Dénombrement et abondance des espèces mellifères

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Etat des connaissances

Situation géographique

La forêt de Tampolo est localisée sur la côte orientale de Madagascar, dans la région Analanjirofo, à 10 km au Nord de la ville de Fenoarivo-Atsinanana et est comprise dans ce district et à 110 km de celle de Toamasina. Appartenant à la Commune rurale d’Ampasina-Maningory, elle couvre près de 675 ha et s’étend sur 10km le long de la côte Est et sur 2km de large environ d’Ouest en Est (RAJOELISON, 1997). Elle se situe entre 49°25’ de longitude Est et 17°17’ de latitude Sud, à une altitude variante entre 5 à 10 m au-dessus du niveau de la mer (RATSIRARSON et al., 2001). Elle est délimitée au Nord par Rantolava ainsi que le lac Tampolo, longée par l’ancien tracé de la Route Nationale n°5 à l’Ouest en plus de Tanambao-Tampolo au Sud-Ouest ; au Sud par Andapa II et à l’Est par l’Océan Indien.

Hydrographie

Selon RADOSY en 2010, le milieu lotique de Tampolo est dominé par le fleuve Maningory, au nord de notre zone d’étude, ce fleuve et ses affluents constituent les principaux réseaux hydrographiques de la commune d’Ampasina. Ils se déversent dans l’océan indien à la hauteur du village de Takobôla. Le reste est donné par quelques petites rivières, comme le Manjorozoro et l’Antetezambe. Le milieu lentique est cependant composé de lacs dont les principaux sont le lac Tampolo au Nord et le lac Marofototra au Sud-Est. Tampolo est traversé de ruisseaux qui se jettent dans ces deux lacs. Cette eau est alimentée par deux rivières la Tetezambe et la lohalava provenant du Sud ainsi que des ruisseaux tels que : le teteazambaro, le mandrakatsa, le sahateza, le sahamantsina le, sahakondro. Ces derniers prennent leurs sources à l’Ouest. Le lac Tampolo constitue un réservoir dont les dendrites Tetezambe et Lohalava alimentent les marécages de bas-fonds et les marais alentours, notamment au sud de la forêt (RAJOELISON, 1995).

Pédologie

En général, Le sol de la forêt de Tampolo a une texture généralement sableuse, peu compacte ; perméable, acide (pH variant entre 3,7 et 4,6), et pauvre en matière organique (RATSIRARSON, 1998). L’enracinement est superficiel et est maximal dans les vingt premiers centimètres. L’acidité du sol est très élevée (pH = 2,7 dans les couches entre 0 et 20 cm), expliquant la faible décomposition de l’humus et la réduction des activités microbiennes. L’épaisseur de la litière varie dans les différentes parties de la forêt. Elle peut atteindre 5 cm dans des autres endroits mais est absente dans les parties à proximité des marécages (RARIVOSON, 1989 ; RAHOLIVELO, 1994). Fénérive et Vavatenina se trouvent sur une série côtière migmatique à épidote et une série interne migmatito-gneissique à grenat et à graphite et les grandes plaines d’alluvions argilo-sableuses sont dues à des mouvements tectoniques récents (BESAIRIE, 1964). D’après KILIAN en 1965 (in RAJOELISON, 1997), de la mer vers l’intérieur, en fonction de la position de la nappe phréatique, il se développe sous la forêt de Tampolo, 04 sous-unités caractéristiques :
– Sols peu évolués d’apport ou régosols acides ;
– Sols podzoliques ;
– Sols hydromorphes tourbeux ;
– Sols pseudopodzols de nappe.

Milieu biologique

Flore

La zone de Tampolo est caractérisée par une végétation très diversifiée. La forêt de Tampolo appartient au domaine de l’Est selon HUMBERT et COURSDARNE (1965). Comme l’altitude moyenne de la formation est de 10 m, elle est donc classée comme forêt dense humide sempervirente de basse altitude et appartient à la série à Anthostema et MYRISTICACEAE (HUMBERT et COURS-DARNE, 1965). RATSIRARSON et GOODMAN en 1997 ont recensé 360 espèces de plantes dont les plus abondantes sont Aucoumea klaineana (Burseraceae), Uapaca thouarsii (Euphorbiaceae), Dicoryphe stipulacea (Hamamelidaceae), Schizolaena rosea (Sarcolaenaceae), Polyalthia ghesquiereana (Annonaceae), et Sarcolaena grandiflora (Sarcolaenaceae) avec 11 espèces de Palmiers et nombreuses espèces rares comme le hintsy (Intsia bijuga) et le Tamenaka (Hirtella tamenaka), y compris les épiphytes et herbacées. Etant une forêt littorale, elle contient une frange externe dominée par Pandanus dauphiniensis, Cycas thouarsii, Calophyllum inophyllum, Terminalia catappa et Casuarina equisotifolia, le long de la plage. De cette frange vers l’intérieur, selon RAJOELISON (1997) et RABESON (2001), les types de forêt rencontrés sont :
– La forêt temporairement inondée (RAOLINANDRASANA, 1994 in RAJOELISON, 1997). Cette frange constitue une barrière de protection pour la forêt littorale, elle couvre les zones dépressionnaires ; elle est caractérisée par des arbres de taille réduite,
– La forêt littorale, elle reflète l’authentique forêt dense humide sempervirente ; occupant les zones peu élevées et les zones proches des bas-fonds ;
– La forêt enrichie (sur la limite Ouest et une partie de la forêt temporairement inondée) : Elle désigne le lieu d’enrichissement avec des essences exotiques et des essences autochtones dans les zones exploitées.
– La forêt des marécages (près des bas-fonds inondés) : On y trouve quelquefois dans les étangs des espèces natives de grande dimension mais à dispersion aléatoire.

Faune

Selon les résultats de l’inventaire biologique en 1997, combinés avec ceux de 2004 par RATSIRARSON et GOODMAN, la forêt de Tampolo dispose d’une richesse faunistique comprenant:
– 07 espèces de lémuriens (02 diurnes et 05 nocturnes) ;
– Des petits mammifères (05 espèces de chiroptères, 03 espèces de micro-mammifères non volants, 03 espèces de carnivores observées),
– 64 espèces d’oiseaux (dont certaines d’espèces migratrices ou de grands oiseaux forestiers) ;
– 6 espèces de Reptiles et d’Amphibiens,
– 90 espèces de fourmis (27 genres) ;
– 5 espèces de Crabes terrestres,
– 01 espèce de scorpion (Grophus hirtus).

Milieu Humain

Population et ethnie

La forêt de Tampolo, qui est rattachée à la Commune Rurale d’Ampasina-Maningory est entourée de quelques villages. Ces villages se répartissent en 4 Fokontany : Ampasimazava-Andapa II au Sud, Tanambao Tampolo ou Ambavala se situant à l’Ouest, Rantolava à environ 5 km au Nord du campement de l’ESSA, Takobola se trouvant à 10 km au Nord. La grande majorité de la population riveraine est composée essentiellement de l’ethnie Betsimisaraka avec quelques immigrants Antemoro, Antanosy et Merina. Le tableau ci-après présente le nombre d’habitants par Fokontany.

Infrastructures publiques

D’une manière générale la région de Tampolo n’est pas isolée. La route nationale n°5 constitue une artère qui la relie à la ville de Fenoarivo Atsinanana. Seule, l’ancienne route nationale menant vers Rantolava et Takobôla est en mauvais état, elle a une longueur de 10km. Le domaine scolaire dans les zones rurales comme à Tampolo se heurte en permanence à l’insuffisance tant sur le personnel enseignant que pour les équipements scolaires. En général, cette situation affecte la qualité de l’enseignement. Il existe quatre centres de santé autour de la forêt. Il s’agit de : un CSB I qui se trouve à Rantolava ; deux CSB II à Ampasina Maningory et à Fénérive Est ; un CHR à Fénérive Est. Bien que l’eau soit une question vitale pour toute activité de développement, elle est ici gérée d’une manière traditionnelle et se limite à des usages ménagers. Les villageois ont recours aux petits cours d’eau contre l’existence d’une pompe seulement dans le village d’Ambavala et des pompes construites par le projet CARE INTERNATIONAL à Rantolava.

Autorités locales

A côté des autorités administratives, il y a le Tangalamena qui détient un rôle considérable dans la société. Il règle les conflits familiaux, les litiges fonciers et tout ce qui se rapporte à la vie communautaire du point de vue social. Le respect de ce notable en fait un personnage – clé, incontournable dans tout projet concernant le village. La nomination de ce dernier se fait par l’expression populaire et cela doit être confirmée par les autorités administratives. En outre, les Raiamandreny ne sont pas du tout négligés. Ils jouissent du rôle de représentant de chaque famille et sont très respectés dans la société. Le respect est un fait qui singularise encore cette communauté rurale.

Us et coutumes

L’organisation dans la société Betsimisaraka conserve les traditions anciennes et les coutumes. La vie spirituelle de la population est fondée sur le culte des ancêtres. La cérémonie a lieu dans le Toby, un local réservé aux festivités et réunions. Le « Tsaboraha » désigne toutes les coutumes Betsimisaraka. Le plus souvent, il est accompagné par un sacrifice d’un ou plusieurs zébus, selon la circonstance, suivi d’un repas traditionnel et d’autres boissons alcooliques. Le « Tsaboraha » prend une grande importance du mois de Juillet au mois d’Octobre. Le Lundi et le Samedi, désignés comme « andro tsara » selon la croyance locale, demeurent les jours propices à la pratique. Il se déroule pendant 2 jours successifs. Il existe trois types de tsaboraha dans cette région : le befangoaka, le tody simbotrano, et le tsikafara. Ces tsaboraha diffèrent selon le nombre de décideurs, le sacrifice utilisé et l’évènement objet de la cérémonie. Le Tangalamena reste le chef rituel de cette fameuse tradition dans laquelle la communauté s’investit. Ce dernier assiste à la fête et y participe activement en procurant des apports financiers, des apports matériaux et surtout les différentes obligations y afférentes.

Tabous et religions

Les interdits sociaux caractérisent la région de Tampolo, ils peuvent être d’origine ancestrale ou divine. Pourtant ils sont de plus en plus lésés, néanmoins, certains fady sont encore retenus tels que les andro fady à savoir le mardi et le jeudi et les fady liés au lac Tampolo Rantolava (port de la lumière pendant la nuit, pratiquer la pêche avec le ver de terre), la consommation de certains aliments par respect à des traditions par exemple les porcs, travailler la terre le mardi et le jeudi ou lors de la journée interdite et l’enterrement lors d’un jour fady. La religion se développe beaucoup dans cette zone littorale Est surtout dans la région forestière comme Tampolo et ses périphéries. Le développement du christianisme est dû aux migrants.

Agriculture

On peut classer les cultures existantes dans cette région en deux catégories : Les cultures vivrières et les cultures de rentes. La culture vivrière regroupe l’ensemble des cultures destinées à la consommation, à savoir la riziculture, la culture de manioc, la culture de patate douce, et la culture de maïs. La riziculture est la principale activité de la population riveraine de Tampolo. Elle est pratiquée dans les bas-fonds, les plaines (riziculture irriguée) et sur les versants des collines (riziculture sur brûlis) ainsi que l’agriculture sur brûlis, ainsi que la production de culture de rente (café, girofle). En dehors du riz, et des produits de complément ou de substitution, le paysan produit pour sa subsistance divers produits maraîchers comme les brèdes locales, les légumes, les arbres fruitiers comme le bananier, le jacquier (Arthrocarpus sp) (RANAIVONASY et al, 2003).

Etat du marché mondial, national et régional

La notion de marché du miel est récente et arrive en 2e moitié du 20e siècle. Elle est associée au développement des échanges de ce produit qui ont pris une dimension internationale.
Nous présenterons ce marché à travers des données de production et de consommation aux échelles mondiale, nationale et régionale. Le marché du miel peut être segmenté en deux catégories : le marché dit du « vrac », alimenté par les entreprises de conditionnement, et le marché alimenté par les apiculteurs eux-mêmes (vente en direct ou en demi-gros), qui représente plus de la moitié de la récolte. Chaque seconde, on produit près de 60 kilos de miel dans le monde, soit près d’1,9 million de tonnes de miel par an. En 2010, la FAO a estimé la production de miel mondial (FranceAgriMer, 2012) à 1,54 million de tonnes. L’Asie représente à elle seule 42 % de la production mondiale, l’Union Européenne (UE) produit 13 % de la production mondiale. En 2010, les trois premiers producteurs de miel dans l’Union Européenne étaient l’Espagne, la Hongrie et l’Allemagne avec respectivement 32 000, 23 000 et 18 000 tonnes de miel en 2008. L’UE compte 7 pays grands producteurs de miel si on ajoute aux 3 précédemment cités la Grèce, la Roumanie, la France et la Pologne (EUROPEENNE, 2010). La production mondiale de miel n’a cessé d’augmenter depuis le début des années 1960 (MENEAU, 2010). On peut ainsi noter une augmentation de + 27 % sur la période 1991-2009 et de + 36 % sur la période 1996-2009, soit une augmentation de la production de + 120 % sur la période 1961-2009 qui suit l’augmentation de la population sur cette période. Selon les données de la FAO, cette hausse est essentiellement due à l’augmentation de la production en Chine (+ 60 % en 10 ans) et dans l’Union Européenne (+ 30 % en 10 ans). On constate également des augmentations significatives de production en Argentine (+64% en 10ans). Aujourd’hui, le gouvernement chinois a pris une série de mesures afin de pouvoir être conforme aux normes européennes et aucun cas de contamination ou de pollution n’a été suspecté. Depuis 2005, le miel chinois reprend progressivement une place importante dans les importations de l’Union européenne (FranceAgriMer, 2012), notamment grâce à un prix de vente très bas. La consommation mondiale de miel est estimée à 1,3 million de tonnes en 2011 par la FAO, l’Union Européenne représentant à elle seule 24 % de la consommation mondiale. Elle a augmenté de + 28 % sur la période 1990-2009 et de + 30 % sur la période 1996-2009, soit une augmentation globale de + 120 % sur la période 1960-2009. Cette augmentation est variable selon les continents.
Pour pouvoir répondre à la demande, le marché international est inondé de produits frauduleux : faux étiquetage, origine trafiquée ou ajout de sirop de sucre. L’exportation de miel dans le monde a augmenté de 61% en 6 ans. De plus le miel adultéré (modifié ou falsifié), c’est le principal fléau pour l’industrie apicole, plus que les pesticides ou les problèmes sanitaires. De plus, on a constaté que les exportations de miel ne cessent de croître alors que le nombre de ruches a augmenté dans le monde de 8% de 2007 à 2013, l’exportation de miel dans le monde a augmenté de 61% (GARCIA, 2015). Dans l’hémisphère oriental allant de l’Ukraine à Taïwan, la tendance est encore plus criante avec une hausse de ruches de 13% quand les exportations explosent de 196%, selon des chiffres croisés de la FAO et des Nations Unies. La fraude est responsable de l’injection de volumes très importants de miels dilués à bas prix sur le marché mondial, car la production mondiale n’est pas suffisante pour répondre à la demande mondiale. A l’image de la Chine : avec 450.000 tonnes produites par an (dont 150.000 tonnes sont exportées à l’étranger), le pays, qui est par ailleurs le premier pays producteur et consommateur de miel dans le monde, est loin de satisfaire une demande locale avoisinant les 700.000 tonnes par an. Or, depuis une quinzaine d’années la population d’abeilles est en très nette diminution. Une disparition progressive attribuée aux changements climatiques, à la pollution, à l’utilisation massive de pesticides dans les campagnes et aux monocultures agricoles qui ne fournissent pas de nourriture suffisamment variée aux butineuses.
Madagascar produit environ 4000 tonnes de miel chaque année. Les principales zones de production sont : le Nord-Ouest (Befandriana nord, Antsohihy, Mahajanga, Morondava), la côte Est et les Hauts Plateaux (Manjakandriana, axe sud d’Ambositra Fianarantsoa). Les produits du Nord-Ouest et de la côte Est sont principalement des produits de cueillette, consistant à aller à la recherche des essaims sauvages pour en extraire le miel. Pour des raisons de qualités insuffisantes, Madagascar a été interdit d’exportation de miel depuis 1950. Les petites quantités envoyées à l’extérieur, l’ont été à titre d’essai et d’échantillons. Beaucoup d’efforts ont été menés pour améliorer la filière : mode de production, mode d’extraction, législation, normes, formation des apiculteurs, modernisation des ruches. La démarche a été centrée sur la structuration des acteurs de la filière, l’information et la sensibilisation des consommateurs, marketing et promotion des produits apicoles sur le marché national puis international. En effet, l’Union Européenne a levé l’embargo sur le miel malgache en fin octobre 2011. Le miel peut désormais s’exporter sous réserve de respect des normes d’hygiène et de production en vigueur. Seulement, la recrudescence des feux de brousse et la déforestation restent les principales menaces de l’apiculture. Des négociations sont en cours pour la dotation de terrains de reboisement par les municipalités rurales et surtout pour la sensibilisation de la population sur l’importance de la sauvegarde de l’environnement.

Matériels et méthodes

Cartographie de la NAP

La cartographie constitue un outil de base pour identifier et délimiter dans l’espace la zone d’étude afin d’établir et d’éditer des cartes qui en correspondent. Les cartes existantes ont été tout d’abord analysées pour connaître d’une façon globale la faisabilité de l’inventaire floristique ainsi que les informations manquantes dans la carte. Ensuite, des nouvelles cartes ont été élaborées dans le but d’actualiser les anciennes cartes et de représenter la distribution des emplacements des zones d’apiculture tout autour de la NAP.

Enquêtes socio-économiques

Tout d’abord, les zones d’enquêtes ont dû être identifiées. Cette étape a été primordiale car elle a permis de cadrer les zones de prospection dont dépendait le lieu d’étude. Cela était en fonction de la proximité directe de ces villages avec la forêt, c’est-à-dire les villages qui entourent la forêt. D’une manière générale, la zone périphérique de la forêt rassemble les villages situés à proximité de la forêt et/ou ayant une liaison directe avec celle-ci. Dans ce cas, nos principales zones d’étude se limitaient aux trois Fokontany, qui se trouvaient en meilleure position géographique par rapport aux autres, et qui constituent les principales zones d’intervention de l’ESSA-Forêts notamment :
▪ Au Nord, le Fokontany de Rantolava, composé de deux villages : Rantolava et Andaly;
▪ A l’Ouest, le Fokontany de Tanambao Tampolo qui regroupe les villages d’Ambavala, Vohibao, Vohidromba, Akasimbelo- Ambilodozera;
▪ Au Sud le Fokontany d’Andapa II.
La majorité des activités sur terrain est constituée d’enquêtes. C’est la base de l’investigation. Les enquêtes sont nécessaires dans le but d’obtenir le maximum de données nécessaires ainsi que des informations plus fiables concernant le thème d’étude. Les prospections ont été effectuées à l’aide d’un guide d’entretien pour les entrevues et d’une fiche d’enquête pour les enquêtes (cf Annexe n°01) élaborés au préalable, les enquêtes ont été faites de manières formelles en discutant avec les guides, les responsables de la station, le chef du village et le président du Fokontany et par des questionnaires (cf Annexes n° 02 et 03) avec les apiculteurs qui étaient au nombre de 23 et qui ont tous été questionnés, les anciens apiculteurs et ceux qui ne l’ont jamais pratiqué au cours d’un entretien. On a eu recours à un échantillonnage pour les non apiculteurs regroupant les anciens éleveurs et ceux qui ne l’ont jamais fait, sur un effectif d’habitants de 3649, il a été possible d’en interroger seulement une centaine sur l’ensemble des trois Fokontany cible donnant un taux d’échantillonnage de 2,2%.

Inventaires floristiques

L’inventaire floristique permet d’apprécier les caractéristiques quantitatives et qualitatives du peuplement forestier à partir de chaque individu qui le constitue, pour notre cas, il s’agit du nombre de plantes mellifères dans la NAP et l’existence ou non de régénération naturelle. Il génère aussi des informations sur l’état des ressources. Un inventaire complet de tous les individus qui nous intéressent dans la forêt est difficile vu l’immensité de sa surface par rapport au temps prédisposé. C’est pourquoi il a fallu faire un échantillonnage de la formation où les données obtenues ont pu par la suite être extrapolées à l’ensemble de la population.
Dans notre cas, la répartition classique (systématique ou aléatoire) des unités d’échantillonnage n’était pas très appropriée puisqu’une répartition aléatoire des unités d’échantillonnage peut, par exemple aboutir à des unités qui ne contiennent aucun individu des espèces étudiées (plantes mellifères). Dans ce sens, l’échantillonnage adopté était forcément « raisonné » (RAKOTO RATSIMBA, 2005) c’est-à-dire qu’une placette d’inventaire devait donc contenir au moins un individu de l’une des espèces étudiées. Il a fallu faire une petite reconnaissance sur terrain pour voir quelle parcelle renfermait des espèces mellifères et donc intéressante pour effectuer les inventaires. Un transect a donc été choisi car c’est le mieux adapté aux comptages en particulier lors d’un inventaire ne requérant pas les caractéristiques sylvicoles de chaque plante dénombrée, de plus le transect permettait de couvrir plus de terrain. Les matériels utilisés ont été une fiche d’inventaire floristique avec le nom vernaculaire et scientifique de chaque espèce (cf Annexe n° 04) et des jalons pour délimiter la zone d’inventaire. Pour chaque parcelle choisie, la zone d’inventaire a été de 100m de long sur 10m de large pour pouvoir couvrir une certaine surface. Les travaux ont été effectués en trois phases : choix de parcelle, délimitation de la zone d’inventaire, dénombrement de toutes les espèces qui nous intéressent accompagné de l’inventaire des souches existantes de ces mêmes espèces présentes dans la zone d’inventaire. Les arbres de diamètre au collet inférieur à 5 cm ont été considérés comme faisant partie de la régénération. L’inventaire des pressions consiste à recenser, quantifier et localiser les différents types de perturbations. Le but est de savoir les différentes pressions qui pèsent sur les plantes mellifères et mesurer l’implication des activités humaines dans sa dégradation. Ces pressions ont été représentées par le nombre de souche dans la zone d’inventaire. Il est à noter que les inventaires ont été effectués avec un guide qui connaît bien la NAP et les espèces qu’elle renferme, il était primordial pour la reconnaissance de chaque espèce qui n’était, le plus souvent connue que par leurs noms.

Bibliographies

Des travaux de documentation ont été entamés et ont été poursuivis jusqu’au terme de l’investigation. Avant de se lancer dans les recherches sur terrain, il s’avère être primordial de commencer par les informations générales existantes sur le sujet. Celles-ci ont permis de délimiter le domaine d’étude et de gagner du temps sur terrain. Les données bibliographiques sont nécessaires à la réalisation des travaux et de plus, elles permettent de savoir si des recherches sur le même sujet ont déjà été faites. Ces recueils concernent :
– Les espèces mellifères de Tampolo et leurs floraisons,
– L’apiculture et ses techniques,
– La ruche,
– Les abeilles,
– L’aspect économique de l’apiculture.
De nombreuses bibliothèques et centre de documentation ont été visités notamment la bibliothèque de l’ESSA, celle de l’ESSA-Forêt, le CIDST.

Analyse et traitement des données

Les données collectées ne sont pas toujours exploitables dans leur état brut. Ainsi, cette phase a consisté surtout dans la compilation, la synthèse et le triage des données puis recoupement et/ou le complément et le traitement.
• Pour l’inventaire, les données obtenues ont été consignées dans des tableaux et ont fait l’objet de base de calcul dans Excel avec des formules pour apprécier la régénération, la densité et l’abondance de chaque espèce comptabilisée et ainsi d’en tirer des conclusions sur leurs disponibilités actuelles.
– Potentiel de régénération
C’est la capacité d’une plante de se reproduire à l’état naturel (ROTHE, 1964). Le taux de régénération (Tr) est obtenu par le rapport entre le nombre des individus de régénération (r) et adultes (a) exprimé par la formule de Rothe (1964) : Tr (%) = (r / a) x 100
Une espèce est supposée avoir une bonne régénération si les individus sont présents dans toutes les classes et si le taux de régénération est supérieur ou égal à 300% (ROTHE, 1964).

Les plantes mellifères de la NAP

Espèces mellifères dans la NAP

Selon RANDRIAMPENO en 1999, sur les bases des dires des apiculteurs et des données bibliographiques, la forêt de Tampolo et les environs des villages ne renfermaient pas moins de 106 espèces mellifères réparties dans 55 familles. (cf Annexe n° 5)
Cependant, la forêt de Tampolo constitue le seul massif forestier d’ampleur restant dans le district de Fenoarivo Atsinanana, ce qui induit une forte pression anthropique notamment l’extraction des produits ligneux pour les riverains ou encore de coupes illicites du fait qu’elle est l`unique ressource forestière existante dans la région (RABESON, 2001). De plus, ces pratiques illégales qui s’intensifient durant la nuit, nécessite l’utilisation de feu pour l’éclairage, ce qui constitue un risque considérable d’incendie (RATSIRARSON et GOODMAN, 1998). A tous ceux-ci s’ajoutent les cyclones tropicaux, dont l’augmentation en fréquence et en intensité constituent les principales formes du changement climatique dans la zone d’étude, par ailleurs c’est durant cette période cyclonique que la population a encore plus besoin de bois. Après les pressions considérables qui se sont succédées sur la NAP, les espèces mellifères ont connu une baisse conséquente illustrée par la disparition de certaines espèces dans la région, qui n’en présente plus qu’une cinquantaine excluant les espèces en dehors de la NAP. (cf Annexe n° 6)
Quelques espèces mellifères sont connues des apiculteurs, fruitières pour la plupart à savoir le litchi de Chine (Litchi chinensis), le Voantsiritra (Vaccinium madagascariensis), le Kininina (Eucalyptus sp), le Grevillia (Grevillia banksii), le riz (Oriza sativa), la mangue (Mangifera indica) ; la papaye (Carica papaya), le Voahangy, l’orange (Citrus aurantium), l’avocat (Persea americana). Ce sont le litchi, le Kininina et le riz qui reviennent le plus souvent durant les enquêtes ; par ailleurs, la majorité de ces plantes se trouvent hors de la NAP.

Les apiculteurs

Situation actuelle de l’apiculture autour de la NAP

Dans la zone d’étude, l’activité apicole est reléguée au troisième plan derrière l’agriculture et la pêche ou bien l’élevage. Ils ne pratiquent plus la cueillette du miel en forêt cependant le nombre d’apiculteur a considérablement baissé ; sur les trois Fokontany, une vingtaine seulement sont des apiculteurs sur une population totale de 3649 (Convention AVERTEM, 2016) ce qui représente 0,62% de cet effectif total, cela est extrêmement faible.
En général, on peut les classer en deux catégories, ceux qui pratiquent l’apiculture traditionnelle avec des ruches traditionnelles au nombre de 1- 5 et ces apiculteurs n’ont jamais reçu de formation et ne font appel à aucun savoir-faire ni technique dans l’activité. Ils sont 13 en totalité dans la zone d’étude, pour eux, cette activité n’est pas vraiment importante et le plus souvent, la production n’est pas destinée à la vente ou s’ils la vendent, la quantité vendue est peu conséquente. Il y a également les apiculteurs semi-professionnels répondant au nombre de 10 au total ; la majorité ont reçu des formations et des dons de ruches et de matériels par le projet PPRR pour le développement de leurs activités. Ils appliquent une certaine technique dans l’activité cependant, actuellement leurs matériels sont en mauvais états entravant la bonne marche de l’élevage d’abeille. Ils utilisent des ruches modernes et leurs productions sont exclusivement pour la vente. La quantité de leurs productions est encore relativement basse par rapport à ceux des vrais professionnels néanmoins, ils ont une bonne production et assez conséquente par rapport à la production des apiculteurs traditionnels.
Chaque Fokontany avait, au début de l’apiculture, des associations regroupant les apiculteurs or actuellement avec la fin du projet PPRR qui avait énormément aidé dans la promotion et le développement de cette activité en plus des maladies et ennemis des abeilles menaçant l’apiculture ; l’effectif des apiculteurs a décru jusqu’à la dissolution de la plupart des associations exceptée celle de Rantolava. Par ailleurs, le projet PPRR avait créé une coopérative siégeant à Ampasina Maningory, le CAM facilitant l’écoulement du miel sur le marché mais il y a eu des litiges, des problèmes de gestion et d’argent entre les apiculteurs et la coopérative ce qui ont provoqué le retirement des apiculteurs du CAM. Pour l’heure, il n’existe plus de projet concernant l’apiculture dans ces zones de plus les associations de l’apiculture pour celles étant encore en place (Rantolava) n’est plus composé que de 2 à 5 personnes. Il n’y a pas d’interactions ou d’entraides entre les apiculteurs traditionnels et semi-professionnels du fait de la différence de techniques et d’objectifs.

Notions d’apiculteurs et techniques utilisées

Les apiculteurs de la zone périphérique de la forêt ont quelques notions sur l’élevage des abeilles et utilisent la plupart de ces connaissances dans l’apiculture. Les éleveurs semi-professionnels connaissent les termes techniques concernant l’apiculture démontrant qu’ils ont déjà eu des formations sur le sujet, par opposition ; les apiculteurs traditionnels ont des notions assez archaïques concernant les bonnes techniques à appliquer, leurs domaines de compétences se limitent à des savoirs basiques sur comment élever les abeilles, les soins qu’il faut les prodiguer, les conditions d’emplacement des ruches, etc. Mais dans l’ensemble, on a pu regrouper les connaissances des apiculteurs de Tampolo à savoir :
❖ Sur les abeilles :
– Elles n’aiment pas trop de chaleur ni trop de froid ou encore trop d’humidité donc les éleveurs ont mis les ruches dans des endroits assez couverts mais pas trop frais.
– Elles n’apprécient pas trop de circulation autour de leurs habitats, et n’aiment pas être dérangées trop longtemps surtout quand il commence à faire trop chaud comme entre 10h du matin jusqu’à midi et plus ; alors les visites des ruches se font assez tôt le matin et ne dure pas beaucoup, l’emplacement de ces dernières sont dans un environnement calme où il y a peu de circulation.
– Les abeilles ont besoin d’eau par conséquent leurs habitations ont été placées près de l’eau ou ayant un accès facile à l’eau ;
– Deux faits peuvent causer la désertion de la colonie, la première est un habitat défavorable et la seconde est si toutes les cadres sont enlevées donc les éleveurs d’abeilles opèrent à des récoltes successives c’est-à-dire extraction des cadres de la ruche un ou deux à la fois.
– Les abeilles n’aiment pas les odeurs fortes, bonnes ou mauvaises ; alors cela est prise en compte lors du choix d’emplacement des ruches.
❖ Sur les ruches :
– L’humidité du sol favorise la diminution de la durée de vie des ruches par ailleurs, elles ont besoin de bonne aération donc il faut surélever ces dernières par rapport au sol via une palette ou un rocher.
– Il faut mettre une certaine espace entre les ruches en fonction de la disponibilité florale pour chaque colonie, de plus cela laisse plus de marge de manoeuvre et de liberté aux abeilles et aux apiculteurs lors des visites et récoltes.
❖ Soins apicoles :
– La fréquence des visites des ruches devrait être d’une fois par semaine même si ce n’est pas toujours le cas car cela varie en fonction de la possibilité des apiculteurs.

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Table des matières

INTRODUCTION
METHODOLOGIE
1. Problématique
2. Hypothèses
3. Etat des connaissances
3.1 Situation géographique
3.2 Climat
3.3 Géomorphologie
3.4 Hydrographie
3.5 Pédologie
3.6 Milieu biologique
3.6.1 Flore
3.6.2 Faune
3.7 Milieu Humain
3.7.1 Population et ethnie
3.7.2 Infrastructures publiques
3.7.3 Autorités locales
3.7.4 Us et coutumes
3.7.5 Tabous et religions
3.7.6 Agriculture
3.7.7 Elevage
3.7.8 Autres activités
3.8 Données bibliographiques
3.8.1 Plantes mellifères
3.8.2 Miel et cire
3.8.3 Etat du marché mondial, national et régional
4. Matériels et méthodes
4.1 Cartographie de la NAP
4.2 Enquêtes socio-économiques
4.3 Inventaires floristiques
4.4 Bibliographies
4.5 Analyse et traitement des données
4.6 Schéma méthodologique et cadre opératoire
RESULTATS
1. Disponibilité des plantes mellifères dans la NAP
1.1 Les plantes mellifères de la NAP
1.1.1 Espèces mellifères dans la NAP
1.2 Disponibilités
1.2.1 Parcelles inventoriées
1.2.2 Dénombrement et abondance des espèces mellifères
1.3 Calendrier floral
1.3.1 Floraisons des espèces mellifères
1.3.2 Calendrier floral des espèces mellifères de Tampolo
2. L’apiculture dans les zones d’études
2.1 Les apiculteurs
2.1.1 Situation actuelle de l’apiculture autour de la NAP
2.1.2 Notions d’apiculteurs et techniques utilisées
2.1.3 Raisons d’être de l’apiculture
2.2 Matériels utilisés
2.2.1 Ruches
2.2.2 Autres matériels
2.2.3 Capture des colonies
2.2.4 Soins apicoles
2.2.5 Budget attribué à l’apiculture
2.3 Récolte et extraction
2.4 Besoins matériels, financiers et en formation
3. Débouché du miel
3.1 Marché, prix et acheteurs
3.2 Production annuelle et quantité écoulée
DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
1. Discussions
1.1 Sur la méthodologie
1.2 Sur les résultats
1.3 Sur les hypothèses
2. Recommandations
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIES

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