HONORÉ BAUDA ET ANNE-JOSÉPHINE LAMY
11 février 1839, mariage à Bouvellemont
L’an mil huit cent trente-neuf, le onze du mois de février, à 10h du matin, dans la maison du maire de Bouvellemont, Honoré Bauda épouse Anne-Joséphine Lamy. Les bans sont publiés pendant deux dimanches consécutifs, le 27 janvier et le 3 février 1839, dans les communes de Bouvellemont et de Sapogne-et-Feuchères, d’où vient le futur époux. C’est un mariage ordinaire de deux jeunes personnes, enfants majeurs issus des familles nombreuses. Les parents des deux côtés sont présents et consentants, et aucun empêchement au mariage n’a lieu. Honoré Bauda et Anne-Joséphine Lamy sont donc déclarés unis, devant quatre témoins, tous membres de leurs familles : deux frères de l’épouse et un frère et un beau-frère de l’époux. Excepté les mères des mariés, qui ne savent écrire, toutes les parties signent l’acte.
Honoré Bauda et sa fratrie
Honoré Bauda (22/08/1813, Sapogne – ?) est âgé de 25 ans au moment du mariage. Septième dans la fratrie de huit enfants, il est né le 22 août 1813 dans la commune de Sapogne, à une douzaine de kilomètres à vol d’oiseau au nord-est de Bouvellemont. L’on ne sait pas si Honoré Bauda fait son service militaire car les archives militaires manquent pour la commune de Sapogne. Comme son père, il exerce le métier de tourneur en bois et habite, à 23 ans, chez ses parents2. Honoré Bauda est le dernier, après tous ses frères et soeurs, à contracter le mariage. Même sa petite soeur Marie Elise, cadette de trois ans, se marie quinze jours avant lui.
Alexisse Bauda
Alexisse Bauda (25 therm. an VII (13/08/1799), Sapogne – 25/08/1879, Sapogne-et-Feuchères) est la première fille de Jean François Bauda et de Marie Jeanne Bréjard, mariés 20 brum. an VII (10/11/1798). Elle habite toute sa vie à Sapogne, et se marie le 6 juin 1823 avec Pierre Louis Baudry, sabotier, demeurant la même commune.
Jean Baptiste Bauda
Tourneur en bois comme son père et son petit frère Honoré, Jean Baptiste Bauda (8 therm. an IX (27/07/1801), Sapogne – 07/04/1841, Sapogne-et-Feuchères) décède à l’âge de quarante ans et laisse veuve Marguerite Maillard, rempailleuse de chaises, qu’il épouse le 8 mai 1827 à Sapogne.
Jean Joseph Bauda
Comme ses frère et soeur aînés, Jean Joseph Bauda (21 niv. an XII (13/01/1804), Sapogne – 15/05/1873, Sapogne-et-Feuchères) naît et décède à Sapogne. En 1839, il assiste au mariage d’Honoré Bauda en qualité de témoin. Il habite alors à La Horgne et se déclare tisserand. Par ailleurs, depuis le 8 octobre 1833, il est marié avec Alexisse Day.
Marie Elizabeth Victoire Bauda
Selon un relevé associatif découvert sur Filae et dont les informations sont confirmées par les actes d’état civil, Marie Elizabeth Victoire Bauda (26/03/1806, Sapogne – 21/09/1874, Bouvellemont) se marie à Sapogne-et-Feuchères le 10 décembre 1836 avec Jean-Baptiste Guillemart, équarisseur de bois3. Celui-ci assiste au mariage de son beau-frère Honoré Bauda en qualité de témoin. Selon le même relevé, Jean-Baptiste Guillemart (Guilmard) vient de perdre sa première femme, le fait confirmé par l’acte du mariage avec Marie Elizabeth Victoire Bauda.
Selon un autre relevé, Marie Elizabeth Victoire Bauda décède le 21 septembre 1874 à Bouvellemont4. Ce fait n’est pas possible à vérifier, car le registre NMD pour la période entre 1873 et 1885 dans la commune de Bouvellemont n’est pas conservé dans les archives départementales des Ardennes.
Jeanne Catherine Bauda
Jeanne Catherine Bauda (19/04/1808, Sapogne – 11/05/1875, Etrépigny) est le cinquième enfant de la famille. Elle se marie le 19 novembre 1829 à Sapogne-et-Feuchères, avec Antoine Désiré Doche, charron, de la même commune. La famille déménage ensuite à Etrépigny, où Antoine Désiré décède en 1841. Jeanne Catherine continue à y demeurer avec ses enfants, et se marie pour la seconde fois le 29 octobre 1851 avec Jean Toussaint, cloutier. Deux fois veuve, la femme décède à Etrépigny le 11 mai 1875.
Apolline Bauda
Apolline Bauda (11/02/1811, Sapogne – 26/11/1813, Sapogne) décède prématurément à l’âge de deux ans et demi, seulement quatre mois après la naissance d’Honoré.
Marie Elise Bauda
La dernière de la fratrie, Marie Elise Bauda (06/03/1816, Sapogne – 25/03/1885, Charleville) se marie le 24 janvier 1839 à Sapogne-et-Feuchères avec Pierre Alexis Ladouce, sabotier. Son décès est déclaré par son fils et son gendre, le 25 mars 1885, à Charleville.
Anne-Joséphine Lamy et sa fratrie
Anne-Joséphine Lamy (15/02/1816, Bouvellemont – 5/06/1874, Paris) provient d’une famille plus petite que celle de son futur époux, elle est la dernière de la fratrie de six enfants. Elle n’est pas pourtant la dernière à se marier. Son père, Jean Baptiste Lamy (31/10/1783, Donchery – 17/12/1853, Bouvellemont) est tisserand en toile, originaire de Donchery. Il se marie le 5 octobre 1807 avec Jeanne Remie Favaux (11/11/1777, Bouvellemont – 10/06/1849, Bouvellemont), originaire de Bouvellemont, et s’installe dans la commune de sa femme. Le couple donne naissance à six enfants.
Jean Lamy
Le premier enfant du couple, Jean Lamy (07/06/1808, Bouvellemont – 07/06/1808, Bouvellemont), est né un peu plus de huit mois après le mariage, mais il ne vit que six heures. Son décès est déclaré par son père et par son oncle, frère de Jeanne Remie Favaux.
Jean Baptiste Lamy
Jean Baptiste Lamy (13/05/1814, Bouvellemont – ?) poursuit l’oeuvre de son père, tisserand en toile. Il se marie le 26 juin 1841 avec Adèle Rousseaux à Autry, commune de son épouse, mais la famille s’installe ensuite à Bouvellemont, à côté des beaux-parents. Selon les recensements, en 1846, Jean Baptiste exerce un métier de voiturier, et ce n’est que vers 1851 qu’il devient tisserand. En outre, selon les registres d’hypothèques et le cadastre, Jean Baptiste Lamy possède plusieurs terres et maisons à Bouvellemont.
Selon le recensement de 1836, trois enfants de la fratrie habitent encore avec les parents : Gérard, déclaré comme soldat au 18e régiment, Jean Baptiste, tisserand, et Anne Joséphine, journalière. Sans doute, Marguerite Florence est là également, sauf que ses parents ne la déclarent pas.
Vie à Bouvellemont
Après le mariage, Honoré Bauda quitte définitivement son village natal de Sapogne pour s’installer à Bouvellemont. Son nom n’apparaît pas dans la matrice cadastrale de Sapogne-et-Feuchères, à l’encontre de certains de ses frères et soeurs8. D’ailleurs, l’on y trouve plusieurs personnes portant le nom Bauda, ce qui signifie sans doute que ce sont des branches installées à Sapogne depuis plusieurs générations. Les statistiques, certes, anachroniques car assez tardives, que l’on découvre sur le site Geopatronyme, démontrent clairement que ce nom de famille est propre aux départements de l’est de la France, et notamment au département des Ardennes. De l’autre côté, le service proposé par le site Filae, qui calcule le nombre d’actes des personnes portant le nom de Bauda par commune, affiche la commune de Sapogne-et-Feuchères en tête de la liste.
Commune de Bouvellemont
La commune de Bouvellemont se trouve dans le canton d’Omont, arrondissement de Mézières, département des Ardennes. Ses armes sont parlantes, et se blasonnent de manière suivante : d’or au moulin à vent de gueules aux ailes de sinople, posé sur un mont du même, au chef de gueules chargé de trois pommes tigées et feuillées d’or. Le moulin du blason représente l’importance de l’activité meunière pour le village. Bouvellemont possède, en effet, un moulin à vent, qui produit de la farine de « belle qualité », lit-on dans un rapport sur les moulins du canton à la fin du XVIIIe siècle (an II)9. Cent ans plus tard, La Monographie agricole du canton d’Omont confirme cette productivité : « Bouvellemont, bon pays à céréales et à fourrages artificiels, qui enregistre depuis longtemps des rendements assez réguliers et satisfaisants.» Malheureusement, je n’ai pas de sources pour argumenter la présence des pommes sur les armes.
Plus généralement, dans les archives, Bouvellemont se présente comme un village agricole sans une histoire particulière. Je n’ai pas trouvé d’événements remarquables qui s’y passent au cours du XIXe siècle. Au XXe siècle, la commune souffre beaucoup car le département des Ardennes est au coeur de la Première Guerre mondiale. En juin 1936, un journal local rapporte qu’« un formidable incendie ravage tout un quartier et l’église » de Bouvellemont. Enfin, après les combats de la Seconde Guerre mondiale, le village est détruit à 80 %. Le village est tellement sans intérêt qu’en 1955, la revue L’Automobilisme ardennais le mentionne à peine dans un article illustré d’une dizaine de pages sur les curiosités du canton d’Omont.
Dans les années 1830-1850, lorsqu’Anne-Joséphine Lamy et Honoré Bauda habitent à Bouvellemont, la population de la commune est de plus de 400 habitants14. La liste électorale de l’année 1840, qui comprend quarante-deux hommes, révèle les métiers exercés dans le village : la moitié sont cultivateurs, mais il y a également des marchands et des fabricants de clous et de laine, deux charrons, un buraliste, un aubergiste, un cabaretier, un juge de paix, un meunier, un charpentier, un épicier et un tisserand. Le dernier, d’ailleurs, est le père d’Anne-Joséphine Lamy.
Installation
Même si la liste des électeurs de 1840 ne comprend que 10 % de la population de Bouvellemont, il n’y a aucun tourneur. La liste électorale des premières élections « universelles » de 1849 comprend 127 hommes, aucun d’eux n’est déclaré en tant que tourneur16. Ainsi, lorsqu’Honoré Bauda déménage dans cette commune, il est probablement le seul à y exercer ce métier. En effet, dans le recensement de 1841, le foyer Bauda-Lamy est installé à Bouvellemont, et le métier d’Honoré est bien « tourneur en bois ».
En 1841, la famille acquiert deux terres et une chanvrière aux alentours de Bouvellemont, et une maison en 1844, à l’extrémité est du village. Dans la matrice cadastrale, Honoré Bauda figure comme le seul propriétaire, mais de toute évidence, les acquisitions se font par les deux époux.
Une maison à Bouvellemont-village
L’histoire de la maison, acquise par Honoré Bauda en 1844 et occupant deux parcelles n° 272-273 de la section B, n’est pas très claire. Dans la matrice cadastrale, le nom du propriétaire précédent n’est pas communiqué (« n.c. »). Sur le plan cadastrale, deux bâtisses distinctes existent bien en 1834. Enfin, sur le plan de Bouvellemont, dessiné en septembre 1830 afin de tracer les traverses des routes nationaux et conservé aux Archives nationales, l’on apprend les noms des propriétaires des parcelles : ce sont Jean Baptiste Lamy, père d’Anne-Joséphine, et un certain Jean Hureau. À l’ouest de la parcelle de Jean Baptiste Lamy, se trouve une parcelle de l’oncle maternel d’Anne-Joséphine, Jean Remy Faveaux. Enfin, encore un peu plus loin à l’ouest, l’on remarque une parcelle appartenant à Lamy-Chenaux, ce qui confirme l’hypothèse de cousinage lointain.
Sans doute, Jean Baptiste Lamy achète la parcelle de son voisin et réunit les deux biens. En outre, après le mariage, Anne-Joséphine Lamy s’installent probablement dans l’une des deux parties, car dans le recensement de 1841, le couple constitue un foyer à part (n° 45), mais juste avant le foyer des beaux-parents (n° 46).
Enfants
Le 11 décembre 1839, soit exactement neuf mois après le mariage, Anne-Joséphine Lamy donne naissance à un enfant sans vie, du sexe masculin. Le 22 février 1841, un deuxième garçon sans vie est né. Le 22 avril 1842, Anne-Joséphine donne naissance à une fille que l’on appelle Marguerite-Julie-Celina. Or, un mois plus tard, la fille décède.
Il paraît que le couple n’a qu’un seul enfant survivant. C’est une fille nommée Arsène Elvire (Elevire) Bauda, née le 12 juin 1843 à Bouvellemont.
Période de changements (1844-1856)
Déménagements et affaires hypothécaires
Après la naissance d’Arsène Elvire Bauda, commence la période de changements pour le couple Bauda-Lamy. Bien que, selon le cadastre de Bouvellemont, Honoré Bauda acquière la maison des Lamy en 1844, toute la famille manque à l’appel au recensement 1846. Il en est de même en 1851 et en 1856.
Le répertoire des hypothèques révèle qu’Honoré Bauda (case 105) et Anne-Joséphine Lamy (case 106), se déplacent : ils vont d’abord à Novion-Porcien (près de 15 kilomètres à vol d’oiseau de Bouvellemont), puis reviennent à Bouvellemont, et arrivent à Reims, en passant par Rethel. Malheureusement, ce type de document ne précise pas de dates. Grâce à quelques transcriptions et inscriptions hypothécaires, dont les archives sont lacunaires pour la commune de Bouvellemont, l’on trouve quelques indices.
Deux autres inscriptions hypothécaires pour Bauda et Lamy, du 27 janvier 1854 et du 11 décembre 1854, ainsi que la transcription de l’achat d’une parcelle par Anne-Joséphine à son frère, Jean-Baptiste, du 27 janvier 1854, passées à Bouvellemont, sont ambiguës au sujet des demeures du couple. Ainsi, les documents du 27 janvier mentionnent que le couple habite à Bouvellemont, tandis que l’inscription en date du 11 décembre stipule : « Honoré Bauda, tourneur et Dame Joséphine Lamy, son épouse, demeurant ensemble ci-devant à Rethel et actuellement débitant à Reims, place Drouet d’Erlon, n° 21 (débiteurs solidaires) ».
Malheureusement, le volume 20 des transcriptions hypothécaires à Bouvellemont n’est pas conservé dans les archives départementales. Or, comme l’indique le répertoire, les articles 54 et 55 du volume 20 transcrivent deux événements forts intéressants qui concernent les deux époux, en date du 19 octobre 1854. Ce jour-là, il se déroule une « saisie immobilière » (article 54) et une « dénonciation de saisie ».
Mort des parents d’Honoré Bauda et d’Anne-Joséphine Lamy
Entre 1849 et 1853, tous les quatre parents du couple décèdent. Les mère et père d’Honoré sont morts à Sapogne-et-Feuchères, respectivement, le 3 février 1850 et le 16 août 1853. Les parents d’Anne-Joséphine Lamy décèdent à Bouvellemont, le 10 juin 1849 et le 17 décembre 1853. Le travail avec les successions et les inventaires après décès était l’une des pistes prioritaires pour la présente recherche, pour apprendre, par exemple, si Honoré Bauda reçoit quelque chose de sa famille, si jamais il reste en contact avec eux. Or, les archives des successions et absences sont trop tardives, tant pour le canton de Flize (commune de Sapogne-et-Feuchères), tant pour le bureau de Poix-Terron (commune de Bouvellemont). De même, les archives notariales sont trop lacunaires dans ces cantons au XIXe siècle.
Encore un garçon mort-né
L’installation à Reims vers 1853 est confirmée par l’acte de décès du cinquième enfant du couple, un garçon mort-né. Il est né le 4 avril 1853, au domicile de ses parents, place Drouet d’Erlon, n° 3 ou 23. En revanche, Honoré Bauda y figure encore en qualité de tourneur, non en bois, mais en fer.
En 1856, le couple ne figure pas dans le recensement à Reims, place Drouet d’Erlon (du premier au dernier numéro). Déménagent-ils dans une autre ville ? S’installent-ils à une autre adresse à Reims ? La découverte d’Anne-Joséphine Lamy à Paris et surtout la consultation de son acte de décès met en évidence le fait que le couple se sépare, sans pour autant divorcer.
Séparation
Décès d’Anne-Joséphine Lamy à Paris
C’est grâce à des moteurs de recherche, et un peu par hasard, que je découvre Anne-Joséphine Lamy décédée à Paris, le 5 juin 1874. Après les recherches sur la militante antialcoolique (petite-fille du couple Bauda-Lamy), je savais déjà que la fille unique du couple était à Paris en 1861, mais je pensais qu’elle y était arrivée toute seule, abandonnant ses parents.
Or, Anne-Joséphine Lamy est aussi à Paris, et probablement, elle y arrive avec sa fille autour de l’année 1860. Son décès survient au domicile de sa fille, Arsène Elvire, dans le 3e arrondissement de Paris, rue Elzévir, 3. Selon l’acte de décès, Anne-Joséphine Lamy est journalière, domiciliée rue de la Contrescarpe, 12. À présent, la rue de la Contrescarpe n’existe plus, mais elle peut faire référence à plusieurs rues actuelles, situées dans le 5e, 12e et le 6e arrondissements de Paris. Pourtant, dans les tables des successions et absences des bureaux dont dépendent ces arrondissements, l’on ne trouve pas le nom d’Anne-Joséphine Lamy. Selon les agents des archives de Paris, son domicile fiscal se trouve probablement ailleurs qu’à la capitale. J’ai quand-même vérifié les tables d’autres bureaux d’enregistrement à Paris, aucune trace d’Anne-Joséphine.
Quel devenir d’Honoré Bauda ?
Ce même acte de décès de 1874 d’Anne-Joséphine Lamy révèle qu’elle est séparée d’Honoré Bauda, sans divorcer. Son époux est alors signalé « courtier en vins, âgé de soixante ans, dont le domicile est inconnu. » Pour cause du travail, il ne me présentait pas possible d’aller travailler aux archives de la Marne, c’est pourquoi j’ai dû remuer toutes les archives disponibles sur Internet, essayant toutes les variantes probables et improbables de l’orthographie du nom. Au bout de ces recherches, j’ai trouvé un acte de décès d’ « Honoré Bodo, âgé de 67 ans, homme marié », en date du 21 octobre 1883, dans la commune de Gouvieux, dans l’Oise. Certes, cela peut être une autre personne, mais les données révélées par l’acte ne sont pas habituelles, et peuvent parfaitement correspondre à « mon » Honoré Bauda. Il persiste pourtant une interrogation sur les motifs de ce possible déplacement dans l’Oise, et l’on peut suggérer que sa carrière de débitant ou de courtier en vins échoue, et l’oblige à quitter la ville de Reims. À Gouvieux, ce sont les voisins et amis qui déclarent la mort, mais ils ne sont pas en mesure de donner des informations sur l’origine, les parents et l’épouse du décédé :
[…] lesquels nous ont déclaré que Honore BODO, âgé de soixante-sept ans, manoeuvrier, dont le lieu de naissance nous est inconnu, époux d’une personne, dont les noms, l’âge et le domicile nous sont également inconnus, et fils de père et mère, dont les noms, l’âge et le domicile sont aussi ignorés de nous et des comparants, est décédé dans la nuit du vingt au vingt-un octobre présent moi, à une heure qui n’a pu être déterminé, et sa demeure, audit Gouvieux, rue du Saussaye […]28
Dans les archives de l’Oise, l’on retrouve son décès dans la table des décès, successions et absences du bureau de Chantilly (1882-1885), qui précise qu’Honoré BODO « n’a rien laissé », mention certifiée par le maire de Gouvieux du 7 mai 188429. Dans le recensement de Gouvieux de 1881, Honoré BODO ne figure pas, et l’on peut supposer qu’il s’y installe peu avant son décès. Ceci expliquerait aussi le fait que les déclarants, ses « voisins et amis », ne savent rien sur la vie privée de cette personne.
ASCENDANCE D’HONORÉ BAUDA (G 1)
Pour des raisons des archives lacunaires, mentionnées dans l’introduction, qui rendaient l’étude de l’ascendance d’Anne-Joséphine Lamy quasiment impossible, je me suis donc tournée vers l’ascendance d’Honoré Bauda. En effet, du côté d’Anne-Joséphine Lamy, les difficultés commencent au niveau de ses parents. Son père, Jean Baptiste Lamy, est né à Donchery, le 31 octobre 1783, et sa mère, Jeanne Remy Faveaux, à Bouvellemont, le 11 novembre 1777, dates et lieux relevés grâce à leur acte de mariage, enregistré à Bouvellemont le 5 octobre 1807. Or tant pour la commune de Donchery que pour la commune de Bouvellemont, les actes d’état civil conservés aux archives départementales débutent à l’an VI (1797-1798) et en 1793 respectivement. Ainsi, il ne m’était pas possible de consulter les actes de naissances de ces personnes ni de trouver leurs frères et soeurs31. Du côté d’Honoré Bauda, à Sapogne, les archives des baptêmes, mariages et sépultures commencent en 1689, ce qui permet de monter jusqu’au XVIIe siècle.
Parents (G 2) d’Honoré Bauda
Les deux parents d’Honoré Bauda sont issus des familles nombreuses : le père a dix frères et soeurs dont six ou sept survivent jusqu’à l’âge adulte, et la mère est issue d’une fratrie de six enfants dont trois restent en vie jusqu’en 1849-1850. Le couple se marie le 20 brumaire an VII (10 novembre 1798), à Hannogne-Saint-Martin, commune de naissance et de domicile de l’épouse. Jean François Bauda a 27 ans et Marie-Jeanne Bréjard a 24 ans au moment de la cérémonie. Excepté le père de la mariée, défunt, tous les autres parents sont présents. Trois témoins assistent à ce mariage : la soeur cadette et l’oncle maternel de Marie-Jeanne, ainsi que l’oncle de Jean François, le plus probablement, du côté maternel. Comme les parents de Jean François portent le même nom et comme je n’ai pas recensé tous les frères et soeurs du père, le risque d’erreur est encore présent.
Jean François Bauda
Jean François Bauda (15/05/1771, Sapogne – 16/08/1853, Sapogne-et-Feuchères), père d’Honoré, est le septième enfant du couple Jacques Bauda et Alexisse Bauda. Leur sixième enfant s’appelle également Jean François (19/01/1769, Sapogne – 31/12/1770, Sapogne), mais il est mort à l’âge de onze mois. Le premier enfant, François (09/03/1758, Sapogne – 16/03/1758, Sapogne), est aussi décédé prématurément, une semaine après sa naissance, ainsi que la dernière, Jeanne Marguerite (24/03/1779, Sapogne – 21/10/1779, Sapogne), qui n’a vécu que sept mois. Les frères Jean (11/04/1759, Sapogne – 04/06/1833, Chémery-sur-Bar), Jean Baptiste (22/08/1764, Sapogne – 26/02/1853, Sapogne-et-Feuchères), Jean Nicolas (15/05/1771, Sapogne – 16/08/1853, Sapogne-et-Feuchères), ainsi que Jean François exercent le métier de tourneur, tout comme leur père, Jacques Bauda. Je n’ai pas d’informations sur le devenir d’un autre frère, Jean Joseph (28/04/1774, Sapogne – ?). Parmi les trois soeurs de la fratrie, Marie (24/11/1762, Sapogne – 13/06/1835, Cheveuges) meurt célibataire à l’âge de 73 ans, Jeanne Alexisse (19/03/1767, Sapogne – 15/08/1841, Sapogne-et-Feuchères) se marie à un bûcheron, tandis que Jeanne Catherine (18/10/1760, Sapogne – 23/04/1841, Balaives-et-Butz) est mariée à un tailleur d’habit et déclarée « sage-femme » dans son acte de décès.
Marie Jeanne Bréjard
Marie Jeanne Bréjard (11/08/1774, Hannogne-Saint-Martin – 03/02/1850, Sapogne-et-Feuchères), mère d’Honoré et femme de Jean François Bauda, est originaire d’Hannogne-Saint-Martin, commune voisine de Sapogne. Elle est le troisième enfant du couple Ponce Braijard et Gabrielle Guérain, mariés le 14 octobre 1767 et installés à Hannogne32. Six enfants naissent de ce mariage, dont trois décèdent prématurément : Jeanne Louise (26/05/1769, Hannogne – 06/09/1783, Hannogne), Marie (16/02/1772, Hannogne – 02/03/1773, Hannogne) et Pierre (20/07/1783, Hannogne – 25/10/1783, Hannogne). Marie Barbe (20/04/1777, Hannogne – 23/05/1849, Hannogne), qui assiste au mariage de sa soeur avec Jean François Bauda, vie toute sa vie à Hannogne, où elle se marie avec Pierre Bertrand, boucher. Enfin, l’on trouve Jean Baptiste Bréjard (20/12/1779, Hannogne – 16/08/1849, Hannogne) faire son service militaire dans le 17e régiment d’infanterie de ligne et recevoir une contusion à la jambe lors de la bataille d’Austerlitz33, puis revenir et se marier deux fois.
Jacques Bauda et Alexisse Bauda (G 3), parents de Jean François Bauda
En passant à la génération suivante, celle des grands-parents d’Honoré Bauda, je ne pouvais pas passer à côté du ménage de deux personnes portant le même nom de famille. Il s’agit des parents de Jean François Bauda : Jacques et Alexisse. J’espérais tomber sur un mariage entre les parents proches qui nécessite une dispense, mais ce n’était pas le cas. L’acte du mariage du 26 avril 1757 stipule qu’il n’y a pas eu d’opposition ou empêchement, que l’on peut expliquer par une multitude de branches des Bauda, installés à Sapogne depuis plusieurs générations. Certes, si l’on remonte la généalogie des Bauda jusqu’au début du XVIIe siècle, on peut sans doute découvrir des parents communs, mais dans le cadre du mariage de Jacques et Alexisse Bauda, le degré de parenté est trop éloigné pour qu’il y ait un empêchement.
Alexisse Bauda
Alexisse Bauda (18/10/1734, Sapogne – 18/11/1813, Sapogne) est la première fille de Jean Bauda (02/04/1709, Boutancourt – 12/02/1782, Sapogne) et Marie Champagne (09/09/1708, Sapogne – 28/02/1786, Sapogne). Or, ses parents sont mariés le 4 mai 1734, et Alexisse est née le 18 octobre, soit six mois après le mariage. Est-elle un enfant prématuré ? A-t-elle été conçue avant le mariage ? En tout cas, son acte de baptême ne présente pas d’anomalies. Elle décède en 1813, à l’âge de 79 ans, à Sapogne, en sa maison rue de la Grand’ Fontaine. Ce sont deux de ses fils, Jean et Jean-Baptiste, qui viennent à la mairie déclarer le décès. Elle est veuve, Jacques Bauda est décédé six ans plus tôt, le 8 septembre 1807.
Alexisse a un demi-frère et une demi-soeur, nés du mariage de Marie Champagne avec Simon Canniaux : Jean Baptiste Canniaux (26/08/1729, Sapogne – ) et Jeanne Marguerite Canniaux (21/05/1731, Sapogne – ) vivent à Sapogne et se marient en 1759 et 1760. Jean Baptiste Canniaux passe même en qualité de parrain d’une de ses petites demi-soeurs, Marie-Marguerite Bauda (15/08/1747, Sapogne – ?).
Après le décès de Simon Canniaux (vers 1703 – 26/10/1731, Sapogne), Marie Champagne épouse Jean Bauda, avec qui elle aura encore dix enfants, dont Alexisse.
Bien que j’abandonne ici le nom Bauda, appartenant au père d’Alexisse Bauda, au profit du nom « Champagne/Champenois », il faut néanmoins mentionner le fait que le nom Bauda apparaît dans les armoriaux des nobles de France. Ainsi, dans le tome 2 du Grand Armorial de France, édité par Henri Jougla de Morenas en 1938, on lit que « BAUDA » de Champagne est anobli en 1649 et maintenu noble en 1669. Ses armoiries sont « d’or, à 3 bandes de gueules ». Il s’agit d’Esdras Bauda, originaire de la principauté de Sédan, colonel d’un régiment d’infanterie étrangère et gouverneur de Rethel.
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Table des matières
Introduction
Choix du couple
Lacunes dans les archives départementales
Chapitre 1 Honoré BAUDA et Anne-Joséphine LAMY
11 février 1839, mariage à Bouvellemont
Honoré Bauda et sa fratrie
Anne-Joséphine Lamy et sa fratrie
Vie à Bouvellemont
Période de changements (1844-1856)
Séparation
Chapitre 2 Ascendance d’Honoré BAUDA (G 1)
Parents (G 2) d’Honoré Bauda
Jacques Bauda et Alexisse Bauda (G 3), parents de Jean François Bauda
Marie Champagne (G 4), mère d’Alexisse Bauda
Jean Champenois (G 5), père de Marie Champagne
Jean Champenois et Elizabeth Courtois (G 6)
Chapitre 3 Descendance d’Honoré BAUDA et Anne-Joséphine LAMY
Arsène Elvire Bauda, l’unique fille du couple ?
Maria Alphonsine Bauda, l’unique petit-enfant du couple ?
Marguerite Yvonne Legrain, fille de Maria Alphonsine Bauda
Janine Marie Yvonne Marcelle Alphand-Gracia, l’unique fille de Marguerite Yvonne Legrain ?
Et après ?
Conclusion
Table des illustrations
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