Des méthodes efficaces pour gérer la mobilité urbaine

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Pourquoi les Marrakchis se déplacent-ils ?

Les facteurs de déplacements

L’étude des déplacements des Marrakchis et des Marocains sous-tend l’intégration de variables culturelles, géographiques, démographiques, économiques et sociales. Cette analyse favorise la compréhension des rapports sociaux et des modes de vie, ces variables influant elles-mêmes sur les déplacements. Des raisons diverses conduisent les individus à se déplacer localement, nationalement ou internationalement. Quelles sont les motivations des trajectoires des Marrakchis au quotidien et des Marocains en général ? Dans quel contexte et selon quelles conditions s’effectuent-elles ?
Pendant deux ans, nous avons mené un travail d’enquête et d’observation dans la ville de Marrakech concernant les déplacements des usagers (Annexe 01). Nous avons interrogé des piétons, des cyclistes, des usagers des autobus et des automobilistes. Notre travail d’observation fait ressortir de grandes tendances des déplacements des individus. L’analyse de ce travail de terrain sous-tend l’importance du facteur professionnel dans la réalisation du déplacement. C’est le principal motif qui conduit les Marrakchis à se rendre d’un point B à un point C. Quels sont les moments particuliers du jour et de la nuit, de l’été ou de l’hiver, de la semaine ou du mois où les Marrakchis se déplacent ? Quel est le second motif de déplacement des Marrakchis d’après notre analyse de terrain ? Il ressort qu’après les motifs professionnels, ce sont les motivations quotidiennes qui animent les usagers (achats alimentaires et vestimentaires). Enfin, en quatrième position, les déplacements des Marrakchis sont d’ordre cultuel (aller à la mosquée) ou personnel (raisons de santé).
Nous avons également rendu compte des motivations, du contexte et des conditions structurelles qui expliquent un ou plusieurs déplacements, de jour comme de nuit, une fois ou plusieurs fois par jour, par semaine, par mois ou par année ; selon l’âge, le genre et la catégorie sociale mais aussi selon la saison et le contexte géographique ou politique, économique ou social des Marrakchis à un instant T. Nous avons choisi d’expliquer les trajectoires des Marrakchis en les distinguant selon leurs motivations, leur contexte ou les conditions structurelles qui les entourent afin d’en faciliter la compréhension. Nous sommes conscients que ces mouvements sont souvent la résultante de la combinaison de plusieurs éléments et non d’un seul.
En effet, il est généralement reconnu que les gens se déplacent en fonction de plusieurs facteurs. Leurs déplacements peuvent ainsi dépendre de raisons professionnelles (nouvel emploi, missions, métiers saisonniers), de raisons culturelles (mariage, fête de famille, vacances) et cultuelles ou de raisons personnelles (cadre et qualité de vie, quotidien, loisirs). Intéressons-nous à présent aux motivations professionnelles des Marocains et des Marrakchis.

Les motivations professionnelles

Les villes intérieures (Fès, Meknès, Marrakech) ont vu leur population grandir en raison de l’exode rural. Suite aux épisodes de sécheresse des années 1980, la recherche d’un autre travail que le travail agricole motivait la venue de ces nouveaux arrivants. Comme le souligne l’historien Pierre VERMEREN, des villes comme Fès et Marrakech atteignent le million d’habitants car elles ont drainé des populations des campagnes avoisinantes (du Haouz et de l’Atlas pour Marrakech, du Moyen-Atlas et du Rif pour Fès (Carte 02). Seules les grandes villes de la côte ont un bassin migratoire véritablement national, à commencer par Casablanca7.
Les villes côtières offrent en effet des perspectives économiques plus intéressantes et plus nombreuses. Toutefois à Marrakech, les secteurs de l’artisanat (38%), du commerce (24% avec l’hôtellerie) et du tourisme8. sont florissants. La ville joue un rôle de pôle d’attractivité et de bassin d’emplois dans les secteurs de l’administration et du BTP, ce qui a conduit une main-d’oeuvre qualifiée à venir travailler dans la Perle du sud. Dans la Ville ocre, les déplacements les plus nombreux sont ceux de la vie quotidienne, c’est-à-dire à l’échelon local. Cette appréciation de la localité varie toutefois selon les pays. Pour parler d’échelon local, la distance entre le domicile et le lieu d’arrivée est de 100 km en France, 50 km en Allemagne et 120 km (75 miles) aux Etats-Unis. Les migrations pendulaires caractérisent les déplacements des individus entre leur lieu de domicile et leur lieu de travail. Lors de ces trajectoires répétitives et collectives, les Marrakchis se déplacent durant des créneaux horaires identiques ou utilisent des moyens de transport quasiment similaires (vélos).
Une autre caractéristique de ces déplacements concerne les jeunes Marocains. Quelle que soit leur catégorie sociale, ils rêvent de partir à l’étranger. En 1998, d’après un sondage publié par Le Journal, plus de 70% d’entre eux souhaitent s’expatrier9.
Le décalage du niveau de vie entre le Nord et le Sud de la planète, véhiculé de plus en plus par les médias, les incite à partir. À ces motivations économiques s’ajoute le sentiment que la vie est courte et que la dynamique de changement engagée au Maroc risque d’être trop longue pour qu’ils puissent en recueillir les fruits10.
Diplômés des grandes écoles et bilingues (français/ arabe), leur niveau d’études les incite à s’installer définitivement à l’étranger. D’autres partent et reviennent quelques années après leur réussite. D’autres encore s’expatrient mais gardent un lien avec le Maroc : ils reviennent chaque été, mais aussi pendant les fêtes religieuses et les vacances scolaires. Ces expatriés choisissent d’étudier et de travailler majoritairement en Europe, aux Etats-Unis et en Arabie Saoudite.
La recherche d’un emploi, un nouvel emploi obtenu, une opportunité saisonnière ou une mission (militaires) conduisent les Marrakchis à se déplacer au quotidien. Les navettes sont les trajectoires qui représentent la plus grande part dans la répartition des mobilités quotidiennes. Salariés, employeurs, commerçants, artisans, professions libérales, cadres, enseignants, professionnels de la santé ou employés de l’administration se déplacent chaque jour, plusieurs fois par jour entre leur domicile et leur lieu de travail. Outre les motivations professionnelles, les facteurs culturels animent également les déplacements des Marocains et des Marrakchis.

Les motivations culturelles

Les fêtes de famille, les mariages et la visite des proches sont autant de motivations de voyager. Un mariage ou une naissance font l’objet de plusieurs jours de fêtes. Il n’est pas rare de voir s’installer dans le quartier du lieu du mariage, des chapiteaux qui abritent tables et buffets. Des chanteurs et des musiciens sont également conviés. Lorsqu’il s’agit d’une grande fête, elle se célèbre dans le quartier. C’est l’occasion de se réunir, ce qui implique des déplacements des individus.
En plus du pilier que constitue la famille, le rituel du corps fait partie des éléments majeurs de la société marocaine. Généralement, les femmes Marrakchies se rendent à pied au hammam du quartier avec d’autres femmes et/ou leurs enfants. Les hommes aussi se rendent au hammam. Les établissements ne sont pas mixtes. A chaque robinet, une personne s’installe et se douche en remplissant d’eau son seau. C’est l’occasion pour beaucoup d’apprécier l’utilisation de l’eau. En effet, tous les ménages marrakchis ne disposent pas de l’eau courante chez eux. Il est également possible de pratiquer des soins supplémentaires tels que les massages ou bien les gommages au ghassoul et savon noir.
Les hommes et les femmes de classe sociale plus élevée (CSP +) vont dans les spas et les hammams des hôtels luxueux. Enfin, les Marocains aiment se rendre dans les stations thermales. Celle de Moulay Yacoub voit ses hôtels et ses restaurants afficher complets pendant les fins de semaines et les vacances scolaires. En dehors de ces périodes, il devient alors possible de visiter la station. La renommée et l’appréciation de cette station thermale sont telles qu’il est prévu de construire une voie express entre Fès et Moulay Yacoub pour en faciliter l’accès.

Les motivations cultuelles

De nombreux Marocains effectuent le pèlerinage du Hajj à la Mecque. Après plusieurs années d’économies, des retraités ou des familles marocaines partent pour ce pèlerinage. Chaque année, un nombre limité de visas pour ces voyageurs est défini au préalable par les autorités, ce qui implique pour certains de reporter le voyage d’une année. Un phénomène de mobilité de masse caractérise les déplacements des pèlerins et il est commun de voir des groupes de personnes vêtues uniquement de blanc, se réunir à l’aéroport lorsque leur périple est organisé par un voyagiste.
Un autre élément important est la grande fête du mouton. Lors de semaine précédant cette fête de l’Aïd-el-Kébir, il est coutume de voir les Marrakchis transporter leur mouton sur leur mobylette. Le jour même de cette grande fête, les Marrakchis se rendent très tôt à la mosquée pour prier. Ces afflux de personnes vers des lieux identiques et pendant un créneau horaire similaire donnent souvent lieu à un trafic routier intense. A ce moment de l’année, il est coutume de voir des personnes en surnombre, prier à l’extérieur de chaque mosquée.
Pendant les moussem, les Marocains sont également nombreux à visiter les mausolées de leurs aïeux. Ainsi la petite ville de Moulay Brahim compte un grand nombre de visiteurs réunis pendant plusieurs jours lors de ces fêtes.
Avant la période de Ramadan ou à l’approche des grandes fêtes religieuses, les Marrakchis se bousculent dans les commerces, les épiceries et les étals des souks pour s’approvisionner en denrées alimentaires (farine, semoule, lait, oeufs, viande, légumes, fruits secs). Ce sont des périodes festives où les familles achètent plus qu’habituellement. Beaucoup se privent de ces denrées une grande partie de l’année pour pouvoir acheter davantage lors des fêtes. Pendant la période du Ramadan, les rythmes de vie sont calqués sur les horaires de prière, plus qu’à l’accoutumé. Les Marrakchis travaillent alors en horaire continu de 9h à 15h. Les horaires des banques, des administrations et des entreprises sont aménagés. Les habitants se reposent l’après-midi. A la rupture du jeûne, ils sont nombreux à se rendre à la mosquée, à nourrir les pauvres, à manger en famille puis à sortir le soir. Pendant les grandes fêtes religieuses musulmanes, les déplacements terrestres (bus, train et grands taxis) sont complets. Il devient difficile de voyager. Les Marrakchis le savent et anticipent ce phénomène en se déplaçant moins ou pas ou en pratiquant le co-voiturage.
Le Maroc étant un pays musulman, les appels à la prière rythment quotidiennement la vie des habitants. Il n’est pas rare de voir une épicerie fermer le temps de la prière et ouvrir à nouveau 15 minutes après. Beaucoup de Marrakchis prient sur leur lieu de travail ou à proximité. Sur les trottoirs très larges, il est possible de voir plusieurs personnes se réunir pour la prière dans une partie de cet espace. Des entreprises ont même aménagé des lieux de prière dans leur enceinte. Enfin, la plupart des restaurants disposent d’une mosquée, tout comme les pôles d’échange (gare, aéroport) de la ville. Le vendredi est le jour le plus important de la semaine : la prière médiane rassemble davantage de fidèles dans les mosquées. Les commerces, banques et administrations restent fermées le vendredi après-midi. Il s’agit du jour de repos des Marrakchis, et des Marocains en général. Si les déplacements des Marrakchis relèvent du domaine cultuel, ils peuvent également faire l’objet de motivations personnelles.

Les motivations personnelles : le cadre et la qualité de vie

Les différents services qu’offre la ville, incitent la population à se déplacer vers Marrakech. Cet effet de polarisation de la ville sur une large aire urbaine s’explique par deux phénomènes. D’une part, Marrakech exerce un effet de centralité à travers les phénomènes de polarisation, de concentration et de spécialisation fonctionnelle11 qui s’y opèrent. D’autre part, cette notion de centralité est renforcée par la volonté de la ville d’attirer des activités et de créer de l’animation urbaine12. En effet, les villes existent à cause des avantages économiques et sociaux de proximité13. La Ville ocre dispose en effet de structures et d’équipements divers, qu’il s’agisse d’établissements éducatifs, sociaux, médicaux, sportifs ou culturels (Annexe 02). Par le biais d’événements, la ville développe son image de marque qui se veut celle d’une ville dynamique et attractive. Le centre régional du tourisme (CRT) entend développer ce secteur toute l’année pour attirer investisseurs, hommes d’affaires et développer un tourisme de longue durée. Parmi les événements sportifs que Marrakech organise, citons le marathon international de Marrakech (26ème édition en 2015) et le rallye annuel de Formule 1 (WTCC)14. Quant aux événements culturels, les congrès, les expositions et les festivals (festival annuel international du film de Marrakech) renforcent l’image attractive de la ville.
Toutefois, suite au recensement intitulé Santé, éducation, niveau de vie concernant dix grandes villes au Maroc, Rabat figure en première place et Marrakech en dixième place. La Ville ocre doit donc améliorer son cadre de vie. Le cadre et la qualité de vie peuvent motiver les déplacements des habitants mais d’autres conditions influencent leurs déplacements comme les conditions conjoncturelles et contextuelles.

Les conditions conjoncturelles et contextuelles

Le contexte climatique

La Perle du sud compte peu de jours de pluie annuels et quelques jours très venteux (vent Chergui), le reste de l’année étant ensoleillé. Néanmoins, dès l’arrivée de fortes chaleurs en juillet et en août (50°C) et afin d’éviter l’insolation, les habitants ne sortent que si cela est nécessaire, pour des raisons professionnelles, médicales ou pour assurer les besoins primaires (boire/ manger). Il est coutume de voir les habitants sortir à pied ou à mobylette le soir, dès que les températures sont plus clémentes, vers la place Jemaa-el-Fna ou le long de l’avenue Mohammed VI. À cet endroit, nombreuses sont les familles qui se reposent, mangent et boivent le thé sur des couvertures étendues à même le sol. En dehors de la période estivale, le climat ensoleillé favorise les sorties et les déplacements des Marrakchis. Ils sortent souvent en famille durant le week-end. Le contexte climatique joue en effet un rôle influent sur les déplacements, tout comme le contexte géographique.

Le contexte géographique

Selon que les Marocains habitent en ville ou à la campagne, les trajectoires peuvent être différentes. Par exemple à la campagne, les femmes vont chercher les enfants à l’école et les raccompagnent à dos d’âne. D’autres enfants se rendent seuls à l’école. Ils reviennent à la maison en autostop car l’école étant éloignée de leur village, il n’existe pas de bus scolaire. A défaut, un homme du village peut faire office de chauffeur scolaire au volant d’un pick-up à l’arrière duquel montent les enfants. Officiellement, cette méthode n’est pas tolérée par les autorités car elle est considérée comme dangereuse. De manière générale, les habitants des campagnes ont plus d’efforts à fournir pour les tâches et trajectoires quotidiennes puisqu’il est encore rare d’avoir accès à l’eau et à l’électricité ou aux deux à la fois. Ils se déplacent surtout à pied et chargent leur monture pour transporter des marchandises. Il est courant de voir les femmes porter sur leur dos de grandes quantités d’herbes qui serviront pour le thé. Quant aux habitants du désert, ils sont moins nomades qu’auparavant. Ils deviennent sédentaires et habitent des maisons en dur plutôt que des tentes car l’école oblige leurs enfants à suivre des cours.
En ville, les enfants se rendent à l’école à pied, en voiture ou en bus. Ils peuvent suivre un parcours scolaire plus long que les enfants des campagnes puisque les structures disponibles, publiques et/ou privées, vont de la crèche à l’université en passant par le collège et le lycée. Toutefois, les enfants des communes rurales avoisinant Marrakech sont de plus en plus nombreux à rester en internat. Ils rentrent alors chez eux pendant les vacances scolaires.
D’autres enfants, en ville, ne vont pas à l’école et se déplacent d’un carrefour à un autre pour vendre de l’eau ou des mouchoirs aux automobilistes. Les jeunes filles des campagnes sont également nombreuses à venir travailler en ville comme femme de ménage. S’il existe des différences dans les trajectoires entre habitants de la campagne et de la ville, il en existe également entre les quartiers de Marrakech.

Le contexte urbain

En effet, les aménagements de la ville et de ses alentours impliquent de nouvelles dynamiques urbaines et engendrent de nouveaux déplacements. L’étalement croissant de la ville explique les trajets de plus en plus longs entre le domicile et le travail ainsi que le taux de motorisation de plus en plus élevé des Marrakchis.
Toutefois, certains ménages ne disposent pas de véhicule personnel et certains quartiers de la ville ne sont pas encore desservis en transports collectifs.
« La périphérie doit donc évoluer vers la création de pôles de services, articulés autour des axes de transports et plus particulièrement près des lieux de mobilité (gares, métro ou même stations-services) »15.
L’afflux croissant de population à Marrakech ainsi que la surdensité de la médina ont conduit la Ville ocre à résoudre les déséquilibres engendrés par cette métropolisation. De ce fait, la commune urbaine de Marrakech a choisi de créer de toutes pièces une ville nouvelle appelée Tamansourt (Figure 03). Sortie de terre en 2005, elle est située à 10 km au nord-ouest de Marrakech. Actuellement, Tamansourt compte 50000 habitants et le projet prévoit une population de 200000 à 300000 habitants. Des villas, des riads et des appartements s’y construisent ainsi que des logements sociaux et des villas économiques, au coeur d’infrastructures et de superstructures qui seront novatrices.

Plusieurs modes de transport sont disponibles à Marrakech

Dans la Perle du sud, il est possible de se déplacer en voiture, en taxi, en bus, à pied, à vélo, à moto, en charrette et en calèche. Il est possible de louer différents types de véhicules : voitures, motos, 4×4 et vélos électriques. Le site de Marrakech est un site géographique plat, favorisant ainsi l’utilisation des deux-roues. Le déplacement en calèche et en charrette est une caractéristique de Marrakech qui compte également une grande mobilité pédestre.

A pied, en charrette et en calèche

Le déplacement à pied est le seul moyen de visiter la médina. C’est aussi le moyen le plus commode car les ruelles sont étroites et encombrées. Beaucoup de Marrakchis et de touristes se déplacent à pied dans la ville pour des raisons de praticité, en particulier dans la ville ancienne qui dispose d’une trame urbaine aux rues étroites et enchevêtrées. Toutefois, pour les uns, la faiblesse du niveau des revenus et la baisse du pouvoir d’achat ne laissent d’autre alternative que la marche sur de longues distances. Pour d’autres, il s’agit du prix élevé du carburant ou de celui des véhicules à l’achat.
Quant au déplacement en charrette, il est surtout utilisé pour la vente de fruits et légumes dans les différents quartiers ou bien pour le transport de matériaux à l’intérieur de la médina (Figure 08). Les charrettes sont utilisées au maximum de leur volume pour desservir les différents quartiers de la ville sur une grande amplitude horaire journalière. Des trucks sont également customisés et adaptés avec le système-D pour transporter des volumes importants de marchandises. Il est également courant de transformer l’usage initial d’un véhicule : l’utilisation des trucks à ciel ouvert devient un transport de personnes avec cinq ou six personnes à l’arrière du véhicule.
Concernant les calèches, elles font partie du folklore marrakchi pour faire le tour des remparts, visiter la médina (Figure 09) ou découvrir le quartier huppé de la Palmeraie. Rares sont les villes au Maroc à avoir conservé la calèche comme mode de transport. Toutefois, son utilisation est appréciée des Marrakchis comme des visiteurs. Les calèches sont stationnées à l’ouest de la place Jemaa-el-Fna, à l’intérieur de Bab Doukkala et aux abords des grands hôtels. L’arrêt principal des calèches se trouve face au Club Med, au niveau du square Foucauld, ou place de la Liberté, à la jonction du quartier de l’Hivernage et du quartier Guéliz (Carte 03).
Marrakech compte 150 calèches environ. Elles doivent satisfaire au contrôle du bureau des voitures chaque matin. Le cocher peut la louer pour 1500 Dhs (Dirhams) mensuels ou l’acheter (prix allant jusqu’à 300000 Dhs). Toute calèche est tenue d’acheminer ses voyageurs de la place Jemaa-el-Fna jusqu’à la gare routière pour 15 Dhs. Il s’agit de l’ancienne ligne créée sous le protectorat français. Les prix sont affichés. La course coûte 20 Dhs. Le tarif horaire varie de 60 à 80 Dhs voire 100 Dhs et il est possible de monter à quatre personnes. Il faut compter 120 Dhs pour une durée de 30 à 40 min de calèche pour aller du Mellah à Majorelle avec le tour des remparts. Pour un grand tour, le prix approximatif est de 200 Dhs (18,20 €). D’autres modes de transports sont également disponibles, tels que la voiture, la motocyclette ou le taxi.

En voiture, à moto et en taxi

En voiture, il est possible de parcourir le reste de la ville. Il y a souvent des embouteillages les vendredis et samedis soirs, surtout depuis la mise en service de l’autoroute de Casablanca. Louer un véhicule est une solution envisageable pour se déplacer dans la Ville ocre. Plus de 400 agences de location de voitures sont installées à Marrakech: grands loueurs internationaux (Avis, Europcar, Holiday Autos) tout comme agences locales (Raid Evasion, Mexicana Tours, Fun Burn, Moda Car, Loc 2 Roues, Chevalier Cars, Sky Car). Il est possible de louer une voiture, un 4×4, une moto, un scooter ou un deux-roues. La location de voiture au Maroc est assez onéreuse, surtout en haute saison : environ 400 Dhs/jour pour un véhicule de catégorie A, avec l’assurance. La location d’une voiture de catégorie moyenne coûte 500 € pour la semaine mais le prix peut être moins cher par un voyagiste23. L’agence de location Auto-Escape réserve auprès des loueurs de gros volumes de location et propose ainsi des tarifs très compétitifs.
Les voitures de location sont disponibles pour les personnes d’au moins 21 ans. La plupart des permis de conduire européens sont reconnus au Maroc. Toutefois, un permis de conduire international est recommandé. L’agence a le droit de vérifier les dossiers de conduite pour les violations avant d’approuver la location. Dans la médina, il faut savoir que la place Jemaa-el-Fna est interdite aux voitures dès 13h. Outre la voiture, le deux-roues est très utilisé dans la Perle du sud.
Le deux-roues est en effet le moyen de déplacement le plus utilisé à Marrakech et le plus prisé des habitants (Figure 10) : la ville compte 500000 engins dont 140000 motos. De nombreux parkings pour les mobylettes et les motos existent dans plusieurs quartiers de la ville.
Ce peut être un moyen de transport pratique pour découvrir les environs de Marrakech. Il est recommandé de s’adresser à un loueur qui a pignon sur rue, car la plupart d’entre eux n’ont pas d’assurance. Pour deux personnes, le prix journaliser varie de 400 à 600 Dhs (36 à 54 €), quasiment le prix d’une location de voiture de catégorie A. Des motocycles peuvent également se louer dans les quartiers Guéliz, Hivernage et Assif (Carte 03 p. 43).

Un accroissement démographique

En effet, en 30 ans, la population marocaine a doublé. En 2004, le Royaume recensait 29,9 millions d’habitants et selon les estimations du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP), le Maroc devrait compter 38,7 millions d’habitants vers 2025. La population est très jeune. Au Maroc en 2005, sur 100 habitants, 30 à 39 personnes ont moins de 15 ans (soit le double par rapport à la France)43. En 2006, sur 100 habitants, 55 ont moins de 25 ans.
Bien que l’indice de fécondité marocain ait connu un ralentissement depuis les années 2000, passant de 7 enfants par femme en 1960 à 2,8 enfants par femme en 2007, il reste important en comparaison avec les indices européens. Du fait de la structure de la population qui reste jeune -les moins de 20 ans représentent encore près de 45% des habitants en 2005- (Figure 18), la baisse de l’indice de fécondité marocain ne ralentira que faiblement l’accroissement démographique du Royaume.
Toutefois, la baisse de l’indice de fécondité témoigne d’un changement des mentalités. Le modèle de la famille traditionnelle intergénérationnelle est ainsi remis en cause au profit de la famille nucléaire. Le retard de l’âge du mariage, le développement de la scolarité et l’entrée des femmes sur le marché de l’emploi comptent parmi les facteurs qui ont engendré ce phénomène. Par ailleurs, les jeunes aspirent de plus en plus à un style de vie occidental, véhiculé, entre autres, par les médias qu’ils regardent quotidiennement. Ainsi, en quelques décennies, de nouveaux modes de vie ont vu le jour.

De nouveaux modes de vie

Les familles vivent dans des maisons ou des appartements de taille plus modeste, avec un niveau de confort plus élevé. Elles privilégient l’achat plutôt que la location. Avec la hausse des revenus, l’accès à l’automobile s’est étendu à un plus grand nombre de ménages. La mobilité motorisée a donc augmenté.
Par rapport à la génération précédente, les femmes sont également plus nombreuses à occuper un emploi Elles sont plus mobiles et conduisent des vélos, des mobylettes, des scooters ou des automobiles. En effet, le transport non motorisé, comme la bicyclette, est souvent inabordable et, lorsqu’un moyen de transport mécanique est disponible dans le ménage, il est généralement monopolisé par le chef de famille masculin. L’utilisation des bicyclettes par les femmes peut être jugée inconvenante.
Néanmoins, lorsque suffisamment de femmes commencent à l’utiliser et que les avantages pour l’ensemble du ménage deviennent évidents, la pratique bénéficie rapidement de l’approbation sociale44. Cette mobilité des femmes a des répercussions dans la société. Les ménages les plus aisés achètent un ou plusieurs véhicules motorisés pour rendre leurs déplacements plus pratiques.
Par ailleurs, les flux de migration vers les zones péri-urbaines augmentent car les prix de l’immobilier et ceux du foncier y sont plus attractifs que dans le centre de la ville. A cela s’ajoute le caractère non maîtrisé de l’urbanisation -extensive et consommatrice- qui provoque un allongement généralisé des distances à parcourir. Or, l’offre de transport collectif n’est ni coordonnée ni proportionnelle avec la transformation urbaine, ce qui contribue également à l’accroissement de l’achat de véhicules individuels motorisés et à l’augmentation du nombre de déplacements motorisés.
De plus, l’accroissement démographique de la ville et l’étalement urbain se traduisent sur le plan des mobilités urbaines, par des déplacements plus nombreux, plus fréquents et plus variés. L’étalement urbain se caractérise par l’utilisation de plus en plus massive de la voiture et des deux-roues (croissance horizontale) tandis que l’accroissement démographique se traduit par la multiplication des logements et une élévation de la hauteur des immeubles, passant d’un R+2 à un R+6 (croissance verticale). Les habitants de Marrakech et de la région du Tensift al Haouz ont besoin de transports en commun, accessibles et fréquents. Les modes de transport doivent permettre de faciliter cette mobilité, quel que soit le moyen de locomotion choisi. En effet, faciliter la mobilité est bénéfique pour l’essor économique de la région. Rendre accessible différents lieux par des moyens rapides et sécurisés permet d’économiser du temps dans les échanges de marchandises, d’informations ou entre les personnes.
La question des déplacements au départ ou à destination de Marrakech constitue un enjeu urbain essentiel. En effet, 40% de la population de la région du Tensift al Haouz vit en milieu urbain et parmi elle, 69% habitent la ville de Marrakech45. La Perle du sud constitue par ailleurs un bassin d’emploi et un bassin d’activités important pour la région du Tensift al Haouz : 60% des flux migratoires de la région convergent vers la Ville ocre.

L’aéroport de Marrakech-Menara

Sur les quinze aéroports que compte le Maroc, deux sont implantés dans la région du Tensift : celui de Marrakech et celui d’Essaouira.
L’aéroport d’Essaouira est situé à 16 km du centre de la ville éponyme. Il offre une capacité d’accueil de 96000 passagers par an. En 2008, ce sont près de 29000 passagers qui ont transité à travers cet aéroport. En 2013, les vols directs vers Essaouira étaient en augmentation. L’Office Marocain du Tourisme (OMT) souhaite développer les liaisons directes avec la Pologne, l’Angleterre, la Suisse (Genève) et la France (Bordeaux, Lyon).
Quant à l’aéroport de Marrakech-Menara, c’est le deuxième aéroport d’importance au Maroc après celui de Casablanca. Situé à trois km du centre-ville, l’aéroport de Marrakech-Menara (Figure 19) est accessible par un bus navette et par les petits et les grands taxis.
Le bus navette propose des dessertes toutes les heures de 6h à 00h25 au départ de l’aéroport, et de 6h40 à 23h40 au départ du centre-ville. Le tarif aller coûte 20 Dhs et l’aller-retour coûte 30 Dhs. Des petits et des grands taxis sont disponibles à l’aéroport (parking 1, terminal 1, 24h/24 et 7j/7). Les tarifs des petits taxis depuis l’aéroport sont de 50 Dhs pour aller jusqu’à la médina et de 60 Dhs pour rejoindre Guéliz. En soirée, le tarif passe à 150 Dhs pour rejoindre le quartier Targa52. Le bus-navette disponible depuis l’aéroport a été créé récemment. Il dessert 16 points d’arrêt répartis entre les quartiers Hivernage et Guéliz, la place Jemaa-el-Fna, la gare routière de Bab Doukkala et la gare ferroviaire ONCF (Carte 11). Le trajet du centre-ville vers l’aéroport (navette direction Essaouira) dure 25 min tandis que le trajet de l’aéroport vers le centre-ville (navette direction Centre-ville Marrakech) dure 15 min. Certains hôtels disposent d’un véhicule avec chauffeur qui vient accueillir les touristes directement à l’aéroport. Il est également possible de louer un véhicule auprès des onze agences de location de voitures de l’aéroport53.
Le terminal 1 de l’aéroport de la Ménara a été agrandi et rénové en 2008, en préparation de l’augmentation du nombre de vols journaliers à destination et au départ de Marrakech. Le terminal 2, lui, est en service depuis 2005. L’ouverture d’un troisième terminal est prévue, ce qui portera la capacité d’accueil à huit millions de passagers par an au lieu des quatre millions de passagers actuels.
Résolument moderne, ce nouveau terminal 1 accueille 25 compagnies aériennes vers 62 destinations (Annexe 03). Le Travel and Leisure Magazine cite l’aéroport de Marrakech-Menara comme l’un des plus beaux parmi les 13 aéroports mondiaux retenus, dont ceux de New-York, Denver et Hong-Kong. Le magazine souligne que c’est l’illustration d’un mariage réussi entre l’art architectural islamique et l’architecture moderne et que la robustesse de son design est tempérée par d’exquises arabesques sur verre (Figures 20 et 21).
L’autorité aéroportuaire gestionnaire est l’Office National Des Aéroports (ONDA) associé aux Forces Royales Air (FRA). L’aéroport dispose de pistes longues de 3100 m et larges de 45m, qui peuvent recevoir le B747. Le parking avions s’étend sur une superficie de 125000 m². Les terminaux (aérogares 1 et 2) disposent d’une surface de 42000m² pour une capacité de 2,5 millions de passagers par an.
Le terminal fret s’étend sur 340 m². En novembre 2010, environ 2900 mouvements passagers, 299000 voyageurs et 124 tonnes de fret ont été enregistrés pour l’aéroport Marrakech-Menara. Le transport aérien à la carte est également disponible au départ de Marrakech via des compagnies comme Palm Air Aviation (taxi aérien).
L’aéroport Marrakech-Menara, aéroport international, est la 2ème plateforme aéroportuaire et la 1ère destination charter du royaume, avec un volume de trafic de près de trois millions de passagers en 2009, soit 24% du trafic passager et 20% du trafic avion au niveau national. Le trafic charter vers le Maroc se répartit essentiellement vers Marrakech (48%) et Agadir (41%). Ce phénomène s’explique par l’implantation des compagnies aériennes low-cost telles que Jetairfly, Easyjet (2006), Transavia, ou encore Ryanair (2008). Le développement de compagnies à bas prix s’explique en partie par l’augmentation de la taille des avions et de la densité du trafic. Cela permet de développer l’offre touristique, le secteur économique (création d’emplois) et le secteur financier (apport de devises) et par conséquent, le secteur des transports de Marrakech. En effet, le transport est l’un des éléments essentiels et nécessaires à toute pratique touristique. Les transports urbains doivent permettre la fluidité des déplacements pour favoriser la venue à plusieurs reprises des touristes, des investisseurs ou des cadres.
Des vols à moins de 100 € favorisent ainsi le voyage impulsif et les week-ends touristiques vers la Ville ocre. Les compagnies les plus anciennes telles qu’Aigle Azur Maroc et Royal Air Maroc (RAM) doivent désormais partager ce marché avec les compagnies à bas prix.
Pour rebondir, la RAM a créé en 2004 sa propre compagnie charter Atlas Blue. Vendu sur Internet, un billet aller-retour avec cette compagnie charter coûte alors 180 € HT54.
En 2010, la majeure partie des passagers à destination de Marrakech n’est pas nationale mais française (environ 104000) et européenne (environ 32000). Toutefois, d’après le ministère de l’Equipement et du Transport, les principales routes aériennes internationales au départ du Maroc (Carte 12) se répartissent entre Marrakech, Casablanca, Rabat et Agadir.
Au niveau national, le CRT (Conseil Régional du Tourisme) développe les offres promotionnelles à destination de Marrakech auprès des villes marocaines. Ainsi plus de 9100 passagers marocains ont voyagé par l’aéroport de Marrakech-Menara en 2010.
La progression du nombre de visiteurs nationaux appelle à une adaptation et à une diversification des produits pour répondre à cette demande. A partir de 360 Dhs (28,80€), sans le transport aérien, les Marocains peuvent visiter Marrakech le temps d’un week-end dans un hôtel trois étoiles en demi-pension. Pour la même durée de séjour et la même catégorie d’hôtel, Essaouira est une destination accessible à partir de 1250 Dhs (100 €), transport aérien compris. Enfin, les Marocains peuvent choisir de passer une semaine à Agadir dans un hôtel quatre étoiles pour 2925Dhs (234€).
Pour tous les services rendus aux passagers, aux compagnies aériennes et aux autres usagers y compris les services de la navigation aérienne, l’aéroport de Marrakech-Menara est certifié ISO 9001/2000.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PARTIE I. LA MOBILITE URBAINE A MARRAKECH : DIAGNOSTIC URBAIN CONCERNANT LE CONCEPT DES DEPLACEMENTS
CHAPITRE I. Le concept de mobilité urbaine
CHAPITRE II. Généralités sur les déplacements et les infrastructures
PARTIE II. LA MOBILITE URBAINE A MARRAKECH : LA GESTION DES DEPLACEMENTS EST DIFFICILE
CHAPITRE III. Marrakech et les enjeux de la mobilité urbaine
CHAPITRE IV. Les stratégies que Marrakech a mis en place
PARTIE III. LA MOBILITE URBAINE A MARRAKECH : COMMENT ENVISAGER UN AVENIR MEILLEUR ?
CHAPITRE V. Des méthodes efficaces pour gérer la mobilité urbaine
CHAPITRE VI. Comment devenir une ville positive ?
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE

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