Durée de la prise alimentaire
Les temps de la prise alimentaire des deux individus à Antrema (Badrala) sont présentés cidessous (Figure 3). Pour l’individu d’Ampapamena (Amp1), le temps de la prise alimentaire n’a pas été noté précisément et ne sera pas considéré. Les fréquences de la prise alimentaire des individus de Lepilemur aeeclis varient d’une minute à 16 minutes (Annexe 9). Le temps de la prise alimentaire de Lepilemur aeeclis varie suivant l’espèce de plante, la durée totale des prises alimentaires est de 2352 secondes. Les temps les plus importants sont : 512 secondes pour Tabernaemontana coffeoides var.2 ensuite 340 secondes pour Majidea zanguebarica puis 276 secondes pour Landolphia perrieri.
Test de corrélation du nombre d’individu avec les paramètres climatiques
Les paramètres climatiques, la température et la pluviométrie, enregistrés durant l’étude sont consignés dans l’Annexe 10. La corrélation entre le nombre d’individu rencontré et les paramètres climatiques a été analysée sur R.
– Test de corrélation entre le nombre d’individu de Lepilemur aeeclis et la température moyenne : Le coefficient de corrélation égal à 0,297 montre une corrélation positive faible entre les deux variables. Le test est non significatif avec une p-value de 0,567 qui est supérieur à 0,05. La valeur Multiple R-squared indique que seulement environ 8% de la variation du nombre d’individu est expliqué par la température moyenne (Tableau VIII, Figure 6).
– Test de corrélation entre le nombre d’individu de Lepilemur aeeclis et la pluviométrie : Le coefficient de corrélation égal à 0,188 montre une corrélation positive faible entre les deux variables. Le test est non significatif avec une p-value de 0,720 qui est supérieur à 0,05. La valeur Multiple R-squared indique que seulement environ 3% de la variation du nombre d’individu est expliqué par la température moyenne (Tableau VIII, Figure 7).
– Test de corrélation entre le nombre d’individu de Microcebus murinus et la température moyenne : Le coefficient de corrélation qui est égal à 0,604 montre une corrélation positive entre les deux variables. Le test est significatif avec une p-value de 0,037 qui est inférieur à 0,05. La valeur Multiple R-squared indique qu’environ 30% de la variation du nombre d’individu est expliqué par la température moyenne (Tableau IX, Figure 8).
– Test de corrélation entre le nombre d’individu de Microcebus murinus et la pluviométrie : Le coefficient de corrélation égal à -0,645 montre une corrélation négative entre les deux variables. Le test est significatif avec une p-value de 0,023 qui est inférieur à 0,05. La valeur Multiple R-squared indique qu’environ 40% de la variation du nombre d’individu est expliqué par la pluviométrie (Tableau IX, Figure 9).
Espèces de plantes consommées par Lepilemur aeeclis
Lepilemur aeeclis n’a pratiquement consommée que des feuilles durant la totalité des suivis. Cette espèce est un animal exclusivement folivore (Charles-Dominique and Hladik, 1971). Au cours de l’observation, trois feuilles par espèce de plante ont été consommées, cette quantité semble faible et qui devrait être compensée avec d’autre source de nourriture. Les études de Charles-Dominique et Hladik en 1971 ont montré que Lepilemur dans le Sud de Madagascar sont folivores. Ils consomment en petite quantité des fruits lorsqu’ils sont disponibles (Petter, 1960), les fruits doivent être des aliments supplémentaires dans leur diète (Hladik et al., 1980; Ganzhorn, 1988; Andrews et al., 1998; Thalmann, 2001; Ganzhorn et al., 2004; Dröscher and Kappeler, 2014). D’après Martin en 1990, les fruits y semblent constituer un important rôle. D’autres études ont aussi permis d’identifier la consommation de bourgeon par L. tymerlachsoni (Sawyer et al., 2015) et de tige par L. edwardsi (Thalmann, 2001). Dans la présente étude, la consommation de fruit par L. aeeclis n’a pas été observée. Cela peutêtre due à la courte durée de l’étude et le nombre restreint d’échantillon disponible. En effet, ce dernier s’est limité à trois individus suivis pendant une nuit chacun. En outre, il y a aussi la variation régionale spécifique de la composition de la diète entre les espèces du genre Lepilemur (Andrews et al., 1998; Thalmann, 2001; Sawyer et al., 2015). L’absence de consommation de fruit pendant l’étude est probablement causée par la durée de la saison sèche. Celle-ci s’est prolongée pendant l’année dernière et qui a peut-être conduit le retard de la maturité des fruits. D’autre part, la non disponibilité des fruits matures peut être aussi évoquée comme une cause de l’absence de l’observation de la consommation de fruit par L. aeeclis. Pendant la saison humide 9,80% des arbres présentent des fruits mûrs (Ramanamisata, 2011). L’espèce de Lémurien qui est censé entrer en compétition alimentaire avec L. aeeclis est Propithecus coronatus qui est une espèce folivore. Ces deux espèces consomment les même feuilles de six espèces de plantes (Ramanankirahina, 2004; Ramanamisata, 2011) (Annexe 11). Cependant P. coronatus est une espèce diurne et L. aeeclis une espèce nocturne, il y a donc un partage temporel de la nourriture, de ce fait ces deux espèces n’entrent pas directement en compétition alimentaire. Ces espèces de plantes peuvent être des espèces qui sont les plus abondantes dans le site d’étude, les espèces les plus consommées sont souvent les plus abondantes (Seiler et al., 2014). Les résultats montrent que les fréquences de la prise alimentaire de L. aeeclis varient d’une minute à 16 minutes. Ce qui veut dire que cette espèce ne mange pas beaucoup et consacre la plupart de son temps à des séquences de repos(Charles-Dominique and Hladik, 1971; Warren and Crompton, 1997a). Leur régime folivore exige un minimum de déplacement (CharlesDominique and Hladik, 1971). Après un suivi de deux heures de l’espèce, celle-ci ne bouge pratiquement plus. Selon Charles-Dominique et Hladik en 1971 encore, l’espèce de Lepilemur qu’ils ont étudié est un animal « économe », les dépenses musculaires ne constituent guère plus de 10 % de la dépense énergétique totale. Son alimentation très pauvre est associée à une caecotrophie ou réingestion des matières fécales (Hladik, 1978). Cette adaptation lui permet d’absorber des protéines et vitamines B dans ces dernières (Charles-Dominique and Hladik, 1971).
Microcebus murinus
La rencontre des individus de Microcebus murinus semble être influencée par les paramètres climatiques. Plus la température augmente plus la chance de rencontrer ces individus augmente aussi. Plus il y a de la pluie, plus la chance de rencontrer ces individus baisse. Pendant la saison fraîche M. murinus entre en période de torpeur mais devient active pendant la saison chaude (Mittermeier et al., 2014), ses activités peuvent être influencées par la température. L. aeeclis n’entre pas en période de torpeur, la température n’influence pas ses activités. L’étude a montré une estimation de 419,12 individus/km2 pour les 2 sites (Ampapamena et Antrema), c’est une valeur élevée si on la compare avec celles d’Ankarafantsika et de Kirindy pour la même espèce avec respectivement 167 individus/km2 et 180 individus/km2 (Andriaholinirina et al., 2014). Il est à noter que la NAP d’Antrema est consituée par des forêts discontinues, éparpillées en plusieurs fragments de dimension variables; cette valeur peut être due à la capacité de M. murinus à mieux s’adapter dans les forêts fragmentées (Mittermeier et al., 2014). Ganzhorn et Schmid en 1998 ont noté d’ailleurs que ces derniers peuvent survivre dans des habitats dégradés et de plus cette espèce a été aperçue sur une plante, Bismarckia sp. (satrana), dans un milieu ouvert à proximité d’une forêt (observation personnelle de l’auteur). Cette espèce est donc capable de se déplacer entre les différents fragments de forêt. Bien que l’habitat soit perturbé, des études ont montré aussi que des Microcèbes sont encore présents dans de nombreux fragments de forêt. La densité de population y est souvent importante et peut parfois atteindre 400 individus/km² (Hladik et al., 1980; Harcourt and Thornback, 1990; Andriaholinirina et al., 2013). En outre les résultats montrent une différence entre la densité de Microcebus murinus à Antrema et à Ampapamena. Les données météorologiques collectées durant l’étude ont montré qu’il n’y avait pas encore de précipitations lors des études à Antrema mais par contre il y en avait lors des études à Ampapamena. La pluie pourrait donc être à l’origine de la diminution des rencontres selon les tests statistiques et la différence de la densité entre ces deux sites.
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Table des matières
INTRODUCTION
GENERALITES
I. METHODOLOGIE
1. Milieu d’étude
2. Période d’étude
3. Climat
4. Espèces étudiées
4.1. Position Systématique
4.2. Caractères morphologiques
4.3. Distribution géographique
4.4. Statut de conservation
5. Régime alimentaire de Lepilemur aeeclis
5.1. Identification des espèces végétales consommées
5.2. Exploitation des strates
6. Identification des arbres gîtes diurnes
7. « Line transect Distance Sampling »
7.1. Estimation de la densité des animaux
7.2. Détermination de la présence/absence d’animaux
8. Prise de la température et de la pluviométrie journalière
9. Analyses statistiques
II. RESULTATS ET INTERPRETATIONS
1. Régime alimentaire de Lepilemur aeeclis
1.1. Diversité de l’alimentation
1.2. Durée de la prise alimentaire
1.3. Parties de la plante consommées
1.4. Exploitation des strates verticales de la forêt
2. Diversité des arbres utilisés comme gîtes diurnes
2.1. Diversité au niveau des familles et espèces d’arbres
2.2. Diversité des gîtes diurnes
2.3. Caractéristiques des arbres gîtes diurnes
3. Densité estimée
4. Test de corrélation du nombre d’individu avec les paramètres climatiques
III. DISCUSSIONS
CONCLUSION
RECOMMANDATIONS
BIBLIOGRAPHIE
WEBOGRAPHIE
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