La dénutrition protéino-énergétique résulte d’un déséquilibre entre les apports et les besoins de l’organisme, entrainant des pertes tissulaires ayant des conséquences fonctionnelles délétères. Il s’agit d’une perte tissulaire involontaire. Depuis plus de 20 ans, de nombreuses études en Europe et aux USA ont souligné la fréquence d’un état de dénutrition chez les patients accueillis en milieu hospitalier, évaluée généralement à entre10 à 20 % des patients [2]. Ces études ont aussi montré qu’un état de dénutrition augmente de façon significative la morbidité et la mortalité de ces personnes, en particulier parce qu’elle majore le risque infectieux (le risque étant multiplié par 2 par un état de dénutrition), accroît la charge de travail pour les soins, la durée de séjour, la dépendance des malades et les prescriptions médicamenteuses, réduit leur qualité de vie. Il en résulte que cette prévalence d’un état de dénutrition est un facteur important de surcoût financier pour les hôpitaux (de 30 à 65 % pour les patients considérés).
En France, comme dans la plupart des pays industrialisés, on observe une prévalence élevée de la dénutrition, atteignant 25 à 60% à l’hôpital [1]. En ambulatoire, elle atteint jusqu’à 25 à 30% des personnes âgées ayant une perte d’autonomie [2]. Plusieurs études ont démontré qu’une prise en charge nutritionnelle améliore le pronostic des malades [3] et réduit les coûts de prise en charge [4]. Ainsi, le dépistage et le traitement de la dénutrition constituent un enjeu de santé. Actuellement cet item fait partie des indicateurs de qualités recensées dans le cadre de l’accréditation des établissements de santé [5]. Quatre enquêtes récentes ont montré au sein des hôpitaux français l’existence d’un écart entre les taux de dénutritions réelles (45 à 60%) et la prévalence du codage « dénutrition » dans les résumés de sortie standardisés des patients (RSS) (1,4 à 7%) [6].Cet écart pourrait être expliqué par une insuffisance de dépistage et de prise en charge au sein des services, mais aussi probablement par un manque de codage systématique.
La dénutrition en milieu hospitalier s’explique par plusieurs mécanismes. En effet bien que les besoins nutritionnels soient significativement accrus lors de maladie, à la suite d’une chirurgie, en cours de traitement ou lors de la prise de certains médicaments, l’appétit ne suit pas toujours. Les patients ayant des besoins extrêmement élevés présentent souvent une anorexie plus ou moins marquée. Même lorsque l’appétit est intact, les demandes métaboliques sont parfois si grandes que l’alimentation normale ne peut suffire aux besoins. Par ailleurs, les patients sont souvent soumis à un jeûne, total ou partiel, de plusieurs jours en préparation ou conséquemment à un examen ou une chirurgie, ou encore lorsque l’intestin n’est pas fonctionnel. Ceci contribue de façon importante à la détérioration de leur état nutritionnel.
DÉFINITIONS DU CNANES
Pour le comité national de l’alimentation et de la nutrition des établissements de santé (CNANES), la dénutrition est un état pathologique provoqué par l’inadéquation persistante entre les besoins métaboliques de l’organisme et la biodisponibilité en énergie et/ou en protéines et/ou en micronutriments. Elle peut être liée à la réduction des apports nutritionnels quel qu’en soit le mécanisme et/ou à une augmentation des besoins métaboliques. Elle se caractérise par une perte de masse maigre et souvent de masse grasse en particulier chez l’enfant. Elle induit des modifications mesurables des fonctions corporelles physiologiques responsables d’une aggravation du pronostic des maladies [7].
DÉFINITION DE LA HAUTE AUTORITÉ DE SANTÉ (HAS)
Selon la HAS, la dénutrition protéino-énergétique résulte d’un déséquilibre entre les apports et les besoins protéino-énergétiques de l’organisme. Ce déséquilibre entraîne des pertes tissulaires ayant des conséquences fonctionnelles délétères. Il s’agit d’une perte tissulaire involontaire. L’amaigrissement se différencie de la dénutrition par le caractère non délétère de la perte pondérale. Il peut être volontaire ou non. [8]
L’adulte
Dans son sens le plus général, un adulte est un individu biologiquement stable qui, ayant acquis sa maturité sexuelle, est susceptible de se reproduire. Dans le cadre de notre étude nous considèrerons comme adulte tous les patients ayant seize ans ou plus .
Les mesures
Les Mesures Anthropométriques
Taille
La taille est l’un des deux paramètres indispensables à connaître avec le poids. Sa mesure est effectuée à l’aide d’une toise sur un patient debout. Chez les patients souffrant de troubles de la statique dorsale (patients alités, atteints de tassements vertébraux, de scoliose,…) et ne pouvant se tenir debout, il existe d’autres moyens d’évaluation. La taille peut alors être estimée selon l’équation de Chumléa [9] ; les mesures ont été effectuées sur des hommes et des femmes dont l’âge était compris entre 60 et 90 ans [10] et les méthodes de calcul suivantes ont été définies .
Pour la femme :
Taille (cm) = 84,88 – 0,24 x âge (années) + 1.83 x taille de la jambe (cm)
Pour l’homme :
Taille (cm) = 64,19 – 0,04 x âge (années) + 2.03 x taille de la jambe (cm) Pour les patients alités, la taille de la jambe est mesurée avec une toise pédiatrique placée sous le pied. Il faut mesurer la distance jusqu’aux condyles au-dessus du genou (Figure 1). Pour ce faire, le patient est placé en décubitus dorsal avec les genoux fléchis à 90°.
La taille peut aussi être estimée à partir de la longueur du membre supérieur comme l’a montré Van Hoeyweghen dès 1992 [11] en établissant la formule suivante : Taille (cm) = 2.5 x [Longueur du membre supérieur (cm) + 7.27] La mesure est effectuée du côté non dominant, à gauche pour un droitier, le coude fléchi à 45°. Les mesures de la longueur du b ras et de l’avant – bras sont additionnées. La taille du patient est aussi évaluable à partir de la mesure de la hauteur talon genou, ou encore de l’envergure du bras.
Poids
Le poids est le paramètre le plus important de l’évaluation clinique du patient. Pour une mesure la plus juste possible, le patient doit être pesé en sous-vêtements, le matin à jeun et la vessie vide. Le patient hospitalisé est pesé à l’entrée et une surveillance régulière du poids est recommandée une fois par semaine pour les patients à risque. Cette mesure peut être effectuée avec une balance classique, à l’aide d’un lève-malade ou encore d’une chaise de pesée selon l’équipement du service de soins [9].Le poids est une donnée qui doit être exploitée sous plusieurs formes pour optimiser l’évaluation clinique de l’état nutritionnel du patient. La formule de Lorentz permet de calculer le poids idéal ; elle est la plus utilisée. Cette technique a des limites dues au recrutement exclusif de jeunes adultes masculins [12] :
Poids actuel
Le poids actuel est connu grâce à une mesure récente effectuée pendant le séjour hospitalier afin de suivre l’évolution pondérale du patient. Ces différentes mesures permettent de déterminer une éventuelle perte de poids [2, 13]. La formule suivante permet de calculer en pourcentage la perte de poids par rapport au poids habituel :
Calcul de la perte de poids :
Perte de poids (%) = [(poids habituel – poids actuel) / poids habituel] x 100 La perte de poids en elle-même est une donnée très importante, mais c’est surtout son délai d’apparition qui lui confère son caractère capital. Une perte de poids non volontaire de 10 % sur 6 mois, 5 % en 1 mois ou 2 % en une semaine est un signe indiscutable de dénutrition [13].
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Table des matières
INTRODUCTION
I. GENERALITES
I.1. Concepts et mesures
I.1.1. Définition des concepts
I.1.2. Les mesures
I.1.3. Evaluation des besoins
I.2. Situation de la dénutrition de l’adulte en milieu hospitalier
I.2.1. Définition
I.2.2. Ampleur
I.2.3. Causes
I.2.4. Les facteurs de risque
II. REVUE DE LA LITTERATURE
II.1. Ampleur
II.2. Conséquences
III. QUESTION DE RECHERCHE
IV. OBJECTIFS
IV.1. Objectif général
IV.2. Objectifs spécifiques
V. METHODOLOGIE
V.1. Cadre de l’étude : le Centre Hospitalier Universitaire Sourô Sanou
V.2. Champ de l’étude
V.3. Type et période d’étude
V.4. Population d’étude
V.5. Echantillonnage
V.6. Description des variables étudiées
V.7. Définitions opérationnelles
V.8. Collecte des données
V.9. Analyse des données et test statistique
VI. CONSIDERATION ETHIQUES
VII. RESULTATS
VII.1. Caractéristiques sociodémographiques de l’ensemble des patients
VII.2. Ampleur de la dénutrition
VII.3. Profil des dénutris
VII.4. Facteurs associés à la dénutrition
VII.5. Evaluation de la prise en charge
VIII. DISCUSSION
VIII.1. Limites méthodologiques et contraintes
VIII.2. Discussion des résultats
VIII.2.1. Données sociodémographiques
VIII.2.2. L’ampleur de la dénutrition
VIII.2.3. Facteurs associés à la dénutrition
VIII.2.4. Evaluation de la prise en charge
CONCLUSION
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