Déplacement forcé, dépossession et inégalité de revenus en Colombie : 1993 et 2005

De l’abandon de terres à la dépossession

Cette recherche a l’objectif de comprendre le lien du déplacement et de la dépossession de terres avec l’inégalité de revenus, un sujet qui n’a pas encore été étudié.
Ainsi, une nouvelle notion de la migration forcée avec dépossession est développée comme un phénomène économique qui peut générer l’enrichissement des personnes qui dépossèdent et l’appauvrissement des migrants. L’hypothèse centrale de cette étude se réfère à la contribution du déplacement et de la dépossession à l’augmentation de l’inégalité des revenus.
Cette contribution peut être due par un processus qui favorise les revenus des personnes qui dépossèdent et diminue les revenus des déplacés.
Cette proposition sur la dimension économique de la migration forcée liée à l’inégalité peut être expliquée à partir d’un processus qui s’ouvre sur l’abandon foncier. Les municipalités reçoivent 55.4 % des migrants qui possédaient des terres en moyenne de 13.2 hectares et qui les ont abandonnées à cause du conflit armé, selon l’Enquête détaillée de ménages déplacés (EDHD-2004)11 réalisé par Ibáñez et al. Après les faits de violence, les personnes abandonnent leurs terres pour se déplacer vers d’autres villes. D’après cette dernière étude mentionnée, la population affectée affirme que 12.8 % des terres sont contrôlées par elle directement ou indirectement, 7.2 % sont contrôlées par des groupes armés illégaux et le 80 % restant ne dispose pas d’informations. Donc, il faut réaliser une différenciation entre l’abandon et la dépossession foncière, car il y des migrants qui ont abandonné leurs actifs mais qui n’ont pas été dépossédés. En fait, la III Enquête nationale de vérification des droits de la population déplacée (ENV-2010) réalisée par la CSPD indique que 42.1 % des déplacés avaient des terres et 40.7 % sont dépossédés d’elles. C’est-à-dire, environ la moitié de migrants était propriétaire —formel et informel— du principal actif productif de leur lieu d’origine et la plupart d’eux a été obligé de le quitter au moment du déplacement.

Déplacement forcé, dépossession et inégalité de revenus

Il a été expliqué la façon dont l’abandon de terres est lié à la dépossession de 40.7 % des migrants colombiens, selon les chiffres du rapport de la CSPD. Cet abandon ouvre le processus par lequel la migration forcée et la dépossession peuvent augmenter l’inégalité. C’est la séparation entre le bien foncier comme actif productif et le migrant qui permet au déplacement forcé d’avoir un rapport avec le changement du niveau de revenus. De manière plus importante, lorsque le déplacement est accompagné de dépossession ; autrement dit, lorsque l’abandon foncier devienne dépossession, ce changement peut être plus fort. Cette idée peut être due au fait que l’accaparement des biens fonciers constitue la perte d’actifs pour les déplacés et la diminution de revenus, tandis qu’il s’agit d’une augmentation d’actifs pour les personnes qui dépossèdent.
Ainsi, la notion économique de la dépossession est associée au changement dans la possession d’actifs productifs qui peut avoir des implications différentiées sur les niveaux des revenus des personnes lésées et des personnes favorisées. En fait, Buvinic, Das Gupta, Casabonne et Verwimp, Brewer et Caicedo expliquent, à travers de données qualitatives, que la perte d’actifs et de revenus des migrants augmente les conditions sociales d’inégalité, c’est-à-dire les rend plus vulnérables par rapport aux autres personnes. Alors que les acteurs qui accaparent les terres abandonnées sont privilégiés dans un contexte d’inégalité relatif à l’accès et contrôle de cette ressource. Donc, il pourrait y avoir deux conséquences sur l’inégalité : les limitations des revenus pour les déplacés et l’augmentation du contrôle des biens fonciers pour ceux qui dépossèdent. La dépossession change la distribution de la terre, l’actif productif plus important dans les zones affectées par le déplacement forcé. Murphy avec Ibáñez et Muñoz montrent un rapport positif entre le déplacement forcé et la concentration de la propriété rurale, lié à l’augmentation de terrains supplémentaires par des personnes déjà propriétaires. En d’autres termes, le déplacement forcé provoque l’abandon des biens fonciers qui facilite la concentration de propriétés rurales à travers la dépossession. Ce phénomène peut changer la distribution de la terre par l’augmentation de la tenure de ceux qui accaparent et par la diminution de la tenure des migrants.

Une approche de l’inégalité de revenus basé sur la possession de terres

Les études présentées précédemment montrent la migration forcée comme un phénomène qui affecte les victimes du conflit armé qui sont expulsées par la violence de leurs lieux d’origine et qui sont accueillies dans des lieux d’arrivée où elles n’ont pas leurs actifs productifs. L’abandon de la terre qui est le principal actif des migrants suppose grandes difficultés pour l’obtention des revenus dans les municipalités d’arrivée, ce qui provoque, entre d’autres causes, une situation d’appauvrissement. En plus, cette migration est souvent accompagnée par la dépossession des biens fonciers abandonnés, ce qui veut dire un transfert de cet actif qui appauvrit les déplacés accueillis et enrichit les habitants qui dépossèdent.
L’analyse empirique de cette recherche ne vise qu’à évaluer l’incidence du déplacement et la dépossession sur l’inégalité, puisqu’il n’existe pas des données sur les changements des revenus individuelles nécessaires pour comparer l’augmentation des revenus des bénéficiaires de la dépossession avec la diminution des revenus des migrants accueillis dans une municipalité. Donc, l’objectif de l’approche qui va être expliquée n’est que d’analyser les possibles raisons sous-jacentes à la contribution du déplacement avec dépossession de terres sur l’inégalité. La perspective théorique centrale est basée sur l’appauvrissement et l’enrichissement qui peuvent être provoqués par les phénomènes d’intérêt.
La notion de migration avec dépossession est liée à sa caractéristique économique qui concerne le changement des différences des revenus provoqué par le transfert de la terre des migrants vers des personnes qui dépossèdent. Autrement dit, une notion qui génère une augmentation des disparités des revenus entre les habitants d’une municipalité, parmi lesquels figurent des déplacés accueillis appauvris par la dépossession de biens fonciers et par l’abandon du capital humain associé au travail agricole, et des personnes enrichies par dépossession.
Il s’agit de considérer le déplacement forcé et la dépossession comme des phénomènes économiques qui engendrent des inégalités. Les deux sont souvent perçus par d’autres travaux comme des événements qui rendent encore plus pauvres les migrants, par exemple Ibáñez et al. montrent la migration forcé comme génératrice des pièges de la pauvreté et la dépossession comme la perte d’actifs. Cependant, les deux phénomènes en question ne sont pas considérés pour évaluer la façon dont leur impact peut augmenter l’inégalité. Le présent travail vise précisément à analyser la migration avec dépossession comme une problématique avec un effet qui peut être différentié sur les revenus.

Le rapport entre le déplacement forcé avec dépossession et l’inégalité des revenus

La dépossession de terres est un phénomène présent dans le déplacement forcé. D’après le CNMH, l’intention des groupes légaux et notamment illégaux de déposséder les actifs productifs des habitants des zones rurales a joué un rôle important dans l’ensemble des facteurs qui ont favorisé la réalisation d’événements de déplacement forcé. Cet organisme signale aussi que les personnes déplacées forcées ont dû abandonner leur municipalité d’origine sous la pression des groupes armés notamment paramilitaires, qui ont agi à partir de leurs intérêts sur le contrôle territorial, avec l’appui d’acteurs économiques et politiques non armés, y compris des notaires, juges, et entreprises particulièrement du secteur agroindustriel.
La partie précédente de cette recherche a signalé que la réception des migrants appauvris tend à augmenter l’inégalité, car l’abandon des actifs productifs et la dévalorisation du capital humain peut provoquer une diminution importante de leurs revenus, ce qui augmente la population pauvre dans la municipalité d’accueil. Dans la partie présente vont être présentés des résultats empiriques qui évaluent le rapport entre l’expulsion de migrants dépossédés et l’inégalité. L’analyse de l’ampleur des déplacés dépossédés est une approximation de l’affectation de la dépossession en tant que phénomène qui peut permettre l’enrichissement par l’appropriation de terres des migrants, ce qui a été suggéré par le CNMH.

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Table des matières

1 INTRODUCTION
2 CADRE THÉORIQUE 
2.1 De l’abandon de terres à la dépossession
2.2 Déplacement forcé, dépossession et inégalité de revenus
2.3 Une approche de l’inégalité de revenus basé sur la possession de terres
3 MÉTHODOLOGIE
3.1 Spécification des variables et les sources des données
3.2 Modèles économétriques
3.3 Statistiques descriptives
4 RÉSULTATS
4.1 Le rapport entre le déplacement forcé accueilli et l’inégalité des revenus
4.2 Le rapport entre le déplacement forcé avec dépossession et l’inégalité des revenus
4.3 Comparaison des estimations des effets avec la méthode de double différence
4.4 Analyse descriptive du lien entre déplacement et inégalité dans les régions
5 CONCLUSIONS
6 ANNEXES
7 RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 

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