Des initiatives à mener en classe pour développer le plaisir de lire à l’école

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Plaisir de lire et réussite scolaire

Il est intéressant de se référer à l’étude PISA 20099 qui consacrait un chapitre entier au plaisir et à l’engagement pour la lecture à l’âge de 15 ans. Les résultats de l’enquête PISA 2009 publiés en 2011 par l’OCDE dans Regards sur l’éducation, révèlent que dans les pays de l’OCDE, « les 25 % d’élèves qui prennent le plus plaisir à lire, l’emportent sur les 25 % d’élèves qui prennent le moins de plaisir à lire d’un niveau et demi de compétence en compréhension de l’écrit ». Les résultats de PISA 2009 corroborent ainsi les conclusions d’autres études et montrent que le plaisir de lire est un élément déterminant pour devenir un lecteur compétent et efficace. Pour autant, il n’y a pas de lien direct entre plaisir de lire et compréhension de l’écrit. Il semble plutôt que plaisir de lire et compréhension de l’écrit s’enrichissent mutuellement dans une association spiraliforme, un cercle vertueux en quelque sorte : pour prendre du plaisir à lire, il faut comprendre ce qu’on lit or plus on comprend ce qu’on lit, plus on prend du plaisir à lire… Et plus on lit ! Ce constat rejoint les études publiées par Fredericks, Blumenfeld et Paris en 2004 qui démontrent que le niveau de compétence antérieur est une variable prédictive très probante du niveau de compétence futur10. Au regard des résultats de PISA 2009, il apparait donc que le lecteur qui lit par plaisir tend à devenir un lecteur plus compétent que celui qui ne lit pas par plaisir. Toutefois, on se doit de noter également que les élèves peuvent réussir scolairement sans pour autant aimer lire et que d’autres peuvent se trouver en difficulté scolaire alors même qu’ils prennent du plaisir à lire. Développer le goût pour la lecture n’est donc pas, non plus, une recette miracle pour venir à bout de toute difficulté scolaire. Il s’agit d’une piste parmi d’autres, qu’en tant qu’enseignante, j’ai choisi de suivre pour tenter de transmettre à mes élèves, cette joie et cette ressource indicible que me procure la lecture et qui m’a été transmise,aussi, dans mon enfance. Comme l’a écrit Victor Hugo : « Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout ».
Autre point majeur soulevé par PISA 2009, plus un élève passe de temps, chaque jour, à lire par plaisir, meilleurs sont ses résultats en matière de compréhension de l’écrit. Encore une fois, on entre dans un cercle vertueux : le lecteur à l’aise lit davantage, c’est-à-dire, plus longtemps car il est motivé. Ainsi il enrichit son vocabulaire et améliore ses capacités de compréhension. « Le simple fait de lire par plaisir 30 minutes par jour améliore de façon significative la performance des élèves »11.
L’enquête PISA 2009 s’intéresse également aux relations entre le type de lecture et la performance des élèves. On peut noter dans les résultats de PISA 2009 que les élèves lisant des fictions par plaisir sont « nettement plus susceptibles d’être des lecteurs compétents dans la plupart des pays »12.
Enfin, il convient de noter que les résultats de PISA 2009 indiquent que les filles lisent plus par plaisir que les garçons et que les élèves issus d’un milieu socio-économique défavorisé lisent moins par plaisir que les autres. Cet écart entre milieu favorisé et milieu défavorisé est particulièrement prégnant en France comme l’indiquent Sylvie Fumel et Bruno Trosseille : « En France, contrairement à la plupart des pays, il est à noter que le plaisir de la lecture varie plus entre les élèves issus de milieux socio-économiques favorisés et défavorisés, qu’entre les filles et les garçons »13.

Le plaisir de lire : état des lieux

Il est donc acté, d’après PISA 2009 et d’autres études que le plaisir de lire a un effet bénéfique sur la compréhension de l’écrit et donc sur la réussite scolaire. Mais aujourd’hui, qu’en est-il du plaisir de lire ? Les jeunes lisent-ils encore et si oui est-ce par plaisir ?
On entend très souvent un message alarmiste constatant que de nos jours, les jeunes ne lisent plus, que les autres activités, notamment toutes les pratiques liées aux écrans ont eu raison de la lecture et encore plus du plaisir de lire. En consultant les résultats de l’étude PISA 2009 et l’analyse réalisée par Sylvie Fumel et Bruno Trosseille14, on observe en effet une désaffection pour la lecture « plaisir » : entre 2000 et 2009, en France, le pourcentage d’élèves qui déclarent ne pas lire par plaisir est passé de 30 % à 39 %. Il y a donc une baisse significative du plaisir de lire chez les jeunes français. En France, cette baisse du plaisir de lire est plus marquée chez les garçons issus des milieux socio-économiques les plus défavorisés. Le Centre National du Livre (CNL) a réalisé une étude, en partenariat avec Ipsos, dont les résultats ont été présenté par Vincent Monadé, président du CNL, le 28 juin 201615. Cette étude basée sur un échantillon représentatif de 1 500 jeunes âgés de 7 à 19 ans révèle que la lecture prescrite est très présente puisque 89 % des jeunes lisent pour l’école mais que l’intérêt suscité pour les livres lus dans ce cadre est mitigé avec seulement 52 % d’agrément. Encore une fois, contrainte et plaisir semble s’opposer.
Si on s’arrête aux résultats de PISA, il semble que le plaisir de lire diminue et que la situation s’aggrave d’année en année. Le plaisir de lire serait-il ringard, ou pire, mort ?
Lors d’une communication intitulée « Pourquoi les jeunes lisent-ils encore » à l’occasion de la conférence de consensus organisée par le CNESCO les 16 et 17 mars 2016, Christine Détrez est revenue sur les pratiques de lecture des jeunes dans et hors de l’école 16. Tout d’abord, la sociologue revient sur un élément clé : ce passé mythique peu éloigné pendant lequel tous les jeunes auraient lu et lu beaucoup. Elle rappelle que cela n’est pas vrai. Les jeunes ne lisaient pas plus il y a un siècle qu’aujourd’hui. Rolande Causse souligne également ce point dans son ouvrage Qui lit petit,lit toute sa vie17, en rappelant : « Il y a cent ans, on affirmait que la lecture encourageait la paresse. Il y a cinquante ans, on disait que la lecture était une perte de temps ». Les conclusions de l’étude menée par Ipsos pour le CNL révèlent que les jeunes, d’aujourd’hui, lisent et même qu’ils aiment lire .
89 % des jeunes lisent pour l’école.
78 % des jeunes lisent pour leur loisir.
77 % des jeunes de 7 à 19 ans aiment lire, dont 33 % adorent et seuls 4 % détestent.
En primaire, les chiffres sont encore meilleurs : 89 % des enfants déclarent aimer lire et 40 % adorent.
En moyenne, au cours des trois derniers mois, les jeunes ont lu 6 livres.
En tête des motivations de lecture des jeunes on retrouve le plaisir (55 %), la détente (48 %), l’évasion, le rêve (42 %)
Les jeunes lisent en moyenne 3 heures par semaine pour leur loisir.
En revanche, l’étude du CNL montre que le taux de lecture pour le loisir baisse fortement à l’entrée au collège. La pratique de la lecture baisse avec l’âge : 90 % des 7-11 ans lisent des lives dans le cadre de leurs loisirs, ils ne sont plus que 74 % entre 11 et 15 ans et 69 % après 15 ans. C’est un élément que Christine Détrez avait également mis en avant dans son étude. Les jeunes lisent de moins en moins au fur et à mesure qu’ils avancent en âge. Ainsi, 33,5 % des enquêtés de l’étude de Christie Détrez déclaraient lire des livres tous les jours à 11 ans, il ne sont plus que 14 % à 15 ans et 9 % à 17 ans. .. Pour Christine Détrez, si les adolescents lisent moins, c’est essentiellement parce que d’autres activités, d’autres loisirs prennent le relais. L’enquête CNL/Ipsos révèle le même constat : c’est la concurrence des autres activités et le manque de temps qui sont les freins majeurs à la lecture. Ainsi d’après l’étude CNL/Ipsos, la lecture arrive en 7e position des activités pratiquées par les jeunes derrière « regarder la télévision », « écouter la radio ou de la musique », « aller sur Internet » ou encore « voir ses amis ». Par ailleurs, Christine Détrez ajoute que c’est aussi parce qu’ils abandonnent une pratique liée, selon eux, à l’enfance que les adolescents lisent moins. Toutefois, Christine Détrez note un élément capital : si les jeunes lisent moins, cela ne signifie pas pour autant qu’ils ne sont plus attachés à la lecture. En effet, lors de ses travaux, elle a constaté un attachement symbolique fort pour la lecture puisque, quel que soit l’âge (11, 13, 15 ou 17 ans), les jeunes ont tous déclaré un attachement plus fort aux livres qu’à la télévision ! Lire moins ne signifie pas ne plus aimer lire ou ne plus prendre de plaisir à lire ! Pour Christine Détrez, si les jeunes continuent à lire, malgré les sollicitations fortes des autres loisirs, c’est d’abord parce que les livres permettent, encore aujourd’hui de tisser des liens, de sociabiliser entre pairs. Il sont également essentiels pour faire vivre des émotions : les jeunes lisent pour rire mais aussi pour pleurer. Les livres apparaissent comme des ressources face à l’adversité mais aussi comme des accompagnateurs à l’élaboration de son identité. Par ailleurs, elle note que la lecture s’inscrit dans les autres pratiques de loisirs avec par exemple, des échanges sur les réseaux sociaux à propos des livres lus ou encore la création de fanfiction. Autant de pistes intéressantes qui justifient de faire découvrir et d’entretenir le plaisir de lire à l’école primaire pour qu’il se poursuive par la suite.

Jeunesse : une production éditoriale dynamique

La lecture n’est donc pas morte auprès des jeunes ! Si on regarde les chiffres du secteur de l’édition jeunesse publiés par le Syndicat National de l’Édition (SNE)18 dans son enquête de branche, on ne peut que constater un bouillonnement et une production prolifique. En 2016, le chiffre d’affaires de l’édition jeunesse en France s’est élevé à 364 millions d’euros soit une croissance de 5,2 % avec 87 675 exemplaires vendus. 16 521 titres jeunesse ont été publiés. Parmi ces titres, la fiction jeunesse, adolescents et jeunes adultes représente 7 052 titres, l’éveil/petite enfance 8 479 titres et les documentaires et encyclopédie 990 titres. Il est intéressant de noter qu’au sein de l’édition jeunesse, c’est le secteur fiction qui réalise la meilleure performance avec un chiffre d’affaires en hausse de 14,2 % et des ventes également en hausse, +6,1 %. La production éditoriale jeunesse est particulièrement dynamique, signe que les jeunes lisent toujours et que la demande vis-à-vis de cette activité reste forte, voire progresse. Évidemment, ce n’est pas parce que les livres jeunesse se vendent qu’ils sont systématiquement lus, toutefois, cette progression est encourageante quant à l’intérêt porté par les jeunes mais aussi tous leurs prescripteurs de lecture : en premier lieu les parents et les proches mais aussi les enseignants, les bibliothécaires, les animateurs de centre de loisirs, les médiateurs culturels.
Au sein de ce foisonnement il n’est pas évident de se retrouver, notamment pour les professeurs des écoles dont la polyvalence, si elle fait une grande richesse de leur métier, nécessite une certaine sélectivité et efficacité. Pourtant, il est essentiel au professeur des écoles de s’intéresser et de connaître la littérature jeunesse pour pouvoir la proposer à ses élèves et développer leur goût pour la lecture. Mais, comment avec autant de nouveaux titres chaque année, être toujours en mesure de proposer aux élèves des titres récents, de qualité et suivre l’évolution des genres ? Comment ne pas rater des pépites dans ce torrent d’ouvrages publiés ? Il est évidemment impensable pour un professeur des écoles de lire, n’y même de s’informer sur l’intégralité des ouvrages nouveaux publiés chaque année. C’est pourquoi il me semble utile pour les enseignants d’utiliser des sources d’informations complémentaires et de se rapprocher, à la fois des libraires et des bibliothécaires spécialisés en jeunesse. A cet égard, on peut citer l’association des libraires indépendants spécialisés en jeunesse « Librairie Sorcières »19 qui publie chaque lundi le webzine Citrouille Hebdo20, trois newsletters par semaine présentant un livre et le magazine Citrouille trois fois par an. Voici un moyen d’effectuer une veille professionnelle sur ce secteur. Fréquenter régulièrement les bibliothèques et librairies jeunesse de quartier me semble également nécessaire pour se tenir informé des nouveautés. Nous voyons donc qu’il faut connaître la littérature jeunesse et l’aimer pour pouvoir la prescrire efficacement aux élèves. Au-delà, il semble indispensable de s’informer sur les goûts de lecture des jeunes pour leur proposer aussi des livres qui les attirent. En effet, le plaisir de lire vient, souvent, d’une rencontre avec un livre, une histoire, un personnage qui parle au lecteur, qui fait écho à son vécu personnel. C’est pourquoi, connaître les genres lus et appréciés par les jeunes semble utile afin de leur proposer des livres qui leur parlent. Ensuite, rien n’empêche, une fois que le virus de la lecture a pris, de s’éloigner et de proposer des nouveautés, des livres qui s’éloignent des choix initiaux des élèves. Donner le goût de lire c’est aussi réaliser une éducation au choix auprès des élèves en leur proposant des ouvrages diversifiés, suffisamment proches de ce qui les touche et de ce qu’ils ont déjà lu pour les attirer et suffisamment différents pour développer leur curiosité et leur envie de lire.

Quelles actions mener pour donner le goût de lire ?

Le panorama des lectures des élèves étant dressé, il convient maintenant de s’intéresser aux actions qu’il est possible de mettre en place, à l’école, au sein de la classe pour cultiver le plaisir de lire. On l’a vu, la lecture, sa motivation et son plaisir sont fortement corrélées à l’origine socio-économique et à l’environnement familial des élèves. Le plaisir de lire, naît , semble-t-il, tout petit. Le contact régulier des bébés avec des livres, le fait que les parents, les proches lisent des livres à leur enfant semble essentiel. Pour autant, est-ce que tout se joue avant 5 ans ? Est-ce qu’un élève de CM2 qui n’aime pas lire est perdu pour ce plaisir ? Je ne le crois pas, les chercheurs qui s’intéressent à ce sujet non plus. Christian Poslaniec dans Donner le goût de lire, le dit très clairement : « Quel que soit l’âge des personnes qui n’aiment pas lire, il y a toujours quelque chose à faire pour qu’elles découvrent ce plaisir ». Pour ces enfants, mais aussi pour ceux qui aiment déjà lire, l’école a un rôle majeur à jouer puisque c’est la seule institution qui touche tous les enfants. Elle est un levier essentiel pour toucher les élèves qui n’ont pas – encore – découvert le goût de lire. Si un enfant n’aime pas lire, il est du ressort de l’école de continuer à lui proposer des livres, un multitude de livres pour espérer déclencher cette rencontre nécessaire à la naissance du plaisir de lire. Dailleurs, les documents d’accompagnement des programmes mettent en avant les animations lecture comme « des activités de médiation destinées à réduire l’écart (…) entre les enfants et les livres »22.
Dans son ouvrage Donner le goût de lire, Christian Poslaniec donne de nombreuses pistes d’animations que l’on peut mener, entre autres à l’école, pour développer le goût de lire des élèves. Voici quelques conseils préalables qu’il donne et que je tente de mettre en œuvre en classe : Proposer un choix très variés de livres. En effet, le plaisir de lire naît d’une rencontre personnelle, intime avec un livre or nul ne sait à l’avance ce qui peut la provoquer. Proposer une multitude de livres différents est donc un moyen de créer les conditions de cette rencontre, différente pour chacun. Le foisonnement et la richesse de l’édition en littérature jeunesse permet de disposer de cette diversité. Le rôle des bibliothèques, de classe, d’école (BCD) ou de quartier semble primordial sur ce point.
Proposer des livres qui s’adressent à l’imaginaire, ce qui ne signifie par uniquement proposer des fictions. Les documentaires peuvent aussi remplir ce rôle.
Ne pas contraindre à lire. Comme l’a dit Daniel Pennac dans la première phrase de son ouvrage Comme un roman, « le verbe lire ne supporte pas l’impératif ».
Ne pas censurer les lectures. « Du moment qu’un livre leur a permis de s’impliquer, de découvrir que la lecture peut-être un plaisir, tout est bon ! »
Ne pas imposer un sens canonique au texte. La lecture-plaisir, n’est pas confondue avec le travail de compréhension qui est également réalisé en classe.
Ne pas imposer un rythme de lecture.
Christian Poslaniec a répertorié une trentaine d’animations autour de la lecture, pratiquées dans les écoles et en dehors, à destination d’enfants de tous les âges. L’intérêt de ces animations est qu’elles permettent de faire plus que proposer des livres. Elles sont de réelles incitations à lire tout en ne contraignant pas les élèves. Il s’agit donc de créer au sein de la classe un espace de liberté, propice au développement du goût pour la lecture pour tous les élèves, quels qu’ils soient. Ces animations mettent l’accent sur les motivations ludiques et responsabilisantes qui permettent d’enrôler les élèves dans la lecture et de leur faire découvrir ce plaisir. Christian Poslaniec a réparti ces animations en quatre catégories mais se défend de dresser une typologie, en effet, souvent une animation peut être vue sous l’une ou l’autre des catégories. Toutefois, ce classement permet de mettre en avant l’intérêt de ces animations pour développer le goût de lire.
Tout d’abord, les animations d’information permettent :
d’informer les élèves quant à la diversité des livres .
d’informer les élèves sur le fait que la lecture peut être un plaisir .
de leur faire découvrir que lire, ce n’est pas seulement décoder, c’est aussi créer un dialogue entre soi, le lecteur, et le texte.
D’autres animations sont centrées sur le jeu. Elles sont donc des activités libres dans lesquelles les élèves décident ou non de s’investir. Une fois qu’ils sont engagés, comme dans tout jeu, les élèves respectent les règles du jeu. Ces animations sont donc idéales pour trouver un équilibre entre sollicitation, incitation sans contrainte et découverte du plaisir de lire.
Un troisième type d’animations mise sur la responsabilisation des élèves, c’est-à-dire qu’elles reposent sur leur engagement volontaire et actif. Ces animations permettent entre autres de créer des situations de socialisation autour de la lecture. Situations bénéfiques quant au plaisir de lire. Ces animations s’inscrivent dans la durée et se modèlent, au fur et à mesure, pour et avec la participation active des élèves.
Enfin, Christian Poslaniec propose des animations d’approfondissement dont l’objectif est de dépasser le plaisir superficiel et de s’assurer que les élèves découvrent durablement le plaisir de lire. Pour cela, il faut multiplier les livres rencontrés, multiplier les animations autour du livre. Les animations d’approfondissement permettent de travailler sur les textes complets. Cela implique que les élèves aient lu tout le texte et qu’ils en comprennent les différents niveaux de lecture.
De nombreuses animations sont proposées par l’auteur dans Donner le goût de lire. Pour avoir plus de détails et disposer des éléments nécessaires à leur application, il conviendra de se référer à l’ouvrage de Christian Poslaniec. On peut citer, entre autres, la ronde des livres les hors-textes, la lecture en réseau, le point commun, le cache-livres, les concours de lecture, les procès littéraires, les enfants conseillers.
Parmi les animations proposées par l’auteur, il y en a deux en particulier que j’ai mises en place dans ma classe : « des grand lisent à des petits » et « les enfants jury d’un prix littéraire ».

Des grands lisent à des petits

Cette animation vise à inviter des élèves à lire des albums à des élèves plus jeunes. Les jeunes élèves sont admiratifs des élèves plus âgés qui leur font la lecture. Cela permet de renvoyer, à tous, une image positive de lecteur, ce qui est particulièrement bénéfique pour les lecteurs les plus faibles. C’est une activité responsabilisante qui peut amener les élèves à fréquenter les bibliothèques municipales ou de l’école afin de trouver les albums qu’ils liront aux petits.

Les enfants jury d’un prix littéraire

Il existe de nombreux prix littéraires jeunesse dont les jury sont des classes d’élèves. C’est une animation qui présente plusieurs intérêts. La participation au prix est en soi une motivation pour lire les livres et élire son lauréat. Elle est également un excellent inducteur pour réaliser des débats en classe autour des ouvrages lus par l’ensemble des élèves. C’est la finalité sociale du prix qui motive la lecture, notamment pour les faibles lecteurs.

La lecture, un moment pour soi, mais ensemble

Pour aimer lire, encore faut-il lire, c’est une lapalissade de le dire. Pour autant c’est un point essentiel qu’il ne faut pas négliger. En effet, pour développer le goût de lire, il faut proposer aux élèves des temps pour lire…en classe, dans le cadre des horaires hebdomadaires d’enseignement. Je l’ai écrit plus haut, les élèves de ma classe, pour certains se tournaient spontanément vers un livre lorsqu’ils avaient terminé un travail. Toutefois, ce temps ne me semblait pas être un moyen de développer le plaisir et le goût de lire. Premièrement, il relègue la lecture au rang d’activité secondaire, de complément, pratiquée faute de mieux. Par ailleurs, ces temps limités ne permettent pas de créer les conditions nécessaires pour se plonger dans son livre. Ils risquent d’être interrompu, parfois au bout d’une ou deux minutes. Comment prendre du plaisir à lire si on doit sans cesse faire l’aller-retour entre son livre dans lequel on est plongé et un travail de classe exigeant toute l’attention des élèves dans un autre domaine ? De plus si on relègue la lecture plaisir à ce moment d’attente pour les élèves les plus rapides, on en exclut complètement des élèves plus lents dans la réalisation de leur travail de classe. Ainsi, certains élèves sont-ils privés de la découverte et de la pratique du plaisir de lire puisqu’ils n’ont jamais le temps de lire. Forte de ce constat, j’ai choisi de mettre en place en classe un temps de lecture quotidien à partir du mois de janvier 2018. La lecture est un plaisir individuel le plus souvent pratiqué en solitaire, dans l’intimité de sa chambre. C’est un moment ou l’on se retrouve seul, comme coupé des autres, déconnecté du monde extérieur pour mieux se connecter à son monde intérieur. Il peut donc sembler étonnant de se regrouper pour lire. Il m’a semblé intéressant, dans la perspective de faire découvrir le plaisir de lire à tous les élèves de pratiquer ce moment collectivement. C’est un moyen pour ceux qui ne sont pas encore tombés dans le plaisir de lire d’observer leurs camarades et leur professeur vivre se plaisir et d’y avoir accès eux-mêmes.
Ce moment est inspiré de la démarche mise en place par l’association « Silence, on lit !» créée par Danièle Sallenave23. J’ai mis en place ce moment dans ma classe en tentant à la fois de respecter leur démarche mais aussi de l’adapter à ma classe.
Il s’agit d’un moment quotidien de 10-15 minutes réservé à un temps de lecture silencieux pour tous les élèves et le professeur des écoles. Dans l’idéal, je souhaitais que ce moment se déroule à un horaire fixe, identique tous les jours pour le ritualiser. J’aurais aimé le fixer en début d’après-midi, à la reprise de la classe (13h35-13h50). Cependant le mardi, à 13h35, mes élèves se rendent en classe d’arts plastiques avec le professeur de la ville de Paris et il n’était pas possible de disposer de 15 minutes à ce moment. Par ailleurs, je souhaitais également pratiquer le temps de lecture le mercredi, il fallait donc le décaler au matin. C’est pourquoi, j’ai choisi, de mettre en place ce moment de 11h15 à 11h30 chaque jour. La démarche « Silence,on lit ! » précise qu’il « ne s’agit pas de lire pour lire, ni de lire n’importe quoi ». Elle invite à « privilégier les textes littéraires, de préférence des fictions ou des essais. ». J’ai choisi de prendre un peu de distance par rapport à cette exigence, au moins dans un premier temps. En effet, je ne souhaitais pas « bloquer » les élèves en les contraignant sur ce qu’ils ont le droit de lire pendant ces temps de lecture quotidiens. C’est pourquoi, la seule « obligation » de ce moment est, dans ma classe, d’être silencieux et de ne pas gêner la lecture de ceux qui lisent. Il s’agissait pour moi de susciter l’adhésion des élèves autour de ce moment. En effet, les travaux cités dans la deuxième partie de ce mémoire insistent sur la nécessité de ne pas contraindre et montrent qu’il n’y pas pas de plaisir de lire sous contrainte. Dans un premier temps, mon objectif était donc d’installer ces moments de lecture, d’observer comment les élèves y participaient. J’ai donc invité les élèves à apporter, chaque jour, un livre en classe. Pour ceux qui n’en avaient pas, ils pouvaient piocher dans les livres et magazines de la bibliothèque de classe. J’ai expliqué que chaque jour, nous prendrions un temps pour lire, individuellement mais tous ensemble, dans le silence et le calme. J’ai misé sur le fait que les élèves non lecteurs dans ces moments, observateurs de leur camarades, auraient envie de se mettre à lire en voyant les autres faire, un peu comme un tout petit qui apprend en observant les adultes et les autres enfants réaliser des choses. Viendrait ensuite le temps des propositions de lecture pour inviter les élèves à faire évoluer leur lecture. Au départ, il m’importait surtout que tous se mettent à lire. Et sur ce point, je n’ai pas été déçue ! L’engouement pour ce moment a été immédiat et unanime dans la classe. Dès la première semaine plusieurs élèves comme Timéo ou Thomas G. m’ont demandé tous les matins : « Maîtresse, on va faire le silence, nous lisons aujourd’hui ? ». J’ai senti un réel enthousiasme pour ce moment que j’ai décidé de prolonger jusqu’à la fin de l’année.

Garder trace de ses lectures : le cahier de lecteur

Comme l’indiquent les documents d’accompagnement des programmes, le carnet de lecteur vise à donner envie de lire, stimuler la lecture, donner des repères dans l’avancée de la lecture, laisser la subjectivité du lecteur s’exprimer24.
Dans la classe, ma binôme et moi-même avons mis en place un cahier de lecteur utilisé à la fois dans le cadre des œuvres étudiées en classe et dans le cadre personnel. Notre parti pris a été d’aider les élèves à comprendre ce que pouvait contenir le cahier de lecteur car pour beaucoup, ils ne savaient pas quoi noter dessus. Avec cette forme, nous espérions que ce qui est fait en classe, lors de l’étude des œuvres, aiderait les élèves à voir ce qu’ils pourraient écrire, dessiner, recopier dans leur cahier de lecteur, personnel. Toutefois, pour distinguer les lectures « de classe » des lectures personnelles, nous utilisons ce cahier avec deux entrées : d’un côté les lectures de classe, de l’autre, les lectures personnelles. Lors de la présentation de ce cahier, un affichage a été réalisé pour servir d’aide-mémoire aux élèves et les aider à s’approprier cet outil personnel. Les élèves ont été incités à : copier des passages, des phrases des mots issus des livres lus ; dessiner ou coller des images pour illustrer les lectures  noter des réflexions personnelles, des questions, des sentiments suite à une lecture  écrire à partir du texte lus (inventer la suite, le début, ajouter un dialogue, des péripéties,…).

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Table des matières

Introduction
1. Le contexte de la mise en pratique
1.1. L’école Lemercier, Paris 17e
1.2. Portrait de la classe de CM2 B
2. La lecture, les jeunes et l’école
2.1. Compétences de lecture : que disent les évaluations nationales et internationales ?
2.2. Plaisir de lire et réussite scolaire
2.3. Le plaisir de lire : état des lieux
2.4. Jeunesse : une production éditoriale dynamique
2.5. Quelles actions mener pour donner le goût de lire ?
2.5.1. Des grands lisent à des petits
2.5.2. Les enfants jury d’un prix littéraire
3. Des initiatives à mener en classe pour développer le plaisir de lire à l’école
3.1. La lecture, un moment pour soi, mais ensemble
3.2. Garder trace de ses lectures : le cahier de lecteur
3.3. La lecture, un moment de partage
3.4. Participer à un prix littéraire : le prix Janus Korczak
3.5. Comment faire rimer lecture imposée et plaisir de lire ?
3.6. Un répertoire personnel de la littérature jeunesse
3.7. Des pistes d’actions à prolonger
Conclusion
Bibliographie

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