Soutenance mémoire
L’avènement des régions et plus récemment la mise en place de la décentralisation a élargi les champs de compétence déléguées aux collectivités en matière de planification et de programmation de projet. Au sein des territoires régionaux, les politiques menées en matière d’aménagement du territoire sont d’autant plus nombreuses qu’effectives comme en témoigne l’ensemble des documents de planification mis en œuvre à différentes échelles : PLU, PLH, SDEC, SCOT, charte communale, etc. La recherche de complémentarité entre documents intervenant sur des échelles différentes mais préconisant bien souvent des orientations et des stratégies d’action similaires constituerait un but en soi à attendre. Au – delà de la complémentarité entretenue par des documents de planification de même époque, qu’en est-il des relations que peuvent nourrir des documents d’urbanisme appartenant à des époques diverses ? Quelle est la part est la part de notions préconisées il y a plus de trente ans aujourd’hui suivies et effectives ? Telle est une des thématiques : le rapport temporalité – projet qui guidera ce mémoire. Le projet de Métropole Jardin intègre cette problématique. Elaboré dans les années 70, il visait à construire un projet de métropolisation sur le territoire de la Loire Moyenne en incluant des notions et des concepts, tout à fait pionniers pour l’époque : prise en compte de la qualité paysagère, patrimoniale et naturelle des sites considérés. Ce schéma proposait en effet d’aménager un corridor fluvial comprenant les agglomérations de Tours, Blois et Orléans en intégrant les composantes physiques, naturelles et urbaines des différents sites. Un des principes généraux résultait d’une urbanisation linéaire discontinue rythmée par des coupures vertes. En passe de devenir directive nationale de l’aménagement du territoire, ce projet a finalement rencontré de nombreux obstacles et n’a jamais pu être intégralement mis en œuvre.
VERS UNE SPECIFICATION DE LA RECHERCHE
Conceptualisation
Outils de planification
Les outils et instruments de planification sont considérés comme les supports techniques mais aussi réglementaires des politiques d’aménagement du territoire. L’intérêt de leur étude et analyse dans ce mémoire de recherche est qu’ils témoignent des orientations et des actions préconisées par des stratégies mises en place aux échelles supra et infra territoriales. Ainsi, ces instruments de planification s’appliquent à des territoires locaux ou alors territoriaux. Au regard des territoires sur lesquels ils inter – agissent, ces instrument possèdent des compétences allouées spécifiques : valeur stratégique dans le cas des documents de planification territoriale et valeur réglementaire et législative dans le cas des documents de planification locale.
Le but de cette partie ne consiste pas à établir une définition exhaustive des outils de la planification territoriale mais de préciser la façon par laquelle ils seront perçus et utilisés. Dans le but de répondre à la problématique posée, nous les appréhenderons d’une part par la lecture des documents et d’autre part, par la rencontre d’acteurs formels et informels associés.
Acteurs
Un grand nombre d’acteurs est impliqué de prés ou de loin dans l’élaboration et l’utilisation des documents de planification. On peut observer une chaine d’intervenants et d’actants qui sont issus de la maîtrise d’ouvrage, de la maîtrise d’œuvre jusqu’à représenter la population elle – même qui subit les conséquences directes des orientations et des actions préconisées. Ce mémoire s’est focalisé sur la rencontre d’acteurs impliqués dans l’élaboration des documents de planification et sur les discours qui étaient affichés. Ainsi en fonction du cadre et du contexte, le discours présenté témoigne soit de pensées personnelles soit de la patte de l’institution. Les libertés de ton dépendent bien souvent de l’état d’exercice de l’acteur interrogé : un acteur ne travaillant plus au sein de l’institution présente un certain recul et s’exprime d’avantage du point de vue de sa personne ; à l’inverse un acteur encore en exercice est bien souvent le porte – parole de l’institution. La prise de conscience de cette différence de ton est nécessaire quant à l’analyse et l’étude des entretiens effectués ; en effet deux de trois principaux acteurs rencontrés disposaient de cette liberté de parole.
Définition du terme « relation »
Quelques définitions générales
Le terme « relation » se situe au cœur de ce thème de recherche. Cependant son sens relativement commun et sa définition générale amène à quelques difficultés en termes de rigueur et de précision de définition du terme. Néanmoins plusieurs définitions peuvent être présentées en fonction de champs d’intervention spécifiques: D’un point de vue mathématique, de manière informelle, une relation entre deux ensembles est « une proposition qui lie certains éléments du 1er ensemble avec d’autres éléments du second ensemble ».
L’utilisation du terme « relation » dans les sciences et mathématiques fait référence à des notions particulièrement complexes et spécialisées, notamment aux théories des grands ensembles. D’un point de vue philosophique, une relation peut se faire entre des sujets et des objets ; dans le cas où elle s’effectue réellement elle est nommée «interaction». D’autre part, dans le langage courant, l’interaction signifie l’action ou l’influence réciproque qui peut s’établir entre deux objets ou plus. Enfin d’un point de vue plus conventionnel, le mot relation se définit comme « le lien, le rapport entre des choses et des personnes » (cf. Larousse de Poche, dictionnaire des noms communs et des noms propres, précis de grammaire, 1993). C’est de cette définition relativement vague que nous partirons pour ensuite préciser le thème de la recherche.
Définition des « véhicules » associés au terme de « relation »
Rappelons l’intitulé du thème de recherche : « les relations entre le projet de Métropole Jardin et les outils de planification des agglomérations ligériennes en région Centre ». La définition retenue précédemment est donc « le lien ou le rapport entre des choses et des personnes ». Avant de préciser les liens qui sont en mesure de s’effectuer, il est nécessaire de présenter les objets et les véhicules qui se verront associées, par la suite, par d’éventuels rapports. Dans le cadre de cette recherche, les « véhicules » ou les « objets » qui seront analysés sont de deux natures :
– des documents : projet de Métropole jardin et documents de planification,
– des acteurs associés au projet de Métropole Jardin et aux documents de planification.
Ainsi partant du principe que deux ensembles coexistent (les documents et les personnes), que ces deux ensembles se subdivisent en deux sous-ensembles («Métropole Jardin » et « planification territoriale »), combien de relations peuvent s’effectuer entre ces deux sous – ensembles ? A la suite d’un calcul mathématique simple : il existe 2^2= 4 soit quatre relations que nous sommes en mesure d’étudier. Ces différentes relations peuvent être représentées de la façon suivante :
1) document « Métropole Jardin » – documents de planification,
2) acteurs « Métropole Jardin » – acteurs « documents de planification »,
3) document « Métropole Jardin » – acteurs « documents de planification »,
4) documents de planification – acteurs « Métropole Jardin ».
Ainsi en considérant le thème de recherche initial, nous serions en mesure de développer quatre types de relations. Au vu du temps imparti, le choix a été fait de ne se focaliser que sur les liens et les rapports associant le document « Métropole Jardin » et les documents de planification (relation 1). Le sens de ces liens et rapports pourrait de nouveau être précisé et détaillé : Quelle relation cherchons- nous à établir ?
1) a – Document « Métropole Jardin » → Documents de planification
1) b – Document « Métropole Jardin » ← Documents de planification.
Au final la spécification du thème de recherche est apparue de la façon suivante : quels liens, conséquences ou retombées du projet de Métropole Jardin sur les documents de planification ? Cette thématique sera amplement détaillée dans la partie suivante. Notons cependant que la description de cette relation sera complétée par des éléments descriptifs issus des trois autres relations. En effet, le discours affiché par certains acteurs, entre autres, nous permettra de confirmer ou d’infirmer certains éléments d’analyse.
Spécifier la problématique et la méthodologie de recherche
Vers une problématique de recherche
Pourquoi une comparaison projet de Métropole Jardin et documents de planification ?
Conçu dans les années 1970, le projet de Métropole Jardin n’a cependant pas été réalisé sur les territoires concernés. Connoté trop novateur, il apparaissait inadapté à son époque pour de nombreuses raisons : contexte national et régional particuliers (prémices de la décentralisation, etc.), outils d’intervention inadaptés, outils réglementaires inexistants, etc. Dans son contenu, le projet de Métropole Jardin proposait un véritable schéma d’aménagement s’appuyant sur le corridor fluvial de la Loire, parcourant les trois agglomérations Tours, Blois et Orléans. L’objectif de ce projet était de contenir le développement de l’urbanisation le long du val et ainsi de lutter contre un développement graduellement diffus et spontané qui à terme aurait signifié une perte des qualités paysagères, naturelles et patrimoniales des sites. Ainsi, afin d’éviter cette tendance naturelle, le projet de Métropole Jardin préconisait un système linéaire basé sur une urbanisation discontinue, rythmée par des coupures vertes. Le principe d’aménagement qui a guidé l’élaboration de ce schéma consistait à « renforcer l’heureuse alternance des villes et des campagnes ou des forêts le long de la vallée ». Quatre grandes orientations découlaient de ce principe et s’appliquaient à l’ensemble du val :
– le développement équilibré des grandes et des petites villes ainsi que des espaces ruraux,
– le renforcement de la cohésion de la métropole jardin,
– la discontinuité dans l’urbanisation : les coupures vertes,
– la protection et la mise en valeur des paysages.
Le projet de Métropole Jardin reste un des plus grands projets jamais conçu sur le Val de Loire. Cependant aujourd’hui, difficile est d’estimer les influences et les retombées qu’il a pu avoir. Quelques travaux de recherche existent cependant sur ses possibles répercussions, notamment sur l’agglomération d’Orléans, menés par Mr L. Berry, ancien directeur d’études de l’OREAC (en charge de l’élaboration du projet de Métropole Jardin). En plus de quarante ans, les politiques d’aménagement du territoire ont connu une réelle évolution, aussi bien dans leurs priorités que dans les stratégies mises en place. Par exemple, on peut affirmer qu’aujourd’hui les composantes environnementales sont de plus en plus prises en compte dans documents de planification. Le cas des SCOT et de son empreinte environnementale notamment au travers du Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) en atteste.
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Table des matières
Introduction
Partie 1 : Vers une spécification de la recherche
1. Conceptualisation
1.1. Outils de planification
1.2. Acteurs
1.3. Définition du terme « relation »
2. Spécifier la problématique et la méthodologie de recherche
2.1. Vers une problématique de recherche
2.2. Vers une formulation des hypothèses
2.3. Présentation de la méthodologie suivie
Partie 2 : Planification stratégique et projet de Métropole Jardin
1. Evolution des politiques d’aménagement du territoire en France
1.1. Les grandes phases d’aménagement du territoire
1.2. Les outils d’intervention de la planification stratégique : présentation et cadre
réglementaire
2. Le projet de Métropole Jardin
2.1. La politique volontariste des années 1960‐1970 au travers l’aménagement du Bassin parisien
2.2. Présentation du projet de Métropole Jardin
Partie 3 : Les outils d’aménagement de l’agglomération tourangelle
1. Apparition des éléments de référence du projet de Métropole Jardin
1.1. Eléments préconisés pour le secteur de Tours par le projet de Métropole Jardin
1.2. Méthodologie spécifique : grille de travail
2. Interrelations entre les documents de planification et le projet de Métropole
Jardin
2.1. Le Schéma directeur d’aménagement et d’urbanisme de l’agglomération de Tours (SDAU) ‐ 1972
2.2. Le Schéma directeur de l’agglomération tourangelle (SDAT) ‐ 1993
2.3 Le SCOT de l’agglomération de Tours
Conclusion
Bibliographie
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