Des analyses révélatrices de quelques dysfonctionnements

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Nuisances sonores et visuelles

Le site est soumis à différentes nuisances comme l’aérodrome qui a une activité de voltige qui occasionne à certaines périodes de l’année entre avril et août un dérangement potentiel par le passage répétitifs d’avions à très basse altitude au-dessus des étangs lorsque les avions effectuent leurs figures aériennes pendant une journée complète de 9h00 à 18h00. Il existe aussi le circuit du Bourbonnais (Figure 10) qui est séparé du domaine par la Route Départementale 286 et occasionne toute l’année du bruit jusqu’à 19h30-20h en été. Un bassin de décantation y a été construit pour permettre la récupération des eaux ruissellement et se rejette dans l’étang de l’aérodrome. C’est pourquoi des analyses d’eau et de sédiments doivent être réalisées pour mesurer si une pollution est présente ou non. Ensuite la présence d’un stand de ball-trap sur le domaine (même endroit que le permis de chasser) occasionnant de mars à octobre deux fois par semaine entre 17h et 20h une source supplémentaire de bruit. Mais, le domaine en lui-même occasionne une source de bruit avec la formation du permis de chasser (deux semaines de tirs ponctuels et diffus par trimestre), le domaine est le lieu de travail des employés de la FDC 03. La digue de l’étang du pavillon dissimule partiellement les personnes et véhicules. En effet, on suppose une nuisance visuelle majeure depuis l’étang où les toits des voitures sont visibles ainsi que tout piéton sur le chemin d’accès qui lui-même voit tout l’étang y compris la queue. L’ensemble de ces nuisances sonores et visuelles amène à penser que le site sera plus intéressant pour l’avifaune en période nocturne quand il n’y a plus aucun bruit (entre 20h et 8h). L’indice Light day evening nignt (Lden) est un indice européen qui mesure la moyenne sur 24h du bruit perçue par la population. Notre site se situe en zone modérée et faible mais il est à noter la présence d’avions voltigeurs au-dessus des étangs à moins de 50 m d’altitude (Figure 11). Une nuisance de 50 déciBels correspond au bruit d’un lave-linge qui tournerait en permanence. Au final, le territoire est impacté à environ 40% par le bruit lié à l’aérodrôme(2).

Des protocoles multiples et variés

La Fédération ne possède aucun inventaire ou recensement des espèces présentes sur les étangs du domaine à l’exception d’un tableur Excel réalisé à partir des observations faites sur l’avifaune sur l’étang du pavillon depuis les bureaux (Annexe 6). Il est donc nécessaire de mettre en place différents inventaires et protocoles dans le but de connaître objectivement la biodiversité. Après la lecture d’ouvrages, discussion avec mon maître de stage et différentes personnes de l’ONCFS, il m’a paru important de mener différents inventaires sur l’avifaune, les macroinvertébrés, les macrophytes et hélophytes et les odonates (3,26). Tous ces inventaires sont mis en place dans le but de connaître l’état des lieux des étangs mais aussi, sur une vision à court terme au printemps 2018, puis tous les 2 ans mais aussi à long terme (20-30 ans) pour mesurer l’évolution réelle des indicateurs de biodiversité (densité d’oiseaux pour 10 hectares, présence/absence d’une espèce) par rapport à l’état initial.
L’ONCFS a établi un protocole pour évaluer les populations d’anatidés nicheuses en France(4), j’ai repris ce protocole et l’ai adapté au contexte du domaine avec une observation hebdomadaire de chaque étang en eau pendant deux heures avant le coucher du soleil (heure du coucher à Moulins) de début mai à fin juillet, ce qui nous donne 13 sorties hebdomaires (Annexe 3). L’objectif dans un premier temps, avant de calculer les densités d’oiseaux est d’avoir une estimation la plus exhaustive possible des populations nicheuses tant sur l’abondance que la richesse spécifique (5).
De plus concernant la richesse spécifique, la FDC 03 applique à son échelle le protocole Wetlands au 15 janvier sur des étangs dont les propriétaires sont volontaires sur la Sologne bourbonnaise (Figure 13). Ce protocole Wetlands permet d’avoir des renseignements sur les populations hivernantes et/ou de passage en Sologne Bourbonnaise et d’adapter les aménagements sur notre site d’étude en fonction des espèces présentes.
Les invertébrés sont un maillon important de la chaîne alimentaire du fait de leur position à la base de celle-ci (24). Ils sont nécessaires à la vie des jeunes poussins ou canetons durant leurs 3 premières semaines avec un apport de protéines animales pour leur croissance. Nous souhaitons mesurer l’abondance de ces derniers ainsi que leur richesse spécifique. Le protocole d’échantillonnage vise à placer des pièges à entonnoir (Figure 14) à différentes hauteurs dans le but de récolter les invertébrés lors de leur déplacement (Annexe 4).

Une composition de l’eau à connaître

Des prélèvements d’eau et de sédiments ont été réalisés le mardi 30 mai 2017 pour connaître les différentes concentrations. Il a été choisi de faire deux points de prélèvements à l’amont et à l’aval pour observer la différence entre les étangs et l’évolution des concentrations sur le bassin versant (Figure 16). Les concentrations dans l’eau en O2 dissous, MES, nitrates, orthophosphates, magnésium, calcium, potassium, matière volatiles en suspension, fer, l’indice hydrocarbure ainsi que le pH ont été mesurées. Les hydrocarbures ont été analysés dans l’étang de l’aérodrome (eau), dans le déversoir retenue d’eau de l’étang du pavillon (sédiments) dans l’étang des Sallards (eau et sédiments) parce qu’au nord du domaine se trouvent l’aérodrome de Moulins-Montbeugny et le circuit automobile du Bourbonnais de l’autre côté de la RD 286. Il y a un bassin de décantation pour le circuit du Bourbonnais qui se rejette dans l’étang de l’aérodrome et peut donc contaminer tous les étangs du domaine et l’ensemble du bassin versant en cas de pollution.

Des déséquilibres écologiques présents et à résoudre

Certaines espèces animales comme le grand cormoran Phalacrocorax carbo, la bernache du Canada Branta canadensis, le ragondin Myocastor coypus, le héron cendré Ardea cinerea, le pseudorasbora Pseudorasbora parva peuvent générés sur certains étangs des problèmes tant sur le poisson ou bien sur les digues.
Le grand cormoran consomme à minima 0,5 kg de poisson par jour, ce qui occasionne des pertes pour le pisciculteur (particulier comme professionnel) et peut lorsqu’il vit en colonie induire de sérieux dommages aux pisciculteurs et conduire ce dernier à abandonner cette gestion de l’étang. Au final, cela s’accompagnera sur le moyen et long terme à une diminution de la biodiversité par un désintéressement de la production de poisson. La bernache du Canada est une espèce exotique envahissante qui est territoriale en période de nidification qui dérange et fait fuir les autres espèces qui veulent nidifier sur le même étang. Le ragondin est présent sur le bassin versant du ruisseau de Toulon, il est cependant piégé sur le domaine dès qu’il fait son apparition sur l’étang des Sallards pour stopper immédiatement le front de colonisation. Le héron cendré, qui contrairement aux autres espèces est une espèce protégée, est présent sur le domaine des Sallards avec des densités tout à fait acceptable. Le pseudorasbora présent sur les 3 étangs nuit à la biodiversité par la consommation d’oeufs de poissons avec une supposition d’oeufs d’amphibiens (24).Toutes ces espèces créent des incidents voire des pertes économiques pour le propriétaire qui peuvent le décourager dans la gestion de son ou ses étang(s).
Il en découlera une déprise piscicole voire totale avec le retrait du pisciculteur de cet écosystème et l’étang va devenir eutrophe voire dystrophe selon sa position sur le bassin versant puis se combler à long terme. Cela engendrera une perte importante de biodiversité lorsque le stade du comblement sera atteint (12).

Un inventaire complémentaire et nécessaire avec le CEN

La matinée sur le terrain avec le CEN Allier a permis d’identifier sur le domaine des Sallards, plusieurs groupes et/ou ordres. Il a été identifié 17 espèces d’odonates (Figure 22) dont Epitheca bimaculata qui est une espèce protégée au niveau national et qui fait l’objet d’un Plan Régional d’Action pour la préservation de ses habitats, la richesse spécifique est élevée au vu de la superficie des étangs et de leur ceinture végétale composée majoritairement de plusieurs espèces de joncs. Il a été fait la supposition d’avoir atteint l’exhaustivité au vu de la superficie couverte et du linéaire prospecté (1,8 km). Pour les amphibiens, la grenouille verte Pelophylax lessonae et la rainette verte Hyla arborea ont été observées en marchant le long de la berge des étangs. Concernant les lépidoptères, l’inventaire non exhaustif a permis l’identification de 13 espèces. L’ensemble de ces espèces devront être prises en compte lors de futurs travaux sur les autres étangs avec un inventaire au printemps 2018 puis tous les deux ans dans le but de mesurer l’efficacité des travaux sur l’étang du pavillon ou dans l’élaboration des corridors écologiques. Cet inventaire (Annexe 5)avec la découverte d’Epitheca bimaculata via une exuvie s’inscrit pleinement dans le PRA pour les Odonates paru en 2012 pour la région Auvergne(6). Il recommande d’inventorier de nouvelles stations ce qui est notre cas. Cette découverte est importante car elle prouve l’intérêt patrimonial du site et l’importance de le gérer pour maintenir cette espèce. L’Epithèque bimaculée s’inscrit pleinement dans le projet d’orienter les étangs vers une gestion plus environnementale en privilégiant la biodiversité à la production piscicole. Le PRA reprend 11 espèces qui sont concernées par le Plan National d’Action et présentes en Auvergne avec en plus 5 espèces patrimoniales, c’est-à-dire dont l’espèce est classée en danger ou rare au niveau régional. Ces actions seront possibles avec la concomitance du PRA pour la cistude d’Europe qui est mené par le CEN Allier.
Epitheca bimaculata est classée vulnérable sur la liste rouge française en 2010 et en danger sur la liste rouge auvergnate en 2004, l’espèce est aussi prise en compte dans les diagnostics biodiversité établis sur le périmètre de la région Auvergne Rhône-Alpes et est retenue pour l’élaboration des Trame Verte et Bleue.
L’espèce est présente et se reproduit sur les étangs de Sologne Bourbonnaise, dans le val du Cher en aval de Montluçon ainsi que dans le bocage Bourbonnais pour le département de l’Allier (CEN Allier, 2017). Les nombreux étangs lui servent de lieu de vie et de reproduction d’où la forte responsabilité Propositions d’amélioration en faveur de la biodiversité.
qui pèse sur la Sologne Bourbonnaise dans le maintien de cette espèce. Elle apprécie aussi la présence de forêts et de boisements qui constituent un endroit favori pour la chasse et le repos nocturne ce qui confirme l’importance du milieu bocager en parallèle des étangs pour la survie de cette espèce. Elle est sensible aux actions faites sur les étangs, c’est pour cela qu’elle apparaît dans ce PRA pour les Odonates. Elle souffre principalement de la rectification des berges, la limitation de la végétation ou un empoissonnement intensif qui peuvent faire disparaitre l’espèce. Une recherche de Leucorrhine à gros thorax Leucorrhinia pectoralis, espèce qui est inscrite sur le Plan National d’Action, doit être mise en place en même temps que la prospection pour l’Epithèque bimaculée car ces deux espèces ont le même biotope. Les différents inventaires sur l’unique station de Leucorrhine à gros thorax n’ont pas permis de la retrouver et son absence a été confirmée (CEN Allier, 2017). Cette recherche devra s’effectuer au mois de mai voire au mois d’avril si l’hiver a été doux(MERLET F. et HOUARD X.)(7).
Il est donc nécessaire de continuer les inventaires sur les étangs de la Sologne Bourbonnaise pour connaître plus précisément l’aire de répartition de l’espèce comme le préconise le PRA pour les Odonates. En effet, le CEN Allier a mis en place un inventaire sur 150 plans d’eau du bocage Bourbonnais comme de la Sologne Bourbonnaise sur ces deux espèces en 2013 et 2014. Ce suivi a permis d’inventorier 6 nouveaux sites d’accueil pour Epitheca bimaculata. L’élargissement de la zone prospectée sera possible avec la mise en place d’une convention entre le CEN Allier et Symbiose Allier qui aura pour but d’inventorier les étangs dont les propriétaires sont adhérents à l’UBEPE et qui n’ont pas fait l’objet du suivi en 2013 et 2014. La sensibilité de l’espèce et l’écosystème « étang » est fragile, il faudra sensibiliser aussi les propriétaires riverains des étangs via Symbiose Allier et ses membres fondateurs tels que la chambre d’agriculture, la FDC 03, le syndicat de la forêt privée de l’Allier et le syndicat de la propriété rurale de l’Allier.

Une prédation importante

Une forte prédation est aussi présente sur le site avec la présence de corneilles noires Corvus corone, de pies bavardes Pica pica ainsi que de renards roux Vulpes vulpes. Ces 3 espèces effectuent une prédation sur les oeufs de colverts, lorsque la cane est hors du nid pendant qu’elle se nourrit et sur les canetons jusqu’à l’âge de 2-3 semaines. Ces différentes espèces sont piégées dans le but de promouvoir l’ensemble de l’écosystème et d’éviter tout déséquilibre écologique en faveur d’une seule espèce. Le printemps 2017 a permis une meilleure régulation que les années précédentes avec 18 corneilles noires et 10 pies bavardes, contre aucune pression de piégeage les années précédentes.

Des analyses révélatrices de quelques dysfonctionnements

Les analyses d’eau (Figure 23) (Annexe 7) indiquent que la concentration en nitrates est faible, ce qui s’explique par la situation géographique en tête de bassin versant avec uniquement des prairies. La carte des sols (Favrot, 1974) indique que la concentration en fer est de source naturelle avec dans le sol des concrétions ferrugineuses dans les horizons sablo-argileux ainsi que pour le potassium et le magnésium qui sont naturellement en faible concentration dans le sol. Des taux faibles en nitrates et orthophosphates sont intéressantes car le risque d’eutrophisation du milieu est diminué mais il ne faut pas occulter le risque de comblement de l’étang qui peut être important en cas d’absence d’entretien et de gestion.
Cependant, une concentration minimale en calcium de 6 mg/L d’eau est nécessaire pour permettre la vie aquatique avec un optimum entre 20 et 30 mg/L. Les résultats montrent des valeurs respectives de 9,7 et 10,1 mg/L, il apparait donc qu’un paillage avec de la paille de blé semble être nécessaire pour augmenter la concentration en Ca2+ et/ou bien un chaulage à la chaux éteinte au printemps à hauteur de 250-400kg/ha (Richier, 2017, Comm. Pers.). Les matières en suspension diminuent de moitié, cette diminution peut s’expliquer par un phénomène de dilution de ces MES. Les MES peuvent créer des dommages aux poissons en colmatant leurs branchies et provoquer la mort des poissons. Cependant le seuil pour les MES est à 30 mg/L.
La concentration de l’eau en hydrocarbure est inférieure à 0,1 mg/L mais elle est respectivement de 65 et 119 mg/kg de matière sèche dans les prélèvements de sédiments (Figure 24). Il apparaît nécessaire d’agir à la source, c’est-à-dire à une remise aux normes des eaux de rejets provenant du terrain de l’aérodrome (piste d’aérodrome et/ou circuit du Bourbonnais). A l’heure actuelle, l’absence d’analyse de sédiments en amont de l’étang de l’aérodrome (avant et après rejet du circuit dans l’étang de l’aérodrome) ne permet pas d’identifier clairement et précisément si le circuit du Bourbonnais est à l’origine de la pollution. L’eau de la retenue de stockage de l’étang du pavillon provient de ruissellement issu de l’aérodrome avec le vol à voile (planeurs) voire peut-être de la piste de l’aérodrome en fonction du plan de d’écoulement des eaux.

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Table des matières

1 Introduction
2 Matériels et méthodes
2.1 Nuisances sonores et visuelles
2.2 Un terrain vallonnée et hydromorphe
2.3 Des protocoles multiples et variés
2.4 Une composition de l’eau à connaître
2.5 Des déséquilibres écologiques présents et à résoudre
3 Résultats
3.1 Une avifaune commune aux étangs
3.2 Un inventaire tardif
3.3 Une flore principalement herbacée
3.4 Un inventaire complémentaire et nécessaire avec le CEN
3.5 Une prédation importante
3.6 Des analyses révélatrices de quelques dysfonctionnements
3.7 Espèces patrimoniales
4 Discussion
4.1 Des aménagements nécessaires
4.2 Mise en conformité du moine
4.3 Possibilité de financement régional et européen
4.4 Éradication des espèces exotiques envahissantes
4.5 Un suivi régulier de l’évolution de l’écosystème « étang »
5 Conclusion
6 Bibliographie

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