alors quโune mauvaise posologie peut รชtre source dโeffets indรฉsirables. Les traditions thรฉrapeutiques transmises jusquโalors oralement par les guรฉrisseurs, principaux dรฉtenteurs du savoir thรฉrapeutique des plantes, disparaissent progressivement ce qui est รฉgalement source de mรฉsusage. Ce dernier รฉtant la consรฉquence dโune automรฉdication qui entraรฎne souvent une surconsommation, des prises prolongรฉes, parfois non compatibles avec lโรฉtat physiologique (รขges extrรชmes de la vie, grossesse, allaitement) ou pathologique (insuffisances hรฉpatique, rรฉnale et cardiaque, diabรจte, immunodรฉpressionโฆ) des patients (Lehmann, 2013). Une plante mรฉdicinale, utilisรฉe mรชme dans les conditions normales, est susceptible dโรชtre ร lโorigine dโeffets secondaires souvent indรฉsirables (Scimeca et Tรฉtau, 2004). Parfois, ce sont certaines substances non vรฉgรฉtales, qui auraient contaminรฉ la plante ou les produits ร base de plantes, qui prรฉsentent un risque pour la santรฉ. Ces effets indรฉsirables, peuvent aller de simples rรฉactions allergiques ou rรฉactions cutanรฉes de type photosensibilisation, aux atteintes de diffรฉrents organes tels que le tractus gastro-intestinal, le foie, les reins, le cลur, le systรจme nerveux central, etc.
Il a รฉtรฉ montrรฉ que lโutilisation des plantes mรฉdicinales รฉtait la deuxiรจme cause de trouble du foie dans les pays occidentaux, et de 2004 ร 2013, on a observรฉ aux รtats-Unis, une augmentation du pourcentage de ces troubles hรฉpatiques causรฉs par les produits ร base de plantes qui est passรฉ de 7% ร 20% (Jalbert, 2018).
En 2003, la France avait interdit ยซ lโimportation, la prรฉparation, la prescription et la dรฉlivrance de prรฉparationsโฆcontenant de lโEphรฉdra ยป (Afssaps, 2003). LโEphรฉdra est une plante de la famille des Ephรฉdracรฉes, utilisรฉe en mรฉdecine traditionnelle chinoise, et de nombreux incidents de type accidents cardiovasculaires cรฉrรฉbraux, des troubles psychiatriques allant jusquโร la mort sont survenus ร la suite de la consommation de complรฉments alimentaires ร base dโEphรฉdra (Federal Institute for Risk Assessment, 2010).
Au Brรฉsil, une revue de la littรฉrature concernant des cas dโeffet indรฉsirables sur le rein, causรฉs par les plantes mรฉdicinales, a rรฉvรฉlรฉ plus de huit plantes dont 50% causeraient une insuffisance rรฉnale aigue (Figueredo et al., 2018).
Plusieurs plantes sont incriminรฉes dans des cas dโhรฉpatotoxicitรฉ. Cโest le cas de certains alcaloรฏdes de la pyrrolizidine, de certaines plantes de la phytothรฉrapie asiatiques et des plantes contenant de lโessence de pennyroyal (Larrey, 2005).
Au vu de ce qui est citรฉ, il est clair que les plantes mรฉdicinales peuvent รชtre toxiques et causer des dommages ร lโorganisme, voire la mort. Compte tenu de la fausse conception que lโon a de la mรฉdecine traditionnelle concernant sa sรฉcuritรฉ comparรฉe ร la mรฉdicine moderne, par consรฉquent du nombre faible dโรฉtudes effectuรฉ ร ce niveau, il est important que des investigations soient effectuรฉes. Les rรฉsultats de ces investigations permettront de mettre en ลuvre les connaissances scientifiques qui aideront progressivement ร dรฉmystifier le fait de considรฉrer les produits naturels comme des composรฉs inoffensifs.
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Table des matiรจres
INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : PLANTES MEDICINALES
1. DEFINITIONS
2. UTILISATION THERAPEUTIQUE DES PLANTES
3. PRINCIPES ACTIFS DES PLANTES MEDICINALES
3.1 Obtention des principes actifs
3.2 Alcaloรฏdes
3.3 Composรฉs phรฉnoliques
3.4 Terpenoรฏdes et stรฉroรฏdes
4. TOXICITE DES PLANTES MEDICINALES
CHAPITRE II: DESCRIPTION BOTANIQUE ET INTERET THERAPEUTIQUE DES PLANTES ETUDIEES
1. CASSIA SIEBERIANA
1.1. Classification et noms vernaculaires
1.1.1. Classification
1.1.2. Noms vernaculaires
1.2. Morphologie et distribution gรฉographique de C. sieberiana
1.3. Chimie
1.4. Utilisation traditionnelle
1.5. Pharmacologie
1.6. Toxicitรฉ
2. MAYTENUS SENEGALENSIS
2.1. Classification et noms vernaculaires
2.1.1. Classification
2.1.2. Noms vernaculaires
2.2. Morphologie et distribution gรฉographique de M. senegalensis
2.3. Chimie
2.4. Utilisation traditionnelle
2.5. Pharmacologie
2.6. Toxicitรฉ
3. LEPTADENIA HASTATA
3.1. Classification et noms vernaculaires
3.1.1 Classification
3.1.2 Noms vernaculaires
3.2. Morphologie et distribution gรฉographique de L. hastata
3.3. Chimie
3.4. Utilisation traditionnelle
3.5. Pharmacologie
3.6. Toxicitรฉ
1. TOXICITE IN VIVO
1.1. Toxicitรฉ aiguรซ
1.2. Toxicitรฉ ร long terme
2. TOXICITE IN VITRO
2.1. Culture cellulaire
2.2. Tests de viabilitรฉ cellulaire / cytotoxicitรฉ
2.2.1. Aspect morphologique au microscope
2.2.2. Test au MTT
2.2.3. Test au Rouge Neutre (RN)
2.2.4. Dรฉtermination de lโactivitรฉ de la LDH
2.3. Analyse du mรฉcanisme de mort cellulaire par apoptose
PARTIE II : TRAVAIL EXPERIMENTAL
CHAPITRE I : METHODOLOGIE
1. OBTENTION DE LโEXTRAIT VEGETAL
1.1. Matรฉriel vรฉgรฉtal
1.2. Extraction
2. EVALUATION DE LA TOXICITE
2.1. Evaluation in vivo de la toxicitรฉ
2.1.1. Rats
2.1.2. Prรฉparation de la prise dโessai
2.1.3. Evaluation de la toxicitรฉ aigรผe : dรฉtermination de la DL50 par voie orale
2.1.4. Evaluation de la toxicitรฉ subaiguรซ
2.1.4.1.Dosage des paramรจtres biochimiques
2.1.4.2.Dosage des paramรจtres hรฉmatologiques
2.1.4.3.Examen macroscopique et histopathologique des organes prรฉlevรฉs
2.2. Evaluation in vitro de la toxicitรฉ
2.2.1. Cellules
2.2.2. Culture et entretien des lignรฉes cellulaires
2.2.3. Evaluation de la viabilitรฉ cellulaire / cytotoxicitรฉ
2.2.3.1.Test au MTT
2.2.3.2.Test au RN
2.2.3.3.Dรฉtermination de l’activitรฉ de la LDH
2.2.4. Etude de la fragmentation dโADN sur gel dโagarose
2.2.4.1.Extraction de lโADN
2.2.4.2.Electrophorรจse sur gel dโagarose
3. ANALYSE STATISTIQUE
CHAPITRE II : RESULTATS
1. CASSIA SIEBERIANA
1.1. Toxicitรฉ in vivo
1.1.1. Toxicitรฉ aiguรซ : DL50
1.1.2.1.Masse corporelle
1.1.2.2.Paramรจtres biochimiques
1.1.2.3.Paramรจtres hรฉmatologiques
1.1.2.4.Histopathologie
1.2. Toxicitรฉ in vitro
2. MAYTENUS SENEGALENSIS
2.1. Toxicitรฉ in vivo
2.1.1. Toxicitรฉ aiguรซ
2.1.2. Toxicitรฉ subaiguรซ
2.2. Toxicitรฉ in vitro
2.2.1. Viabilitรฉ cellulaire / cytotoxicitรฉ
2.2.2. Fragmentation de lโADN
3 . LEPTADENIA HASTATA
3.1. Toxicitรฉ in vivo
3.1.1. Toxicitรฉ aiguรซ
3.1.2. Toxicitรฉ subaiguรซ
3.1.2.1 Evolution de la masse corporelle
3.1.2.2 Paramรจtres biochimiques
3.1.2.3 Paramรจtres hรฉmatologiques
3.1.2.4 Histopathologie
3.2. Toxicitรฉ in vitro
3.2.1. Viabilitรฉ cellulaire/cytotoxicitรฉ
3.2.2. Fragmentation de lโADN
CHAPITRE III : DISCUSSION
1. TOXICITE IN VIVO
1.1. Cassia sieberiana
1.1.1. Toxicitรฉ aiguรซ
1.1.2. Toxicitรฉ subaiguรซ
1.1.2.1 Evolution de la masse corporelle
1.1.2.2 Atteintes fonctionnelles et anatomopathologiques du foie et des reins
1.2. Maytenus senegalensis
1.2.1. Toxicitรฉ aigue
1.2.2. Toxicitรฉ subaiguรซ
1.2.2.1.Evolution de la masse corporelle
1.2.2.2.Atteintes fonctionnelles et anatomopathologiques : foie, reins
1.3. Leptadenia hastata
1.3.1. Toxicitรฉ aiguรซ
1.3.2. Toxicitรฉ subaiguรซ
1.3.2.1.Evolution de la masse corporelle
1.3.2.2.Atteintes fonctionnelles et anatomopathologiques : foie, reins et estomac
2. TOXICITE IN VITRO
2.2. Maytenus senegalensis
2.3. Leptadenia hastata
CONCLUSION ET PERSPECTIVES
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES
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