Déplacer la sécurité de la technique vers l’humain grâce à la raison pratique de Paul Ricœur

Déplacer la sécurité de la technique vers l’humain grâce à la raison pratique de Paul Ricœur

La pensée de Ricœur entre ontologie et philosophie pratique : une opportunité de reconnecter travail et identité des salariés 

L’analyse herméneutique, une méthode pour comprendre le monde mais aussi se comprendre soi-même

Herméneutique et phénoménologie constituent traditionnellement deux courants bien distincts, voire concurrents, de la philosophie. L’herméneutique s’inscrit dans un double héritage, la logique aristotélicienne et l’interprétation des textes religieux. Dans sa version moderne, initiée par Schleiermacher et nourrie ensuite en particulier par les philosophes Dilthey, Heidegger, Gadamer et Ricœur, elle renvoie plus largement à la discipline de l’interprétation des textes . La phénoménologie se fonde quant à elle sur les travaux de Husserl , qui considère que le monde est doté d’une essence, d’une réalité matérielle concrète, à partir de laquelle l’homme construit sa pensée et ses connaissances. La phénoménologie vise à décrire les états de conscience, les choses telles qu’elles apparaissent à la conscience et s’y constituent en croyances, désirs, représentations, etc. relatifs à un monde de la vie toujours présent et perçu, qui fournit à la conscience son champ « d’expériences de base » et lui préexiste .

En opérant la synthèse de l’herméneutique et de la phénoménologie, Ricœur propose de considérer le monde comme un objet dont le sens ne se donne pas spontanément, mais peut être compris à l’issue d’un travail d’analyse herméneutique. Ce faisant il fonde à la fois une philosophie (de la nature du monde) et une méthode (d’accès à ce monde), l’une et l’autre présentant un premier intérêt pour nos travaux. En effet cette approche permet de sortir du dualisme aujourd’hui à l’œuvre dans les Safety sciences entre d’une part le positivisme, représenté par les approches classiques de la sécurité « réglée », dont le postulat d’une réalité objective identiquement accessible par tous est largement invalidé et d’autre part le constructivisme , représenté en particulier par les travaux de Weick, qui peut à l’extrême conduire à nier la substance du monde, dont les accidents témoignent pourtant de la prégnante réalité. Outre ce premier bénéfice d’ordre davantage épistémologique (malgré un ensemble d’implications bien concrètes qu’on verra plus loin), la phénoménologie herméneutique joue un rôle de premier plan dans l’identité individuelle, un enjeu de taille dans le cadre de problématiques culturelles et professionnelles. Elle offre ainsi une piste à la fois heuristique et pratique pour dépasser les limites des approches actuelles de la sécurité.

La phénoménologie herméneutique, description et apports 

En première approche, pour Ricœur, l’aspect le plus important de la phénoménologie « reste l’intentionnalité, c’est-à-dire, dans son sens le moins technique, le primat de la conscience de quelque chose sur la conscience de soi » (Ricœur, 1986, p.30). Quant à l’herméneutique, elle consiste à interpréter « le sens dissimulé » (ibid., p.61) derrière les phénomènes du monde. Quatre traits principaux relient les deux courants.

D’abord, « toute question portant sur un étant quelconque est une question sur le sens de cet étant » (ibid., p.61). Ce propos synthétise d’emblée les deux courants : un phénomène existe en-dehors de l’interprétation qui en est réalisée, mais c’est uniquement par cette interprétation qu’il se dote de sens et de valeur. Apparaît d’emblée un lien avec la sécurité : un phénomène comme une fuite de gaz existe endehors de son identification par l’individu, mais c’est l’interprétation qu’en fait l’individu qui permet de l’identifier et de le prendre en charge comme enjeu de sécurité. Par exemple dans notre situation-fil rouge, l’odeur de gaz existe objectivement, mais c’est son interprétation par le gazier comme « fuite entraînant des risques pour les riverains et l’environnement » qui lui confère sa valeur de risque. Grondin reformule le propos de Ricœur en posant que l’herméneutique doit permettre d’accéder à la compréhension de soi et donc, en dernière instance, au « phénomène essentiel, dont on peut dire qu’il aura été pour lui [Ricœur] celui de « l’effort pour exister » (…) cette réappropriation par l’ego de son effort d’être (…) » (Grondin in Fiasse, p.51). Cette primauté de la recherche active de sens conduit Ricœur à affirmer le rôle de l’intentionnalité  comme conscience « hors d’elle même, [qu’elle soit] vers le sens avant que le sens soit pour elle, et surtout avant que la conscience soit pour elle-même » (Ricœur, 1986 p.63) : pour Ricœur, l’individu n’existe pas pour luimême, mais en tant qu’il est présent dans le monde, en interprète les phénomènes et appartient à une collectivité, un autre aspect sur lequel nous reviendrons . Deuxièmement, l’herméneutique renvoie à la phénoménologie « par son recours à la distanciation au cœur même de l’expérience d’appartenance » (ibid., p.64). L’appartenance dont parle Ricœur est l’appartenance à l’histoire : l’herméneutique consiste à interpréter les signes et « œuvres de culture », par définition ancrés dans une période historique particulière, et procéder à cette interprétation exige de prendre conscience de sa propre appartenance à l’histoire et de s’en distancer : « L’herméneutique commence elle aussi lorsque, non contents d’appartenir à la tradition transmise, nous interrompons la relation d’appartenance pour la signifier » (p.65). Ainsi ce qui est à interpréter ce n’est pas une quelconque intention cachée ou une relation absolue avec une réalité substantielle, mais une « proposition de monde, d’un monde tel que je puisse l’habiter pour y projeter un de mes possibles les plus propres » (Ricœur, 1986, p.128). On le voit, l’analyse herméneutique constitue plus qu’un simple acte d’interprétation, une véritable modalité de présence au monde et donc en dernière instance, un aspect de la pratique.

Appliqué à notre situation-fil rouge, on peut considérer les règles et procédures de sécurité comme les « signes et œuvres de culture » dont parle Ricœur : certes il ne s’agit pas d’œuvres culturelles au sens d’« artistiques », mais elles sont bien le résultat d’une vision du monde caractéristique d’une société particulière et en ce sens, constituent le produit de sa culture. Procéder à l’analyse herméneutique de telles règles « œuvres de culture » passe alors par la prise de conscience qu’elles ne constituent pas des lois absolues, mais seulement relatives, qui permet à l’individu de s’en distancer et ainsi de les analyser par rapport aux phénomènes du monde qu’elles concernent et éventuellement, de les mettre en œuvre seulement si leur bien-fondé est effectivement reconnu . Par exemple, la mise en œuvre par notre gazier de « la base », c’est-à-dire des règles fondamentales du professionnalisme gazier, pour procéder à la mise en place du périmètre de sécurité autour de la fuite , passe par le fait qu’il comprend la nécessité d’une méthode (« tu commences par le premier point et puis après, tu tournes ») allant du plus exposé au danger au moins exposé (« déjà tu vas voir tout ce qui est pavillon (…) ensuite tu fais les égouts, ensuite tu fais les branchements »).

L’analyse herméneutique se présente alors également comme un moment d’expression de soi, d’objectivation de ce que l’individu porte en lui, qu’il exprime au travers de son interprétation et le cas échéant, de l’action qui en découle. Dans cette perspective, « l’interprétation est la réplique de cette distanciation fondamentale que constitue l’objectivation de l’homme dans ses œuvres de discours, comparables à son objectivation dans les produits de son travail et de son art » (Ricœur, 1986, p.124). C’est enfin cette distance qui autorise la puissance critique, le « moment du soupçon » de l’herméneutique et de la raison pratique – on l’a vu dans l’exemple du questionnement des règles et de leur confrontation à la situation réelle par notre gazier.

Troisièmement, et il s’agit pour Ricœur de la « plus importante présupposition phénoménologique de l’herméneutique, « l’herméneutique partage encore avec la phénoménologie la thèse du caractère dérivé des significations de l’ordre linguistique » (p.65) : le langage paraît reprendre la structure de l’expérience qu’il retrace, et en constitue donc un dérivé. Enfin et de manière périphérique pour notre objet de recherche, Ricœur considère que la phénoménologie husserlienne tend vers une herméneutique de l’expérience historique, dans la mesure où Husserl n’a « cessé de développer les implications proprement temporelles de l’expérience perceptive » (ibid., p.68).

L’analyse herméneutique, une obligation pour que l’individu accède à la pleine compréhension de lui-même et ainsi réalise sa nature 

Au-delà de sa dimension méthodologique, le véritable enjeu de l’herméneutique ricœurienne est la compréhension de soi-même. Opaque à elle-même, l’identité n’est saisissable par l’individu qu’à l’issue d’un parcours d’interprétation du monde et des signes de la culture : « Contrairement à la tradition du Cogito et à la prétention du sujet de se connaître lui-même, par intuition immédiate, il faut dire que nous ne nous comprenons que par le grand détour des signes d’humanité déposés dans les œuvres de culture » (Ricœur, 1986, p.130). C’est ce qui explique l’importance de l’herméneutique, comme art d’interpréter les « signes d’humanité » et qui l’érige en « tâche » pour l’individu.

Loin de faire l’objet d’une évidence, la compréhension de soi ne peut donc être saisie qu’au travers « des signes, des symboles et des textes » (Ricœur, 1986, p.33) qui fondent le monde dans lequel nous vivons et s’offrent à l’interprétation. Constitués du « soi-même objectivé » (Michel in Fiasse, 2008, p.70), matérialisant la manière dont les individus se rendent présents au monde, ces signes sont l’expression de l’existence humaine. C’est d’abord parce que les signes de la culture constituent autant d’expressions d’humanité qu’ils permettent à l’individu de se saisir lui-même, comme dans un miroir. Cette démarche indirecte est nécessaire car c’est « en s’éloignant d’une réflexivité immédiate sur soi, en faisant le détour par ces médiations, que l’on peut espérer mieux se connaître » (ibid.). En effet « La première vérité – je suis, je pense – reste aussi abstraite et vide qu’elle est invincible ; il lui faut être « médiatisée » par les représentations, les œuvres, les institutions, les monuments qui l’objectivent ; c’est dans ces objets, au sens le plus large du mot, que l’Ego doit se perdre et se retrouver » (Ricœur, 1965, p.53) : un acte conscient d’interprétation est nécessaire pour accéder à la compréhension de ce soi-même observé dans les médiations. Dans cette perspective, « comprendre, c’est se comprendre devant le texte. Non point imposer au texte sa propre capacité finie de comprendre, mais s’exposer au texte et recevoir de lui un soi plus vaste, qui serait la proposition d’existence répondant de la manière la plus appropriée à la proposition de monde » (Ricœur, 1986, p.130). Pour résumer, Ricœur affirme l’opacité fondamentale de l’identité et du rapport de soi à soi-même, accessible seulement à l’issue d’un détour par les signes de la culture donnés à interpréter.

A partir du moment où l’identité du sujet n’est pas transparente immédiatement, y accéder passe par la réalisation d’un effort : c’est la « tâche » herméneutique. Comme l’écrit Ricœur, « C’est la tâche de l’herméneutique de montrer que l’existence ne vient à la parole, au sens et à la réflexion qu’en procédant à une exégèse continuelle de toutes les significations qui viennent au monde de la culture; l’existence ne devient un soi – humain et adulte – qu’en s’appropriant ce sens qui réside d’abord « dehors » dans des œuvres, des monuments de la culture où la vie de l’esprit est objectivée » (Ricœur, 1969, p.26). L’individu n’accède à la conscience de lui-même, ne devient vraiment humain, que lorsqu’il s’est astreint à la tâche herméneutique et a ainsi acquis une conscience réflexive de lui-même, lorsqu’il a entrepris de faire l’expérience de la dialectique entre soi-même et l’autre. Dans une telle perspective l’herméneutique devient pour ainsi dire le projet d’existence de l’individu ou, comme le dit Johann Michel, « effort incessant à « persévérer » pour exister et pour gagner en puissance d’agir » (Michel, 2006). « L’individu se construit ainsi sur une dualité entre soi-même et l’autre » (Ricœur, 1985, p.391), et il relève de sa responsabilité de mener à bien cette construction. Apparaît ici un lien avec la sécurité : puisque l’enjeu est finalement, au travers de la « tâche » herméneutique, d’assumer la responsabilité qui incombe à toute personne humaine de réaliser sa nature, alors l’individu qui se plie à la « tâche » fait preuve à l’égard de lui-même d’un sentiment de responsabilité dont il fera preuve également à l’égard d’autrui. C’est le comportement du gazier intervenant sur une fuite de gaz qui le terrorise et qui, au lieu de prendre ses jambes à son cou, assume sa responsabilité, se confronte à la tâche d’interprétation de la situation et peut ensuite réaliser les actions pertinentes. Et comme il le dit lui même, cette expérience laisse sa trace : « Je m’en souviendrai toujours ! ».

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Table des matières

INTRODUCTION
1. Au départ : préserver la sécurité exige que les salariés, à tous les niveaux de l’organisation, disposent de marges de manœuvre
2. Dépasser les limites de la première approche méthodologique : des Safety sciences à la philosophie
3. La « piste » Paul Ricœur pour démontrer la valeur de la raison individuelle et donc, la possibilité de l’autonomie
4. Grâce à Paul Ricœur, la possibilité d’un cadre neuf pour penser différemment les enjeux de sécurité
5. Méthodologie mise en œuvre pour répondre à la problématique et construire un cadre neuf
6. Pour conclure cette introduction
Chapitre 1. Apports et limites des approches contemporaines de la sécurité
1. Le paradigme positiviste, description et conséquences pour la maîtrise des risques
1.1 Le paradigme positiviste se matérialise sous diverses formes au sein des organisations
1.1.1 Le paradigme positiviste s’actualise dans le système technique
1.1.2 Idéologie de l’ingénierie, Technostructure et postmodernité, les trois principales expressions contemporaines du paradigme positiviste
1.2 Conséquence principale du paradigme, la volonté organisationnelle de rationaliser les activités et les processus
1.2.1 L’agencement organisationnel classique repose sur la division du travail et la coordination
1.2.2 Relations interindividuelles : rapports de pouvoir et contrôle
1.3 Le risque est avant tout perçu comme un objet quantifiable et maîtrisable
1.3.1 Le risque, objet de connaissance scientifique et d’expertise
1.3.2 Le « Quantified Risk Assessment » au fondement de la maîtrise des risques
Conclusion partielle
2. L’humain, un facteur avant tout
2.1 L’individu en organisation, un objet de contrôle
2.1.1 La rationalité instrumentale, idéal de l’organisation
2.1.2 La compétence individuelle, solution à l’injonction paradoxale obéissance/autonomie
2.2 L’humain, ce facteur
2.2.1 De l’erreur humaine aux Facteurs Humains et Organisationnels (FHO)
2.2.2 La victime de biais cognitifs
2.3 Les approches culturalistes de la sécurité, une volonté d’intégrer l’humain mais pas son humanité
2.3.1 Les approches culturalistes, une tentative d’intégration de l’humain dans la sécurité
2.3.2 Une prise en compte des productions symboliques plutôt que de l’humain
Conclusion partielle
3. Vers une vision intégrée, en système, de la technique et de l’humain
3.1 Les premières approches intégrées, du niveau micro (cognition située) au niveau macro (HRO)
3.1.1 Action située et Cognition distribuée : analyse de l’action en situation
3.1.2 Avec la NAT et les HRO, émergence des perspectives systémiques sur la sécurité à l’échelle des organisations
3.2 Resilience engineering : permettre l’absorption des chocs par les systèmes sociotechniques
3.2.1 Une approche de la sécurité comme « dynamique de succès »
3.2.2 L’enjeu principal, construire la capacité de résilience de systèmes sociotechniques complexes
3.3 Sensemaking, enactment et mindfulness : un projet de systématisation de la rationalité classique
3.3.1 Sensemaking et enactment : analyse de la rationalité en action
3.3.2 La mindfulness conduit à hypostasier l’intelligence rationnelle
Conclusion partielle
Conclusion du chapitre 1
Chapitre 2. Déplacer la sécurité de la technique vers l’humain grâce à la raison pratique de Paul Ricœur
1. La pensée de Ricœur entre ontologie et philosophie pratique : une opportunité de reconnecter travail et identité des salariés
1.1 L’analyse herméneutique, une méthode pour comprendre le monde mais aussi se comprendre soi-même
1.1.1 La phénoménologie herméneutique, description et apports
1.1.2 L’analyse herméneutique, une obligation pour que l’individu accède à la pleine compréhension de lui-même et ainsi réalise sa nature
1.2 Identité individuelle et pratiques se nourrissent mutuellement
1.2.1 Etablir une continuité entre les multiples expériences de chacun, enjeu central de l’identité individuelle
1.2.2 Au cœur de l’identité narrative, la mimésis permet de construire un récit de vie cohérent
1.3 L’action humaine est d’abord une action signifiante, dont le sens se construit pour et grâce à autrui
1.3.1 Comme le texte, l’action humaine se détache de son auteur et peut faire survenir des événements imprévus : un enjeu clé pour la responsabilité
1.3.2 Action sensée et étalons d’excellence, fondements possibles d’un professionnalisme renouvelé
Conclusion partielle
2. La philosophie ricœurienne, philosophie de la médiation : une heuristique pour dépasser la tension rigidité – flexibilité au cœur des enjeux de sécurité
2.1 Résolution de la tension entre l’universel et le contexte, la règle et son application
2.1.1 De la morale à l’éthique : l’éthique, un principe d’arbitrage qui aide à la décision lorsque les règles se contredisent
2.1.2 La sagesse pratique, résultat du processus de délibération et source d’action prudentielle
2.2 La tension entre soi et l’autre au cœur de la personne humaine, à la fois source et résultat de l’estime de soi et de la sollicitude
2.2.1 Le dépassement de la faillibilité humaine, source d’estime de soi
2.2.2 Sollicitude et respect de l’autre, inséparables de l’estime de soi et de la visée éthique, contribuent à fonder une autre approche de la sécurité
2.3 La tension entre l’individu et le collectif nourrit la visée éthique
2.3.1 Le sentiment d’altérité, qui conduit à considérer l’autre comme son semblable, fonde le sentiment de responsabilité
2.3.2 L’institution juste, une piste pour construire des institutions sûres
Conclusion partielle
3. La raison pratique, une piste pour refonder concrètement les pratiques relatives à la sécurité
3.1 Au fondement de l’action pratique, une intention
3.1.1 Le couple initiative – attention, préalable à l’action éthique, un apport précieux pour la sécurité
3.1.2 La volonté, dépassement de l’involontaire, fonde l’action libre et donc éthique
3.2 Le raisonnement pratique, un raisonnement motivé et orienté
3.2.1 Motivations, motifs et disposition fondent la nature raisonnable, plutôt que rationnelle, de la raison pratique
3.2.2 Le raisonnement pratique, syntaxe de la raison pratique, lui confère à la fois son sens et sa direction
3.3 L’action pratique, une action qui, en intégrant autrui, peut devenir autonome
3.3.1 Ethique interpersonnelle et orientation sociale
3.3.2 L’autonomie comme autolégislation : l’action autonome est l’action respectant les règles que l’individu se donne à lui-même
Conclusion partielle
Conclusion du chapitre 2
Chapitre 3. Parcours de recherche et principaux résultats
1. Parcours de recherche : un renversement méthodologique déclenché par l’atteinte d’une impasse
1.1 Opérateur gazier à GrDF, un métier ancien dans une organisation nouvelle
1.1.1 Organisation de l’activité et de la prise en charge des questions de sécurité
1.1.2 Focalisation de la recherche sur l’activité d’exploitation
1.2 Recueil des données : une combinaison d’observation terrain et d’entretiens individuels
1.2.1 Une méthode mixte de recueil des données pour décrire le travail « réel » des gaziers et les représentations associées
1.2.2 La distribution de gaz, un métier en pleine transformation qui fait face à de nombreux enjeux en matière de professionnalisme et de sécurité
1.3 A l’issue d’une première phase d’analyse, une réorientation de la recherche s’impose
1.3.1 Les catégories conceptualisantes mobilisées pour analyse qualitativement les entretiens
1.3.2 A l’issue d’une première analyse, des résultats mais pas de réelle avancée
Conclusion partielle
2. Parcours méthodologique : de la recherche de la raison pratique à celle de ses germes, l’humanité pratique
2.1 Formulation des hypothèses et enjeux de leur mise à l’épreuve
2.1.1 Trois hypothèses visent à étayer la trace effective d’humanité pratique, la présence d’une forme de délibération et enfin le rôle de l’institution
2.1.2 La grille d’analyse de la raison pratique, d’abord une fausse route
2.2 Une deuxième étape dans la conception de la méthodologie : chercher non plus la raison pratique, mais les traces d’humanité pratique
2.2.1 De l’observation de la raison pratique à l’identification dans les entretiens des traces d’humanité pratique
2.2.2 Une deuxième grille d’analyse pour identifier les traces d’humanité pratique
2.3 Description de la grille d’analyse : des germes d’humanité pratique identifiés chez tous les sujets interviewés
2.3.1 Description quantitative de la grille d’analyse : des sentiments éthiques davantage présents que les comportements éthiques
2.3.2 Description qualitative de la grille d’analyse : prégnance du danger, force du sentiment d’altérité et ambiguïté des configurations narratives
Conclusion partielle
3. Principaux résultats obtenus grâce à la recherche de traces d’humanité pratique dans les données terrain
3.1 Résultat 1 : La situation comme texte à interpréter, une opportunité pour refonder les relations managériales entre salarié de terrain et les managers
3.1.1 La situation d’intervention d’urgence, une co-construction du salarié sur le terrain et du chef d’exploitation semblable à l’écriture – lecture d’un texte
3.1.2 L’opportunité de fonder une relation salarié terrain / bureau coopérative
3.2 Résultat 2 : Réhabiliter la parole individuelle pour construire l’implication des salariés dans les situations et globalement, dans leur parcours professionnel
3.2.1 Une parole pour l’heure peu individualisée, au détriment de la capacité des salariés à s’investir dans leur vie professionnelle
3.2.2 La parole et l’imagination au cœur de l’action individuelle et de l’implication
3.3 Résultat 3 : Pour favoriser l’expression de l’humanité pratique, l’organisation doit être juste dans sa distribution des rôles et autoriser la délibération en situation
3.3.1 La distribution et la mise à disposition des rôles primordiales pour construire des organisations favorables à la raison pratique
3.3.2 Autoriser la délibération, l’enjeu principal pour la préservation de la sécurité par les organisations souhaitant s’inscrire dans le paradigme éthique
CONCLUSION

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