รTIOLOGIES DES DENTS INCLUSES
ย ย Lโรฉthiopathogรฉnie de lโinclusion est plurifactorielle. En effet, plusieurs facteurs systรฉmiques et locaux-rรฉgionaux peuvent รชtre รฉvoquรฉs pour lโinclusion. Parmis les causes gรฉnรฉrales, nous pouvons citer : (8) (5) (9) (4)
– Les syndromes, tels que le syndrome de Crouzon, les fentes labio-alvรฉolo-palatines, la dysostose cleido-crannienne, la trisomie 21, associรฉes majoritairement ร des retards dโรฉruption, dont les inclusions ;
– Hypovitaminoses : Le rachitisme vitamino-rรฉsistant dรป aux carences en vitamines A et D conduirait directement ร des dysharmonies dento-arcades qui seraient responsables de certaines inclusions ;
– Troubles endocriniens ;
– Certaines maladies infectieuses (syphillis, tuberculose) ou antรฉcรฉdents dโirradiation dans la petite enfance ;
– Les facteurs hรฉrรฉditaires et congรฉnitaux : des prรฉdispositions familiales peuvent dรฉterminer une tendance ร lโinclusion, notamment dans le cas des canines incluses palatines.
Les causes rรฉgionales sont reprรฉsentรฉes principalement par la dysharmonie dento-arcade. En effet, les dรฉficits squelettiques et/ou macrodontie peuvent perturber lโรฉruption de certaines dents notamment les derniรจres ร faire leur รฉruption (canines, troisiรจmes molaires) et donc conduire ร des phรฉnomรจnes dโinclusion (4)(10). Les causes locales comprennent : (4) (5) (2) (10)
– Les causes primaires, propres au germe lui-mรชme, constitutionnelles ou acquises : dysmorphie ou dystopie du germe ;
– Lโankylose (Becker, 2007) ;
– Les obstacles mรฉcaniques sur le chemin dโรฉruption comme les รฉlรฉments surnumรฉraires (odontomes, mรฉsiodens, dents surnumรฉraires), lโexfoliation retardรฉe dโune dent temporaire suite ร un phรฉnomรจne dโankylose, les obstacles tumoraux comme la prรฉsence dโun kyste radiculo-dentaire sur une dent temporaire, ou dโun kyste folliculaire sur la dent permanente (Fearne and Lee, 1988; Becker, 2007), ou encore excรจs de fibro-muqueuse ;
– Les antรฉcรฉdents traumatiques, principalement en secteur antรฉrieur. Les traumatismes peuvent entrainer une lรฉsion du follicule ou modification de lโaxe coronoradiculaire qui conduira ร lโinclusion. Les phรฉnomรจnes dโimpaction sont les traumatismes les plus ร risque pour les dents successionelles ;
– La perte de guidage. En effet le plan de guidage de la canine est reprรฉsentรฉ par la face distale de lโincisive latรฉrale ; en cas dโagรฉnรฉsie ou dโanomalie de taille (microdontie) de celle-ci, la canine continuera son trajet en direction mรฉsiale ou palatine. Lโinclusion de la canine est associรฉe trรจs frรฉquemment (5,5 %) ร lโagรฉnรฉsie congรฉnitale de lโincisive latรฉrale adjacente et dans 16 % des cas dโinclusion, une anomalie de forme de lโincisive latรฉrale et/ou une agรฉnรฉsie de la deuxiรจme prรฉmolaire est rapportรฉe ;
– La perte dโespace liรฉe ร lโavulsion prรฉcoce dโune dent temporaire, notamment lโavulsion des molaires temporaires pour raisons carieuses, qui se manifestent par lโinclusion de la deuxiรจme prรฉmolaire.
Parmi les thรฉories visant ร expliquer lโรฉtiologie de lโinclusion, deuxย prรฉdominent pour lโinclusion canine maxillaire : la thรฉorie du guidage (Miller 1963, Bass 1967, Becker et al. 1981) et la thรฉorie gรฉnรฉtique (Peck et al. 1994). Lacoste (1974) affirmait que lโhรฉrรฉditรฉ serait en cause dans 17% des cas dโinclusion (8) (5) (4). Concernant la troisiรจme molaire, la cause la plus frรฉquente semble รชtre une dysharmonie dento-arcade (DDA) par macrodontie relative (manque de place sur arcade) (5). Enfin, la prรฉsence dโun germe surnumรฉraire reprรฉsente la cause la plus frรฉquente de lโinclusion de lโincisive centrale maxillaire (5).
COMPLICATIONS MECANIQUES
ย ย Le manque de surveillance et le retard dans le dรฉpistage, lโinterception ou le traitement dโune dent incluse peuvent entraรฎner diffรฉrentes complications mรฉcaniques telles que des lรฉsions carieuses et perte de vitalitรฉ des dents voisines, des dรฉplacements dentaires ou raccourcissement de l’arcade dentaire, des phรฉnomรจnes dโankylose, de rรฉsorption, ou encore combinaison de ces facteurs. Un diagnostic appropriรฉ, une analyse prรฉdictive prรฉcise et une intervention prรฉcoce sont susceptibles de prรฉvenir ces effets indรฉsirables (14)(15)(16). Lโankylose : Due ร la colonisation dโune zone de rรฉsorption externe dentaire par de lโos alvรฉolaire, empรชchant la mobilisation par la traction. Elle sera objectivรฉe par lโimmobilitรฉ de la dent et un son clair ร la percussion lorsque celle-ci est accessible. Dans le cas des dents incluses son diagnostic sera radiologique, et les images montreront une disparition du ligament dento-alvรฉolaire. Lโhypercรฉmentose : Due ร une production pรฉri-radiculaire excessive de cรฉment, elle se caractรฉrise par un รฉpaississement et une dรฉformation plus ou moins รฉtendue et marquรฉe des racines et de leurs apex. Rรฉsorption des dents adjacentes : Cโest une complication relativement frรฉquente, les dents les plus susceptibles de causer des rรฉsorptions sont les canines incluses. Lโeffet indรฉsirable le plus frรฉquent de lโinclusion canine est la rรฉsorption de lโincisive maxillaire latรฉrale (17) (18) (19). En outre, lโincisive centrale peut รชtre impliquรฉe et occasionnellement des rรฉsorptions prรฉmolaires sont parfois relevรฉes. La proximitรฉ physique (< 1 mm) entre une canine incluse et une racine adjacente est le facteur de prรฉdiction le plus important de la rรฉsorption radiculaire (18). La rรฉsorption des deuxiรจmes molaires est รฉgalement une complication frรฉquente de lโinclusion des troisiรจmes molaires (13). Ericson et Kurol, dans une รฉtude menรฉe sur des radiographies bi-dimensionnelles, ont montrรฉ une incidence de rรฉsorption radiculaire des incisives centrales et latรฉrales due aux canines maxillaires incluses de 12,5% (14). Nous verrons plus tard que des รฉtudes menรฉes sur des images issues dโexamens radiographiques tridimensionnels montrent une sous-estimation de cette valeur. Les lรฉsions carieuses : Elles supposent une communication buccale (dents en dรฉsinclusion), elles peuvent se compliquer de lรฉsions dโorigine endodontiques et sโรฉtendre par continuitรฉ ร la dent adjacente (souvent les deuxiรจmes molaires mandibulaires). Troubles parodontaux : Ils se manifestent par un dรฉfaut osseux sur la dent adjacente ร la dent incluse. Les pertes les plus importantes concernent la face distale des deuxiรจmes molaires mandibulaires en cas de troisiรจme molaire incluse avec des dรฉfauts osseux pouvant atteindre les 5 mm sous la jonction amรฉlo-cรฉmentaire, pour une frรฉquence de 9 % (9) (20). Exceptionnellement des troubles fonctionnels des ATM, voire fracture de lโangle mandibulaire fragilisรฉ par une DDS incluse peuvent รชtre retrouvรฉs (13).
AUTOTRANSPLANTATION
Cette solution, envisagรฉe en cas dโรฉchec de mise en place orthodontico-chirurgicale ou dโankylose de la dent. Lโautotransplantation peut รฉgalement se compliquer dโankylose. Cette alternative est aussi dรฉpendante de la situation de la dent que du site dโimplantation. Le pronostic de la transplantation dรฉpend de la qualitรฉ du prรฉlรจvement. Le ligament dentoalvรฉolaire doit รชtre prรฉservรฉ au maximum car cโest lui qui a la potentialitรฉ de recrรฉer un lien avec lโos alvรฉolaire. La situation anatomique de la dent incluse peut rendre le prรฉlรจvement dรฉlรฉtรจre pour la dent ou les structures environnantes (23).
PALPATION
ย ย La palpation des tables osseuses vestibulaires et palatines recherchera une voussure fibromuqueuse, indolore, incompressible. Pour plusieurs auteurs, lโexamen clinique par palpation semble รชtre un moyen dโรฉvaluation fiable quand il est positif (23). Dans le cadre d’un dรฉveloppement normal, les canines maxillaires doivent รชtre palpables dans le vestibule buccal vers l’รขge de 10 ร 11 ans et doivent faire รฉruption vers l’รขge de 12 ans chez les filles et de 13 ans chez les garรงons (31). Concernant la canine maxillaire, selon Ericson et Kurol (1986), lorsque la dent nโest pas palpable ร onze ans, le clinicien doit prescrire au plus vite un bilan radiographique (8). La mobilitรฉ des dents lactรฉales sera testรฉe, afin dโen dรฉterminer le niveau de rhizalyse ou une รฉventuelle ankylose.
SCANNER A RAYONS X
ย ย La tomodensitomรฉtrie (TDM) connue รฉgalement sous le nom de scanner ou scanographie est une mรฉthode dโimagerie mรฉdicale de choix pour lโensemble du corps humain. Elle permet ร lโaide de rayon X et de dรฉtecteurs de produire des images en coupe en 2 et 3 dimensions. รtendue au milieu des annรฉes 1980 ร la sphรจre dento-maxillo-faciale, le dentascanner ou Scanner dentaire permet lโรฉtude des maxillaires supรฉrieur et infรฉrieur. Aujourdโhui, son intรฉrรชt nโest plus ร dรฉmontrer en odontostomatologie. Son utilisation se justifie tant par le caractรจre irremplaรงable des informations tridimensionnelles quโil procure que par la simplicitรฉ de sa mise en ลuvre et de son interprรฉtation (41). Le scanner ร rayons X se dรฉfinie comme une mรฉthode de mesure de la densitรฉ radiologique des volumes รฉlรฉmentaires d’une coupe. En effet, elle repose sur lโabsorption diffรฉrentielle du rayonnement par les diffรฉrentes structures traversรฉes, cโest-ร -dire quโelle รฉtudie l’attรฉnuation d’un faisceau de rayons X au cours de la traversรฉe d’un segment du corps. Le faisceau de rayons X rรฉalise des coupes fines de dโenviron 1 mm dโรฉpaisseur, elles sont jointives mais chevauchรฉes tous les 0,5 mm. Des dรฉtecteurs รฉlectroniques permettent de numรฉriser l’absorption en chaque point de la zone รฉtudiรฉe, dans une direction donnรฉe. La rotation autour du patient du couple ยซย tube – dรฉtecteurย ยป, permet de rรฉaliser une sรฉrie de mesures dans toutes les directions d’un mรชme plan. Les dรฉtecteurs vont mesurer le coefficient dโattรฉnuation ou la densitรฉ radiographique (cโest-ร dire le niveau dโabsorption du rayon X par le patient selon le segment du corps) des rayons X passant au travers du patient. Ce coefficient dโabsorption de chaque tissu est traduit en unitรฉ de densitรฉ Hounsfield (UH). Lโรฉchelle de densitรฉ est graduรฉe de -1000 ร +1000, elle permet de savoir ร quel niveau de densitรฉ correspond le tissu รฉtudiรฉ. -1000 et +1000 sont les niveaux respectifs de lโair et de lโos, 0 le niveau de lโeau. Un ordinateur recueille ces donnรฉes et reconstruit une image sur une matrice bidimensionnelle, oรน chaque รฉlรฉment de surface, ยซย pixelย ยป ou ยซ picture element ยป, est la projection d’un volume รฉlรฉmentaire analysรฉ : ยซย voxelย ยป ou ยซ volume element ยป. Lโimage obtenue est formรฉe par juxtaposition de multiples voxels. Plus le nombre de pixels d’une matrice est รฉlรฉvรฉ, plus la dรฉfinition (rรฉsolution spatiale) est grande. Il est de 512×512 = 262144 pour les scanners actuels. Une fois les donnรฉes traitรฉes numรฉriquement on obtient une image avec plusieurs nuances de gris en fonction de la densitรฉ (ou coefficient dโattรฉnuation) des tissus. Lโordinateur reconstruit des coupes axiales, (perpendiculaires ร lโaxe cรฉphalo-caudal du patient) qui sont dites ยซ natives ยป. Dans un second temps, il peut construire un volume en superposant les coupes natives, autorisant le passage du 2D en 3D.
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Table des matiรจres
1 INTRODUCTION
2 GรNรRALITรS
2.1 DรFINITIONS
2.2 รPIDรMIOLOGIE
2.3 รTIOLOGIES DES DENTS INCLUSES
2.4 COMPLICATIONS ASSOCIรES AUX DENTS INCLUSES
2.4.1 COMPLICATIONS INFECTIEUSES
2.4.2 COMPLICATIONS TUMORALES ET KYSTIQUES
2.4.3 COMPLICATIONS MECANIQUES
2.4.4 COMPLICATIONS NERVEUSES
2.5 DEMARCHE THERAPEUTIQUE ET CRITERES DECISIONNELS
2.5.1 PREVENTION ET INTERCEPTION
2.5.2 DEGAGEMENT CHIRURGICAL ET TRACTION ORTHODONTIQUE
2.5.3 AUTOTRANSPLANTATION
2.5.4 ABSTENTION THERAPEUTIQUE ET SURVEILLANCE
2.5.5 LโAVULSION
3 DIAGNOSTIC DES DENTS INCLUSES
3.1 INTERROGATOIRE
3.2 EXAMEN CLINIQUE
3.2.1 INSPECTION
3.2.1.1 Examen extra-oral
3.2.1.2 Examen intra-oral
3.2.2 PALPATION
3.2.3 PERCUSSION ET VITALITE
3.3 EXAMENS COMPLEMENTAIRES : RADIOGRAPHIES CONVENTIONNELLES BIDIMENSIONELLES, AVANTAGES ET LIMITES
3.3.1 RADIOGRAPHIES INTRA-ORALES
3.3.1.1 Clichรฉs rรฉtro-alvรฉolaires
3.3.1.2 Clichรฉs occlusaux
3.3.2 RADIOGRAPHIES EXTRA-ORALES
3.3.2.1 Orthopantomogramme
3.3.2.2 Tรฉlรฉradiographies de face et de profil
4 INTERET DIAGNOSTIQUE ET THรRAPEUTIQUE DE LโIMAGERIE TRIDIMENSIONELLE
4.1 IMAGERIE TRIDIMENSIONNELLE (3D)
4.1.1 SCANNER A RAYONS X
4.1.2 TOMOGRAPHIE VOLUMIQUE A FAISCEAUX CONIQUES
4.1.3 RAPPORTS BENEFICES RISQUES
4.1.3.1 Risques liรฉs ร lโexposition aux rayons x : Effets biologiques
4.1.3.2 Mesures de radioprotection
4.1.3.3 Avantages du CBCT par rapport au scanner dentaire
4.2 APPLICATION AUX INCLUSIONS DENTAIRES
4.2.1 AIDE AU DIAGNOSTIC ET BILAN PRE-CHIRURGICAL
4.2.1.1 Position tridimensionnelle et rapport anatomiques
4.2.1.2 Dรฉpistage de complications associรฉes et รฉtablissement du pronostic
4.2.2 AIDE AU TRAITEMENT
4.2.2.1 Chirurgical
4.2.2.2 Parodontal
4.2.2.3 Orthodontique : dรฉsinclusion : voies dโabord et direction de traction
CONCLUSION
5 BIBLIOGRAPHIE
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