Des variables explicatives de la diversité des rythmes de vie des étudiants

Des variables explicatives de la diversité des rythmes de vie des étudiants 

La catégorie sociale des étudiants est souvent associée aux notions de loisirs et de sorties. J.-C Chambored on parle même d’une « classe d’âge de loisir » pour qualifier les individus qui se situent dans les âges de la population étudiante. Avant d’appréhender les pratiques nocturnes des étudiants, il convient de s’intéresser aux facteurs qui conditionnent l’existence même d’une vie nocturne estudiantine. Les facteurs suivants peuvent être appréhendés :
• le temps disponible dans une journée à consacrer à une activité nocturne
• le budget mensuel qui va pouvoir être alloué aux loisirs
• la sociabilité étudiante

Sociabilité étudiante et sorties 

La sociabilité peut se définir comme « l’ensemble des relations sociales effectives, vécues, qui relient l’individu à d’autres individus par des liens interpersonnels et/ou de groupe » . On retiendra qu’il s’agit des interactions entre l’individu et la société en général. Pour les étudiants, cette sociabilité peut prendre des formes très diverses. Elle pourra se retrouver dans le fait d’aller boire un verre avec ses amis, de faire partie d’un club de sport, d’une association, … Si l’Université est souvent associée à un univers individualiste, il n’en demeure pas moins que les étudiants ont des liens entre eux, plus ou moins étroits et facilités selon les filières d’études. On peut supposer qu’une plus grande sociabilité va favoriser les sorties nocturnes des étudiants. Mireille Clémençon fait apparaître qu’« une majorité d’étudiants (59%) affirme appartenir à un groupe ». Ce groupe va souvent être le support pour pratiquer des activités sportives, sortir ou manger, mais il ressort que c’est principalement pour sortir « faire la fête » que les relations entre étudiants sont fortes (50,7% des étudiants avancent cette activité comme activité favorite, contre 18,3% pour le sport et 6,6% pour manger).

Les étudiants ont donc pour la plupart une vie personnelle assez développée en dehors des études. L’hypothèse selon laquelle une plus grande sociabilité permettrait de multiplier les sorties est vérifiée par M. Clémençon, puisque qu’elle constate que « le nombre moyen de sorties croît régulièrement avec le nombre de « copains », d’amis » mais aussi grâce au sentiment d’appartenance à un groupe. Le milieu étudiant dans son ensemble favorise donc à priori les sorties, mais il n’explique pas, à lui seul, les conditions qui vont amener les étudiants à sortir.

La part du budget des étudiants consacrée aux loisirs

Les contraintes budgétaires peuvent être pressenties comme un élément pouvant potentiellement restreindre les possibilités de sorties. On constate que la part du budget des étudiants consacrée aux loisirs est très variable d’un étudiant à l’autre. Si l’enquête sur les conditions de vie des étudiants montre, selon les derniers résultats de 2006, que la part du budget mensuel affectée aux sorties est d’environ 10% , elle peut être plus ou moins importante selon le cycle d’études, la taille de la ville universitaire ou encore le type de logement.

Outre la quantité de travail globale, il semble que, selon la filière, la charge de travail sur l’année soit régulière dans certains cas, alors que dans d’autres elle est très irrégulière. V. Erlich distingue quatre catégories d’étudiants :
• Ceux qui ont beaucoup d’heures de cours et un travail personnel important : les étudiants d’école d’ingénieur et de classe préparatoire aux grandes écoles
• Ceux qui ont beaucoup d’heures de cours mais un travail personnel moyen : les étudiants d’IUT, de STS, d’écoles d’infirmière ou d’économie
• Ceux qui ont peu d’heures de cours mais travaillent beaucoup chez eux : les étudiants de médecine et de lettres, mais avec, comme on l’a vu plus haut, un temps de travail global plus élevé dans les filières de santé
• Ceux qui ont relativement peu d’heures de cours et de travail personnel : les étudiants de droit, sciences, AES, STAPS, langues, sciences humaines et d’école de commerce .

Elle met par ailleurs en avant le fait que la plupart des étudiants travaillent « au dernier moment » c’est à dire à l’approche des examens. Ce constat engendre des natures et des fréquences de pratiques différentes. Le sentiment selon lequel les périodes « normales », c’est à dire hors examen, sont plus propices aux activités de loisirs et aux sorties que les périodes d’examens est souvent confirmé par les études sociologiques concernant la population étudiante. Selon J. Freyssinet-Dominjon et A C. Wagner , « les « temps forts » de la vie universitaire que sont les sessions d’examens sont aussi les périodes où les sorties se font plus rares ». En ce qui concerne le travail personnel, elle observe que les étudiants travaillent majoritairement seuls. Dans certaines formations et pour certains exercices, les étudiants travaillent en groupe. Néanmoins, il ressort que le domicile est le lieu de travail privilégié des étudiants. On peut donc penser que les déplacements nocturnes pour le motif études ne seront pas très importants. Enfin, il semble que les étudiants travaillent essentiellement en semaine et moins le weekend. La fin de semaine serait alors le moment privilégié pour effectuer des activités de loisirs. Une enquête réalisée par l’agglomération de Montpellier avec la LMDE (La Mutuelle Des Etudiants) sur les temps des étudiants révèle que « 4 étudiants sur 5 renoncent à des activités par manque de temps, en premier lieu au détriment des loisirs et du sport (pour plus de 40%). Cela vient confirmer la thèse selon laquelle une partie non négligeable des étudiants effectuent un choix dans leurs activités extra universitaires, en fonction du temps qui leur est disponible. Le temps apparaît comme un facteur limitant vis à vis des pratiques (notamment des pratiques nocturnes) de loisirs des étudiants.

L’analyse de la sociabilité, du budget, et du temps des étudiants laisse clairement apparaître l’existence d’une vie étudiante en dehors des études. La diversité des situations en fonction de la filière d’études, notamment en ce qui concerne le budget loisirs et le temps qui peut être utilisé pour les loisirs, permet toutefois de penser que les étudiants sortent et pratiquent des activités diverses. Si le budget n’intervient pas nécessairement dans la sociabilité étudiante, puisque le fait de rendre visite à un ami n’entraîne pas à priori de dépense particulière, il peut néanmoins être éventuellement un élément à prendre en compte en raison des coûts de transport que le déplacement peut occasionner. Le temps sera lui aussi déterminant pour appréhender les pratiques nocturnes des étudiants. A partir de ces éléments, il convient d’analyser quelles sont les pratiques des étudiants pour comprendre comment les étudiants occupent leur temps libre.

Des activités pratiquées très variées 

Quelles sont les pratiques des étudiants ? Sont-elles homogènes ? Y a t-il des tendances majoritaires dans les pratiques des étudiants ? Les enquêtes réalisées auprès des étudiants mettent en avant une multitude d’activités annexes aux études. On peut citer l’exercice d’une activité rémunérée, mais aussi les loisirs, sous leurs formes les plus diverses, ou encore l’engagement dans des associations. L’engagement associatif sera négligé ici puisque sur les 40% d’étudiants déclarant avoir une activité associative en 2006, il s’agissait essentiellement d’associations culturelles ou sportives. On peut donc penser que ces étudiants se retrouveront dans l’analyse des activités de loisirs. Ceux qui font partie d’une association qui n’est pas liée à la pratique d’un loisir particulier se retrouvent alors dans une proportion très faible, c’est pourquoi il est choisi de ne pas étudier plus en détail cette catégorie.

Concernant l’activité rémunérée ou les loisirs, l’analyse qui va suivre permettra d’aborder ces activités suivant diverses variables qui expliquent une plus grande pratique chez certains individus. Les variables qui vont être développées ici sont les suivantes :
– L’âge
– Le sexe
– L’origine sociale
– La filière d’études
Les corrélations entre ces variables et les pratiques des étudiants sont mises en avant par de nombreuses études portant sur la population étudiante.

Enfin, dans les chapitres qui suivent, peu d’éléments permettent de connaître la proportion réelle des activités décrites qui se déroulent la nuit. Cependant, on peut estimer qu’une large part de ces activités ont lieu dans la soirée ou au cours de la nuit, notamment pour les sorties.

L’activité rémunérée, une activité fréquente chez les étudiants 

Les résultats de l’enquête menée par l’OVE en 2006 nous apprennent que 46% des étudiants exercent une activité rémunérée dans le courant de l’année universitaire. Il ne s’agit pas nécessairement d’une activité exercée sur l’ensemble de l’année, mais il n’en reste pas moins que cette activité peut avoir des conséquences en terme de déplacements. De plus, le fait que les étudiants soient occupés la majeure partie du temps par leurs études a pour conséquence, pour au moins une partie d’entre eux, que cette activité rémunérée devra s’effectuer le soir. Du point de vue de la fréquence, les résultats sont assez partagés.

Certains étudiants vont exercer une activité à temps plein ou au moins à mi-temps et au moins six mois par an. Pour eux, il est possible que la place des loisirs dans la vie étudiante soit moins importante. Par ailleurs, il semblerait que le taux d’activité rémunéré soit d’autant plus élevé que l’étudiant avance en âge, pour les activités dites « concurrentes des études », c’est à dire pour les activités qui n’ont pas de lien direct avec les études. Ce résultat serait à mettre en rapport avec la possession d’un véhicule individuel qui, comme on peut le supposer, augmente avec l’âge de l’étudiant. Si un peu plus de 4% des étudiants de 19 ans exercent une activité rémunérée au moins à mi-temps et au moins six mois par an, ils sont près de 14% à 23 ans et dépassent les 20% à partir de 24 ans . L’origine sociale et le type d’études sont deux autres variables favorisant l’exercice d’une activité rémunérée. Les étudiants « travailleurs » seront davantage des étudiants issus des classes sociales populaires, et qui suivent une formation supérieure littéraire. Ainsi, ils sont 24% en sciences humaines, 23,5% en lettres, sciences du langage et arts et un peu plus de 21% en langues à travailler à côté de leurs études, contre « seulement » 7 à 8% dans les filières « scientifiques » et autour de 4% dans les IUT et les STS. Ce résultat semble plutôt logique si l’on reprend le temps de travail universitaire moyen par semaine déclaré par les étudiants (cf chap. 1 ; §3). Les étudiants déclarant le moins d’heures de travail universitaire par semaine (Lettres, SHS) sont aussi ceux pour lesquels le taux d’activité rémunérée est le plus élevé.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : LA VIE ETUDIANTE ET LES ACTIVITES DE LOISIRS DES ETUDIANTS
Chapitre 1 : Des variables explicatives de la diversité des rythmes de vie des étudiants
Chapitre 2 : Des activités pratiquées très variées
DEUXIEME PARTIE : LE CONTEXTE NOCTURNE ET LES COMPORTEMENTS DES ETUDIANTS DANS LEURS PRATIQUES NOCTURNES DE LOISIRS
Chapitre 1 : Les ambiances nocturnes : des motivations et des freins à sortir la nuit
Chapitre 2 : Les destinations de sortie des étudiants la nuit : la place du centre-ville
Chapitre 3 : L’alcool et les pratiques nocturnes des étudiants
Chapitre 4 : La temporalité des sorties et les horaires
Chapitre 5 : La réglementation des pratiques nocturnes étudiantes
TROISIEME PARTIE : PROFILS D’ETUDIANTS ET POINT DE VUE DES ACTEURS DU TRANSPORT PUBLIC URBAIN
Chapitre 1 : Des profils d’étudiants typiques vis à vis des pratiques nocturnes qui n’excluent pas des difficultés de déplacement la nuit
Chapitre 2 : Le point de vue des acteurs du transport public vis à vis des pratiques nocturnes étudiantes
Chapitre 3 : L’accessibilité en transport public de nuit du centre-ville de Tours depuis les cités universitaires de l’IUT et de Grandmont
CONCLUSION

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