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Développement et évolution de la pharmacie clinique en France
La pharmacie clinique s’est ensuite développée dans les pays Anglos saxons, au Royaume Uni et au Canada puis, dans le reste de l’Europe et en France (Morice et al. 2011). En France, la reconnaissance de la pharmacie clinique a été effectuée étape par étape (Limat et al. 2018). Dans les années 1980, la création de la cinquième année hospitalo-universitaire (réforme Laustriat Puisieux de 1984) permet aux étudiants de découvrir la démarche médicale et d’avoir un contact direct avec des patients hospitalisés à travers des stages hospitaliers dont l’un se situe obligatoirement dans un service clinique (Calop et al. 2013). En 1988, la pharmacie clinique est officiellement reconnue comme discipline pharmaceutique. En 2002, la pharmacie clinique devient une discipline hospitalo-universitaire. En 2008, la création du DES de pharmacie permet l’inclusion de la pharmacie clinique dans le cursus des internes en pharmacie (Limat et al. 2018).
Une société savante, la Société Française de Pharmacie Clinique (SFPC) est créée en 1986. Son objectif est de promouvoir la pharmacie clinique par l’intermédiaire d’actions de formation et d’information. La SFPC produit des recommandations sur différentes thématiques de pharmacie clinique comme, par exemple, la conciliation médicamenteuse. Elle cherche également à valoriser l’apport du pharmacien clinicien par la mise en place d’outils visant à sa reconnaissance (exemple : gestion des risques, indicateurs). Des congrès et des journées thématiques sont également organisés afin de permettre aux participants d’enrichir leur pratique professionnelle (SFPC 2019). L’ordonnance du 26 Janvier 2016 inclut pour la première fois la pharmacie clinique parmi les missions de la pharmacie hospitalière. Le texte indique en effet que les Pharmacies à Usage Intérieur (PUI) sont tenues de mener toute action de pharmacie clinique (à savoir : contribuer à la sécurisation, à la pertinence, à l’efficience du recours aux produits de santé; concourir à la qualité des soins en collaboration avec les autres membres de l’équipe de soins, en y associant le patient). Le législateur reconnait alors officiellement le caractère essentiel des missions des pharmaciens cliniciens ainsi que l’identité de la pharmacie clinique en tant que discipline pharmaceutique.
En 2016, la SFPC a actualisé la définition de la pharmacie clinique (SFPC 2019). Selon la SFPC, « il s’agit d’une discipline de santé centrée sur le patient dont l’exercice a pour objectif d’optimiser la prise en charge thérapeutique, à chaque étape du parcours de soins. Pour cela, les actes de pharmacie clinique contribuent à la sécurisation, à la pertinence et à l’efficience du recours aux produits de santé. Le pharmacien exerce en collaboration avec les autres professionnels impliqués, le patient et ses « aidants ». Cette nouvelle définition de la pharmacie clinique insiste sur son rôle dans l’organisation de la prise en charge du patient : il s’agit pour le pharmacien clinicien de participer à la continuité des soins en intervenant de façon régulière lors de la prise en charge du patient. Dans cette optique, les interventions de pharmacie clinique se conçoivent en collaboration avec les autres acteurs de soins et doivent être conçues comme les étapes d’un unique processus visant à l’optimisation de la prise en charge médicamenteuse du patient. Par rapport à la définition de Charles Watson, la pharmacie clinique passe d’un mode spécifique d’exercice de la pharmacie à une approche structurée et intégrée au parcours du patient. Cette définition réaffirme également l’importance du rôle du patient dans sa propre prise en charge ainsi que celui des aidants.
Aujourd’hui, plusieurs pistes sont en cours d’exploration pour continuer à développer cette discipline notamment avec la généralisation de la pharmacie clinique au milieu officinal (Ordre national des pharmaciens 2019). Ceci élargirait son champ d’action qui reste encore aujourd’hui plutôt hospitalier. La réalisation des BPM (Bilan partagé de médication) à l’officine chez les patients souffrant de pathologies chroniques, est maintenant effective. Le développement de la dispensation sous protocole standardisé (modélisé sur Netcare Suisse) pour les médicaments de prescription médicale obligatoire et facultative a de même été évoqué à l’Assemblée Nationale par la ministre de la Santé le 12 décembre 2017. Néanmoins, l’amendement Thomas Mesnier concernant ce point a été rejeté par le Sénat à ce jour. Au contraire, la réalisation de tests de détection rapide (TROD) à l’officine pour certaines pathologies sera effective en 2020. Ces tests seront mis gratuitement à la disposition des officines par l’assurance maladie, la rémunération de l’acte est quant à elle en cours de négociation. Une fiche de transmission standardisée sera transmise au médecin suite au test. Enfin, l’intervention du pharmacien dans le cadre du maintien à domicile afin de proposer aux patients dépendants le conseil qu’ils peuvent recevoir à l’officine ou à l’hôpital est également en cours de réflexion.
En conclusion, la pharmacie clinique est donc une discipline en développement. Ce développement est soutenu par les pouvoirs publics. L’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) a ainsi produit en 2011 un rapport incitant au développement de la pharmacie clinique ainsi qu’au désengagement du pharmacien d’autres domaines comme par exemple les achats hospitaliers, que peuvent investir d’autres acteurs. Le champ d’application de la pharmacie clinique est redéfini en permanence et a aujourd’hui vocation à sortir du cadre hospitalier d’origine.
Missions du pharmacien clinicien
Les missions du pharmacien clinicien telles que définies par la Société Européenne de Pharmacie Clinique conformément aux recommandations de l’organisation mondiale de la santé (OMS) sont les suivantes (Limat et al. 2018) :
– S’assurer que chaque patient reçoit la thérapeutique conforme à ses besoins individuels,
– Contribuer à la détermination de la balance bénéfice-risque de produit de santé aussi bien pour les patients que pour les communautés,
– Collaborer avec tout professionnel de santé,
– Former les professionnels de santé et éduquer les patients pour promouvoir l’utilisation efficiente, sûre et appropriée des produits de santé,
– Promouvoir l’utilisation coût/efficacité des produits de santé,
– Participer ou diriger des recherches permettant d’améliorer les thérapeutiques à base de produits de santé,
– Améliorer sa pratique professionnelle en participant à des actions de développement personnel continu,
– Evaluer ses propres performances dans le but d’identifier et de corriger toute insuffisance.
A ces missions, s’ajoutent la sécurisation du circuit du médicament, ainsi que diverses thématiques transversales.
Les missions de pharmacie clinique peuvent donc être regroupées en trois pôles :
– Le patient : le rôle du pharmacien est de contribuer à l’éducation thérapeutique du patient et à la continuité des soins en participant à l’élaboration d’une stratégie thérapeutique personnalisée,
– Les traitements : le rôle du pharmacien est de s’assurer du bon usage des médicaments,
– Les processus : le rôle du pharmacien consiste à sécuriser le circuit du médicament.
Quelques activités du pharmacien clinicien
Parmi, les différentes activités du pharmacien clinicien les principales sont les suivantes :
La conciliation médicamenteuse
Selon le collège de la Haute autorité de Santé (HAS) (HAS 2018), la conciliation pharmaceutique consiste en « un processus formalisé qui prend en compte, lors d’une nouvelle prescription, tous les médicaments pris et à prendre par le patient. Elle associe le patient, repose sur le partage d’informations et sur une coordination pluri-professionnelle. Elle prévient ou corrige les erreurs médicamenteuses en favorisant la transmission d’informations complètes et exactes sur les médicaments du patient, entre professionnels de santé, aux points de transition que sont l’admission, la sortie et les transferts. »
La conciliation médicamenteuse permet ainsi de prévenir et d’intercepter des erreurs médicamenteuses, d’assurer une meilleure continuité de la prise en charge du patient et de diminuer les recours à l’hospitalisation. Elle peut être réalisée à l’entrée de l’hospitalisation, après un changement de service d’hospitalisation ou à la sortie d’hospitalisation.
La conciliation médicale d’entrée telle que pratiquée à Saint Julien se déroule en trois étapes:
– Le recueil des informations concernant les traitements du patient à partir d’un maximum de sources et minimum 3. Ces sources d’informations sont nombreuses (entretien obligatoire avec le patient, entretien avec les proches, entretien avec le pharmacien d‘officine, ordonnances et médicaments apportées par le patient). Ces données sont ensuite compilées au sein du bilan médical optimisé,
– La compilation et la synthèse de ces données au sein du bilan médical optimisé qui est ensuite validé par le pharmacien,
– La présentation du bilan au prescripteur du service dans lequel est hospitalisé actuellement le patient. Le prescripteur bénéficie alors d’une vue d’ensemble concernant le traitement du patient. Ce bilan peut aussi bien être exploité de façon proactive ou rétroactive par le prescripteur.
L’éducation thérapeutique
Selon le code de la santé publique, (Art. L. 1161-1 à L. 1161-6), l’éducation thérapeutique fait partie des missions du pharmacien. Selon la définition de l’OMS, l’éducation thérapeutique vise à aider les patients à acquérir ou à maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique (OMS 1998). Démarche pluri-professionnelle, elle s’organise souvent à la suite d’un séjour hospitalier et va au-delà de simples conseils délivrés aux patients. L’objectif de l’éducation thérapeutique est de limiter l’iatrogénie médicamenteuse et d’augmenter l’observance grâce au suivi réalisé.
Dans ce cadre, le pharmacien clinicien participe à la gestion et à la mise en application des traitements, à la compréhension de la maladie et des examens, au bon usage des produits de santé, au soutien du patient tout au long de sa prise en charge, à l’apprentissage de l’autosurveillance de la maladie et des traitements (Jacquemet et Certain 2000). Les stratégies pédagogiques déployées par le pharmacien sont la guidance individuelle (forme de tutorat au cours duquel, il fournit des informations tout en s’assurant de la compréhension du patient), l’évaluation formative, ainsi que des études de cas.
Un exemple de programme d’éducation thérapeutique pourrait être le programme Educ’AVK initié au CHU de Grenoble. Ce programme consiste à promouvoir le bon usage des traitements par antivitamines K (AVK) et à développer des attitudes de prévention du risque iatrogène. Différents objectifs opérationnels sont ciblés : le patient est en capacité de prendre régulièrement son traitement conformément aux recommandations, de prendre des décisions appropriées en cas d’oubli de prise, de détecter un effet indésirable lié au traitement et de prendre une décision pertinente, d’identifier un acte de soin à risque hémorragique, de résoudre un problème complexe lié à la thérapeutique, ou d’interpréter le résultat d’un acte biologique (Leger et al. 2004).
Analyse pharmaceutique
Cette méthode sera développée ultérieurement dans la partie 1.2 concernant exclusivement l’analyse pharmaceutique.
Modèle de pharmacie clinique
La SFPC a récemment actualisé la modélisation des différentes activités relevant du processus de pharmacie clinique (SFPC 2019). Trois prestations de pharmacie clinique sont ainsi proposées en fonction du patient (Allenet et al. 2019) :
– La prestation de type 1 (dispensation) inclut une analyse pharmaceutique, la préparation éventuelle des doses à administrer, la mise à disposition de conseils nécessaire au bon usage des produits de santé,
– La prestation de type 2 (le bilan de médication) vise à une analyse approfondie de la situation médico-pharmaceutique du patient. Par rapport à la prestation de type dispensation, elle peut inclure une étape de conciliation médicamenteuse et un entretien avec le patient. Ces éléments permettent la rédaction d’une synthèse pharmaceutique comprenant l’anamnèse clinique et pharmaceutique du patient (objectifs thérapeutiques, points d’optimisation). Une collaboration avec l’équipe soignante et le patient est attendue si nécessaire. Le bilan de médication nécessite une expertise en pharmacie clinique. Ce bilan sert ensuite de base pour évaluer les situations nécessitant une prestation de type 3,
– La prestation de type 3 (le plan pharmaceutique personnalisé) a pour but de mettre en place un suivi personnalisé des patients ciblés. Elle peut comprendre un entretien pharmaceutique ciblé (programme d’éducation thérapeutique par exemple, entretien d’adhésion thérapeutique). Un plan de prise est alors construit avec le patient. Un suivi du patient est effectué sur la base d’indicateurs. Le plan pharmaceutique personnalisé doit être établi en collaboration avec le patient et l’ensemble de l’équipe médicale. L’interdisciplinarité est indispensable pour cette activité. Le temps dédié à chaque patient est important. Ceci rend nécessaire un bon ciblage des patients qui tireront le bénéfice le plus important de cette activité.
Comment expliquer le développement de la pharmacie clinique ?
La réduction des effets indésirables liés aux soins et de la iatrogénie médicamenteuse : une priorité de santé publique
La pharmacie clinique s’est d’abord développée en priorité dans les services présentant un risque iatrogène élevé (Kane et al. 2003). Un des objectifs principaux de la pharmacie clinique est donc de minimiser l’iatrogénie médicamenteuse et de manière plus large, de minimiser les événements indésirables liés aux soins. Les événements indésirables graves liés aux soins se définissent comme « des événements défavorables pour le patient ayant un caractère certain de gravité et associés à des soins réalisés lors d’investigations, de traitements ou d’actions de prévention » (Ministère de la santé et des solidarités 2017).
L’iatrogénie médicamenteuse fait depuis longtemps l’objet d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics. En effet, celle-ci entraîne un surcoût matériel important et de lourdes conséquences humaines comme le démontrent plusieurs enquêtes réalisées dans les années 2000.
L’enquête nationale sur les événements indésirables liés aux soins (ENEIS) réalisée en 2004 puis en 2008 estime la fréquence et la part évitable des évènements indésirables graves (EIG) dans les établissements de santé. En 2008, cette étude portant 31 663 journées d’hospitalisation identifie 374 EIG. 214 EIG sont survenus au cours de l’hospitalisation et 160 sont à l’origine d’une hospitalisation. Les EIG liés aux médicaments représentent 32,9% du total des EIG liés aux soins. Parmi les EIG liés aux médicaments, 51,2% sont considérés comme évitables et 54,5% ont motivé une hospitalisation. Les auteurs de l’étude ENEIS concluent que 1,6% des séjours hospitaliers sont dus à des EIG évitables associés à des produits de santé (Michel et al. 2010).
L’étude EMIR réalisée en 2007 auprès de 2 692 patients identifie que 3,6% des hospitalisations sont en lien avec un effet indésirable médicamenteux (EIM) (Castot 2008). Par extrapolation, les auteurs estiment à 1 480 885, le nombre de journées d’hospitalisations dues à un effet indésirable médicamenteux en France. L’étude EVISA réalisée en 2007 et étudiant les EIG graves ayant motivé une hospitalisation estime qu’un séjour hospitalier provoqué par un EIG en ville coûte en moyenne 3 475 euros lorsqu’il est en lien avec un médicament (Michel et al. 2008).
Aux Etats-Unis, une méta analyse conduite en 1994 indique que les effets indésirables médicamenteux sont la quatrième cause de décès représentant 106 000 décès par an (Lazarou et al. 1998). Le nombre d’hospitalisations du fait d’un effet indésirable médicamenteux est plus important chez le sujet âgé (Hartholt et al. 2010) de même que le coût associé (Carrasco-Garrido et al. 2010).
De ce fait, l’iatrogénie médicamenteuse fait l’objet d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics d’autant plus qu’une proportion importante des effets EIGS sont jugés évitables (Bates et al. 1995). La lutte contre l’iatrogénie est, par exemple, un axe identifié par la loi de financement de la sécurité sociale en 2015.
Les solutions envisagées par les pouvoirs publics et les acteurs du système de santé pour lutter contre ces événements indésirables consistent notamment en la sensibilisation des partenaires de santé à l’iatrogénie, la mise en place d’action de formation, et la mise en place d’un système d’assurance qualité de la chaine du médicament ainsi qu’en l’optimisation de l’usage du médicament. La pharmacie clinique est un des moyens identifiés pour répondre à ces problématiques (Kopp et al. 2007).
La recherche de l’efficience clinique et économique
Plusieurs études de pharmaco-économie ont été produites par les pharmaciens en charge de différentes activités de pharmacie clinique. Ces études ont globalement montré que les activités de pharmacie clinique et notamment l’analyse des prescriptions permettent d’éviter des coûts importants. La balance semble positive quelle que soit l’expérience du pharmacien (Jermini 2019). Le gain mis en évidence concerne toutes structures (service de médecine, chirurgie, hôpital psychiatrique) où le pharmacien est susceptible d’évoluer (Anaya et al. 2008), (Kausch et al. 2005), (Neville et al 2014) (Gunterus and al 2016).
Kausch et al ont ainsi mesuré pendant 6 mois l’impact économique des interventions d’un pharmacien clinicien dans un service de chirurgie viscérale par rapport au coût de son intégration au sein de l’équipe clinique. Ils estiment la réduction des coûts d’hospitalisation en lien avec ces interventions à près de 5 000 euros alors que le coût du poste du pharmacien est évalué à 3 070 euros (Kausch et al. 2005). De même, Neville et al ont évalué un ensemble d’activités de pharmacie clinique : historique médicamenteux avec comparaison à la prescription en hospitalisation, participation à la visite des médecins et au conseil au patient. L’impact économique résultant de ces activités de pharmacie clinique a été évalué d’une part par estimation des coûts évités en corrélation avec les effets indésirables médicamenteux (EIM) évités (base de 4,6 jours d’hospitalisation supplémentaire en cas d’EIM) et, d’autre part, par estimation des réductions en coûts médicamenteux entraînées par les IP (Neville et al. 2014). Les auteurs démontrent que l’ensemble des activités développées apporte une contribution importante. En effet, pour un dollar investi dans un salaire de pharmacien, une économie de sept dollars est attendue.
Ce gain financier semble s’expliquer par la réduction de coûts directs mais surtout principalement indirects. Dans une autre étude publiée en 2016, Gunterus and al ont analysé l’impact économique de 200 IP dans un hôpital psychiatrique. Ils estiment la réduction des coûts directs à $6 760.19 et des coûts indirects à $62 806.67 (Gunterus et al. 2016).
De Rijdt et al ont cependant mis en évidence que la majorité des études médico économiques publiées sur le sujet souffrent de biais méthodologiques majeurs, avec entre-autre, l’absence de groupe de contrôle, d’analyse des coûts différentiels et la non prise en compte de certains coûts directs ou indirects (De Rijdt et al. 2008).
L’amélioration de l’organisation et la qualité des soins
La pharmacie clinique a également pour objectif l’amélioration et la promotion des bonnes pratiques d’utilisation des traitements en relayant notamment les politiques de santé publique. Ainsi, la lutte contre la surconsommation des traitements antibiotiques est une priorité de santé publique. Pour réduire le mésusage et lutter contre la surconsommation, la HAS (HAS 2008) demande aux PUI une organisation permettant une délivrance nominative pour les antibiotiques. Dans ce cadre, la HAS s’appuie sur les pharmaciens cliniciens en leur demandant qu’une validation et qu’un conseil pharmaceutique soient délivrés pour les patients.
L’informatisation rend possible le développement de la pharmacie clinique
L’exercice de l’analyse pharmaceutique en établissement de santé était, jusqu’à une époque relativement récente, extrêmement difficile. En effet, les ordonnances étaient soit manuscrites, soit orales et retranscrites, mais elles ne sortaient généralement pas des services de soins (Cubaynes et al. 2011). Avec le développement de la prescription informatisée, par ailleurs encore très inégal selon les établissements, de plus en plus d’ordonnances sont accessibles aux pharmaciens. Ceux-ci ont alors les moyens d’apporter leur expertise de façon efficace. En 1999, une étude conduite au CHU de Grenoble conclut que l’analyse pharmaceutique a pu se développer grâce à l’informatisation du circuit du médicament (Brudieu et al. 1999).
Le développement de l’informatisation rend donc possible sur un plan technique le développement des pratiques de pharmacie clinique. En effet, l’informatisation permet l’analyse et la mise en commun des données recueillies (Oliven et al. 2005). Cependant, il est à noter que l’informatisation des prescriptions entraîne elle-même la survenue d’erreurs liées au mésusage des logiciels de prescriptions (Bouchand et al. 2008) Ceci peut parfois avoir des conséquences sévères pour le patient. Parmi celles-ci, on retrouve par exemple, les redondances de prescription, les erreurs d’unité, l’emploi du texte libre (Vialle et al. 2011) La surveillance de ces prescriptions ainsi que la formation des personnels de santé sont donc impératives. Les pharmaciens cliniciens sont souvent impliqués dans l’informatisation du circuit du médicament. Les logiciels d’analyse sont par ailleurs indispensables aux pharmaciens en temps qu’outils support de leurs activités, notamment pour la recherche des interactions entre les différentes molécules.
Définition et déroulement de l’activité d’analyse pharmaceutique
Analyse pharmaceutique en établissement de santé et évolutions législatives
La reconnaissance de l’analyse pharmaceutique et de la pharmacie clinique en tant que mission obligatoire du pharmacien en établissement de santé est progressive et s’inscrit dans le cadre plus vaste du renforcement de la législation au sujet de la qualité et de la sécurisation de l’offre de soins.
Depuis l’arrêté du 9 Août 1991, l’analyse de l’ordonnance est une obligation pour les pharmaciens d’établissement de santé. Cet arrêté décrivait les modalités de prescription, de dispensation, de délivrance des médicaments soumis à la réglementation des substances vénéneuses au sein des établissements de santé.
La loi n° 92-1279 du 8 décembre 1992 précise les missions de la pharmacie hospitalière. La PUI d’un hôpital doit en autre assurer la dispensation des médicaments, produits ou objets mentionnés à l’article L. 512, ainsi que des matériels médicaux stériles.
L’arrêté du 16 avril 2011, indique que les pharmaciens hospitaliers doivent conduire des missions de dispensation et d’analyse pharmaceutique identiques à celles prévues en officine par l’article R. 4235-48 du code de la santé publique.
L’arrêté du 31 mars 1999 précise les rôles des différents intervenants dans la prise en charge médicamenteuse dans les établissements disposant d’une PUI. Ce texte précise également que le pharmacien doit procéder à « l’analyse pharmaceutique de l’ordonnance ».
La loi de modernisation du système de santé du 26 Janvier 2016 mentionne, pour la première fois, les activités de pharmacie clinique dans l’article L5126-1 du code de santé publique. Le législateur indique ainsi que la PUI « a pour mission de mener toute action de pharmacie clinique, à savoir, contribuer à la sécurisation, à la pertinence et à l’efficience du recours aux produits de santé et concourir à la qualité des soins en collaboration avec les autres membres de l’équipe de soins mentionnée à l’article L1110-12 du code de la santé publique, et en y associant le patient ».
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Table des matières
INTRODUCTION
Partie I : L’analyse pharmaceutique : une activité de pharmacie clinique
1. Historique et définition de la pharmacie clinique
1.1 Naissance de la pharmacie clinique
1.2 Développement et évolution de la pharmacie clinique en France
1.3 Missions du pharmacien clinicien
1.4 Quelques activités du pharmacien clinicien
1.4.1 La conciliation médicamenteuse
1.4.2 L’éducation thérapeutique
1.4.3 L’analyse pharmaceutique
1.5 Modèle de pharmacie clinique
1.6 Comment expliquer le développement de la pharmacie clinique?
1.6.1 La réduction des effets indésirables liés aux soins et de l’iatrogénie médicamenteuse : une priorité de santé publique
1.6.2 La recherche de l’efficience clinique et économique
1.6.3 L’amélioration de l’organisation et la qualité des soins
1.6.4 L’informatisation rend possible le développement de la pharmacie clinique
2 Définition et déroulement de l’activité d’analyse pharmaceutique
2.1 Analyse pharmaceutique et évolutions législatives
2.2 Déroulement en pratique de l’activité d’analyse pharmaceutique
2.2.1 Analyse de la conformité rédactionnelle
2.2.2 Analyse pharmaco thérapeutique
2.2.3 La réalisation d’une observation pharmaceutique et la communication avec le prescripteur
2.3 Schématisation et standardisation l’activité d’analyse pharmaceutique
3 L’analyse pharmaceutique est très hétérogène tant dans la méthode que les résultats
3.1 Les indicateurs de mesure en pharmacie clinique
3.2 Evaluation de la pratique d’analyse d’ordonnance en France
3.3 Facteurs expliquant la non reproductibilité de l’analyse pharmaceutique
3.3.1 La diversité des sources bibliographiques
3.3.2 Hétérogénéité de l’analyse pharmaceutique selon le pharmacien
3.3.3 Le type de patients et le service concerné par l’analyse pharmaceutique
3.3.4 Les modalités de l’analyse pharmaceutique
3.4 Classification par la SFPC des modalités de l’analyse pharmaceutique
PARTIE II : Efficacité des interventions pharmaceutiques : comparaison de deux modalité sd’analyse pharmaceutique en médecine interne
1 Présentation du contexte et des objectifs de l’étude
2 Matériel et Méthode
3 Résultats
3.1 Comparaison des critères selon le niveau d’analyse pharmaceutique
3.1.1 Problèmes thérapeutiques rencontrés
3.1.2 Classes pharmacologiques
3.1.3 Niveau de criticité des IP
3.1.4 Taux d’acceptation des IP
3.2 Caractéristiques des IP récurrentes dans notre étude
4 Analyse des Résultats
4.1 Nombre et taux d’IP
4.2 Pertinence des IP (taux d’acceptation)
4.3 Problématiques médicamenteuses retrouvées
4.4 Classes pharmacologiques
4.5 Impact clinique
5 Conclusion
PARTIE III Discussion : Enjeux et limites de l’étude
1 Méthodologie de l’analyse pharmaceutique
1.1 L’entretien patient
1.1.1 Contenu de l’entretien
1.1.2 Timing de l’entretien
1.2 Limites de l’analyse pharmaceutique
1.2.1 Interventions communes aux auteurs
1.2.2 Interventions refusées
2 Priorisation et déploiement de l’analyse pharmaceutique dans les services de soins
2.1 La priorisation des activités de pharmacie clinique
2.2 Est-il possible de prioriser les personnes devant bénéficier d’une analyse de niveau 3 et d’un entretien pharmaceutique sur la base de notre étude
2.3 Analyse de niveau 3 et généralisation aux autres service de soin d’un hôpital
3 Limites de l’étude
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
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